Page 2 sur 3

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 19 sept. 2013, 13:30
par yquemener
eatsalad a écrit :Contrairement à la Tunisie ou l'Egypte, je ne crois pas que ce soit la population qui va revenverser Assad (si ca se fait) mais bel et bien une alliance des groupes armés rebelles, de là ceux qui vont tirer leur épingles du jeu seront ceux qui allient influences auprès de la population et connections extérieurs avec les régimes forts voisins.
Quelqu'un qui parvient au pouvoir grâce à son influence dans la population ça s'appelle une république. Ça me va.
eatsalad a écrit :Vous-même, qui soutiendrez vous ? Moi je ne vois pas trop !
Moi je n'ai pas de diplomate à envoyer là bas pour prendre des contacts. Mais je suis sur qu'on peut trouver un groupe, même ultra-minoritaire, qui s'engage de façon réaliste à organiser des élections une fois Assad renversé. Prenez ce groupe minoritaire, dites "voila, c'est eux qu'on reconnait", arrosez le d'armes et de contacts, et vous en faire une force conséquente. Ça a été tenté, de façon timorée, avec un conseil national Syrien. Je ne sais pas ce que ça a donné.
eatsalad a écrit :Il n'empeche qu'ils s'endettent autant en argent et en armes que moralement auprès de ceux qui les fournissent, bien que la morale dans ce genre de relation soit à géométrie variable il ne faut pas négliger cela non plus. De plus même si ils adoptent une attitude djihadiste de façade elle est visible et aide à promouvoir la solution djihadiste plutot qu'une autre solution.
Oui, et ? Je ne vois là que d'excellentes raisons pour fournir également armes et aides et promouvoir une autre solution et une autre image.
eatsalad a écrit :Au contraire je pense que ceux qui gagnent n'organiseront des vrais élections que si ils sont sur de les gagner.
Eh bien tant mieux s'ils les gagnent. S'ils ne les organisent pas ou reste au pouvoir après les avoir perdues, on continue de financer l'opposition armée. En effet, il est rare que le premier renversement donne un pays stable immédiatement. Il faut s'armer de patience.
eatsalad a écrit :Après penser que des élections libres peuvent à elles seules résoudre le problème me semble un peu naif!
Le problème est la dictature. Des élections libres sont la solution classique à ce problème.
eatsalad a écrit :Oui tout à fait méfions des images, mais là il me semble que c'est suffisament observé pour étre avéré.
Comment êtes vous arrivé à cette conclusion ? Il y a eu une enquête ? Des statistiques ?
eatsalad a écrit :Vous voulez dire que l'ONU est une démocratie de facade ?
Même pas. L'ONU n'a jamais prétendu être une démocratie.

@Beetlejuice : Quelles sont les conditions pour être une intervention pour cause humanitaire ? Je suis d'accord que si on considère l'occident comme un bloc uni, après l'Irak, on ne peut pas se contenter d'un "promis juré, c'est des méchants, faites nous confiance on est les gentils." ce qui a globalement été le scénario de l'Irak et de l’Afghanistan. Dans le cas de la Syrie, on a des massacres de civils à l'arme chimique confirmés par l'ONU et une première enquête de l'ONU était revenu après avoir observé beaucoup d'obstruction. On a des preuves neutres, à défaut d'être objectives.

Pour des raisons politiques, l'ONU ne donnera pas de mandat pour intervenir, mais ça n'infirme en rien le caractère humanitaire d'une intervention.

Là où je te rejoins, c'est dans le fait que si on intervient en Syrie, il faut être prêt à ouvrir la grande boite de Pandore du 21e siècle : créer un bloc de démocraties contre un bloc de dictatures. Depuis les années 90 et la chute du mur, plus de 50% du monde vit en démocratie. Est ce que ça vaut le coup de faire bande à part pour créer un organisme plus légitime et plus puissant que l'ONU ? C'est une question à 6 milliards...

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 19 sept. 2013, 14:25
par eatsalad
yquemener a écrit :
eatsalad a écrit :Contrairement à la Tunisie ou l'Egypte, je ne crois pas que ce soit la population qui va revenverser Assad (si ca se fait) mais bel et bien une alliance des groupes armés rebelles, de là ceux qui vont tirer leur épingles du jeu seront ceux qui allient influences auprès de la population et connections extérieurs avec les régimes forts voisins.
Quelqu'un qui parvient au pouvoir grâce à son influence dans la population ça s'appelle une république. Ça me va.
La république c'est fourre-tout, de la république populaire de chine à la république française en passant par la république centrafricaine, la république est loin d'avoir le même visage!
yquemener a écrit :
eatsalad a écrit :Vous-même, qui soutiendrez vous ? Moi je ne vois pas trop !
Moi je n'ai pas de diplomate à envoyer là bas pour prendre des contacts. Mais je suis sur qu'on peut trouver un groupe, même ultra-minoritaire, qui s'engage de façon réaliste à organiser des élections une fois Assad renversé. Prenez ce groupe minoritaire, dites "voila, c'est eux qu'on reconnait", arrosez le d'armes et de contacts, et vous en faire une force conséquente. Ça a été tenté, de façon timorée, avec un conseil national Syrien. Je ne sais pas ce que ça a donné.
On ne demande qu'a vous croire!
Le conseil national Syrien est dominé par les frères musulmans et en gros représente le combat des sunnites contres les chiites pour récupérer le pouvoir syrien.
Personnellement je n'ai pas envie de financer une guerre de religion.
yquemener a écrit :
eatsalad a écrit :Il n'empeche qu'ils s'endettent autant en argent et en armes que moralement auprès de ceux qui les fournissent, bien que la morale dans ce genre de relation soit à géométrie variable il ne faut pas négliger cela non plus. De plus même si ils adoptent une attitude djihadiste de façade elle est visible et aide à promouvoir la solution djihadiste plutot qu'une autre solution.
Oui, et ? Je ne vois là que d'excellentes raisons pour fournir également armes et aides et promouvoir une autre solution et une autre image.
Ok, à qui ?
yquemener a écrit :
eatsalad a écrit :Au contraire je pense que ceux qui gagnent n'organiseront des vrais élections que si ils sont sur de les gagner.
Eh bien tant mieux s'ils les gagnent. S'ils ne les organisent pas ou reste au pouvoir après les avoir perdues, on continue de financer l'opposition armée. En effet, il est rare que le premier renversement donne un pays stable immédiatement. Il faut s'armer de patience.
Ha oui vous êtes pour une ingérence à long terme à ce que je vois !
Donc on finance ceux qui vont gagner les premiers et ensuite on va mieux armés leur ennemis et quand ils les auront remplacés ont réarment les premiers ou on en trouve des troisieme?
yquemener a écrit :
eatsalad a écrit :Après penser que des élections libres peuvent à elles seules résoudre le problème me semble un peu naif!
Le problème est la dictature. Des élections libres sont la solution classique à ce problème.
Peut-être pour les pays unis, comme la plupart des pays européens, j'en suis moins sûr dans les pays multiethinques et multi confessionnels, et encore moins dans les régions tribales.
Je ne suis évidement pas pour la dictature et j'aspire à la démocratisation du monde, mais croire naivement qu'il suffit d'organiser des élections et que tout va rouler me semble illusoire.
yquemener a écrit :
eatsalad a écrit :Oui tout à fait méfions des images, mais là il me semble que c'est suffisament observé pour étre avéré.
Comment êtes vous arrivé à cette conclusion ? Il y a eu une enquête ? Des statistiques ?
Par les nombreux articles de presse décrivant une "djihadisation" du conflit ces derniers mois. Vous noterez que j'ai utilisé le terme "semble" ce qui montre que c'est une évaluation subjective au vu des nombreux articles que j'ai lu.
yquemener a écrit :
eatsalad a écrit :Vous voulez dire que l'ONU est une démocratie de facade ?
Même pas. L'ONU n'a jamais prétendu être une démocratie.
Ok la dessus on est d'accord, alors je ne vois pas en quoi les décisions de l'ONU seraient plus légitimes que d'autres.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 19 sept. 2013, 15:53
par BeetleJuice
Quelles sont les conditions pour être une intervention pour cause humanitaire ?
Que l'ONU le valide. C'est dire si c'est mal barré actuellement, vu qu'une partie des protagonistes ni même la guerre civile.
Dans le cas de la Syrie, on a des massacres de civils à l'arme chimique confirmés par l'ONU et une première enquête de l'ONU était revenu après avoir observé beaucoup d'obstruction. On a des preuves neutres, à défaut d'être objectives.
Oui, mais comme je l'ai dit, on n'est plus au début des années 2000 où l'Occident était encore largement hégémonique sur le plan de l'influence internationale et où les USA seul pouvait décidé sur un coup de tête d'aller en guerre quelque part.

