Quelques informations.
Publié : 03 juil. 2012, 22:02
Salut à tous.
J’espérais le retour rapide du Dr Davis O’Hare, mais comme il ne se manifeste plus, je livre sans plus attendre quelques informations sur le sujet.
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►1 - La variabilité du rythme cardiaque ou VRC (en anglais, heart rate variability ou HRV) est un phénomène physiologique connu, sous le contrôle du système nerveux autonome, reflétant l’équilibre sympathique-parasympathique [1 ; 2].
Son utilisation a été proposée en clinique, notamment pour prédire le risque de mort subite en post infarctus immédiat, et pour apprécier l’évolution de la neuropathie diabétique [Braunwald, neuvième édition, 2011, p. 1951)].
►2 - La cohérence cardiaque n’apparaît pas comme une notion cardiologique : on n’en trouve nulle mention dans le Braunwald (qui est, rappelons-le, une des « bibles » de la cardiologie), ni dans le Hurst (treizième édition, 2010, autre « bible » de cette spécialité), ni dans les différents journaux de l’American Heart Association [réf.].
Une recherche sur PubMed ne trouve que quatre articles ... dont trois publiés dans Alternative Therapies in Health and Medicine.
Google Scholar donne plus de résultats, principalement vers le même type de sources, ou vers des articles de psychologie.
►3 - Relation entre VRC et cohérence cardiaque : d’après Heartmath, « les états émotionnels liés au stress, comme la colère, la frustration et l’anxiété donnent lieu à des graphes irréguliers qui semblent erratiques », tandis que « les émotions agréables envoient un signal très différent. [...] notre rythme cardiaque devient très ordonné, cohérent. La courbe est lisse, formée d’ondes harmonieuses [...] C’est ce qu’on appelle la cohérence cardiaque. »
D’après le site, dans la cohérence cardiaque, la réponse « est physiologiquement distinct de la relaxation parce que le système oscille à sa fréquence de résonance naturelle ».
La description qu’en fait David Servan-Schreiber, promoteur de la méthode d’après Heartmath lui-même, ressemble pourtant furieusement à une méthode de relaxation (page 22 de ce document).
►4 - Ce que propose Heartmath, à l’aide d’un capteur, d'un boîtier de traitement du signal et d'un logiciel, c’est d’illustrer sur l’écran de l’ordinateur le passage d’un premier état de stress (courbe erratique) vers un état « état de calme et d’équilibre », les sujets restant néanmoins « pleins d’énergie et réactifs ».
Mesurer avec précision la VFC nécessite de repérer exactement le point qui détermine l’intervalle RR entre deux complexes QRS de l’électrocardiogramme ; or le matériel emWave2 se compose d’un simple capteur digital ou auriculaire, très vraisemblablement basé sur la photopléthysmographie (utilisée en pratique courante pour le monitorage respiratoire), ce qui pose la question de la validité de cette méthode, quand on en connaît les limites dans la mesure de la VRC, puisque l’électrocardiographie reste la méthode de référence.
Par ailleurs, on ne retrouve nulle trace d’une évaluation indépendante de cet appareil, qui indiquerait qu’il obéit aux recommandations de ce consensus international définies dans ce document.
Est-ce pour pallier les éventuelles limites de cette technique que son concepteur propose de lui adjoindre un livret sur la prière ?
►5 - Les références de Heartmath sont nombreuses mais souvent écrites par les mêmes auteurs, dont certains appartiennent à « l’institut », par exemple Rollin McCraty, vice-président, 73 citations sur 120 ; un certain nombre de ces articles sont parus dans des revues de médecine alternative, ou sont publiés par Heartmath.
On y trouve quelques curiosités, sur la mémoire de l’eau (capable de stocker dans sa structure matricielle l’empreinte énergétique ou la signature vibratoire des substances, d’après son auteur, Dana Tomasino, qui ne comptabilise que 22 citations), sur les effets psychokinétiques des émotions positives sur l'ADN – à signaler des mêmes co-auteurs, Glein Rein et Rollin McCraty cet autre papier censé démontrer que l'état de cohérence cardiaque permettrait de « restructurer » l’ADN dénaturé), ou encore sur le transfert d’énergie à partir du cœur, où apparaît, parmi les signataires, Mike Atkinson (40 citations).
►6 - Sur le net, il n’existe que peu d’avis critiques ; une recherche sur Quackwatch donne deux références et renvoie à cette discussion sur la JREF, qui recoupe une partie des informations précédentes. Je partage l’opinion du premier intervenant qui considère que la courbe régulière censée témoigner de la cohérence cardiaque n’est en fait que l’illustration d’une arythmie respiratoire physiologique (augmentation de la fréquence cardiaque à l’inspiration, ralentissement à l’expiration) mise en évidence par des mouvements respiratoires profonds.
En conclusion : compte tenu que la notion de cohérence cardiaque repose sur une fragile hypothèse, que la validité des mesures de la VRC n’est pas pas attestée, que l’appareillage et les logiciels n’ont pas fait l’objet d”une évaluation indépendante, il ne semble pas justifié d’investir 229 dollars ou 229 euros pour effectuer ce qui ressemble à de simples exercices respiratoires de relaxation.
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Le Dr David O’Hare a proposé de nous expliquer « pas à pas » les notions de HRV et de cohérence cardiaque ; attendons donc ses commentaires.
