Mireille a écrit :Il est évident que pour lui la science est dogmatique puisqu'il la considère basée sur le matérialiste
Certains chercheurs sont peut-être dogmatiques mais la science ne l'est pas. Le seul principe "dogmatique" en science est que les idées doivent pouvoir être testées par confrontation avec le réel. La science recherche l'objectivité et l'universalité.
Dans cette optique, il est clair que le matérialisme méthodologique offre la seule possibilité que nous ayons trouvée. C'est ce qui a donné toute sa puissance de découverte à la science. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne peut y avoir "autre chose", que le surnaturel est impossible. Sauf que pour que cette idée soit acceptée en science, il faudrait une démonstration de sa pertinence. Et c'est là que Sheldrake rencontre son Waterloo: la réalité observable, objective s'obstine à lui donner tort. Comme il aimerait gagner sur tous les tableaux - prétendre être un vrai scientifique alors qu'il défend ce qui est au mieux une philosophie (il serait sans doute plus juste de dire: de la métaphysique) -, il lui faut tenter d'assouplir les principes fondamentaux de la science de manière à ce que ses affirmations (et non pas démonstrations vu qu'il n'y en a pas) soient considérées comme scientifiques.
Sheldrake a écrit :La conscience est un sous-produit de l’activité physiologique du cerveau. La matière est sans conscience. L’évolution n’a aucun but. Dieu, idée cultivée par des esprits humains, n’existe qu’à l’intérieur des cerveaux humains
Vu que dérégler le cerveau entraine un dérèglement de la conscience, que la matière ne manifeste aucune conscience, l'évolution aucun but, et que "dieu" (dont on attend toujours une définition stricte) ne se manifeste pas... il n'est pas étonnant que ce soit les idées les plus acceptées par la communauté scientifique: ce sont celles qui décrivent le mieux la réalité observable. Mais, cela ne veut pas dire que c'est vrai dans l'absolu, c'est juste que ce sont les idées qui résument le mieux les connaissances actuelles.
En l'absence de la moindre démonstration solide, pour affirmer qu'elles sont fausses et qu'il existe réellement "autre chose" il faut faire ce qu'on appelle une "pétition de principe". Une pétition de principe est un raisonnement illogique, et souvent fallacieux (un sophisme), qui consiste à postuler ce qu'on entend démontrer pour prétendre qu'on l'a démontré. Ici, Sheldrake suggère que la conscience n'est pas un sous-produit de l'activité cérébrale, que la matière a une conscience, l'évolution un but et que "Dieu" (dont on attend toujours une définition stricte) existe. Mais, il ne le démontre toujours pas.
Comme il n'est toujours pas arriver à démontrer que ses "champs morphiques" sont plus que des spéculations invérifiables par nature. En 30 ans.
Tout homme a droit a ses convictions
En autant que ces convictions soient honnêtement présentées. Le problème est que Sheldrake est avant tout un polémiste: quelqu'un qui génère des polémiques par des propos qui sont tendancieux et qui utilise plus des procédés de "relation publique" ou "médiatiques", voire carrément "publicitaires" pour se faire mousser, que des procédés scientifiques (qui ne lui conviennent pas parce que la science n'appuie pas ses croyances). S'il expliquait correctement les choses - et n'utilisait pas de pseudo-arguments comme celui qu'il a raison parce qu'il est la victime de l'oppression des "matérialistes", ou celui que le matérialisme est faux parce que la science n'a pas réponse à toutes ses questions -, ses convictions seraient nettement moins fallacieuses.
Concernant son phD, pour nous les lecteurs qui n'ont pas ces diplômes, ça nous permet quand même de le situer
À mon avis, ça lui permet de donner une fausse idée de son véritable impact scientifique. S'il est vrai qu'il a un Ph.D. d'une prestigieuse université, et qu'il a fait de la recherche (je ne suis pas sûr qu'il se soit rendu à "chercheur senior" toutefois), ça fait longtemps qu'il préfère la métaphysique à la recherche scientifique. La majeure partie de ses articles sont des textes d'opinions et non des compte-rendus d'expériences. Les quelques expériences qu'il a tentées ont systématiquement été montrées problématiques et les résultats non-reproductibles. L'impact scientifique de ses idées est très faible. Ce n'est pas zéro car il a fait de la science dans la première partie de sa carrière (il y a plus de 30 ans) et que des chercheurs se sont suffisamment intéressés à ses prétentions pour refaire des expériences mais son héritage scientifique est franchement faible. On ne peut certainement pas parler d'un "grand scientifique", c'est surtout un "agitateur public".
Jean-François
"La religion est un poisson carnivore des abysses. Elle émet une infime lumière, et pour attirer sa proie, il lui faut beaucoup de nuit." (Hervé Le Tellier, L’anomalie)