Sondage élections présidentielles en France.

[Ildefonse]

Ne seront nous pas rattrapés par l’aggravation de la crise mondiale (problème de la dette américaine, baisse des exportations chinoises, etc...) avant que les gouvernements européens n'arrivent à se coordonner ?

[Sylvain]

Bonjour,

C'est un soulagement car qui sait où nous aurait mené un Sarkozy avec sa dérive actuelle vers l'extrême droite.
Si la gauche obtient une majorité de députés, ce sera inédit car il n'y a jamais eu un président, une assemblée et un sénat à gauche sans compter les régions.
Cela donne une obligation de résultat et une responsabilité devant l'histoire. En effet, ce dimanche ont eu lieu des élections en Grèce et les deux partis de l'austérité ont été laminés et le parti néo-nazi est passé de 0.25% à 6%.

Nous sommes dans un monde avec une contrainte à la fois sur l'énergie et le climat. Ces problèmes ont été masqués à part un échange sur le nucléaire. Le nouveau président est dans une logique de partage des fruits de la croissance. Or la croissance qui viendra ne sera pas compatible avec une baisse massive du chômage du fait de ces contraintes.

Il faut donc une vraie logique du partage rapide et profonde. C'est un peu comme si dans un immeuble, il y avait des appartements de 200 m² et des chambres de bonnes de 9 m².
Partager les fruits de la croissance, ça consiste à construire un étage supplémentaire pour loger un peu mieux ceux qui sont dans les chambres de bonnes.
Dans un monde où on a des grues avec de l'essence ou de l'électricité pas chère on va monter un étage facilement et donc le temps d'attente pour le nouvel étage peut être supportable.
Dans un mode où l'énergie est chère et où les tempêtes gênent le chantier, si on ne commence pas par récupérer des m² sur les grands appartements, le temps que le nouvel étage soit construit il se passera des choses pas très sympathiques, par exemple :

• Les propriétaires des grands appartements paieront une milice pour mater ceux qui sont mécontants
• Les habitants ayant les cheveux roux seront expulsés
• Les habitant des grands appartements vendront la corde avec laquelle ils seront pendus

L'espoir est mince, mais le champ des possibles s'est un peu ouvert.

Bon c'est pas tout ça, mais j'ai une valise à cacher en Suisse moi, ne perdons pas de temps

A+

[BeetleJuice]

Ne seront nous pas rattrapés par l’aggravation de la crise mondiale (problème de la dette américaine, baisse des exportations chinoises, etc...) avant que les gouvernements européens n'arrivent à se coordonner ?

Probablement.
Mais ça n'est pas une spécificité européenne. Les gouvernements américains, chinois ou indiens, malgré une apparence d'unité sont finalement au moins aussi désarmés qu'en Europe. Ils réagissent légèrement plus vite, mais n'en sont pas moins incohérent et prompt à changer d'avis.

Suffit de voir la politique américaine depuis 3 ans pour se convaincre qu'il n'y a pas tellement plus de cohérence, même si les décisions se prennent un peu plus vite. On a successivement des mesures de rigueur, de croissance, sans cohérence avec au milieu une fed qui fait un peu ce qu'elle veut et finalement pas tellement grand chose pour l'économie, se contentant surtout de tout faire pour que la finance américaine continue d'être rentable dans l'espoir que la finance redevenu rentable, elle irriguera l'économie.

Sauf que dans les faits, rien de tout ça ne fonctionne vraiment.

Les efforts de l'Etat fédéral en matière de budget sont parfaitement insuffisants vu le montant de dette et les tentative de relance sont de moins en moins efficaces, avec pour 2011 un déficit proche de 9% pour une croissance d'à peu près 2%, ce qui est très peu comme croissance pour un pays avec une Etat providence aussi faible.
D'autant que la croissance est en trompe l'oeil, elle est dépendante de l'injection de monnaie aussi bien pour les grandes entreprises cotés dont le cours de bourse dépend de la capacité de la Fed a rentre la finance rentable et donc l'achat d'action rentable aussi, mais aussi pour les moyennes et petites qui dépendent des largesses fiscales de l'Etat fédéral vu qu'il est difficile de trouver des financements non soumis aux aléas et permettant de se projeter (étant donné que l'investissement est siphonné par l'achat de dette publique et les manœuvres de la Fed).

