Cas 4 A et 4 B
Publié : 25 oct. 2011, 02:02
Bon, je suis toujours aux études.
Comme je vous sens dans l'attente fébrile de mes nouvelles, voici, pour vous faire patienter, les cas 4 A et 4 B.
***
Années 1976 – 1980.
Cas 4 A
C’est le grand amour avec Marie. Et ce malgré cette difficulté résultant du fait que je travaille sur le quart de nuit, et elle, de jour. Mais les soirées sont intenses…(Non, j'en mettrai pas, de smilies)
En vertu de cet agenda, quand elle a une minute au bureau, elle me réveille, en après midi, en me téléphonant. Jamais exactement à la même heure. Quelque part autour de 14- 15 hres.
Comment se fait-il que je me réveille à chaque fois juste avant que le téléphone ne sonne?
J’ai pensé à une explication : le téléphone sonne un coup, ça me réveille, mais je n’ai pas conscience de l’avoir entendu. Il sonne le deuxième coup, c’est Marie, alors j’ai l’impression de m’être réveillé avant le premier coup. J’ai contrôlé : à partir de là, je demandais à Marie combien de coups le téléphone avait sonné avant que je ne décroche. Réponse invariable : une fois.
Autre explication : la sonnerie que l’appelant entend n’est pas synchronisée avec celle qu’entend l’appelé. De nos jours, c’est vrai. Mais à l’époque, non. J’ai vérifié, avec deux appareils rapprochés, de deux lignes différentes : chaque dring entendu par l’appelant correspondait à un dring à l’autre bout du fil.
Autre explication : un appareil, avant de sonner le premier coup, aussitôt que la communication est établie par le central, émet un bruit quelconque, presque inaudible, et c’est ce bruit qui me réveille. J’ai vérifié : aucun bruit, même en faisant très attention. Exception : avec un appareil Contempra (téléphones «futuristes» de ce temps-là, les premiers dotés de la roulette de composition sur le combiné, plutôt que sur la base) avec ces appareils, si on décrochait le combiné, ce qui ouvrait la commande de mise en ligne placée sur la base, mais qu’on maintenait cette ligne fermée à l’aide du bouton placé à cet effet sur le combiné, et qu’un appel entrait, on entendait un bruit par le récepteur, juste avant la première sonnerie.
Sauf que : pas de Contempra chez moi dans le temps de Marie (en plus, il aurait fallu dormir avec le combiné en main, et à l’oreille, et le doigt sur le piton).
?
Cas 4 B
C’est fini avec Marie. Grand chagrin. En plus, elle ne veut pas qu’on se parle, du tout. Mille professions d’amour, mille aveux, mille belles paroles — et quelques suppliques — me restent dans la gorge, dans le système. Je le supporte très mal. Je rêve tout le temps à elle. Toujours la même chose : je veux lui parler, la rejoindre, elle n’entend pas, elle s’éloigne. Je me réveille au désespoir. Pendant plusieurs mois, un an peut-être. C’est très pénible. J’en parle à mon ami et voisin, un psy plutôt flyé. Voici ce qu’il me recommande :
Tu vas rassembler toutes les photos de Marie (j’avais peur d’entendre la suite). Puis tu vas… les afficher partout dans ton appartement.
Pardon ? J’ai tu bien compris ? Qu’est-ce que tu me chantes-là ?
Ça va marcher, je te dis. Essaie, tu verras bien. Anyway, ça peut pas être pire que là.
J’ai essayé, ça a marché. En peu de temps, fini les rêves de Marie. Fini, plus une seule fois. Soulagement. Le chagrin est encore là, mais plus les maudits cauchemars, au moins.
Les mois passent. Presque un an, encore. Un bon matin, cauchemar de Marie. Bah, une rechute. Après tout, je m’en tire très bien, une rechute en un an.
Le lendemain, cauchemar de Marie. Ah. Conséquence d’hier, je suppose.
Le lendemain, encore. Ah non ! Je ne vais pas retomber dans cet enfer ! Moi qui me croyais libéré !
Le quatrième jour, cauchemar encore. Ça y est, je suis fait ! Tout va recommencer. Et le psy a déménagé, je ne le vois plus.
Le cinquième jour, cauchemar, encore plus fort. Cette fois, le téléphone me réveille.
Ben oui, vous avez deviné : c’est elle. Mais avez-vous deviné ceci ?
«Bonjour Quasimodo. Je voulais te parler. J’espère que mon appel te dérange pas, ça fait cinq jours que j’hésite. Mais il fallait que je te parle.»
