Salut Lulu et merci pour la bienvenue.
Mes excuses pour le côté "donneur de leçons" de mon premier post. Je dois dire que j'avais lu tout le thread, tout en regardant la vidéo d'Hibou et en lisant ses commentaires sur Youtube. J'avais certes quelques heures à perdre mais au bout d'un moment la tête entre en ébullition avec toutes les
conneries stupiditésincongruités que j'aie lues.
Je dois saluer la patience des membres du groupe qui ont toujours répondu à l'auteur du thread avec courtoisie et bonne humeur.
Lulu tu écris
j'ai toujours eu un peu de mal avec les solutions soi-disant mutuellement exclusives.
et tu n'as pas tort.
Pour ma part je vois 3 attitudes possibles. Celles que tu énonces : ne rien faire ou contrer ses arguments sur le fond. 3 ème possibilité, contrer ses arguments sur la forme.
Mais il faut d'abord classer les complotistes en deux catégories : ceux qui peuvent reconnaître leur erreur, et ceux qui en sont incapables. Ce sont les irrécupérables. Ils font l'objet d'un célèbre théorème du "Loup Non Gris " : "dans une meute de loups gris, un loup gris peint en noir redevient gris quand on le lave, mais un loup noir reste noir".
Revenons aux attitudes. Quelles sont-elles?
1- Ne rien faire : cela me parait impossible. Laisser passer l'erreur, l'obscurantisme c'est céder à la bêtise. On ne peut pas se laver les mains, il faut intervenir. C'est pour cela que nous avançons et que ce forum/que cette revue existe.
Par conséquent la méthode 1 n'est pas opérante.
2- Contrer ses arguments sur le fond. Fort bien.
Comment procéder? Soit on ne contre qu'une partie des arguments, soit on contre le tout.
2a -Si on ne contre qu'une partie alors l'auteur continue à penser qu'il a raison. On constate en effet que l'auteur met en place des arguments fallacieux pour valider sa théorie, donc il est le seul en position de déterminer ce qui valide sa théorie et ce qui l'invalide. Comme sa théorie est une croyance, il rejette tout ce qu'on pourra lui opposer. Donc ne contrer qu'une partie du discours est inopérant.
2b- Si on contre la totalité du discours, alors l'auteur finit par être à cours d'arguments. Acculé, il finit par admettre que son édifice intellectuel n'était qu'une croyance. Ce qui n'est pas contestable, la seule chose qui est contestable étant de présenter une croyance sous la forme d'un fait.
Problème : lorsque la vidéo de l'auteur dure 1 heure, et qu'elle contient mille fadaises, il faut passer des journées entières pour démonter chacun de ses arguments. C'est le piège dans lequel est tombé un anglais sur Youtube, qui démonte les arguments de ceux qui pensent que la terre est plate. Il y passe manifestement de longues heures (c'est d'ailleurs bien fait) et fait même appel aux bonnes volontés pour démontrer par exemple avec la position du soleil filmée dans différents endroits, que les terreplatistes ont tort. Malgré le temps incroyable qu'il y passe, il ne parvient pas à leur faire admettre qu'ils ont tort.
Pourquoi? Parce que les terreplatistes comme d'autres sont soumis au fameux théorème du Loup Solitaire :
"Quel que soit le nombre de démonstrations contraires, le complotiste a toujours un argument fallacieux d'avance".
Par conséquent la méthode 2b n'est pas opérante
Reste la méthode 3.
3- Contrer les arguments sur le fond.
Comment procéder? On évite soigneusement de rentrer dans le fond. On s'attache uniquement aux erreurs de raisonnement.
Par exemple, il y a un type qui explique doctement sur Youtube que la station spatiale n'existe pas. Son premier argument c'est que la station spatiale est comme un sous-marin, un véhicule soumis à une pression différente du milieu qui l'entoure. De là il déroule une série de parallogismes sur les joints du sous marin qu'on ne retrouve pas dans la station, sur l'absence de machine-outil dans la station spatiale pour la réparer, etc. Chacune de ses conclusions peut sembler exacte car le raisonnement est bon, mais le postulat étant faux, tout le raisonnement est faux.
En effet, on ne peut pas comparer la station spatiale et un sous-marin. C'est un argument irrecevable : les milieux sont différents, donc les forces qui s'exercent sont différentes, donc la physique est différente, donc les problèmes posés sont différents, donc les solutions sont différentes qu'il s'agisse de matériaux ou de mise en oeuvre; donc la comparaison n'a pas de sens.
Une fois que cela est posé, le complotiste peut toujours revenir à ses histoires de sous-marin. Cela ne fonctionnera pas car on lui a démontré que la comparaison n'a pas de sens. On la refuse donc. Il finit généralement par lâcher prise et s'empare d'autres arguments, auxquels on fait subir le même sort.
Avantage de la méthode : on invalide d'un coup des dizaines d'arguments stupides, qui auraient demandé des dizaines d'heure de réfutation.
Par conséquent la méthode est opérante. Sauf lorsque la mauvaise foi du type est totale et qu'il dit, dans le cas du sous-marin "si, si, la comparaison est valable" auquel cas on le classe dans la catégorie des irrécupérables. (je n'ai pas besoin de rappeler le théorème du Loup Noir)
Cela étant, cher Lulu, tu as raison : ces solutions ne sont pas mutuellement exclusives. Elles peuvent s'exercer conjointement.
En revanche, lorsque tu écris
Pourquoi doit-on choisir entre "fromage ou dessert"
tsss tsss comparaison n'est pas raison
Pour termine, tu poses la question
surtout que je ne vois pas en quoi l'utilisation de la seule rhétorique (donc de la forme) serait plus ou moins efficace en face d"un croyant convaincu par sa pétition de principe ?!? (si la croyance en Dieu ne résistait pas à la simple forme du discours ça se saurait)
J'espère avoir démontré que l'utilisation de la rhétorique était plus efficace. En revanche, je ne dis pas que la croyance en Dieu (ou en autre chose) résiste à cette technique. Mais la rhétorique permet de parvenir au point zéro de la discussion, qui est de faire admettre au croyant que sa croyance n'est rien d'autre que cela. Force est de reconnaître alors qu'il a le droit de croire ce qu'il veut, mais il ne peut plus se parer des vertus du raisonnement.
A partir de là il devient possible pour ceux qui en ont l'envie, d'analyser avec le croyant les raisons qui le poussent à mettre en place une croyance. Avec l'appui de la psychologie, de la neurologie etc... on pourra démontrer en quoi le concept de Dieu est utile au croyant. Libre à lui ensuite de continuer à croire, mais au moins il sait pourquoi il a besoin de croire.
Voila voilà j'espère que la petite conférence n'était pas trop pénible. Je suis un peu novice en la matière; les spectateurs me pardonneront. Je prendrais bien un petit 51 moi aussi.
Le loulou blanc