Emanuelle a écrit :Pourriez-vous en dire plus sur ce point ? Quel est le "problème" posé par les qualia ?
Merci d'avance.
Bonjour Emmanuelle. Je pense qu'il est difficile de le dire en un paragraphe, quand D. Chalmers en a par exemple consacré tout un livre (L'esprit conscient), assez volumineux mais riches en arguments, et que je vous conseille vivement. Je pensais néanmoins que les sceptiques de ce forum connaissaient ce livre, mais apparemment pas. C'est curieux. Cela dit, je vais essayer.
Chalmers prend tout d'abord le problème de la conscience au sérieux, en distinguant deux types de problème : un problème "facile", lié aux questions au traitement des informations dans le cerveau, à l'étude du comportement, à la compréhension des notions de volonté, de croyance, etc. Bref, à tout ce qui peut s'expliquer par une réduction à des processus cérébraux. Et un problème difficile, celui d'expliquer pourquoi tous ces processus s'accompagnent d'un "effet", d'une expérience "qualitative", de "qualia".
Voici un lien plus détaillé :
http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article364
BeetleJuice a écrit :Pas vraiment, de ce que j'en ai vu, vos arguments se résument essentiellement au syllogisme suivant:
-la subjectivité compte
-mon doute sur le caractère purement matériel de la conscience est subjectif
-donc mon doute compte.
Je ne sais pas si vous en avez conscience, mais c'est juste une manière détournée de dire qu'il faudrait attribuer de la valeur à votre avis pour la seule raison que cet avis existe et vous ne pouvez pas demandez ça sur un forum qui fait la promotion du scepticisme scientifique, qui est un partie prit épistémologique qui rejette justement l'idée que tous les avis ont une valeur intrinsèque.
Ca serait comme aller à une réunion de mathématicien et leur demander d'abandonner le système d'axiome ZFC le temps que vous démontriez que 1+1=3, pour la seule raison que vous en avez envie. Je doute de votre succès.
Vous n'avez rien compris alors. Le vrai syllogisme serait le suivant :
- il existe une expérience qualitative, une "phénoménalité" (c'est le principe de réalité de la conscience phénoménale, qui est opposé à l'éliminativisme)
- cette expérience paraît non réductible dans une approche purement physicaliste et fonctionnelle (cf. arguments de la connaissance, et plus généralement tous les arguments repris dans le livre de Chalmers : c'est fort étonnant que vous non plus, ne connaissiez pas...)
- donc on ne peut pas expliquer la conscience seulement en termes fonctionnels.
BeetleJuice a écrit :Mais pour pouvoir faire ça, il aurait fallu que vous donniez une définition clair de la conscience, permettant d'en saisir les aspects, or vous restez pour le moment dans un certain flou artistique.
Idem, je vous renvoie à Chalmers, et plus généralement à toutes les théories qui prennent en compte la réalité de l'aspect phénoménal. On peut définir la conscience en s'en donnant un minimum les moyens, mais je ne vais pas réinventer la roue pour vous faire plaisir, d'autant que je pensais que vous connaissiez déjà tout cela. Voici d'autres liens :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conscienc ... %C3%A9nale (voyez Wikipédia comme une source de sources)
Cette thèse (le début au moins est accessible) :
http://www.theses.fr/2011DIJOL023/abes
BeetleJuice a écrit :Néanmoins, débattre avec vous m'aura laissé une impression plutôt négative, parce que m'accuser de vouloir m'imposer au-dessus des résultats scientifiques, ou de m'accrocher mordicus à des hypothèses ou des sentiments intimes (difficile de se convaincre qu'on n'est pas vraiment conscient !) que j'étais simplement venu partager avec des arguments que je pensais intéressants à livrer, même s'ils ne vous parlent pas du tout ou vous paraissent ridicules, était totalement idiot de votre part
C'est vous même qui avez amené l'idée que la science est peut-être limité, que la subjectivité compte et que le point de vue "physicialiste" doit être complété, seulement vous n'argumentez aucune de ces positions sérieusement, vous n'en faites apparemment qu'un prétexte pour rehausser artificiellement la valeur qu'on devrait donner à votre avis, qui ne repose sur rien de concret.
Et c'est précisément ça qu'on vous reproche...
Désolé mais là je viens d'apporter du matériau, que je pensais connu de tous ici, mais comme vous semblez découvrir ces arguments, et découvrir qu'il y a aussi de la littérature sérieuse qui va dans le sens que je défend, je me dis que vous deviez l'ignorer. Je pensais que vous connaissiez, c'est pourquoi j'ai été un peu vite sur certains arguments jusqu'ici (quoiqu'à mon sens, je pensais avoir été plutôt clair et compréhensible...).