Aujourd'hui les émergés sont largement anti-intervention occidentale parce qu'ils essaient de se faire une place au soleil et que ça passe par un affrontement avec les anciens maîtres du monde pour avoir une reconnaissance qu'ils sont désormais sur le même pied d'égalité. La réaction du Pape sur le conflit syrien, qui est argentin, est symptomatique de cet état d'esprit qui consiste grosso-modo à dire que l'occident, y'en a marre et qu'ils restent chez eux. Et ils représentent 30-40% de l'économie mondiale et 50% de la population.

Les preuves ne suffisent plus, surtout après la Libye où on a largement outrepassé la résolution de l'ONU et où la Chine, qui est relativement tatillonne dans sa diplomatie quand il s'agit de ne pas perdre la face, est dans une logique de "plus jamais ça", quand à la Russie, elle a tout à perdre à un changement de régime et les deux sont de trop gros morceaux pour qu'on risque de les fâcher trop fort à moins qu'ils ne soient isolés sur la scène diplomatique, ce qui est très loin d'être le cas dans cette affaire, ça serait même plutôt les partisans d'une intervention qui se retrouve bien seul (sachant qu'ils peinent même à convaincre leurs populations qui ne font plus confiance dans les motifs de guerre des dirigeants).
Pour des raisons politiques, l'ONU ne donnera pas de mandat pour intervenir, mais ça n'infirme en rien le caractère humanitaire d'une intervention.
Oui, mais répandre la démocratie ou la paix les arme à la main, c'est une vision occidentale du monde. Pour beaucoup de pays, ça sera vu comme encore une ingérence et une agression de l'Occident et même pour les populations occidentales, les précédents Irakiens, Libyens et le fond de complotisme qui s'est développé avec la crise, jette un doute sur la légitimité des motifs.
Est ce que ça vaut le coup de faire bande à part pour créer un organisme plus légitime et plus puissant que l'ONU ? C'est une question à 6 milliards...
Aucune chance que se créer un bloc de démocratie contre un bloc de dictature, c'est une vision naïve de la politique de croire que ça puisse se passer comme ça.
L'ordre mondial est déjà largement un chaos organisé, si on brise le faux semblant d'ordre qu'est l'ONU, on mettra en évidence la réalité actuelle, à savoir un monde qui se découpe lentement en grande région concurrente. C'est plus la participation à des flux commerciaux ou la position géographique que le régime politique qui détermine le bloc dont on est le plus proche.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 20 sept. 2013, 02:56
par yquemener
BeetleJuice a écrit :
Quelles sont les conditions pour être une intervention pour cause humanitaire ?
Que l'ONU le valide.
Oula, c'est très limité comme définition. Il est impossible d'imaginer un scénario où une intervention légitimement humanitaire serait bloquée par un veto selon toi ?
BeetleJuice a écrit :Aujourd'hui les émergés sont largement anti-intervention occidentale parce qu'ils essaient de se faire une place au soleil et que ça passe par un affrontement avec les anciens maîtres du monde pour avoir une reconnaissance qu'ils sont désormais sur le même pied d'égalité.
C'est pour ça que je souhaite un cadre légal strict. L'ancien fonctionnement était de dire "Les Occidentaux sont les gentils qui savent dire quand il est légitime d'intervenir" et celui là, plus personne n'en veut. Je crois que c'est ce qui manque pour convaincre une opinion plus large, montrer qu'on n'est plus dans l'arbitraire. C'est ça qu'il aurait fallu construire pour pouvoir intervenir en Syrie.

Et très honnêtement, je pense que les pays occidentaux préparaient une opération vraiment en traînant les pieds et uniquement pour satisfaire l'émoi d'une partie de l'opinion publique, je ne crois pas qu'ils aient un vrai intérêt particulier à intervenir dans ce pays.
BeetleJuice a écrit :(sachant qu'ils peinent même à convaincre leurs populations qui ne font plus confiance dans les motifs de guerre des dirigeants).
Moi c'est la chose qui m'étonne le plus : on soupçonne quoi, comme raison cachée ? Ils ont mis deux ans à passer de l'indignation au "peut être on va y aller". Ils n'ont vraiment aucun enthousiasme.
BeetleJuice a écrit :Oui, mais répandre la démocratie ou la paix les arme à la main, c'est une vision occidentale du monde.
Cette expression implique d'imposer la démocratie à un peuple qui n'en veut pas. Là, la situation est différente, c'est aider un peuple qui tente de renverser un dictateur. Ça me parait bien plus légitime. J'espère sincèrement que même si on n'intervient pas, on va quand même leur fournir des armes et de la logistique.
Aucune chance que se créer un bloc de démocratie contre un bloc de dictature, c'est une vision naïve de la politique de croire que ça puisse se passer comme ça.
En effet, ni les dictatures ni les démocraties n'arriveront à s'unir, mais si l'on souhaite créer un ONU 2 avec un fonctionnement réellement démocratique et des pouvoirs que lui conféreront la légitimité de ce fonctionnement, je ne pense pas que les dictatures actuelles puissent l'accepter. Il ne pourrait s'agir que d'un groupe de démocraties. Si ses membres regroupaient suffisamment de pays pour que plus de 50% de la population mondiale y soit représentée, ça lui donnerait une légitimité forte pour décider de ce qui est une ingérence humanitaire ou non.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 20 sept. 2013, 15:18
par BeetleJuice
Yquemener a écrit :Oula, c'est très limité comme définition. Il est impossible d'imaginer un scénario où une intervention légitimement humanitaire serait bloquée par un veto selon toi ?
Après le cas Libyens, je doute effectivement que la Chine laisse l'Otan réutiliser le prétexte de l'humanitaire en effet. Après, légitime, en droit international, ça veut surtout dire accepté au moins tacitement par les autres, soit parce qu'ils n'ont pas le choix et la puissance de réellement s'y opposer, soit parce qu'ils adhèrent, soit parce qu'ils acceptent le compromis.
Il n'y a pas vraiment de norme universelle à l'échelle de l'ONU, ça dépend grandement de l'interprétation que chacun fera des conventions internationales, du degré de légitimité qu'accorde les pays à celle-ci, de la puissance des pays qui les défendent.

Par exemple, l'Iran es clairement dans l'illégalité en construisant une arme atomique et s'il est sanctionné, c'est parce qu'il y a suffisamment de pays qui considère que c'est illégal et qu'il faut sévir, mais aussi suffisamment de pays qui ont à perdre si l'Iran devient une puissance atomique.

Pourtant, l'Iran n'a tué personne avec.

A l'inverse, certain dictateurs africains viole ouvertement des conventions régulièrement ou rentre dans le cadre d'actions des casques bleus, mais personne ne s'en préoccupe, parce que tout le monde s'en fiche.

Les cadres de l'ONU ne sont en gros qu'une façon d'inciter les pays à s'assoir autour d'une table pour discuter, mais in fine, les choses se font encore à l'ancienne, à savoir que l'ordre du monde est encore une question d'influence politique, militaire et économique et le droit n'existe que quand ça arrange suffisamment de monde de le faire respecter.

Actuellement, pour le cas Syrien, je ne dis pas qu'un veto est obligatoire, mais ça me parait très improbable qu'il y ait une action militaire sous caution de l'ONU, à moins qu'on ne détourne encore franchement une résolution ou qu'on fasse une énorme concession à la Russie.
Si intervention il y a, elle sera soit très limitée, soit sans mandat et donc donnera encore du grain à moudre à ceux qui feront passer ça pour une agression de l'occident.
C'est pour ça que je souhaite un cadre légal strict.
Oui, mais un cadre légal strict, ça n'existe pas vraiment à l'ONU. Le droit y est largement mouvant.
Par exemple, les occidentaux ont présenté des preuves de l'utilisation de l'arme chimique par Assad et la Chine et la Russie continue de soutenir que ces un fait des rebelles. Donc le droit dépend surtout de la posture et de la puissance politique de ceux qui l'interpète.

C'est d'autant plus difficile, qu'il y a le précédent de l'Irak, avec ses preuves truquées et le précédent Libyens, avec une résolution largement outrepassée. Les occidentaux sont dans la situation où, de toute manière, ils sont suspects aux yeux de beaucoup de monde et notamment beaucoup de monde qu'ils n'ont pas forcement intérêt à fâcher, même aux prix du peuple Syrien. D'où l'impasse actuelle d'ailleurs, en plus du fait que je ne suis même pas persuadé qu'ils aient le moins du monde envie de réellement faire quelque chose et qu'il me semble que toutes les gesticulations jusqu'à présent sont plus pour embêter la Russie, donner un os aux opinions publiques et affirmer un reste de position diplomatique hégémonique que pour réellement s'occuper du drame.

