Et le mariage entre frère et sœur des pharaons, est-ce qu'on en connaît l'origine ?
Parce que là, on a la quintessence de la transmission héréditaire ..
Oui et non.
C'est surtout une représentation symbolique de la manière dont est construit le panthéon égyptien, souvent autour de triades divines dont les parents sont parfois des couples incestueux (Isis et Osiris en tête, mais pas que). Le fait que la royauté soit un miroir de la divinité est assez fréquent dans l'imaginaire de la royauté, car le roi, jusqu'à une période récente, est souvent un prêtre ou un laïque sacralisé.
Mais j'apporte une précision à ce que je dis, parce que j'ai tendance à simplifier au risque d'induire une confusion. Quand je dis que l'hérédité est une idée récente dans la monarchie, je veux dire l'hérédité tel qu'on l'entend aujourd'hui pour les monarchies modernes occidentales et en premier lieu, la monarchie anglaise, qui servait, je pense, de référence à unptigab.
Évidement, l'hérédité de la monarchie n'est pas nouvelle, mais la théorie politique qui soutien la manière dont est pensée l'hérédité des monarchies modernes en Europe est plus récente que ces monarchies et n'arrive que bien après leur fondation dans la plupart des cas. La plupart des monarchie européenne dérivent de concepts monarchiques empruntés aux royautés germaniques qui se sont installé dans les territoires romains et qui ont ensuite opéré un syncrétisme entre des éléments romains et germaniques pour construire les théories politiques soutenant ces monarchies.
L'idée d'une transmission héréditaire d'une forme de grâce divine, qu'on retrouve en France et en Angleterre dans un tas de croyance autour du roi, comme par exemple le toucher des écrouelles en France (un bon bouquin là dessus:
Les rois thaumaturges de Marc Bloch), même si ce type de croyance est lié au sacre, donc pas immédiatement héréditaire, est une idéologie développée bien plus tardivement que la royauté elle même, qui à la base est élective et même parfois reposait sur un embryon de parlementarisme (la royauté Anglo-Saxonne reposait par exemple souvent sur l'aval d'une assemblée de noble appelé Witan ou du moins sur son absence de refus) et n'était pas d'essence divine ou du moins, pas autant qu'à la fin du moyen-âge (sauf l'empereur des romains, qui est couronné par le Pape, mais est élu).
Au final, ce que je pointe, c'est le fait que la monarchie n'est pas intrinsèquement lié à une hérédité et ne développe pas forcément l'idée d'une supériorité absolue et indiscutable de la famille royale en terme de dignité et de majesté qui rendrait illégitime toute usurpation en dehors d'elle.
Ca dépend des circonstances et de la société qui se reconnait dans cette monarchie. Souvent l'hérédité est plus un état de fait qu'une qualité intrinsèque de la monarchie et la théorie politique qui la valide le fait souvent après coup et n'est pas forcément absolue selon la puissance réelle du monarque (par exemple, la monarchie anglaise est théoriquement héréditaire après la conquête normande car cette conquête balaie ce qui pouvait rester d'électivité, mais ça n'empêche pas le roi d'être largement dépendant de la fidélité des barons pour être reconnu, ce qui déclenche plusieurs crises dont plusieurs crises de succession quand cette dernière est incertaine).