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Message
par Dave » 24 août 2013, 08:43
Salut Nicolas!
Ça me semble assez évident que la dimension psychologique joue un grand rôle dans le désir, en particulier dans le désir sexuel. Je crois qu'une partie de la difficulté consiste à rendre objectives des notions traditionnellement subjectives. Par exemple, la conscience est une notion plutôt philosophique dans son sens général. Pour la rendre objective (bien qu'il puisse logiquement que ce soit impossible de la rendre purement objective), le plus possible du moins, il semblerait qu'il fasse la « fragmenter » en plusieurs notions précises (comme le centre d'attention dans le cerveau, mais même dit comme cela, il manque encore de précision).
Bref, il faut un travail de construction et d'élaboration de concepts scientifiques. Avec un peu de recherche, on peut trouver (sur le net) quelques-uns de ces concepts. Du coup, c'est moins spectaculaire, car on plonge dans une sorte d'ontologie qu'il faut s'approprier (ça demande parfois de consacrer sa vie entière à l'étude des observations et de la gigantesque quantité d'informations pouvant être recueillies) pour entrevoir des réponses possibles qui permettraient idéalement d'établir des modèles prédictifs.
Je ne dis pas qu'il n'est pas possible de trouver des principes qui simplifieraient d'une heureuse façon toute cette complexité envisagée (par rapport aux connexions neuronales par exemple), mais je n'ai pas la capacité pour te donner des réponses satisfaisantes. J'aimerais bien, comme vous aussi, trouver ces réponses. C'est assez passionnant. Je pourrais tout de même dire qu'il devient de plus en plus certain, avec les études scientifiques, que notre « esprit critique » dépend de (et est construit) selon l'expérience sensible vécue.
Aussi, beaucoup d'aspects psychologiques peuvent être le résultat d'une certaine activité émergente faisant intervenir l'ensemble du cerveau par exemple, et non une zone spécifique. Ainsi, on ne peut pas toujours corréler une activité physique précise observable directement avec une activité psychologique précise. C'est même rarement le cas, je dirais. Ainsi, puisque ce n'est malheureusement pas aussi simple, le principe d'émergence faible est pratiquement inévitable pour une orientation féconde des études que demandent de tels questionnements. (Le principe d'émergence forte demeure plutôt philosophique étant souvent contesté dans la communauté scientifique.)
J'aimerais aussi dire (j'en avais d'ailleurs déjà fait la remarque auparavant) qu'il n'est pas vraiment scientifique de dire, par exemple, que l'animal s'accouple AFIN d'assurer la survie de l'espèce. La science (heureusement) ne s'occupe pas de trouver le but, la finalité des choses (qui est tout de même différente du (ou des) sens possible de la vie), puisque cette dernière demeure largement subjective, spéculative ou teintée d'anthropocentrisme.
En philosophie, le but de la vie est le bonheur (personnellement, j'aime bien la nuance « moins de malheur »). En science, savoir « quel est le but de la vie » n'est pas un questionnement tout à fait valable (qui a un sens) scientifiquement. Un scientifique crédible ne dira pas que le but de la vie est la survie (de l'espèce) ou quoi que ce soit d'autre.
La préposition « AFIN » dans le langage scientifique demeure surtout un raccourci, une vulgarisation (qui peut cependant créer une certaine incompréhension du questionnement scientifique qui est sous un mode différent et plus strict que celui en philosophie). En gros, la science s'occupe principalement de produire des connaissances objectives, de comprendre le fonctionnement des mécanismes observables et, idéalement, d'établir des modèles prédictifs à l'aide de théories cohérentes et en accord avec les observations.
Il y a une nuance entre dire, par exemple, que l'un des rôles (fonctions ou caractéristiques) du foie est la destruction de toxines, et dire que le foie existe afin de détruire les toxines.