Non que les dirigeants soient forcement des connards cyniques qui s'en moque, mais ils sont d'abord tenu de s'occuper de l'avenir de leur pays, donc le choix entre risquer de fâcher d'important partenaires commerciaux et de créer des menaces potentielles autrement plus grave qu'un conflit régional et sauver une population de son sanguinaire dictateur ne doit pas être facile à faire.
Moi c'est la chose qui m'étonne le plus : on soupçonne quoi, comme raison cachée ? Ils ont mis deux ans à passer de l'indignation au "peut être on va y aller". Ils n'ont vraiment aucun enthousiasme.
Il y a un tas de raison au manque d'engouement des populations en occident.

La crise, d'abord, à largement refermer les peuples sur eux-même, ravivant des relents de racisme. Dans certain pays, il y a de plus en plus un sentiment de "crépuscule de l'occident" qui est difficile à supporter quand on a vécu presque deux décennies d'hégémonie américaine et 3 siècles de suprématie euro-américaine.
Du coup, il y a, je pense, une forte tendance à l'isolationnisme qui se développe. En Europe, ça se traduit par la progression d'idée protectionniste ou d'une volonté de devenir neutre politiquement ou du moins aussi pacifique que possible. Au USA, pour ce que j'en sais, ça serait plutôt une sorte de lassitude des guerres qui se développe.

La Syrie arrive alors que l'occident n'a plus fait de coup d'éclat depuis un moment. L'Irak est un demi-succès, l'Afghanistan presque un échec, le terrorisme n'a pas disparu et comme on a tenté de faire croire qu'on pouvait lui faire la guerre, on a l'impression d'avoir perdu, la Libye est pas non plus une réussite, le dossier Iraniens piétine, bref, ça fait un moment que l'occident à l'air de se battre en vain et les populations en ont sans doute marre.
D'une certaine façon, l'échec de la politique binaire de Bush est un échec de la lecture héritée de la guerre froide qui distinguait le monde en méchant communiste et gentil capitaliste, qu'on a mit une vingtaine d'année à digérer totalement.
On est face au fait que l'export de la démocratie, des droits de l'homme, de l'Etat de droit ne se fait pas de lui même, qu'on n'a plus la puissance d'antan pour le promouvoir et qu'il y a de fortes résistances locales et l'émergence de modèle concurrent moins facile à dépeindre comme bouc-émissaire que le communisme soviétique. S'ajoute à ce changement d'atmosphère celui engendré par l'arrivée sur le devant de la scène des émergeant, qui dispute à l'occident son rayonnement politique et culturel, et fait passer les occidentaux pour d'agresssif enfants gatés ou des comploteurs en vue de régenter le monde, quand la Chine, par exemple, défend l'idée du chacun chez soit (hypocritement évidement, vu que c'est aussi la Chine qui définit ce qui est chez elle).

Je pense qu'actuellement, l'occident est dans une logique de "qu'ils se débrouillent entre eux ces sauvages, puisqu'ils ne veulent pas de nos bonnes idées". C'est un résumé un peu caricatural, évidement. Ce constat est tempéré par le fond d'humanisme qui constitue encore une composante des sociétés européenne et américaine, mais sans doute pas au point de faire adhérer la population à une intervention, surtout dans un pays musulmans après le printemps arabes, où une partie des pays occidentaux s'était plus à croire que les pays du sud de la méditerranée allait faire comme eux même ont fait en créant des démocraties à peu près laïques.

On souffre aujourd'hui du fait qu'on n'est plus un exemple alors qu'on croyait en être un, du coup, on baisse les bras.


S'y ajoute la défiance des populations envers les dirigeants et l'impression dans beaucoup de pays que les politiciens ne sont plus au service de la population, mais largement consanguins avec des milieux d'affaire. Dans le pire des cas, on verse carrément dans le complitisme.

La Syrie tombe mal en fait, elle arrive précisément au moment d'une crise d'identité en Occident et au moment d'une tentative d'affirmation des émergents qui ne sont pas du coté des rebelles.
C'est marrant d'ailleurs. J'étais persuadé que l'Iran serait le grand conflit révélateur du nouvel ordre mondial qui se met doucement en place, le point de cristallisation du changement et résultat, ça à l'air d'être la Syrie.
Comme quoi, le futur est toujours imprévisible.
la situation est différente, c'est aider un peuple qui tente de renverser un dictateur.
Pour être exact, c'est aidé une partie minoritaire de la population à renverser le dictateur. Globalement, la majorité espère sans doute plus survivre à l'affrontement que se battre dans un camps ou l'autre.
Le soucis, c'est qu'on ne connait que partiellement les motivations du camps rebelles. Rien ne nous garanti qu'il se transformera en démocrate à la fin de la guerre ou même qu'il parviendra à tenir le pays.

L'exemple Libyen ou Irakien illustre bien le soucis. On est face à des pays largement fragmenté en confession, tribu, clan politique, dont l'Etat (l'entité Etat, pas le pays) n'existait que parce qu'un dictateur était là pour le maintenir par la violence et la peur. Il n'est pas du tout certain qu'une fois la guerre finie le pays puisse s'en relever et comme l'occident est plutôt fauché en ce moment, pas étonnant que ça se pose des questions en haut lieu.
Virer un dictateur, c'est bien, mais si c'est pour créer un chaos 1000 fois pire et 100 dictateurs en puissances et en guerre par la suite, ça mérite réflexion.

C'est toujours cornélien comme choix et loin des considérations faciles qui imagine que virer un dictateur suffit à régler le problème de la dictature .
Si ses membres [à l'ONU 2 ] regroupaient suffisamment de pays pour que plus de 50% de la population mondiale y soit représentée
A ce compte là, on a déjà perdu la partie, les initiateurs d'une telle idée, si elle était possible, ne serait jamais assez nombreux pour obtenir 50%.
Et quand bien même, ça n'aurait aucun intérêt. Même si l'ONU 2 fonctionnait selon les principes de démocraties, le reste du monde continuerait à fonctionner avec d'abord comme règle la souveraineté des Etats et donc toute décision de cet ONU 2 en dehors du territoire de ses membres pourra et sera sans doute toujours vu comme une agression.
Pour peu que cet ONU 2 soit interventionniste, on recréera sans doute une situation de guerre froide avec la constitution d'un bloc concurrent dont le but sera d'administrer à sa guise la zone qui échappe à l'ONU 2 et d'empêcher des interventions réciproques. On n'aura rien gagné d'autre que de couper le monde en deux.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 20 sept. 2013, 19:58
par yquemener
D'accord, on a pas la même définition de la légitimité. Tu te places au niveau des états souverains et moi au niveau des peuples souverains. Dans ta définition, la légitimité ne peut en effet quasiment pas exister sans aval de l'ONU, alors que selon la mienne, c'est assez courant.
BeetleJuice a écrit :C'est d'autant plus difficile, qu'il y a le précédent de l'Irak, avec ses preuves truquées
Je me souviens quand même de la mission de l'ONU, et de Hans Blix, qui l'a dirigée, et qui est revenu en disant que l'Irak n'avait pas d'armes illégales. La situation me semble très différent avec la Syrie où les enquêteurs ONUsiens sont revenus avec des conclusions accablantes.
BeetleJuice a écrit :et le précédent Libyens, avec une résolution largement outrepassée.
Mais justement, ce genre d'abus devrait être un argument fort pour la mise en place d'un cadre strict.
BeetleJuice a écrit :Il y a un tas de raison au manque d'engouement des populations en occident.
Sans doute, mais ce n'était pas ma question :-) Dans les discussions sur une éventuelle intervention en Syrie, il est de coutume de dire que les occidentaux ont des arrières pensées et des vues sur ma Syrie. Qu'il serait naïf de croire comme je le fais qu'il s'agisse principalement de raisons humanitaires. Je demande simplement quels éléments existent à l'appui de cette thèse. Elle m'a l'air particulièrement fragile.
BeetleJuice a écrit :Pour être exact, c'est aidé une partie minoritaire de la population à renverser le dictateur.
Si on prouvait que la majorité de la population ne souhaite pas le départ d'Assad, je le soutiendrais, mais c'est quand même lui qui les empêche de voter!
BeetleJuice a écrit :Même si l'ONU 2 fonctionnait selon les principes de démocraties, le reste du monde continuerait à fonctionner avec d'abord comme règle la souveraineté des Etats et donc toute décision de cet ONU 2 en dehors du territoire de ses membres pourra et sera sans doute toujours vu comme une agression.
Mais selon ta définition de la légitimité, il suffit d'un pouvoir de veto à l'ONU 1 par un membre de l'ONU 2 pour que cette dernière reste dans le cadre de la légitimité.

C'est un peu chaud de commencer un effort pareil à juste un peu plus de 50% de la population, mais ça vaut le coup d'y réfléchir. Est ce que toutes les dictatures du monde réussiraient à s'entendre ? Est ce que ça ne vaut pas le coup d'essayer de les faire tomber une à une avant qu'elles s'y mettent ?