(Peut-être pas mot-à-mot, mais ça pareil.)
???
***
Quasimodo
Comme je vous sens dans l'attente fébrile de mes nouvelles, voici, pour vous faire patienter, les cas 4 A et 4 B.
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Années 1976 – 1980.
Cas 4 A
C’est le grand amour avec Marie. Et ce malgré cette difficulté résultant du fait que je travaille sur le quart de nuit, et elle, de jour. Mais les soirées sont intenses…(Non, j'en mettrai pas, de smilies)
En vertu de cet agenda, quand elle a une minute au bureau, elle me réveille, en après midi, en me téléphonant. Jamais exactement à la même heure. Quelque part autour de 14- 15 hres.
Comment se fait-il que je me réveille à chaque fois juste avant que le téléphone ne sonne?
J’ai pensé à une explication : le téléphone sonne un coup, ça me réveille, mais je n’ai pas conscience de l’avoir entendu. Il sonne le deuxième coup, c’est Marie, alors j’ai l’impression de m’être réveillé avant le premier coup. J’ai contrôlé : à partir de là, je demandais à Marie combien de coups le téléphone avait sonné avant que je ne décroche. Réponse invariable : une fois.
Autre explication : la sonnerie que l’appelant entend n’est pas synchronisée avec celle qu’entend l’appelé. De nos jours, c’est vrai. Mais à l’époque, non. J’ai vérifié, avec deux appareils rapprochés, de deux lignes différentes : chaque dring entendu par l’appelant correspondait à un dring à l’autre bout du fil.
Autre explication : un appareil, avant de sonner le premier coup, aussitôt que la communication est établie par le central, émet un bruit quelconque, presque inaudible, et c’est ce bruit qui me réveille. J’ai vérifié : aucun bruit, même en faisant très attention. Exception : avec un appareil Contempra (téléphones «futuristes» de ce temps-là, les premiers dotés de la roulette de composition sur le combiné, plutôt que sur la base) avec ces appareils, si on décrochait le combiné, ce qui ouvrait la commande de mise en ligne placée sur la base, mais qu’on maintenait cette ligne fermée à l’aide du bouton placé à cet effet sur le combiné, et qu’un appel entrait, on entendait un bruit par le récepteur, juste avant la première sonnerie.
Sauf que : pas de Contempra chez moi dans le temps de Marie (en plus, il aurait fallu dormir avec le combiné en main, et à l’oreille, et le doigt sur le piton).
?
Cas 4 B
C’est fini avec Marie. Grand chagrin. En plus, elle ne veut pas qu’on se parle, du tout. Mille professions d’amour, mille aveux, mille belles paroles — et quelques suppliques — me restent dans la gorge, dans le système. Je le supporte très mal. Je rêve tout le temps à elle. Toujours la même chose : je veux lui parler, la rejoindre, elle n’entend pas, elle s’éloigne. Je me réveille au désespoir. Pendant plusieurs mois, un an peut-être. C’est très pénible. J’en parle à mon ami et voisin, un psy plutôt flyé. Voici ce qu’il me recommande :
Tu vas rassembler toutes les photos de Marie (j’avais peur d’entendre la suite). Puis tu vas… les afficher partout dans ton appartement.
Pardon ? J’ai tu bien compris ? Qu’est-ce que tu me chantes-là ?
Ça va marcher, je te dis. Essaie, tu verras bien. Anyway, ça peut pas être pire que là.
J’ai essayé, ça a marché. En peu de temps, fini les rêves de Marie. Fini, plus une seule fois. Soulagement. Le chagrin est encore là, mais plus les maudits cauchemars, au moins.
Les mois passent. Presque un an, encore. Un bon matin, cauchemar de Marie. Bah, une rechute. Après tout, je m’en tire très bien, une rechute en un an.
Le lendemain, cauchemar de Marie. Ah. Conséquence d’hier, je suppose.
Le lendemain, encore. Ah non ! Je ne vais pas retomber dans cet enfer ! Moi qui me croyais libéré !
Le quatrième jour, cauchemar encore. Ça y est, je suis fait ! Tout va recommencer. Et le psy a déménagé, je ne le vois plus.
Le cinquième jour, cauchemar, encore plus fort. Cette fois, le téléphone me réveille.
Ben oui, vous avez deviné : c’est elle. Mais avez-vous deviné ceci ?
«Bonjour Quasimodo. Je voulais te parler. J’espère que mon appel te dérange pas, ça fait cinq jours que j’hésite. Mais il fallait que je te parle.»
(Peut-être pas mot-à-mot, mais ça pareil.)
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Quasimodo