Steph a écrit :Concernant Zemmour vous me faites beaucoup de peine, bah, sérieusement je n'ai vu que ces 2 émissions :
Il faut en avoir vu plus de lui pour comprendre sa posture. Globalement, surtout dans On n'est pas couché, sa posture est presque toujours la même.
-En gros, ça consiste à d'abord décrire son adversaire comme un bobo conformiste qui suit la morale bien pensante (avec Fourest, c'est ce qu'il fait avant même de parler de son bouquin en lui disant que son discours sent l'auto-satisfaction).
-Puis à prétendre dire une vérité qui dérange, soit en généralisant abusivement un problème quelconque, soit en prenant une vision particulière d'un fait ou une définition parmi plusieurs d'un concept (sa manière de présenter des faits historiques, par exemple, est très inspirée de l'histoire façon roman national, avec les grandes figures, les grandes certitudes et la civilisation face à la barbarie.). Souvent il ne prend pas de risque sur cette "vérité" parce qu'il brosse en fait dans le sens du poil un certain nombre de préjugés et généralisations que tout le monde fait ou reprend des questionnement d'actualité mais n'en prend que les aspects populaires et simples et rarement les implications plus profondes.
-Et enfin à pousser le raisonnement jusqu'à ce que l'invité s'énerve parce qu'une telle rhétorique est une rhétorique difficile à contrer parce qu'elle demande avant de répondre, de se justifier de ne pas entrer dans le point numéro 1, sans quoi ce que dira l'invité sera vu comme, de toute façon, la parole du bobo bien pensant.
C'est une forme de maniement habile de la polémique, de la provocation et de la diabolisation de l'adversaire.
Il est particulièrement doué pour ça, car il sait le faire en donnant à son discours l'apparence d'une analyse savante et le dit souvent avec un calme relativement désarmant quand en face de lui, celui qu'il critique, est souvent plus passionné par le sujet, donc moins froid face à la critique (sans parler d'éventuel problème d'égo ou de colère.)
Sans dire que c'est un faussaire, parce que je pense qu'il est quand même un réactionnaire très à droite, pour peu qu'on le regarde assez régulièrement, sa technique est relativement rodée et je ne suis pas sur qu'il pense tout ce qu'il dit. A mon avis, il sacrifie parfois à l'autel de la provocation.
Là où c'est pervers, c'est pas tant son usage de la rhétorique, vu qu'après tout, il ne serait pas le premier, ni le dernier, mais, et c'est un problème de la conception qu'on a des débats en France, tout le monde sait parfaitement pourquoi on l'invite, pourquoi on le laisse dire ce qu'il dit, même l'invité sait très bien que le but c'est de présenter au public l'équivalent en débat d'un accident de voiture dans une course automobile, à savoir du sang et des blessures.
Il n'est là que pour le moment où l'invité va s'énerver et l'envoyer se faire voir ou pour le voir humilier l'invité si celui-i ne s'énerve pas. Finalement, le fond compte peu, c'est le duel qui compte.