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 20 sept. 2013, 20:31
par 86lw
BeetleJuice a écrit : Oui, mais un cadre légal strict, ça n'existe pas vraiment à l'ONU. Le droit y est largement mouvant.
Par exemple, les occidentaux ont présenté des preuves de l'utilisation de l'arme chimique par Assad et la Chine et la Russie continue de soutenir que ces un fait des rebelles. Donc le droit dépend surtout de la posture et de la puissance politique de ceux qui l'interpète.
C'est d'autant plus difficile, qu'il y a le précédent de l'Irak, avec ses preuves truquées et le précédent Libyens, avec une résolution largement outrepassée. Les occidentaux sont dans la situation où, de toute manière, ils sont suspects aux yeux de beaucoup de monde et notamment beaucoup de monde qu'ils n'ont pas forcement intérêt à fâcher, même aux prix du peuple Syrien. D'où l'impasse actuelle d'ailleurs, en plus du fait que je ne suis même pas persuadé qu'ils aient le moins du monde envie de réellement faire quelque chose et qu'il me semble que toutes les gesticulations jusqu'à présent sont plus pour embêter la Russie, donner un os aux opinions publiques et affirmer un reste de position diplomatique hégémonique que pour réellement s'occuper du drame.
La Russie a ses propres objectifs, qui s'apparentent plus à de la realpolitik qu'à la recherche de la paix universelle et de l'harmonie entre les peuples.La défiance des émergents envers l'Occident remonte à bien plus loin que l'Irak. Les Occidentaux ont pratiqué l'impérialisme partout où ça leur était possible et profitable, il leur est difficile de se plaindre d'un manque d'amour de la part du reste du monde aujourd'hui.(Alors quoi, on les envahit, les occupe, les exploite, et après bêtement ils nous en veulent :ouin: )
Le monde occidental pèse encore lourd, mais risque de se cantonner aux interventions diplomatiques et militaires liées à ses intérêts économiques (et les "opérations extérieures" sont ruineuses).
Puisqu'on parlait de liberté de la presse, quel grand média dira que la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis se sont "tapés" khadafi pour ses frasques passées, et jamais pardonnées, quand l'occasion s'en est présentée? Et que la Syrie, c'est vraiment loin, si c'est pour aider des manifestants peut-être démocrates, mais sans intérêt sur le plan économique?

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 20 sept. 2013, 20:59
par BeetleJuice
Yquemener a écrit :D'accord, on a pas la même définition de la légitimité. Tu te places au niveau des états souverains et moi au niveau des peuples souverains. Dans ta définition, la légitimité ne peut en effet quasiment pas exister sans aval de l'ONU, alors que selon la mienne, c'est assez courant.
C'est pas exactement ce que je dis. Je ne dis pas que la légitimité n'existe pas sans l'aval de l'ONU, je dis que l'occident ne peut plus que difficilement se permettre de se passer totalement la légitimité apportée par celle-ci, parce que fâcher leurs opposants est un risque que je ne suis pas certain qu'ils aient envie de prendre.

Après, la légitimité, c'est pas une réalité légale, chacun se fait la sienne. Lorsque Bush a envahi l'Irak, il n'était pas légitime pour Saddam Hussein, pas légitime non plus à le faire pour une partie du monde, mais la légitimité auprès de la population des USA et des alliés de l'Otan lui suffisait parce que les USA était alors assez fort pour s'imposer, légitimité ou pas.

Ce qui compte, ça n'est pas la légitimité, c'est le rapport de force. La légitimité c'est juste pour savoir si on passera pour un agresseur ou pas en faisant la guerre. Diplomatiquement c'est important d'essayer d'en avoir dans la balance, ça évite de trop se fâcher avec autrui, mais c'est le rapport de force sous-jacent qui détermine au final la question.
Je me souviens quand même de la mission de l'ONU, et de Hans Blix, qui l'a dirigée, et qui est revenu en disant que l'Irak n'avait pas d'armes illégales. La situation me semble très différent avec la Syrie où les enquêteurs ONUsiens sont revenus avec des conclusions accablantes.
Oui, mais ça n'empêche pas la Russie et la Chine de nier et c'est d'autant plus facile pour ces deux pays que l'Irak et les fausses preuves américaines sont passés par là. La Chine peut toujours rappeler ce précédent pour justifier qu'elle soit sceptique des preuves pour la Syrie.
Mais justement, ce genre d'abus devrait être un argument fort pour la mise en place d'un cadre strict.
Définir un cadre strict, ça serait reconnaître un vrai rôle coercitif à l'ONU, ce qui est non seulement impossible dans le monde actuel, mais surtout inacceptable pour une partie du monde (et je ne parles pas que de dictature), parce que l'universalisme qui sous-tend l'existence de l'ONU (qui part du principe qu'il existe des valeurs universelles permettant un droit international, permettant une justification des interventions des pays dans d'autres pays) n'est pas une vision universelle justement.
Un certain nombre de pays asiatique ne partage pas cette idée, au premier rang la Chine (qui est une dictature par contre) qui est d'avantage pour une idée de chacun chez soit avec ses valeurs.
De même, certain pays au nationalisme un peu fort refuseront l'idée d'une ingérence de l'ONU.

Evidement, c'est plus souvent les dictatures qui défendent de telles idées, parce que ça les arrange bien, mais malheureusement, elles sont bien trop nombreuses dans le monde pour espérer se passer de leurs avis.

De toute manière, j'ai même d'énorme doute sur le fait que les démocraties acceptent un cadre réellement contraignant à l'ONU.
Sans doute, mais ce n'était pas ma question :-) Dans les discussions sur une éventuelle intervention en Syrie, il est de coutume de dire que les occidentaux ont des arrières pensées et des vues sur ma Syrie. Qu'il serait naïf de croire comme je le fais qu'il s'agisse principalement de raisons humanitaires. Je demande simplement quels éléments existent à l'appui de cette thèse. Elle m'a l'air particulièrement fragile.
Les théories du complot n'ont pas besoin de preuves solides pour prospérer, depuis le temps que vous êtes sur ce forum, vous devriez le savoir. Encore une fois, la guerre d'Irak a fait des ravages dans les opinions publiques qui se méfient désormais d'emblée des interventions dans les pays arabes.
Si on prouvait que la majorité de la population ne souhaite pas le départ d'Assad, je le soutiendrais, mais c'est quand même lui qui les empêche de voter!
Je pense que la majorité de la population ne souhaite rien d'autre que la fin de la guerre en vérité. Après, qu'ils soient pro ou anti-Assad, j'en sais rien, mais c'est comme dans toute révolution ou rebellions d'ampleur. L'essentiel du combat est fait par une petite minorité qui parvient au bout d'un moment à retourner l'opinion à son avantage et coupe les soutiens du régime qui subit la révolte. Actuellement, je ne saurais dire où on en est, mais vu le caractère sanglant et confus du conflit, je ne sais pas si les habitants s'y retrouve eux même, sans parler du fait que la Syrie, c'est un peu comme tous les pays de la région, c'est pas un pays vraiment uniforme.

Mais de toute manière, vu comment la situation a dégénéré, je doute que cette guerre puisse se terminer réellement par la victoire d'un camps et la remise en ordre du pays. honnêtement, je ne serais pas surpris si ça finissait par une désintégration de l'Etat en cas de victoire des rebelles et une plongée dans un chaos organisé, entre un Etat faible, voir impuissant et des factions qui se dispute le cadavre du pays.
D'ailleurs, même si Assad parvient à gagner, j'ai de gros doute sur sa capacité à reprendre les choses en main et réimposer son pouvoir partout.

Dans les deux cas, je vois mal cette crise se régler, intervention ou pas, avant un long moment.
Est ce que toutes les dictatures du monde réussiraient à s'entendre ?
Sans doute pas non, de même que les démocraties ne s'entendent pas forcement non plus.

Le régime politique d'un pays a une importance dans sa diplomatie, c'est certain, mais il ne faut pas surestimer celle-ci. Beaucoup de démocratie ont des ententes plus ou moins tacites avec un tas de dictatures alors qu'elles sont en concurrences économiques féroces avec d'autres démocraties. Les valeurs ne déterminent pas tout, l'intérêt aussi est un déterminant important.

