MadLuke a écrit :La limite 1-12 dans les salaires me semble un peu absurde (elle doit être rempli de condition/exceptions), à moins que la suisse n'a pas d'équipe de sport professionnels, d'acteurs, de CEO de multinational dont le travail vaut beaucoup beaucoup plus que 12 concierges.
Il y aura quelques exceptions*, mais certainement pas pour les CEO, qui sont les premiers visés. S'ils veulent gagner plus de 12 fois le salaire des concierges, ils ont le choix: soit ils augmentent aussi le salaire des concierges, soit ils se barrent.
D'ailleurs, ils faisaient comment, il y a moins de 30 ans? La moyenne des écarts salariaux dans les grandes entreprises suisses sont passés de 1:6 en 1984 à 1:45 en 2011... Les concierges ne valent pas 8 fois moins aujourd'hui, et les CEO ne valent pas 8 fois plus.
* Aucune équipe de sport n'est assez grande en Suisse pour être touchées. Ca ne touchera que 1'500 entreprises (sur plus de 300'000) qui ont des écarts de plus de 1:12 actuellement.
MadLuke a écrit :Et pour les entreprises qui ne sont pas public (disons Mars et autre entreprise privé) pourquoi allez regarder une seconde le salaire des gens ?
On impose bien des limites sur la durée du travail, sur la facilité à licencier, sur la quantité de rejets polluants autorisés et sur une foultitude d'autres choses. Je ne vois pas où est le problème: une entreprise privée, c'est pas le Far West.
MadLuke a écrit :Le capitalisme allait bien moins bien juste avant Reagan et Thatcher que maintenant (ou il va à merveille, l'impact de la dernière crise à rien avoir avec la crise des années 30 ou l'on a vu les conséquences d'une destructions de monnaie notamment).
En Europe, je te garantis que le capitalisme ne va pas "à merveille". Tu savais que depuis l'année passée, la malaria a fait son grand retour en Grèce? Ben oui, on a plus les moyens de lutter contre les moustiques. En France, des nouveaux-nés commencent à mourir sur l'autoroute. Ben oui, les maternités ferment un peu partout...
Le pire, c'est que les pays de l'UE perdent peu à peu leur souveraineté. Leur politique économique est dictée par des entités extérieures sans le moindre contrôle démocratique (BCE, FMI). De facto, la Grèce est aujourd'hui un quasi-protectorat de l'Allemagne. Certains l'appellent la "Bavière du sud-est"... Je te conseille cet excellent article du Monde diplomatique qui date d'il y a un an:
"Vers un césarisme européen"
MadLuke a écrit :Notre système est d'une stabilité et d'un fonctionnement assez extraordinaire ces 20 dernières années je trouve (un dodge caravan est moins chère aujourd'hui qu'en 1996), notre inflation et notre taxation est stable comme quand dans l'histoire du capitalisme ?
Quand tu comprends les mécanismes et les structures du
capitalisme de déréglementation à dominante financière (pour reprendre le terme de F. Lordon) dans lequel on se trouve aujourd'hui (avec toute la panoplie de dérivés de crédit, ABS, CDO, CDS, CDO de CDO, etc.), tu comprends assez vite que non seulement le système est tout sauf stable, mais que les crises systémiques à répétitions des ces 20 dernières années vont continuer à se produire, avec des dégâts collatéraux de plus en plus grands, jusqu'à l'effondrement total qui entraînera avec lui toute l'économie réelle. C'est ça, la beauté de "l'innovation financière".
Si tu ne connais pas trop le fonctionnement de la finance et des dérivés du crédit, je te conseille de lire
"Jusqu'à quand? (Pour en finir avec les crises financières)" de Frédéric Lordon. Il démontre rationnellement par A+B que le capitalisme financiarisé d'aujourd'hui est voué à l'échec, parce qu'il est en grande partie basé sur des croyances qu'aucun mécanisme structurel ne permet actuellement de contrebalancer: croyance que la bulle va continuer de grossir, croyance que le marché restera "liquide" en cas de coup dur, croyance qu'on saura évaluer correctement les risques, croyance qu'un CDS nous protège du risque de contrepartie, croyance qu'on peut avoir une tranche
senior de CDO sûre comme un AAA mais qui rapporte comme un BB, croyance que l'économie réelle pourra indéfiniment absorber le choc des crises financières, etc...
Les zozos le savent bien: quand tu ne te préoccupes pas de la réalité et que tu t'accroches à des croyances, un jour ou l'autre, la réalité risque de te rattraper.