Etienne a écrit :Dans le cas d'un jugement objectif on se réfère à l'objet et à des critères fixes et on se prononce en fonction d'une correspondance évaluable par autrui (puisqu'il a accès à l'objet et aux critères fixes)
Ok une fois le seuil établi et accepté comme convention (et dans la mesure où cette convention est un ensemble explicite de règles prenant en entrée uniquement l'objet et le protocole, et non les opinions/humeurs/intuitions de l'expérimentateur, pour renvoyer un critère de décision ; voir ma réponse dubitative à ce sujet à Cogite). Mais ça ne répond pas à l'origine humaine, et non imposée par les phénomènes, de cette convention.
Ce que je dis : la
correspondance entre une personne et son prénom est subjective à l'origine
Ce que tu dis : le
jugement de correspondance entre une personne et son prénom une fois admis le lien entre cette personne et son prénom est objectif
Il y a une différence de conclusion car on ne parle toujours pas de la même chose.
Cogite a écrit :Le seuil en deçà duquel un phénomène est considéré comme trop improbable pour être le pur fruit du hasard est effectivement arbitraire, mais il n'est pas subjectif pour autant. Il doit être fixé avant l'expérience (et on utilise conventionnellement 5% et 1%, pour une expérience donnée).
Dans cette réponse aussi, il y a amalgame entre le temps de la construction de la convention et celui de son utilisation.
Mais soit, j'abandonne le terrain de la génération de la convention, puisque ce point est systématiquement éludé dans vos réponses et que ça ne fait plus avancer le débat.
Accordez-moi néanmoins de revenir sur le caractère objectif du jugement de véracité basé, rappelons-le, sur des règles "pas subjectives" (cf ci-dessus).
Je serais curieux de voir, prenant 20 expérimentateurs au hasard et ne pouvant se consulter, s'ils seraient parfaitement unanimes par rapport [(1) à leur choix quant au seuil à appliquer, et (2) à la justification de ce choix], concernant l'exploitation future des données d'un lot d'une trentaine d'expériences étant explicités leurs hypothèses et leurs protocoles.
A titre d'illustration, je cite
cette expérience de l'observatoire zététique. Alors que l'hypothèse que l'on veut soumettre aux données est unilatérale, je cite : "Le point que nous aimerions observer à travers cette étude, est : « Dans quelle mesure, entre deux options, le Yi King permet-il de choisir la meilleure avec une probabilité
supérieure à ce que pourrait donner un choix au hasard ».", les auteurs choisissent de conduire un test bilatéral.
Pensez-vous que 20 expérimentateurs à qui l'on aurait demandé quel type de test ils choisiraient (unilatéral ou bilatéral) étant donnée l'hypothèse de départ auraient opté uniformément pour le bilatéral ? Et tous avec comme justification la définition de la bilatéralité (comme les expérimentateurs de l'observatoire zététique) ?
Même question pour le seuil choisi de 1%. Pourquoi pas 5% ? Il y a une pléthore d'études avec des enjeux bien plus importants que les idées d'un type jetant des pièces en l'air qui n'utilisent pas un seuil aussi conservateur.
Sds a écrit :pourquoi devrais-je croire un expert en physique qui me dit qu'il a observé tel phénomène ?
Etienne a écrit :Il n' y a aucune raison de le croire sur parole en effet, en revanche ses observations ont été faites en respectant un protocole reproductible, je te laisse déduire ce que cela implique
Wooden Ali a écrit :Comme l'a dit Étienne, il n'y a aucune raison de le croire. C'est pourquoi on exige de lui qu'il donne les conditions de son observation afin de pouvoir la reproduire indépendamment de lui
C'est une excellente réponse Etienne.
Ce que je conclus à ce stade-là, c'est néanmoins que vous décrivez très bien ce qui définit
a minima l'exigence scientifique. Et ça répond a minima aux interrogations de Nicolas.
Savoir ce qui est acceptable en sciences nécessite aussi d'aborder leur pratique sociale, et de questionner les jugements de crédibilité en situation qui dépassent la simple délimitation "technique".
A titre d'exemple, je vais rebondir sur l'ensemble de critères [observation/collecte de données, règles d'invalidation d'hypothèse clairement définies, reproductibilité].
Supposez que je prétende qu'avec mon voisin, on a découvert un résultat relativement innovant en mécanique des fluides (je ne donne absolument aucune information quant à notre compétence dans ce domaine). Je vous envoie le protocole détaillé (ne manquant pas de plausibilité) en expliquant comment vous pouvez vérifier par vous-mêmes, mais j'ai déjà demandé à trois autres personnes qui ont su suivre le protocole (selon moi et selon eux) et ils trouvent que ça marche donc ce serait pure perte de temps de reproduire l'expérience une cinquième fois. Prenez maintenant la même situation en remplaçant moi, mon voisin et les "autres personnes" par deux noms d'experts du domaine et trois vérificateurs experts indépendants qui ont validé les conclusions. Pas plus que pour les "autres personnes" du premier cas, vous ne savez si ces experts sont formés aux protocoles précis que j'ai employés (vous savez juste qu'ils sont experts du domaine, en termes de validation universitaire d'une légitimité de statut professionnel global).
Dit autrement, on voit ici que la reproductibilité fait juste remonter d'un niveau ma question citée plus haut quant aux poids de l'observation et de l'observateur dans l'acceptation par un tiers d'un résultat (ne me répondez pas que vous pourriez personnellement tout reproduire).
Si vous êtes en toute honnêteté plus tentés de réclamer la reproduction de l'expérience dans le premier cas et moins dans le second, c'est qu'un jugement de crédibilité externe à ce que vous explicitez agit dans la
pratique de la recherche scientifique (pratique peu abordée dans vos réponse autrement qu'en termes de méthodologie générale).
En des termes plus sérieux que l'exemple précédent qui était volontairement caricatural, mon message global au fil de mes messages est : dans la mesure où la reproduction d'expérience n'est conduite ni systématiquement ni au hasard (dans la pratique réelle), et dans la mesure où la sévérité des seuils ou des méthodes de vérification fluctue avec les opinions des chercheurs quant à ce qu'ils étudient (toujours dans la pratique réelle), on ne doit pas se contenter de dire que la science est affaire de vérification objective, si comme ici on ne cherche pas seulement à la définir, mais à comprendre son filtre en situation.
Je rappelle que la question de Nicolas était centrée sur le lien entre croyance (ce que l'on estime être crédible à un moment donné) et sciences, et comment on lie les deux dans la pratique.