Suffit de voir les relations entre les pays d'Asie de l'Est pour s'en convaincre. Que ça soit l'Indonésie, le Japon, la Corée du Sud, les Philippines, tous sont à peu près des démocraties, presque tous ont des contentieux territoriaux avec la Chine, tous en ont peur, mais tous s'échine à conserver de bonne relation commerciale avec, voir de bonne relation diplomatique. Et aucun ne fermerait la porte de la négociation uniquement sous le prétexte que la Chine est une dictature.
On peut faire le même constat en Europe où l'on s’accommode très bien des amitiés de nos fournisseurs de matière première, soutenant même parfois militairement celle-ci. Disons que les démocraties boivent la coupe avec les lèvres pincés et une moue dégoutée, mais la boive quand même.
Est ce que ça ne vaut pas le coup d'essayer de les faire tomber une à une avant qu'elles s'y mettent ?
J'en doute.
86lw a écrit :La Russie a ses propres objectifs, qui s'apparentent plus à de la realpolitik qu'à la recherche de la paix universelle et de l'harmonie entre les peuples
En même temps, c'est un peu le cas de tous les pays du monde. Les occidentaux sont certes animés encore un peu d'esprit universaliste, mais c'est assez mal vu de la part du reste du monde, parce que c'est ce même esprit qui a justifié la colonisation et puis ça à toujours été un discours à géométrie variable au profit de ces derniers.
La défiance des émergents envers l'Occident remonte à bien plus loin que l'Irak. Les Occidentaux ont pratiqué l'impérialisme partout où ça leur était possible et profitable, il leur est difficile de se plaindre d'un manque d'amour de la part du reste du monde aujourd'hui.(Alors quoi, on les envahit, les occupe, les exploite, et après bêtement ils nous en veulent :ouin: )
Oui, mais la guerre froide et la décennie 1990-2000 n'avait pas permis l'expression de cette rancoeur, parce que les USA était dominant (soit en binôme avec l'URSS qui restait emprunt d'une forme d'universalisme, même s'il était communisme).
L'Irak et l'Afghanistan ont marqué un vrai tournant, parce que ça a été des guerres qui n'ont pas été vraiment gagné dans l'opinion publique et qui sont arrivée à un moment où les puissances émergentes émergeaient réellement et pas seulement sur le plan économique, il y a un vrai sentiment de montée en puissance dans ces pays et une soif de reconnaissance d'un rôle mondial et d'une égalité avec les occidentaux.

Ca peut même être nourrit d'un fond de revanche comme en Chine, où le PCC a troqué sa toque de communiste depuis quelque décennie pour une toque de nationaliste, exaltant la grandeur de la civilisation chinoise, ce qui, par corolaire, réveille les tensions des humiliations perpétrés par le Japon ou les européens durant le XIXème et le début du XXème siècle.

La Chine joue d'ailleurs beaucoup de ça en rappelant le passé guerrier des occidentaux pour exalter une idée d'une Chine comme un géant pacifique qui regarde le monde avec bienveillance (mais c'est pas nouveau, c'est une réadaptation du discours impérial, qui voyait déjà le monde comme vassal d'une Chine bienveillante, sous l'autorité d'un bienveillant empereur...merci Confucius) et pour dire que les occidentaux n'ont pas de leçon à donner et que les valeurs de la grande civilisation chinoise millénaire valent mieux que celle de pays responsables de deux guerre mondiale.

(Evidement, ça passe sous silence les multiples guerres civiles, massacres et coup d'Etat de l'empire chinois.)

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 21 sept. 2013, 15:43
par mauricemaltais
Bonjour

Le New-York Times a publié un article plutôt inusité. C'était un message au peuple américain signé par Vladimir Poutine. Il voulait faire comprendre qu'une intervention contre la Syrie aiderait Al-Quaida et des groupes extrémistes. " Nous étions face à face dans la guerre froide mais c'est ensemble que nous avons vaincu les nazis" . En réponse à l'argument de l'exception américaine qui justifie en quelque sorte leur rôle de gendarme du monde Poutine conclut que les États-Unis comme toute nation ne devraient pas se sentir exceptionnels. Le New-York en réponse "au nom du peuple américain" dit que l'expérience de son pays est unique , et que le pays est assez exceptionnel pour faire cavalier seul dans les relations internationales. Le fanatisme a encore des beaux jours dans le futur.

Maurice

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 21 sept. 2013, 16:25
par 86lw
BeetleJuice a écrit :
86lw a écrit :La Russie a ses propres objectifs, qui s'apparentent plus à de la realpolitik qu'à la recherche de la paix universelle et de l'harmonie entre les peuples
En même temps, c'est un peu le cas de tous les pays du monde. Les occidentaux sont certes animés encore un peu d'esprit universaliste, mais c'est assez mal vu de la part du reste du monde, parce que c'est ce même esprit qui a justifié la colonisation et puis ça à toujours été un discours à géométrie variable au profit de ces derniers.
La défiance des émergents envers l'Occident remonte à bien plus loin que l'Irak. Les Occidentaux ont pratiqué l'impérialisme partout où ça leur était possible et profitable, il leur est difficile de se plaindre d'un manque d'amour de la part du reste du monde aujourd'hui.(Alors quoi, on les envahit, les occupe, les exploite, et après bêtement ils nous en veulent :ouin: )
Oui, mais la guerre froide et la décennie 1990-2000 n'avait pas permis l'expression de cette rancoeur, parce que les USA était dominant (soit en binôme avec l'URSS qui restait emprunt d'une forme d'universalisme, même s'il était communisme).
L'Irak et l'Afghanistan ont marqué un vrai tournant, parce que ça a été des guerres qui n'ont pas été vraiment gagné dans l'opinion publique et qui sont arrivée à un moment où les puissances émergentes émergeaient réellement et pas seulement sur le plan économique, il y a un vrai sentiment de montée en puissance dans ces pays et une soif de reconnaissance d'un rôle mondial et d'une égalité avec les occidentaux.

Ca peut même être nourrit d'un fond de revanche comme en Chine, où le PCC a troqué sa toque de communiste depuis quelque décennie pour une toque de nationaliste, exaltant la grandeur de la civilisation chinoise, ce qui, par corolaire, réveille les tensions des humiliations perpétrés par le Japon ou les européens durant le XIXème et le début du XXème siècle.

La Chine joue d'ailleurs beaucoup de ça en rappelant le passé guerrier des occidentaux pour exalter une idée d'une Chine comme un géant pacifique qui regarde le monde avec bienveillance (mais c'est pas nouveau, c'est une réadaptation du discours impérial, qui voyait déjà le monde comme vassal d'une Chine bienveillante, sous l'autorité d'un bienveillant empereur...merci Confucius) et pour dire que les occidentaux n'ont pas de leçon à donner et que les valeurs de la grande civilisation chinoise millénaire valent mieux que celle de pays responsables de deux guerre mondiale.

(Evidement, ça passe sous silence les multiples guerres civiles, massacres et coup d'Etat de l'empire chinois.)
L'Irak et l'Afghanistan ont surtout été àmha révélateurs d'un mouvement de fond dont les racines plongent très loin dans le passé:
Le Japon utilise la technologie occidentale pour infliger une mémorable punition à la Russie tsariste dès 1905.
La Chine a toujours été mue par le nationalisme dès l'époque de l'occupation par les Occidentaux, les Japonais, sous le régime maoïste et encore aujourd'hui ( rappelons par exemple que les Chinois se considèrent comme autochtones depuis des millions d'années, sans passer par la case "out of Africa").
Dans le monde musulman, les confréries religieuses comme les partis politiques (baas) "carburent" au nationalisme bien avant le 2°WW.
Les Occidentaux sont restés confortablement dans l'ignorance de ces changements jusqu'à récemment, quand il n'a plus été possible de les nier.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 21 sept. 2013, 18:05
par BeetleJuice
86lw a écrit :L'Irak et l'Afghanistan ont surtout été àmha révélateurs d'un mouvement de fond dont les racines plongent très loin dans le passé:
C'est toujours le cas et c'est précisément ce que je dis. Ce que je dis, c'est que l'Irak et l'Afghanistan ont été des points de rupture entre l'après guerre froide et la période actuelle, qui est elle même un point de rupture pour de plus grande période, notamment les décennies 2000-2020 qui verront sans doute le déplacement du centre de gravité du monde qui était sur l'Atlantique vers un autre point. De ce qui ressort de la majorité des points de vue, il semble y avoir une majorité sur le fait que ça sera le pacifique qui fera office de nouveau centre, mais je ne suis pas sur que ça sera si tranché.
Ca dépendra sans doute de l'évolution des pays occidentaux et de celle de la Chine vis à vis de ses voisins.
Les Occidentaux sont restés confortablement dans l'ignorance de ces changements jusqu'à récemment, quand il n'a plus été possible de les nier.
Je pense pas qu'ils l'ai nié et je ne pense pas non plus que l'évolution soit si nette et que le nationalisme soit si clair depuis si longtemps. Qu'il y ait une forte volonté des régimes chinois et japonais de prétendre à une égalité de traitement avec les occidentaux, voir une volonté de revanche au moins symbolique pour effacer l'humiliation du XIXème, sans doute, mais il ne faut pas oublier que, au moins pour la Chine, la communisme a été un destructeur du récit national.
Le communisme de Mao avec sa révolution culturelle était assez loin du nationalisme à outrance de la période moderne, simplement parce qu'il était encore réellement communiste quand le parti actuel doit trouver d'autres sources de légitimité (et vanter l'existence d'une civilisation millénaire, c'est vanter la stabilité, donc la persistance du pouvoir du parti.)