Donc il n'y a aucune cohérence, ni traitement des vrais problèmes que sont:

-un sous-investissement chronique des collectivités dans les infrastructures de toute sorte. Actuellement l'état des routes, canalisations, infrastructure d'éducation, infrastructure de transport, réseaux de communications n'est ni homogène, ni bien entretenue, ce qui va rendre les dépenses dans ce domaine de plus en plus importante pour toute les collectivités et de fait un problème pour l'Etat fédéral qui va devoir gérer à la fois un investissement en propre pour maintenir des infrastructures déjà insuffisante mais en plus gérer un endettement annoncés des Etats et des communes puisque l'investissement privés ne revient visiblement pas.
Ou alors il y aura une nette dégradation de la qualité des infrastructures aux USA.

-un sous-investissement des entreprises que tente de compenser la dépense publique, mais avec un coût qui augmente (chaque dollar de dette provoque de moins en moins de dollar de PIB en plus) et qui n'est pas facilité par la Fed qui rend l'argent quasi gratuit et donc encourage plus le court terme que le long terme, rendant la finance rentable, mais l'investissement moins rentable et donc siphonne en fait l'épargne.

-un jeu opaque de la dette et de la valeur de la monnaie entre le trésor et la Fed qui ne règle aucun problème mais repousse seulement le problème, fragilise autant le trésor que la banque centrale américaine et crée un vrai risque à l'échelle du monde parce qu'un dérapage trop important de l'un ou de l'autre aura des répercussions sur les deux et sur le reste du monde.


Actuellement et c'est paradoxal, les USA qui sont pourtant censé être des libéraux font en fait du Keynésianisme mal pensé, puisqu'il s'agit plus d'une incantation à la croissance que d'une réelle action structurée. Ils appliquent un peu la doxa qui a servit de modèle en France jusqu'à la crise, à savoir: ouvrons les vannes de l'argent public et la croissance reviendra.

Les faits montre que ça marche très moyennement et pose d'autres problèmes considérables (vu qu'à 9% de déficit et avec peu de chance de le voir baisser drastiquement, il faudrait une croissance d'envergure chinoise pour revenir à plus d'équilibre et compenser les effets de l'endettement).

Et la cause de ce manque de cohérence, c'est d'abord l'affrontement idéologique entre les démocrates et les conservateurs. Comme ils ne sont d'accord sur quasiment aucun sujet, il n'y a pas grand chose qui ce fait et quand c'est fait, c'est des mesures ponctuelles et désordonnées qui vont successivement dans un sens.
Mais aussi l'organisation territoriale qui rend les compétences des collectivités parfois floue et rend d'autant plus difficile l'action publique alors que l'action privée n'est pas plus profitable, puisque l'investissement n'est pas tellement rentable.

Donc la désorganisation en Europe n'est pas pire que le manque de cohérence américain et la bataille pour le pouvoir en Chine. Toutes les grandes économies sont assez désarmées et désorganisées parce qu'il y a trop de problème en même temps et aucun qui se règle facilement et sans accepter une décroissance de l'économie pour permettre une restructuration de celle-ci.
Actuellement on maintient à tout prix l'existant en courant derrière une croissance qui de toute manière ne peut se maintenir qu'a crédit si on espère les mêmes taux qu'avant crise.

[Ildefonse]

En effet, il y a un gros problème de gestion dans l'ensemble du monde occidental.

Il n'est pas impossible de voir de nouveaux acteurs émerger maintenant, notamment parmi les pays d'Amérique du sud, même si une crise généralisée doit inévitablement les toucher aussi. Je pense à l'Argentine qui a déjà eu son Krach et qui s'en sort plutôt bien aujourd'hui après un écroulement dont l'étude pourrai nous servir d'exemple.

[BeetleJuice]

En effet, il y a un gros problème de gestion dans l'ensemble du monde occidental.

Pas que du monde occidental.

La Chine fait actuellement face à un ralentissement de son économie parce que les moteurs de celle-ci (exportation bon marché/immobilier) sont en train de flancher.
Il y a un net problème d'inflation dans ce pays alors même que l'exode rural reste important et que l'immobilier ne suit pas s'y ajoute une difficulté pour changer de gamme, la conquête de part de marché pour le moyenne et surtout le haute gamme est difficile pour la Chine parce que ses produits bien que compétitif n'ont pas de réputation de qualité, ni de réseau d'échange, ni même de qualité équivalentes pour certain produit.
Le soucis c'est que parallèlement à cette difficulté à monter en gamme, le coût du travail chinois monte et entraine déjà des délocalisations vers les campagnes moins chères ou d'autres pays, ce qui ralentit d'autant la croissance.

