Tentons d'élever le débat
Désolée je cite encore le Dr Jourdan mais il a exprimé tout haut ce que je pense tout bas depuis très longtemps.
" (...) Revoyons les choses calmement : « les dualistes postulent l’existence d’une entité immatérielle. »
Ce qui, si l’on veut bien y réfléchir un peu, ne veut rien dire. Bricmont ayant exposé le problème, il le résout d’ailleurs dans la foulée :
« Or, une fois qu’on se débarrasse du concept abstrait et non spécifié de matière, on se débarrasse aussi de l’âme. E
n effet, soit celle-ci reste non spécifiée, et on ne voit pas quel rôle explicatif elle remplit ; soit elle entre en interaction causale avec le reste de l’univers, possède des propriétés bien définies, et on ne voit pas en quoi elle est moins matérielle qu’un champ électromagnétique ou une fonction d’onde quantique. »
Ces propriétés bien définies, s’il existe bien quelque chose que l’on peut en attendant mieux qualifier d’âme et
quel que soit le nom qu’on lui donnera, nous les avons passées en revue dans les chapitres précédents. Quant aux interactions avec le reste de l’univers, les multiples cas de perception de ce qui se trouve dans ce dernier que nous avons passés en revue en sont déjà un exemple.
Le raisonnement de Bricmont, qui est de la plus évidente logique, devrait rassurer les anxieux qui « veulent nier la spécificité de la conscience parce qu'ils craignent que celle-ci ne soit pas “ réductible ” à de la matière ».
Il rejoint ce que nous avons remarqué dans un précédent chapitre à propos de John Eccles, qui se déclarait « contraint d’attribuer l’unicité du moi (ou de l’âme) à une création spirituelle d’ordre surnaturel. »
Nous avions mis en évidence que cette proposition était contradictoire :
« (…) Eccles parle d’une « création spirituelle d’ordre surnaturel », d’une « création divine », et donc d’une âme qui n’a par définition rien à voir avec le monde naturel et matériel. »
« En revanche, nous pouvons remarquer que quelle que soit sa nature, si l’âme qu’envisage Eccles interfère avec la matière –ce qu’il suppose aussi et que, dans l’hypothèse où elle existe bien, nous expérimentons à chaque instant-, elle n’a logiquement plus rien de « surnaturel » ni d’immatériel :
s’il y a une interaction quelconque entre matière et quoi que ce soit de l’ordre de l’âme/esprit/conscience, ce quoi que ce soit est matériel, d’une façon ou d’une autre (probablement au sens large du terme), et est, ou sera un jour à la portée d’une investigation scientifique. Nous nous retrouvons donc simplement dans le cadre du matérialisme élargi dont nous avons déjà parlé. »
Pourquoi d’ailleurs vouloir à tout prix envisager une « entité immatérielle », surnaturelle, sinon par manque d’imagination ou besoin de merveilleux ? Qu’est-ce qui serait donc perdu si d’indéfini, immatériel et surnaturel, un phénomène quelconque devenait réel, défini, matériel et naturel ?
Certes, si par exemple les indices d’une spécificité de la conscience que l’on trouve dans les EMI étaient avérés, les églises, sectes et temples –et surtout les marchands de ces derniers- pourraient perdre quelques fidèles.
En contrepartie, l’univers ne pourrait qu’y gagner en richesse, et la nature, peut-être, de nouvelles lois.
L’homme s’est toujours trouvé face à des phénomènes qu’il a qualifiés de surnaturels, jusqu’au jour où il les a compris.
Naturellement, leur compréhension en nécessite l’exploration raisonnée, ce qui suppose au préalable d’envisager au moins la possibilité de leur existence.
Réfuter a priori cette éventualité revient une fois de plus à les laisser à la disposition de l’ignorance et de tous les obscurantismes, et il ne faudra pas se plaindre si ceux-ci en conservent l’exclusivité."
Deadline-dernière limite.
J'espère que c'est compréhensible malgré l'absence de contexte.