25 décembre a écrit :Tu as raison, nous ne pouvons pas réimprimer les manuels scolaires aussi souvent que des découvertes sont faites. Ce serait à l'enseignant d'informer les étudiants que telle ou telle chose n'est plus valable à cause de telle découverte récemment acceptée par la communauté scientifique.
Ca n'est pas vraiment nécessaire, à moins que la découverte bouleverse profondément la perception qu'on a d'une période. Dans la majorité des cas les débats scientifiques sont très éloignés des problématiques scolaires étant donné qu'ils portent sur des points qui, même s'ils étaient sûrs, ne figureraient pas dans les manuels, car bien trop techniques.
Par exemple, les historiens médiévistes débattent depuis pas mal d'année sur les limites et la signification à donner à ce qu'on a appelé la mutation féodale (que l'on situe autour de l'an 1000). C'est un débat très technique entre historien et qui repose essentiellement sur une lecture de textes juridiques et d'éventuels témoignages d'époques quand au comportement des aristocrates et des hommes d'arme, le tout confronté à l'archéologie (encore que, malheureusement, pas toujours assez, certains historiens étant assez vielles écoles et ne puisant pas assez dans ce qui n'est pas textuel). A terme, se débat remettra peut-être en cause ce qu'on sait de la mise en place du système féodal et peut-être ses contours exacts, mais ce qu'on apprend en primaire et au collège sur le sujet est à des années lumières de la complexité et de la technicité de ce débat, donc il n'est pas nécessaire pour l'enseignant de se tenir au courant car quelque soit le parti qui l'emportera dans le débat, le résultat ne bouleversera qu'à la marge le récit enseigné dans les manuels scolaires.
Honnêtement, il y a des problématiques bien plus graves dans l'enseignement que le quelques points de détails rendu moins sûr par l'archéologie
En archéologie, comme dans plusieurs domaines, on nous enseigne des choses comme étant la seule vérité. Il faudrait nous garder des portes ouvertes pour la possibilité de changements selon les découvertes à venir.
Ca c'est pas tellement une problématique d'enseignement de l'histoire en tant que tel, c'est plus un manque d'enseignement du fonctionnement des sciences et de l'esprit critique en général à l'école. On passe trop peu de temps à enseigner la méthodologie et la philosophie des sciences à l'école, si bien qu'on n'apprend que peu aux élèves le fait que les connaissances qu'ils acquièrent dans les domaines scientifiques, ne sont vrai que jusqu'à preuve du contraire.
Cela dit, laisser trop de place à la controverse n'est pas forcément productif non plus. En France, par exemple, l'un des rôles de l'enseignement public est aussi de placer la science dans une posture d'autorité de façon à diminuer l'autorité que pourrait avoir la religion ou les croyances populaires dans l'esprit des enfants et former ainsi des citoyens usant de raison plutôt que de foi. C'est une des grandes missions (qu'on oublie sans doute trop souvent) qui est dévolue à l'école laïque car les théoriciens de la république, au XVIIIème et XIXème siècle estimait qu'il était nécessaire que le citoyens soient éduqués et libre de ses choix et estimaient la raison et la science plus libératrice que la foi et le dogme.
C'est triste, mais c'est difficile d'y parvenir s'il n'y a pas un léger abus d'argument d'autorité au départ, le temps que les élèves se forment mieux à la hiérarchie des autorités, des sources et des savoirs.
Ce qui est problématique, c'est que l'école oublie trop souvent que pour contrebalancer l'argument d'autorité (qui est néfaste à long terme) il faut enseigner la philosophie des sciences et le scepticisme scientifique, sinon on crée des attentes trop grande envers la science, sommer dès lors de donner des vérités aussi immuables que la religion.
L'histoire est particulièrement vulnérable aux politiques du pays, à la croyance religieuse et à la façon de voir du professeur. Souvent l'histoire de son pays est plus fabuliste que historique.
