Merci pour ces commentaires Cadenas.
Cadenas a écrit : 18 nov. 2017, 19:15
Par exemple, peut-on hypnotiser quelqu'un contre son gré. C'est une question qui fait encore débat aujourd'hui. Elle est souvent attachée à la définition même de ce qu'est l'hypnose.
Oui, il est habituellement reconnu que le patient doit etre coopératif et au courant. Il semble y avoir consensus sur le fait que l'interaction entre hypnotiseur et hypnotisé repose sur la sujectivité et la collaboration du sujet. Le sujet doit manifester la volonté ou le désir d'etre hypnotisé.
Le psychologue Nicholas Spanos est d'accord avec Baker: "l'hypnose influence le comportement indirectement en modifiant la motivation, les attentes et l'interprétation du sujet", ce qui n'a rien à voir avec un état de transe ou de maîtrise de l'inconscient.
https://www.sceptiques.qc.ca/dictionnaire/hypnosis.html
Je pense qu'à cela s'ajoute l'état physique et mental du sujet : fatigue, faiblesse, imagination, drogue, alcoolisme, jeune âge etc
Cela dit je trouve que ce n’est pas si sûr que ça. Dans cette
vidéo, il est question de l’ACS (une technique ericksonienne) qui sont des mots et des expressions intégrés dans une conversation créant une induction qui amènera à contourner le facteur critique, c'est-à-dire supprimer la conscience critique par une rupture de pattern.Or, c'est très facile à glisser dans une conversation ordinaire à l’insu de la personne en conservant une logique apparente des idées émises dans cette conversation.
On connait très bien l’impact des mots qui peuvent parfois créer un état de choc. Certains discours défiant la logique (intentionnels ou non, s’ils le sont c’est de la manipulation), peuvent créer une confusion mentale chez le récepteur proche de l’état de choc. Un choc émotionnel, ça ne me semble pas très loin du résultat d’hypnose chez certains sujets où le sens critique est anéanti, au meme titre qu’une manipulation mentale remettant en question les critères d’équilibre du sujet .
Au meme titre, un long discours (ennuyeux ou pas) aura un effet hypnotique sur le public, provoquant l'inattention.Certains partiront, ou s'endormiront sur leur chaise.
Il est très probable que des gourous de secte utilisent des techniques similaires, probablement sans même le savoir. Mais ça ne peut pas être utilisé de but en blanc pour convertir un réfractaire par exemple.
Oui, un réfractaire qui le sait. De cette manière il peut se prémunir. Mais une personne réfractaire qui ignore qu'on le manipule?
il est surtout très probable que pour embrigader quelqu'un dans une secte et l'affaiblir mentalement, l'hypnose est plutôt une solution aléatoire et peu pertinente. Il y a des moyens bien plus efficaces. La faim, la fatigue, la douleur, peuvent retourner un être humain de façon bien plus fiable, sans avoir recours à la moindre technique d'hypnose.
D'accord, mais je crois qu'il faut retourner le problème. Il s'agit d'une personne affaiblie mentalement qui entre dans une secte. Je ne parle pas du recrutement mais de la suite. On connait les techniques des sectes qui sont l’affaiblissement d’une personne déjà fragilisée, par le manque de sommeil, de nourriture, la soumission à une autorité, un surcroit de travail physique etc. Leurs séances "spirituelles" en groupe menées par le gourou ne sont à mon avis que des inductions orales supplémentaires pour augmenter la dissociation qui mènera à une docilité accrue.
D'où le role de ces associations et de ce paragraphe sur l'hypnose qui me semble utile.
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Du coup me voilà prête à sortir de mon ignorance sur le thème et j'ai fait quelques recherches sur ce forum (merci aux membres) ainsi que sur le site des SDQ et sur le web. J'en ai fait une petite synthèse.
L'hypnose médicale - Document de 2015
Les résultats sont variables ; il existe néanmoins suffisamment d’éléments pour pouvoir affirmer que l’hypnose à un intérêt thérapeutique potentiel, en particulier en anesthésie per-opératoire ou dans la colopathie fonctionnelle (colon irritable). Les données actuelles sont insuffisantes voir décevantes dans d’autres indications comme le sevrage tabagique ou la prise en charge de la douleur lors de l’accouchement. Dans le traitement de la douleur, c’est l’impact émotionnel de la douleur qui serait réduit par l’hypnose plus que l’intensité de la douleur elle-même.
Ce serait donc un genre d'effet placebo ? Autres possibilités :
- stimulation d'endorphines etc ;
- les signaux de la douleur ne parviennent pas jusqu'à la conscience.( Je ne trouve pas de descriptif scientifique correspondant à ce point).
A souligner que l'hypnose n'est jamais utilisée seul en tant qu'anesthésiant, mais associée à une sédation intra-vei neuse consciente et une anesthésie locale (appelée hypnosédation).[...] La recherche sur les indicateurs neurophysiologiques de l’hypnose nous a permis d’observer que le processus hypnotique s’accompagne de modifications de débit sanguin cérébral des régions corticales et sous-corticales traduisant une imagerie visuelle, motrice et kinesthésique différente de l’éveil en conscience habituelle.
https://www.rmlg.ulg.ac.be/show.php
L'IRM est modifiée mais l'hypnose se serait pas un
état modifié de conscience . Par exemple, l'expérience de la main paralysée me semble confirmer qu'il n'y a pas d'état cérébral modifié car le sujet a conscience de sa main ("paralysée") donc de son enveloppe corporelle.