La Chine se retrouve a courir derrière sa reconversion, sachant que la demande intérieure et le niveau de vie augmente mais trop vite pour la production si bien que le pays se retrouve face à une contradiction:

La chine DOIT absolument reconvertir son économie vers un modèle plus équilibré pour échapper à la baisse de sa croissance, mais cette reconversion ne peut se faire qu'en période de calme, où l'export continuerait à fonctionner et où la compétitivité ne baisserait pas pour soutenir cette reconversion.
Donc la Chine doit choisir entre une crise provoquée par l'extérieur et une crise provoquée de l'intérieur...

Et c'est sans parler du problème social que pose le vieillissement de la population et le problème politique que pose l'arrivée d'une classe moyenne urbaine de plus en plus nombreuses dans un pays largement corrompu au niveau local et où la situation économique se dégrade, alors même que la dictature en place s'étripe en interne.

Contrairement à l'idée que la Chine répand elles même d'une réussite parfaite dû à l'alliance entre capitalisme d'Etat et dictature, le pays va au devant de grosses difficultés et n'a pas vraiment un appareil politique forcement à même de le régler vu le fonctionnement clientéliste de l'Etat vis à vis des provinces qui encourage le maquillage des résultats, les gaspillages... et les divergences entre les factions du PCC.

On pourrait aussi parler de l'Inde, de sa corruption et de l'incohérence des politiques entre l'Etat fédéral, les fédérés et les collectivités à cause des lobbys, des éléments de corruptions et de la difficulté de gérer un pays aussi hétérogène.

Ou du Japon, de sa stagnation et de son endettement record alors qu'il y a un fort besoin d'investissement à cause de l'arrêt du nucléaire et de la reconstruction (cela dit, pour le Japon, c'est moins inquiétant)

Il y a un gros soucis de gestion partout moins parce que ça a été si mal géré que ça que parce que les modèles de fonctionnement du monde sont en train de changer et que l'humain est incapable de prendre la mesure de ça et d'anticiper. On est de toute manière condamné à des évolutions silencieuses, des prétendus retours en arrière qui seront en fait des évolutions qui n'osent pas le dire, des changements profonds et long mais en sous-main, et en surface des crises, des drames, des éruptions de violences sporadiques, des idéologies mortifères, des mauvaises décisions...

Il n'est pas impossible de voir de nouveaux acteurs émerger maintenant

C'est déjà fait, simplement entre un changement de facto et sa traduction en terme officiel, il peut parfois se passer des années.
Dans les faits, les rapports de force diplomatique et économique ont déjà pas mal changé, mais ni les acteurs qui ont émergé, ni les anciens dominants n'ont encore pris la mesure. Ca se fera petit à petit jusqu'à ce que ça soit normal pour tout le monde. Il n'y aura pas de proclamation du jour au lendemain de l'arrivée du Brésil sur la scène internationale, par exemple, mais les chancelleries feront comme si elles avaient toujours considérer le Brésil comme un partenaire de premier plan, même si 5 ans avant, elles ne tenaient pas compte de ses avis.

[mauricemaltais]

Bonjour

On peut se demander comment Hollande va pourvoir augmenter la croissance. IL faut que la demande augmente, Il ne peut pas la trouver en dehors de son pays. Il peut la trouver en France mais par le bisais des douanes. Il en a déjà parlé. S'il le fait il va rester à l'Europe que la monnaie car d'autres pays vont l'imiter. Cela peut être le salut de plusieurs pays qui ne pouvaient concurencer les gagnants de ce maruché commun.

Maurice

[mauricemaltais]

Bonjour

Hollande vient de dire qu'il faut des échanges commerciales réciproques. À tout fin pratique pas de déficit commercial. Donc les douanes vont veiller à ce que ce déficit ne se fasse pas. Pour ne pas avoir des mauvaises surprise il faut savoir compter. Il ne faut pas qu'il sorte plus d'argent de notre poche qu'il en rentre. Pour que la théorie Keynes fontionne comme en Allemagne il que l'acheteur soit aussi le producteur si non il va augmener la croissance de plusieurs pays mais pas le sien.

Maurice