C'est triste et pas neuf, mais on ne peut pas y faire grande chose. L'Histoire n'est pas autant une science que peu l'être la physique ou la biologie, donc difficile de passer à coter de certains errements idéologiques car ça n'altère pas autant les conclusions que dans des sciences plus rigoureuses et plus détachés de l'humain. On voit plus nettement les manquements à la méthode quand il s'agit de physique des particules que lorsqu'il s'agit d'histoire.
Cela dit, c'est moins vrai aujourd'hui. L'apport des techniques archéologiques et des autres sciences auxiliaires et l’interdisciplinarité font qu'il devient plus compliqué d'orienter les résultats, car on peut vérifier plus de choses et davantage confronter les textes au terrains.
Pour ce qui est de la classe, effectivement, le coté très simplifié du programme permet beaucoup de dérive idéologique.
mais je constate que les bouquins devraient être révisés par des personnes compétentes et que les enseignants devraient être informés des changements.
Mais c'est déjà le cas, en tout cas en France, je ne sais pas pour le Québec, mais je suppose que les enseignants ne sont pas largués non plus dans l'arène sans filet. Cela dit, la problématique se situe moins dans le contenu scientifique que dans la manière de le présenter aux élèves et dans les attentes qui sont exprimés par les programmes et la direction générale que prend l'enseignement. Pour ce qui est de la France, j'ai l'impression que l'enseignement de l'Histoire peine à questionner son rôle social depuis qu'on est sortie de l'enseignement linéaire du roman national et entretien un certains nombres d'approches prise entre une continuation malgré tout ce cette linéarité du récit et des tentatives de se rapprocher de la pratique des scientifiques.
Le résultat, c'est que j'ai l'impression que ça rend le tout assez abstrait et confus et qu'un élève ressort de cet apprentissage sans le roman national et sans l'approche scientifique, juste avec une culture générale un peu confuse. Cela dit, c'est un reproche qu'on peut faire aussi à d'autres disciplines, physique en tête, où la finalité de l'expérimentation est trop laissé de coté dans cet apprentissage, si bien que je doute que beaucoup d'élève en comprennent le sens et que la plupart se contentent de les apprendre comme autant d'éléments rajoutés au cour magistral.
Cela dit, comme les réformes s'empilent sur l'éducation ces dernières années, c'est possible que ma perception soit périmée.
Comment à l'âge de pierre pouvions nous construire de façon si précise.
Question typique de pseudo-archéologue plus que de scientifique.
En fait, cette question n' a de sens que si on problématise vraiment la question de la précision et qu'on peut démontrer que cette précision est réellement anachronique avec l'époque de datation supposée. Sinon, ça n'est qu'un jugement de valeur largement hors de propos pour un scientifique, car la parcimonie lui impose de ne pas multiplier les suppositions hasardeuses.
En passant, si vous voulez réellement vous renseignez sur l'histoire et l'archéologie, je pense que le documentaire n'est pas vraiment le bon format dans la plupart des cas. Il s'agit plus souvent de divertissement, d'inspiration scientifique certes (encore que pas toujours) mais ils ne sont pas exhaustifs et l'angle d'attaque du réalisateur donne souvent une image tronquée ou déformée de son sujet. Je ne dis pas ça pour dénigrer, un documentaire peut être une très bonne entrée en matière pour aborder un sujet, mais si on veut vraiment le connaître, il faut aller plus loin et lire de la littérature scientifique ou au moins de la vulgarisation un peu plus costaud.
Ce qui rajoute d'ailleurs au manque de légitimité de votre question sur la précision, car avant de se la poser, il faudrait connaître un peu mieux le sujet que via quelques documentaires, pas forcément d'un sérieux exemplaires et qui traitent de sites archéologiques très espacés dans l'espace et l'espace, sachant que Göbekli Tepe est un site qui date sans doute du début du Néolithique, donc autour du Xème millénaire avant notre ère et que Pumapunku est un site Tiwanaku, une civilisation pré-inca du Ier millénaire (et je ne parle pas du documentaire sur "l'ancienne civilisation" type Atlantide, ça n'est juste pas sérieux).