De plus, le nationalisme japonais n'était pas vraiment un nationalisme revanchard contre l'occident, la période coloniale a d'ailleurs vu une réadaptation d'un thème cher à un certain nombre de pays asiatique, à savoir l'existence d'une différence entre les asiatiques et les autres peuples qui justifierais pour ses derniers de s'occuper de leurs affaires. Le Japon avait tout une thèse sur l'idée qu'il était la race asiatique supérieure et devait donc amener les autres peuples asiatiques vers l'accomplissement en les intégrant à leur empire, mais ça n'était pas vraiment diriger contre l'occident, même si le fond de racisme faisait évidement des blancs une race inférieure.

Cela dit, je ne disais pas que les pays asiatiques n'étaient pas nationalistes avant, je disais que le régime communiste chinois le promeut beaucoup plus actuellement, parce qu'il y trouve une légitimité en réinventant l'histoire, puisque le roman national communiste ne lui est plus totalement accessible.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 21 sept. 2013, 19:06
par 86lw
Assez d'accord avec tout le texte, Beetlejuice.
Petit détail amusant: plus Mao devient une sorte d'icône nationale (et c'est déjà allé assez loin dans ce sens), plus les thèmes chers au PCC de son époque disparaissent.
Le nationalisme permet de "lisser" tout ça et de masquer les insuffisances du capitalisme à la chinoise, qui est loin d'être un humanisme.
(Mais même avec ses inégalités et ses aspects parfois criminels, on n'en est pas aux millions de morts de la révolution culturelle)
Les décennies à venir seront sans doute passionnantes à vivre (c'est le fana d'histoire qui parle), mais pas forcément confortables pour les (anciens?) impérialistes que nous sommes.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 11:14
par eatsalad
yquemener a écrit :
Aucune chance que se créer un bloc de démocratie contre un bloc de dictature, c'est une vision naïve de la politique de croire que ça puisse se passer comme ça.
En effet, ni les dictatures ni les démocraties n'arriveront à s'unir, mais si l'on souhaite créer un ONU 2 avec un fonctionnement réellement démocratique et des pouvoirs que lui conféreront la légitimité de ce fonctionnement, je ne pense pas que les dictatures actuelles puissent l'accepter. Il ne pourrait s'agir que d'un groupe de démocraties.

Si ses membres regroupaient suffisamment de pays pour que plus de 50% de la population mondiale y soit représentée, ça lui donnerait une légitimité forte pour décider de ce qui est une ingérence humanitaire ou non.
50% de la population mondiale ?

ca va être difficile à atteindre comme objectif sachant ca :

Concentration de la population mondiale en Asie

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 12:55
par yquemener
BeetleJuice a écrit :
Est ce que ça ne vaut pas le coup d'essayer de les faire tomber une à une avant qu'elles s'y mettent ?
J'en doute.
Je crois que ça résume le point essentiel de notre désaccord :)
eatsalad a écrit :50% de la population mondiale ?

ca va être difficile à atteindre comme objectif sachant ca :

Concentration de la population mondiale en Asie
Tu te rends compte que la majorité des gens à l'intérieur de ton cercle vivent en démocratie ? L'Inde, le Japon, l'Indonésie, la Corée du Sud, ça fait du monde...

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 14:10
par BeetleJuice
Je crois que ça résume le point essentiel de notre désaccord
Non, le premier point de désaccord que j'ai avec vous, c'est que je trouve que vous avez une vision quand même très naïve du monde. Le séparer en démocratie/dictature, c'est manquer beaucoup de sa complexité et faire des analyses ou de la prospective à partir de ça, c'est un peu court.
Croire qu'il soit possible que les démocraties s'entendent entre elle pour laisser les dictatures de coté ou même pour les mettre à bas, c'est même plus de l'utopie, c'est de la science-fiction. L'inverse est vrai aussi. Croire que les dictatures vont s'entendre juste parce que c'est des dictatures, c'est oublier ce qui fait les ententes, qui sont bien plus des questions d'intérêt que de proximité idéologique (même si ça aide évidement à établir des contacts et que ça joue sur l'image qu'aura une relation entre deux Etats.)

Suffit de voir les démocraties d'Asie que vous citez: toutes s’accommodent de la dictature chinoise, il y en a même parmi elle qui la soutienne dans certaines de ses positions politiques (l'Inde, par exemple, soutien la Chine quand elle dit qu'il ne faut pas intervenir en Syrie. Pourtant c'est une démocratie...)
Honnêtement, la plupart des voisins de la Chine s'en contrefiche de savoir que c'est une dictature, ce qui les gène, c'est son agressivité politique et économique et sa volonté de revendiquer la quasi totalité de la mer de Chine ou une partie de l’Himalaya que lui conteste l'Inde. En dehors de ça, malgré d'important contentieux, le Japon, la Corée du Sud, l'Indonésie ou l'Inde sont tout à fait près à s'entendre avec ce pays, pour peu que ça soit avantageux.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 14:28
par eatsalad
yquemener a écrit :
eatsalad a écrit :50% de la population mondiale ?
ca va être difficile à atteindre comme objectif sachant ca :

Concentration de la population mondiale en Asie
Tu te rends compte que la majorité des gens à l'intérieur de ton cercle vivent en démocratie ? L'Inde, le Japon, l'Indonésie, la Corée du Sud, ça fait du monde...
Oui avec un gros poids démographique pour la Chine aussi !
Ne penses tu pas que les voisins de la Chine réfléchiront à deux fois avant de la froisser ?
Il y a peu le président indonésien lors d'une rencontre avec Mahmoud Ahmadinejad rejetait fermement toute ingérence dans les affaires intérieures syriennes. Je n'ai pas entendu qu'il avait changé d'avis.
Le Japon militairement ca vaut rien et l'economie a du mal a se remettre de la crise et du tsunami, et ils paraient qu'ils sont remontés depuis que le PIB chinois est de venu plus important que le leur.

Le problème est que tu raisonnes comme si le monde était régi démocratiquement, on en est loin!

Ps: Parler d'Inde comme d'une démocratie alors que c'est une société castique ca m'a toujours fait bizarre mais c'est parceque je dois être imprégné de la volonté égalitaire de notre démocratie ! Je dois visiblement accepter qu'une démocratie ne doit pas obligatoirement tendre vers l'égalité des citoyens.

Je pense que tu surestimes le pouvoir fédérateur de la bannière démocratique, les pays depuis longtemps préfèrent préserver leur intérêts économiques plutôt que de se facher avec les dictatures : il suffit de voir l'importance qu'a prit la Chine pour s'en rendre compte.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 14:43
par BeetleJuice
Je dois visiblement accepter qu'une démocratie ne doit pas obligatoirement tendre vers l'égalité des citoyens.
En terme de droit, si, c'est indispensable que les citoyens soient sur un pied d'égalité pour qu'il s'agisse d'une démocratie. Je dirais même que c'est bien plus indispensable que l'existence d'élection, qu'on peut parfaitement remplacer par des tirages au sort ou n'importe quoi d'autre tant que le demos garde le pouvoir de changer le système et de définir les règles du jeu en dernier ressort.

On peut parfaitement imaginer une démocratie, qui décide qu'elle sera régit par un roi héréditaire et quasiment absolu mais dont l'autorité tout entière découlera d'une délégation de pouvoir du peuple, lequel aura le pouvoir à tout moment d'annuler ses décisions, de changer ses attribution ou de virer la famille royale.

Evidement, c'est théorique, dans la réalité, il y a très peu de chance que quelqu'un à qui un peuple cède tous le pouvoir se prête à une telle règle du jeu où son pouvoir peut à tout moment être reprit ou modifier. Ca demanderait aussi un demos suffisamment homogène et capable d’interaction pour qu'il soit force de proposition et non uniquement votant des décisions des autres.
(En fait, le principal pouvoir dans une démocratie, c'est pas uniquement le pouvoir de voter la loi, mais de pouvoir, de manière égale avec son voisin, proposer une loi. Un pouvoir qui n'existe que dans très peu de régime politique moderne qui lui préfère une délégation de ce pouvoir à des représentants.)

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 14:52
par eatsalad
BeetleJuice a écrit :
Je dois visiblement accepter qu'une démocratie ne doit pas obligatoirement tendre vers l'égalité des citoyens.
En terme de droit, si, c'est indispensable que les citoyens soient sur un pied d'égalité pour qu'il s'agisse d'une démocratie. Je dirais même que c'est bien plus indispensable que l'existence d'élection, qu'on peut parfaitement remplacer par des tirages au sort ou n'importe quoi d'autre tant que le demos garde le pouvoir de changer le système et de définir les règles du jeu en dernier ressort.

On peut parfaitement imaginer une démocratie, qui décide qu'elle sera régit par un roi héréditaire et quasiment absolu mais dont l'autorité tout entière découlera d'une délégation de pouvoir du peuple, lequel aura le pouvoir à tout moment d'annuler ses décisions, de changer ses attribution ou de virer la famille royale.

