Bonsoir,
Kraepelin a écrit :lau'jik a écrit :
voici un document qui peut fournir quelques données intéressantes,(...), si ça peut servir le débat ...
Votre opinion aurait été appréciée. À part sur la fréquence objective des agressions rapportées, à votre avis, ces données nous apprennent quoi sur la culture occidentale et le viol en France? Estimez-vous quelles sont une preuve que les Français vivent dans une culture du viol ou, au contraire, que les Français vivent dans une société qui exècre le viol et les autres formes d'agressions sexuelles?
Comme je l'ai dit je n'ai que lu en diagonale le document donc pour en faire un commentaire c'est un peu juste.
Je voulais rendre service en apportant un document qui me semblait éclairant, donnant des chiffres récents histoire de voir de quoi l'on parle : pas une preuve mais un état des lieux.

Je ne tiens pas à m'engager plus que ça dans ce débat, fort intéressant au demeurant, car je sais que je ne serais pas assez disponible pour suivre une discussion de façon sérieuse donc à part venir ici poster de temps en temps quelques références et parfois comme ce soir avoir plus de disponibilité je ne peux guère promettre mieux.
Il me semble que mon opinion ça n'apportera pas grand chose mais si ça vous fait plaisir

voici quand même quelques éléments "subjectifs" nés de mes expériences et discussions avec tout un tas de gens, mon petit panel à moi, mon paysage quoi.
Des victimes de viol et des violeurs j'en ai croisé quelques un dans ma vie : des hommes, des femmes, des enfants, des gens qui racontent mort de rire comment ils ont "défoncé" une fille, fait peur à une nana et autres histoires glauques j'en ai une bonne charretée aussi. J'ai écouté et discuté avec tous ces gens, certains sont mes amis ou mes proches.
J'ai aussi eu mon lot d'agressions, "rien de bien grave" comme on dit, juste la persistante impression d'être sale et humiliée pendant quelques semaines tout en rêvant de meurtre et de tortures raffinées comme représailles possibles.
Pour cette année étant peu sortie je n'ai eu qu'une main aux fesses, un souffle aviné dans le cou, une proposition d'union contre rémunération ("
j'ai 250 Ha") et un type qui a essayé de me défoncer la gueule à la fin d'un concert il y a deux semaines. Une année calme donc.
De mon vécu je ressors surtout une forme bien ancrée d'impunité pour les agresseurs qui n'hésitent pas à agir où à mettre en avant leur histoire au coin du zinc ou au cours d'un repas comme une banalité voir une fierté avec en face une acceptation silencieuse ou rieuse de leur auditoire. Il y a bien d'autres formes d'agression comme ces dramatiques histoires d'amour qui dérapent mais ceux là ne se vantent pas ils se confessent.
Un petit topo de ce que j'ai appris en tant que fille ayant grandi en France par ma maman et par la vie(
les garçons ont sans doutes aussi leurs stratégies) :
- me tenir jambes serrée quand je porte une jupe et ce depuis mes trois ans même si il m'a fallu pas mal d'années en plus pour comprendre pourquoi,
- sortir en pensant systématiquement, quelle que soit ma tenue, à avoir sur moi : un schlass et/ou des chaussures coquées, des bottes de moto ou talons ne m'empêchant pas de courir (
le talon aiguille c'est aussi une bonne option mais je ne sais pas marcher avec 
) et/ou un parapluie et/ou un trousseau de clefs bien chargé et/ou un sac assez lourd pour assommer un éléphant.
- repérer un type pénible à 200m de dos et dans le brouillard
- garder une longueur d'ongle toujours dépassant du bout des doigts
- gueuler comme un putois dès qu'on me touche de façon volontaire et inappropriée
- me dégager si l'on cherche à me tenir, viser les yeux le nez les couilles les genoux
- raconter des horreurs, porter des fringues dégueulasses, me curer le nez, cracher, jurer, manger de l'ail,
- connaitre plein de blagues sexistes
- me mettre dans la poche des types pas fin qui me servent de chaperon si besoin
- marcher vite, sembler occupée, garder le regard droit et dans le vide, ne pas faire de bruit en marchant
- mentir : dire que j'ai un copain même quand c'est faux, que j'ai la galle, la peste, le choléra, pas le téléphone ...
- ne jamais finir son verre en soirée pour avoir un prétexte pour refuser celui que m'offre un importun, être bien essoufflée et en sueur au moment des slows pour esquiver, garder les sacs des copines, aller aux toilettes en groupe
- amener la conversation sur un terrain que ne connait pas un type relou pour qu'il se sente intellectuellement inférieur et aille voir ailleurs,
- parler fort entre copines de nos règles, accouchements, avortements, diarrhées avec force détails
- dans les lieux publics et les transports (même si je ne les utilisent plus depuis longtemps) choisir un endroit où l'on voit sans être vue, repérer les sorties, faire semblant d'être avec un groupe, favoriser les sorties en groupe, raser les murs, marcher aux endroits les moins éclairés pour ne pas être vue

Sinon le terme de "culture du viol" ne me parle pas, je ne l'utilise pas et c'est pour moi, un terme tout nouveau donc il faudrait que j'aille lire un peu plus sur le sujet (
entre autre les liens amenés sur ce fil)
Donc à votre question " (...) les Français vivent dans une culture du viol ou, au contraire les Français vivent dans une société qui exècre le viol et les autres formes d'agressions sexuelles? "
-> je ne peux pas répondre.
Je sais juste à ce que j'en ai vu que si vous demandez franco à un type ce qu'il pense du viol il va vous répondre que c'est mal parce que c'est la réponse qu'il pense devoir donner (
socialement bien vue), plus tard dans la conversation le même pourra prendre parti pour un violeur sous prétexte que la victime portait une jupe ou avait trop bu, il pourra même menacer de castrer un type qui reluque sa fille et expliquer qu'il va aux putes en Espagne se faire des gamines de 16 ans (
bah quoi c'est pas pareil faut bien qu'elles vivent, c'est du social).
De même un type capable de faire du rentre dedans malsain auprès d'une inconnue sera courtois, prévenant et protecteur avec moi "parce qu'il me connait" et sera sincèrement offusqué si quelqu'un se comporte mal avec moi (
et c'est du vécu).
D'une façon plus générale lorsque les femmes sont présentes de façon plus importantes dans les lieux traditionnellement "masculins" les comportements changent : ce qui est normal avec une inconnue devient bien plus difficile avec une bonne copine.
J'ai des potes qui se sont excusés devant moi et des copines parce que leur avaient échappés des sifflets et remarques sexistes envers des inconnues passant dans la rue, nous n'avions rien dit, juste regardé et ils ont réalisé que s' aurait pu être nous à la place de ces inconnues.
Alors vive la mixité !