Surtout que vous n'avez aucune excuse pour ne pas rechercher sérieusement si ça vous intéresse. A l'heure actuelle, sur internet, il y a une profusion d'outil de recherche pour les sciences humaines, même pour les francophones, que ça soit Persée, Revues.org,Isidore, Gallica, CAIRN, BiblioSHS, certains ouvrages d'OpenEdition ou même googleScholar. Je suis d'accord que parfois c'est un peu compliqué pour le profane, mais ça vaut toujours mieux que certains documentaires sensationnalistes qu'ose passer des chaines comme Planète ou History channel ou pire, certaines vidéos purement youtube faites par des gens encore moins scrupuleux qu'ailleurs.
Si tout n'est que mensonge comme le pense Florence, pourquoi dépenser tant d'argent pour réaliser ces films?
Par idéologie, par envie de succès ou parce que ça rapporte. Un "documentaire" sensationnaliste et faussement subversif comme "la révélation des pyramides" par exemple, excite l'envie de mystère et de divertissement du spectateur, lui donne l'impression de résoudre une énigme, d'apprendre un secret caché et donc d'en savoir plus que le voisin et donne donc du crédit et des crédits aux auteurs parce qu'il flatte l'égo du spectateur dans le sens du poil.
Il y a une catégorie de public pour qui la vérité compte moins que la certitude qu'on leur cache des choses et qui ne supporte pas que l'incertitude ne soit pas un mystère (car ça supposerait que ce qui est incertain est incontrôlé et incompris et non camouflé, donc que le monde serait hasardeux, chaotique et s'en ficherait que les humains le comprennent ou pas). Et ce public paie, donc certains sont là pour leur vendre. C'est la loi du marché.
Ceci est un "documentaire" créationniste issus de ce site:
http://www.untoldsecretsofplanetearth.com/store/
Je laisse chacun juge du sérieux et de la rigueur scientifique d'un tel site et de son auteur, Vance Nelson, dont on ne retrouve les livres que sur des sites créationnistes et qui n'a aucun diplôme, ni aucun papier scientifique à son actif.
A voir ce que je disais plus haut sur la nécessité de ne pas passer uniquement par les documentaires, surtout les documentaires youtubes et sur le fait qu'il n'y a aucune excuse de nos jours pour ne pas aller sur des portails plus sérieux (encore que là, c'est plus de paléontologie qu'il s'agit et que je n'ai pas de ressource à proposer).
Accessoirement, l'un des grands intérêts des portails répertoriant des articles scientifiques par rapport aux documentaires, c'est qu'on peut vérifier qui a écrit l'article, qui il cite et comparer avec d'autres chercheurs, alors qu'un documentaire, surtout youtube, cite peu ou pas ses sources, ne permet pas de vérifier que la parole des experts, quand il y en a, n'est pas hors contexte et ne donne pas accès aux informations sur le déroulement du tournage et du montage. Or, comme une image c'est un point de vue et qu'on peut lui faire dire un peu ce qu'on veut, c'est problématique de se contenter de ça si en plus on n'a pas de garantie sur le travail du monteur et du réalisateur.
Malheureusement de nos jours on a internet pour ouvrir nos horizons et embrouiller nos esprits. La moitié de ce qu'on y trouve n'est pas vrai mais plusieurs peuvent confondre la vérité et le mensonge. Comment s'y retrouver?
Encore une fois, en allant chercher sur des sites sérieux plutôt que sur Youtube. A la limite, je veux bien que les grands portails francophones que j'ai cité ne soit pas forcément connu du plus grand nombre, mais googlescholar c'est pas mystérieux et ça permet déjà un peu de canaliser le flot d'excréments qui peut arriver quand on cherche un texte sérieux sur le Google normal. (cela dit, faut faire attention quand même, ce service de Google ne répertorie pas que des trucs bien, mais ça évite déjà un paquet de connerie issus de sites douteux quand on tape certains mots clés trop "new age")