Evidement, c'est théorique, dans la réalité, il y a très peu de chance que quelqu'un à qui un peuple cède tous le pouvoir se prête à une telle règle du jeu où son pouvoir peut à tout moment être reprit ou modifier. Ca demanderait aussi un demos suffisamment homogène et capable d’interaction pour qu'il soit force de proposition et non uniquement votant des décisions des autres.
(En fait, le principal pouvoir dans une démocratie, c'est pas uniquement le pouvoir de voter la loi, mais de pouvoir, de manière égale avec son voisin, proposer une loi. Un pouvoir qui n'existe que dans très peu de régime politique moderne qui lui préfère une délégation de ce pouvoir à des représentants.)
Je pense que tu auras compris que c'est une figure de style, et qu'évidement pour moi une démocratie c'est l'égalité des citoyens.
Mais j'ai du mal à apeler démocratie un pays comme l'Inde mais j'avoue être un peu dans le préjugé car je ne connais pas bien le mode de fonctionnement de ce pays et à quel point les castes sont encore d'actualités!

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 15:35
par BeetleJuice
Je pense que tu auras compris que c'est une figure de style, et qu'évidement pour moi une démocratie c'est l'égalité des citoyens.
Mais j'ai du mal à apeler démocratie un pays comme l'Inde mais j'avoue être un peu dans le préjugé car je ne connais pas bien le mode de fonctionnement de ce pays et à quel point les castes sont encore d'actualités!
Ah, oui, effectivement, je pensais que vous étiez sérieux en disant qu'il était possible de faire une dictature où les citoyens n'étaient pas égaux.

Mais appeler l'Inde démocratie n'est pas franchement pire que d'appeler n'importe qu'elle démocratie actuelle comme démocratie, dans la mesure où aucune des démocraties actuelles n'en est réellement une. Après, c'est comme tout régime politique, entre la théorie et la pratique, il y a un monde. Je doute qu'il soit réellement possible de créer une vraie démocratie telle que la théorie le voudrait dans le monde réel, de même qu'il n'a jamais existé de réelle monarchie parfaite ou de réelle oligarchie parfaite. Tout à toujours été quelque part entre les trois, selon la manière dont les pouvoirs formels et informels s'organisaient.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 16:09
par yquemener
@Beetlejuice : Bon, désolé si je dérape sur le vouvoiement, j'ai pas trop l'habitude sur les forums, mais vu que je me suis déjà fait traité d'impoli une fois sur cette file je vais essayer de filer un peu plus droit. :a4:

Je suppose qu'en effet je dois donner une image assez naïve à présenter une possible union de démocraties contre le reste du monde, le bloc des gentils démocrates contre les méchants tyrans, refaire le scénario qu'on a tenté de nous faire gober pendant la guerre froide...

Je pense toutefois avoir une assez bonne compréhension de la complexité des différents systèmes politiques, de l'importance inégale que les populations attribuent à la démocratie, à l'égalité, à la religion, à la monarchie, à la justice... Cependant, je pense que ma proposition se base sur une réflexion un peu plus poussée que ce que vous semblez croire.

Je n'imagine pas les démocraties s'unifiant instantanément sous la bannière des droits de l'Homme et du suffrage universel, mais je pars d'une constatation objective, dont on peut débattre mais qui me semble bien établi : les démocraties ont moins tendance à faire la guerre entre elles. Quand on a pas été d'accord avec les US sur l'Irak, on n'a pas envoyé de blindés défendre Saddam. Si on intervient en Syrie et que l'Inde n'est pas d'accord, elle n'ira pas se battre aux cotés d'Assad. La non-agression, c'est la première étape vers l'alliance. De facto, la plupart des démocraties considèrent que les US qui attaquent l'Irak, c'est pas tout à fait normal, mais auraient été autrement plus choqués s'ils avaient attaqué Taiwan par exemple.

Par ailleurs, j'aime l'idée qu'il puisse exister un droit international pour juger des crimes contre l'humanité. L'idée que les dictateurs puissent avoir à répondre de leurs crimes n'est pas une philosophie occidentale imprégnée de culture judéo-chrétienne, mais bien une aspiration universelle. La justice, la plupart des peuples trouvent que c'est une bonne idée. Les différences culturelles tiennent souvent plus au fatalisme qu'au désir de voir la justice rendue.

De là, se pose la question de savoir comment une telle justice peut être rendue. Faire une cour indépendante, c'est pas évident mais c'est faisable. Le problème est dans l'aspect législatif et exécutif : qui serait légitime pour édicter les lois que ce tribunal doit appliquer et qui serait légitime pour faire appliquer par la force ses décisions ?

L'ONU (que j'aime beaucoup soit dit au passage) est allé au maximum de ce qu'un compromis entre éthique, rapports de force et bonne volonté peut accomplir. Et ce maximum est très en deça de ce qui serait nécessaire à un organisme de justice international. Aucun de ses membres n'acceptera de se voir imposer des lois contre lesquelles sont gouvernement serait en désaccord.

Si on veut un droit international juste, capable de condamner des dirigeants en exercice, comment est ce possible ? La seule réponse que je vois se trouve dans une assemblée démocratique internationale dotée de compétence universelle. Il me parait évident qu'une dictature ne permettra pas à sa population d'y élire des représentants, ce qui ne laisse comme possibilité que la création d'une assemblée rassemblant des représentants des pays démocratiques.

BeetleJuice a écrit :Suffit de voir les démocraties d'Asie que vous citez: toutes s’accommodent de la dictature chinoise, il y en a même parmi elle qui la soutienne dans certaines de ses positions politiques (l'Inde, par exemple, soutien la Chine quand elle dit qu'il ne faut pas intervenir en Syrie. Pourtant c'est une démocratie...)
Si jamais il y avait une guerre civile en Chine entre le gouvernement actuel et une faction aspirant à la démocratie, si les chances de victoires étaient partagées à 50/50, qui pensez vous que l'Inde, le Japon, la Corée du Sud soutiendraient ?

Sur la Syrie, je pense qu'il faut bien séparer les soutiens à Bachar Al-Assad, qui sont rares, à l'opposition à un interventionnisme occidental. Je pense que la seule chose qui empêchent ces démocratie de soutenir le renversement du gouvernement Syrien, c'est l'absence de cadre légal et la grosse dose d'arbitraire qui entoure cette décision.

Il me semble lire (Est ce de la naïveté ?) dans les oppositions à une intervention en Syrie, la même aspiration à un cadre légal international que ce que j'énonce.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 16:21
par yquemener
eatsalad a écrit :Oui avec un gros poids démographique pour la Chine aussi !
Ben oui, mais moins de la moitié. L'Inde pèse quasiment aussi lourd démographiquement, et a une croissance démographique plus élevée. C'est la première démocratie du monde en population.
eatsalad a écrit :Le Japon militairement ca vaut rien et l'economie a du mal a se remettre de la crise et du tsunami,
Outre le fait que c'est très discutable (voire carrément opposé à la réalité), on parlait de démographie ou de puissance militaro-économique là ?
eatsalad a écrit :Parler d'Inde comme d'une démocratie alors que c'est une société castique ca m'a toujours fait bizarre mais c'est parceque je dois être imprégné de la volonté égalitaire de notre démocratie !
Parler de l'Inde comme d'une société castique alors qu'elle a aboli le système depuis plus d'un demi-siècle, çe me fait bizarre, mais c'est parce que je suis imprégné de l'habitude de me renseigner un minimum. Leur seule existence légale en Inde à ce jour, c'est dans la pratique de quota pour la discrimination positive (ce qui était franchement une nécessité pour eux). Evidemment qu'on ne parlerait pas de l'Inde comme d'une démocratie s'ils appliquaient encore le principe des castes. Partout où elle subsiste, cette pratique est illégale et un droit opposable à la non-discrimination existe depuis les années 70.
Je pense que tu surestimes le pouvoir fédérateur de la bannière démocratique, les pays depuis longtemps préfèrent préserver leur intérêts économiques plutôt que de se facher avec les dictatures : il suffit de voir l'importance qu'a prit la Chine pour s'en rendre compte.
Oui, là dessus on a un désaccord philosophique. Je pense que si les pays démocratiques versent dans un certain cynisme de la realpolitik, c'est uniquement par manque d'alternative, pas par manque de désir.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 16:36
par eatsalad
yquemener a écrit :
eatsalad a écrit :Oui avec un gros poids démographique pour la Chine aussi !
Ben oui, mais moins de la moitié. L'Inde pèse quasiment aussi lourd démographiquement, et a une croissance démographique plus élevée. C'est la première démocratie du monde en population.
eatsalad a écrit :Le Japon militairement ca vaut rien et l'economie a du mal a se remettre de la crise et du tsunami,
Outre le fait que c'est très discutable (voire carrément opposé à la réalité), on parlait de démographie ou de puissance militaro-économique là ?
Ca ne change pas que l'Inde comme l'Indonésie, n'a jamais soutenu une intervention en Syrie et qu'ils sont obligéde prendre en compte la grosse puissance régionale qu'est la Chine.
On parle de géo-politique ce qui me semble englober tous les aspects : démographie, militaire, économie..
yquemener a écrit :
eatsalad a écrit :Parler d'Inde comme d'une démocratie alors que c'est une société castique ca m'a toujours fait bizarre mais c'est parceque je dois être imprégné de la volonté égalitaire de notre démocratie !
Parler de l'Inde comme d'une société castique alors qu'elle a aboli le système depuis plus d'un demi-siècle, çe me fait bizarre, mais c'est parce que je suis imprégné de l'habitude de me renseigner un minimum. Leur seule existence légale en Inde à ce jour, c'est dans la pratique de quota pour la discrimination positive (ce qui était franchement une nécessité pour eux). Evidemment qu'on ne parlerait pas de l'Inde comme d'une démocratie s'ils appliquaient encore le principe des castes. Partout où elle subsiste, cette pratique est illégale et un droit opposable à la non-discrimination existe depuis les années 70.
Pourtant il semble bien que l'existence des castes demeures surtout en campagne ! Mon sentiment est que tu donnes trop de réalité aux théories/idées qui te plaisent!
yquemener a écrit :
Je pense que tu surestimes le pouvoir fédérateur de la bannière démocratique, les pays depuis longtemps préfèrent préserver leur intérêts économiques plutôt que de se facher avec les dictatures : il suffit de voir l'importance qu'a prit la Chine pour s'en rendre compte.
Oui, là dessus on a un désaccord philosophique. Je pense que si les pays démocratiques versent dans un certain cynisme de la realpolitik, c'est uniquement par manque d'alternative, pas par manque de désir.
Je ne suis pas sur de te suivre, tu peux préciser ?

