Gwanelle a écrit : 27 mars 2025, 11:48Il y eu une évolution entre l'éther "luminifère" et "l'espace-temps de la RG" , il n'y a aucune contradiction à dire que le premier est inutile (à la physique de 1905) tandis que le second l'est.
Dans les 2 cas, la question posée reste la même : existe-t-il un référentiel (un feuilletage privilégié en feuillets 1D de type temps) qui jouerait un rôle privilégié vis à vis des lois fondamentales de la physique ? Dans les 2 cas, le principe de relativité du mouvement (invariance des lois de la physique par changement de référentiel inertiel, localement seulement pour la gravitation) affirme qu'il n'en est rien et, à ce jour, aucun fait d'observation n'a mis ce principe en défaut.
Il est toutefois intéressant de noter ce que E.T. James (1) pense de l'hypothèse de l'éther dans
PROBABILITY IN QUANTUM THEORY 1988, § INTRODUCTION: HOW WE LOOK AT THINGS
E.T. James a écrit :Un point de vue peut suggérer des extensions naturelles d'une théorie, qui ne peuvent même pas être formulées selon un autre. Ce qui semble paradoxal d'un point de vue peut devenir une platitude d'un autre. Par exemple, il y a un siècle, la question de savoir comment les objets matériels peuvent se déplacer sans résistance dans l'éther était un sujet de discussion très débattu. Pourtant, une autre approche aurait permis de dissiper ce mystère sans qu'il soit nécessaire de se passer de l'éther. On peut considérer les objets matériels non pas comme des obstacles à la « circulation » de l'éther, mais comme des parties de l'éther (« des nœuds » dans sa structure) qui se propagent à travers lui. De ce point de vue, il n'y a aucun mystère à expliquer.
Quant aux défenseurs d'une interprétation réaliste de l'état quantique et de la mesure quantique (donc d'un caractère explicitement non local de la mesure quantique sur des systèmes EPR corrélées) comme Bohm, Bell, Percival, Valentini Scarani, Goldstein... voilà, par exemple, ce que dit Popper en 1982
Einstein, Relativity and Absolute Simultaneity, en accord avec l'interprétation bohmienne réaliste, explicitement non locale de la physique quantique
Mécanique bohmienne et information quantique :
Karl Popper a écrit :Nous devons abandonner l'interprétation einsteinienne de la Relativité Restreinte et revenir à celle de Lorentz et, avec elle, à… l'espace et le temps absolus… La raison de cette affirmation est que la simple existence d'une vitesse infinie entraîne [l'existence] d'une simultanéité absolue et, par conséquent, d'un espace absolu.
Qu'une vitesse infinie puisse ou non être atteinte lors de la transmission de signaux est sans importance pour cet argument : le seul système inertiel pour lequel la simultanéité einsteinienne coïncide avec la simultanéité absolue… serait le système au repos absolu – que ce système de repos absolu puisse ou non être identifié expérimentalement.
Voilà, quant à lui, ce que dit Bell sur ce même sujet de l'éther (pour sauver l'interprétation réaliste de l'état quantique et de la mesure quantique dans le cadre des expériences EPRB, notamment celle
réalisée par Alain Aspect en 1982 lui ayant valu un prix Nobel 40 ans plus tard) dans
The ghost in the atom, a discussion of the mysteries of quantum physics page 49, 1993
John Bell a écrit :L'idée qu'il existerait un éther, que ces contractions de Fitzgerald et ces dilatations de Larmor se produisent et que, par conséquent, les instruments ne détectent aucun mouvement à travers l'éther est un point de vue parfaitement cohérent… Si je souhaite revenir à l'idée d'éther ici, c'est parce que ces expériences EPR suggèrent qu'en coulisses, quelque chose va plus vite que la lumière.
Or, si tous les référentiels de Lorentz sont équivalents, cela signifie également que les choses peuvent remonter dans le temps… [cela] introduit de grands problèmes, des paradoxes de causalité, etc. C'est donc précisément pour les éviter que je dis qu'il existe une véritable séquence causale définie dans l'éther.