J’espérais le retour rapide du Dr Davis O’Hare, mais comme il ne se manifeste plus, je livre sans plus attendre quelques informations sur le sujet.
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►1 - La variabilité du rythme cardiaque ou VRC (en anglais, heart rate variability ou HRV) est un phénomène physiologique connu, sous le contrôle du système nerveux autonome, reflétant l’équilibre sympathique-parasympathique [1 ; 2].
Son utilisation a été proposée en clinique, notamment pour prédire le risque de mort subite en post infarctus immédiat, et pour apprécier l’évolution de la neuropathie diabétique [Braunwald, neuvième édition, 2011, p. 1951)].
►2 - La cohérence cardiaque n’apparaît pas comme une notion cardiologique : on n’en trouve nulle mention dans le Braunwald (qui est, rappelons-le, une des « bibles » de la cardiologie), ni dans le Hurst (treizième édition, 2010, autre « bible » de cette spécialité), ni dans les différents journaux de l’American Heart Association [réf.].
Une recherche sur PubMed ne trouve que quatre articles ... dont trois publiés dans Alternative Therapies in Health and Medicine.
Google Scholar donne plus de résultats, principalement vers le même type de sources, ou vers des articles de psychologie.
►3 - Relation entre VRC et cohérence cardiaque : d’après Heartmath, « les états émotionnels liés au stress, comme la colère, la frustration et l’anxiété donnent lieu à des graphes irréguliers qui semblent erratiques », tandis que « les émotions agréables envoient un signal très différent. [...] notre rythme cardiaque devient très ordonné, cohérent. La courbe est lisse, formée d’ondes harmonieuses [...] C’est ce qu’on appelle la cohérence cardiaque. »
D’après le site, dans la cohérence cardiaque, la réponse « est physiologiquement distinct de la relaxation parce que le système oscille à sa fréquence de résonance naturelle ».
La description qu’en fait David Servan-Schreiber, promoteur de la méthode d’après Heartmath lui-même, ressemble pourtant furieusement à une méthode de relaxation (page 22 de ce document).
►4 - Ce que propose Heartmath, à l’aide d’un capteur, d'un boîtier de traitement du signal et d'un logiciel, c’est d’illustrer sur l’écran de l’ordinateur le passage d’un premier état de stress (courbe erratique) vers un état « état de calme et d’équilibre », les sujets restant néanmoins « pleins d’énergie et réactifs ».
Mesurer avec précision la VFC nécessite de repérer exactement le point qui détermine l’intervalle RR entre deux complexes QRS de l’électrocardiogramme ; or le matériel emWave2 se compose d’un simple capteur digital ou auriculaire, très vraisemblablement basé sur la photopléthysmographie (utilisée en pratique courante pour le monitorage respiratoire), ce qui pose la question de la validité de cette méthode, quand on en connaît les limites dans la mesure de la VRC, puisque l’électrocardiographie reste la méthode de référence.
Par ailleurs, on ne retrouve nulle trace d’une évaluation indépendante de cet appareil, qui indiquerait qu’il obéit aux recommandations de ce consensus international définies dans ce document.
Est-ce pour pallier les éventuelles limites de cette technique que son concepteur propose de lui adjoindre un livret sur la prière ?
►5 - Les références de Heartmath sont nombreuses mais souvent écrites par les mêmes auteurs, dont certains appartiennent à « l’institut », par exemple Rollin McCraty, vice-président, 73 citations sur 120 ; un certain nombre de ces articles sont parus dans des revues de médecine alternative, ou sont publiés par Heartmath.
On y trouve quelques curiosités, sur la mémoire de l’eau (capable de stocker dans sa structure matricielle l’empreinte énergétique ou la signature vibratoire des substances, d’après son auteur, Dana Tomasino, qui ne comptabilise que 22 citations), sur les effets psychokinétiques des émotions positives sur l'ADN – à signaler des mêmes co-auteurs, Glein Rein et Rollin McCraty cet autre papier censé démontrer que l'état de cohérence cardiaque permettrait de « restructurer » l’ADN dénaturé), ou encore sur le transfert d’énergie à partir du cœur, où apparaît, parmi les signataires, Mike Atkinson (40 citations).
►6 - Sur le net, il n’existe que peu d’avis critiques ; une recherche sur Quackwatch donne deux références et renvoie à cette discussion sur la JREF, qui recoupe une partie des informations précédentes. Je partage l’opinion du premier intervenant qui considère que la courbe régulière censée témoigner de la cohérence cardiaque n’est en fait que l’illustration d’une arythmie respiratoire physiologique (augmentation de la fréquence cardiaque à l’inspiration, ralentissement à l’expiration) mise en évidence par des mouvements respiratoires profonds.
En conclusion : compte tenu que la notion de cohérence cardiaque repose sur une fragile hypothèse, que la validité des mesures de la VRC n’est pas pas attestée, que l’appareillage et les logiciels n’ont pas fait l’objet d”une évaluation indépendante, il ne semble pas justifié d’investir 229 dollars ou 229 euros pour effectuer ce qui ressemble à de simples exercices respiratoires de relaxation.
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Le Dr David O’Hare a proposé de nous expliquer « pas à pas » les notions de HRV et de cohérence cardiaque ; attendons donc ses commentaires.