Ps : merci pour le ton condescendant j'essaye de ne pas trop te prendre pour un con fait de meme stp

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 16:44
par eatsalad
BeetleJuice a écrit :
Je pense que tu auras compris que c'est une figure de style, et qu'évidement pour moi une démocratie c'est l'égalité des citoyens.
Mais j'ai du mal à apeler démocratie un pays comme l'Inde mais j'avoue être un peu dans le préjugé car je ne connais pas bien le mode de fonctionnement de ce pays et à quel point les castes sont encore d'actualités!
Ah, oui, effectivement, je pensais que vous étiez sérieux en disant qu'il était possible de faire une dictature où les citoyens n'étaient pas égaux.

Mais appeler l'Inde démocratie n'est pas franchement pire que d'appeler n'importe qu'elle démocratie actuelle comme démocratie, dans la mesure où aucune des démocraties actuelles n'en est réellement une. Après, c'est comme tout régime politique, entre la théorie et la pratique, il y a un monde. Je doute qu'il soit réellement possible de créer une vraie démocratie telle que la théorie le voudrait dans le monde réel, de même qu'il n'a jamais existé de réelle monarchie parfaite ou de réelle oligarchie parfaite. Tout à toujours été quelque part entre les trois, selon la manière dont les pouvoirs formels et informels s'organisaient.
Oui c'est sûr qu'il n'y a pas de système parfait, complétement d'accord!

Après ce qui me gène dans L'Inde c'est que peut être que légalement les castes ont été abolie mais dans la vie de tous les jours il semblerait que ca perdure !

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 23 sept. 2013, 17:03
par yquemener
eatsalad a écrit :Après ce qui me gène dans L'Inde c'est que peut être que légalement les castes ont été abolie mais dans la vie de tous les jours il semblerait que ca perdure !
Tout comme l'inégalité homme/femme en France, l'inégalité blanc/noir aux US. A ce compte là, y a peu de démocraties véritables dans le monde. Ces inégalités existent en Inde et sont activement combattues par l'état. Des quotas de membres des castes inférieures existent pour tous les postes de l'état et la discrimination (négative) sur l'appartenance à une caste est condamnée par la loi (et en pratique par les tribunaux). Je ne suis pas sur de ce qu'une démocratie idéale pourrait faire de plus ?

eatsalad a écrit :
yquemener a écrit :Oui, là dessus on a un désaccord philosophique. Je pense que si les pays démocratiques versent dans un certain cynisme de la realpolitik, c'est uniquement par manque d'alternative, pas par manque de désir.
Je ne suis pas sur de te suivre, tu peux préciser ?
Avec plaisir.
Aujourd'hui, dans les relations internationales, ce qui prévaut, c'est la loi du plus fort. Les US assassinent des civils ? Les Chinois torturent des opposants politiques ? Ben on a pas la force nécessaire pour faire cesser ça, alors on ferme les yeux. Ça ne signifie pas pour autant que l'on se réjouisse de cet état de fait mais qu'il n'y a pas d'autre alternative.

Les interventionnistes se prévalant d'une légitimité prétendument venant des droits de l'homme ne sont pas crédibles. Les US qui tentent de "répandre la démocratie" en priorité dans les pays pétroliers, obéissent à des intérêts égoïstes, on est d'accord.

Je trouve par contre qu'on fait trop rapidement le raccourci de dire que comme il s'agit d'un masque bien pratique pour les cyniques, quiconque prétend défendre les droits de l'Homme ment. Je pense que c'est faux et qu'on peut inventer une organisation qui serait capable de faire réellement avancer la cause démocratique et l'intérêt générale de la population terrestre.

Alors oui, je suis bien conscient qu'on en est loin, mais je trouve qu'avec le seuil de 50% de la population mondiale vivant en démocratie, on a franchi un seuil important qui nous permet de considérer cet objectif à long terme.

Re: la liberté de presse dn France

Publié : 24 sept. 2013, 09:11
par eatsalad
yquemener a écrit :Tout comme l'inégalité homme/femme en France, l'inégalité blanc/noir aux US. A ce compte là, y a peu de démocraties véritables dans le monde. Ces inégalités existent en Inde et sont activement combattues par l'état. Des quotas de membres des castes inférieures existent pour tous les postes de l'état et la discrimination (négative) sur l'appartenance à une caste est condamnée par la loi (et en pratique par les tribunaux). Je ne suis pas sur de ce qu'une démocratie idéale pourrait faire de plus ?.
L'inégalité H/F et Blanc/noir ne me parait pas aussi marqué (actuellement) que le système des castes en Inde, mais c'est vrai qu'il n'y a pas de système parfait !
Et qu'entre la théorie démocratique et la pratique il y a forcément des sacrifices.
De toute façon ca ne change pas mon propos qui est que le seul fait d'appartenir à une démocratie n'implique pas de se trouver dans un camp particulier.
yquemener a écrit : Aujourd'hui, dans les relations internationales, ce qui prévaut, c'est la loi du plus fort. Les US assassinent des civils ? Les Chinois torturent des opposants politiques ? Ben on a pas la force nécessaire pour faire cesser ça, alors on ferme les yeux. Ça ne signifie pas pour autant que l'on se réjouisse de cet état de fait mais qu'il n'y a pas d'autre alternative.
Les interventionnistes se prévalant d'une légitimité prétendument venant des droits de l'homme ne sont pas crédibles. Les US qui tentent de "répandre la démocratie" en priorité dans les pays pétroliers, obéissent à des intérêts égoïstes, on est d'accord.
Je trouve par contre qu'on fait trop rapidement le raccourci de dire que comme il s'agit d'un masque bien pratique pour les cyniques, quiconque prétend défendre les droits de l'Homme ment. Je pense que c'est faux et qu'on peut inventer une organisation qui serait capable de faire réellement avancer la cause démocratique et l'intérêt générale de la population terrestre.
Alors oui, je suis bien conscient qu'on en est loin, mais je trouve qu'avec le seuil de 50% de la population mondiale vivant en démocratie, on a franchi un seuil important qui nous permet de considérer cet objectif à long terme.
La difficulté réside dans le fait de créer une organisation impartiale et qui puisse opposer, même aux plus puissants membres, un droit de veto/regard.
Je ne suis pas complétement pas d'accord avec toi :)
Je pense aussi que les notions de justice et d'égalité sont des notions qui si elles ne sont pas universelles sont au moins largement répandues! Et qu'entre une démocratie imparfaite et une dictature forcément imparfaite je préfère évidement la démocratie.
Par contre ces notions de justice et d'égalité sont encore largement solubles dans la raison d'état et/ou la concurrence économique mondiale.
Et il suffit d'entendre les propos de certains politiques je pense notamment à Coppé sur la Chine, qu'on ne peut pas juger avec nos "yeux d'occidentaux", pour s'en convaincre. De plus la crise aidant les peuples des démocraties ont tendance à se replier sur eux-mêmes et à se dire que l'humanisme universel ca nourrit pas son homme et que chacun ses problèmes!
De plus être une démocratie n'exempt pas d'être en guerre et/ou impérialiste, on l'a été selon les périodes!