J'ai longtemps cru à cette interprétation réaliste de l'état quantique (d'où mon intérêt pour l'interprétation lorentzienne de la RR. Moins contraignante que l'interprétation classique, l'interprétation lorentzienne de la RR est compatible avec d'éventuelles interactions se propageant à vitesse supraluminique, cf.
Special relativity and possible Lorentz violations consistenly coexist in Aristotel space). Je voyais l'état quantique comme la description objective de l'état d'un système physique individuel et non comme un outil d'inférence statistique permettant d'optimiser la fiabilité et la précision des prédictions pouvant en être tirées...
...et, de ce fait, le besoin d'un éther pour sauver l'objectivité de l'état quantique, de la mesure quantique et du principe de causalité. J'ai fini par me rendre compte que l'interprétation réaliste de la physique, l'hypothèse selon laquelle les systèmes observés possèderaient des propriétés physiques objectives, cad indépendantes de notre grille de lecture d'observateur macroscopique était une croyance métaphysique induite par notre intuition classique (une intuition reposant sur notre vécu donc pas toujours bien adpatée à des phénomènes dont nous n'avons pas d'expérience quotidienne). Je n'ai quasiment plus de doute quant à l'impossibilité de se servir de l'effet EPR pour transmettre des informations à vitesse supraluminique (en violation du no-communication thoerem).
Tant que l'indéterminisme des mesures quantiques tient bon (en conformité avec la règle statistique de Born), pas moyen de se servir de corrélations EPR pour transmettre de l'information entre évènements séparés par un intervalle de type espace. D'autant que, quand Alice fait une mesure de polarisation sur son photon, et contrairement à ce que suggère le formalisme quantique standard, l'état quantique du photon de Bob ne change pas (tant qu'il ne fait pas de mesure).
En effet, selon
Each instant of time a new universe, § measurement of EPR state, quand Alice fait une mesure quantique, projetant ainsi l'état de polarisation de son photon sur un état de polarisation bien défini de son côté, du côté de Bob au contraire, la 2-time corrélation O(t2) - O(t1) reste égale à zéro quels que soient les instants t1 et t2 et quelle que soit l'observable O (du moins, tant que Bob ne fait pas de mesure de son côté). Cette prédiction d'absence de changement d'état du photon de Bob qui serait induit par la mesure d'Alic (conservation de la 2-time correlation) pourrait être vérifiée expérimentalement...
...mais, à ma connaissance, elle ne l'a pas encore été, cf.
EPR effect, non-locality, positivism realism pour plus de détails.
De la même façon, il n'est pas possible, pour un observa
cteur, de se servir du caractère T-symétrique des corrélations entre mesures fortes et mesures faibles pour obtenir une information sur un résultat de mesure futur ou de se servir d'un effet futur pour proovoquer, rétrocausalement, un effet présent induit par cette cause ultérieure. La rétrocausalité invoquée par les Costa de Beauregard, John Cramer, Aharonov, Bergmann, Lebowitz, Vaidman, Popescu, Tollaksen, Elitzur, Cohen, Bamber, Kwait, Rhorlich... est la conséquence de l'attribution d'un caractère objectif au principe de causalité. Dès le moment où on a compris et admis qu'il n'y a pas de causalité sans information disponible par un observa
cteur, on sait que le principe de causalité tient bon. Il n'y a (à ce jour) pas plus de rétrocausalité que d'actions instantanées à distance qui seraient compatibles avec les principes, propriétés et lois physiques établis à partir de faits d'
observation reproductiblement vérifiables.
(1) E.T. James est un physicien réaliste. Curieusement, il est pourtant un très ardent défenseur de l'importance de l'
inférence bayesienne en physique, l'obtention de lois et propriétés physiques modélisant les faits d'observation par maximisation d'entropie et recours à l'information détenue par un observateur (en s'appuyant sur la notion de
prior information et de probabilité conditionnelle subjective), autrement dit, par exploitation de la forme mathématique du rasoir d'Occam, le fondement des approches positivistes de la physique.