État de conscience qui diffère de façon importante de l'état habituel ou normal, et qu'on identifie souvent à un état cérébral différant de façon importante de l'état cérébral habituel ou normal. Il faut cependant noter que ce n'est pas l'état cérébral lui-même qui constitue un état altéré de conscience. L'état cérébral possède un caractère objectif, mais il ne faut pas voir d'adéquation entre celui-ci et des résultats d'EEG ou d'IRM, sinon il faudrait inclure l'éternuement, le toussotement, le sommeil, le coma, le fait de penser à la couleur rouge et la mort parmi les états altérés de conscience. L'imagerie par résonance magnétique et l'électro-encéphalogramme rendent visible l'activité ou l'inactivité du cerveau, mais ne sont pas très fiables pour déceler un état altéré de conscience. Par exemple, on a associé les ondes alpha à de tels états, mais la présence d'ondes alpha correspond habituellement à une baisse de la qualité du traitement visuel et à un manque de concentration, quoiqu'il puisse aussi révéler un état d'expérience gratifiante intrinsèque, aussi baptisé la « zone ». Cet état est connu de quelques athlètes et adeptes de joueurs vidéo, qui, en pratiquant leurs activités, se mettent à « marcher au radar ».*
On peut dire qu'un état cérébral normal se caractérise avant tout par deux traits subjectifs importants: le sentiment que le soi se situe au cœur même des perceptions, et l'identification de ce soi avec l'enveloppe corporelle. Les états altérés de conscience correspondent aux moments où il y a suspension du sentiment d'identification du soi avec l'enveloppe corporelle ou avec ses perceptions. On peut atteindre de tels états spontanément, mais ils peuvent aussi résulter de traumatismes, de troubles du sommeil, de la privation ou de l'hypertension sensorielle, de déséquilibres neurochimiques, de crises d'épilepsie ou de fièvre. Ils peuvent également être provoqués par certains comportements sociaux, tels que la danse frénétique ou la prière incessante. Enfin, il est possible de les obtenir par la stimulation de certaines régions du cerveau, ou par l'utilisation de substances psychotropes.
Beaucoup pensent que la transe hypnotique est un état altéré de conscience. Malgré la ressemblance, la chose paraît douteuse. Le sujet sous hypnose rappelle beaucoup certains amnésiques qu'on peut faire réagir en leur montrant des mots précis. Plus tard, aucun souvenir conscient ne leur reste d'avoir vu les mots en question, mais ils montrent qu'ils en ont conservé le souvenir implicite. On peut difficilement considérer l'amnésie comme un état altéré de conscience.
Rien ne prouve vraiment que de tels états peuvent mener à un plan de conscience plus élevée ou à une vérité transcendantale, comme l'ont affirmé les parapsychologues Charles Tart et Raymond Moody, mais on sait avec certitude que certains d'entre eux peuvent produire des sensations très plaisantes et avoir un effet profond sur la personnalité. À propos de certaines expériences religieuses, par exemple, des sujets ont parlé du ravissement que produisait la proximité de la présence divine et un sentiment d'unité profonde avec l'univers. Des drogues comme le LSD et la mescaline donnent parfois des effets similaires. Certains patients souffrant d'épilepsie temporale évoquent de véritables extases durant lesquelles ils s'unissent à Dieu (Ramachandran, 1998). En stimulant les lobes temporaux de ses sujets, Michael Persinger a pu obtenir qu'ils éprouvent le sentiment d'une présence invisible près d'eux, qu'ils vivent la sensation d'effectuer un voyage astral, et qu'il éprouvent d'autres sensations associées au mysticisme et aux enlèvements par des extraterrestres (Persinger, 1987). Pehr Granqvist, de l'Université d'Uppsala, a signalé que l'exposition des lobes temporaux à de faibles champs magnétiques n'avait aucun effet perceptible.* (Dans un domaine semblable, le Dr Stuart Meloy, anesthésiologiste et spécialiste de la douleur à Winston-Salem, en Caroline du Nord, a découvert accidentellement, durant des tests sur une nouvelle invention destinée à lutter contre la douleur, qu'en stimulant la colonne rachidienne chez des sujets féminins, il pouvait leur faire atteindre l'orgasme.)
Les états mentaux qui produisent des sentiments transcendantaux que le mystique, l'épileptique, le consommateur de LSD et le sujet dont on a bardé la tête d'électrodes sont-ils produits par Dieu? Peut-être, mais dans ce cas, nous n'avons aucun moyen de nous en assurer. Il demeure beaucoup plus probable que les mécanismes qui déclenchent de telles sensations présentent une origine parfaitement naturelle. Peut-être s'agit-il d'un effet secondaire plaisant de la sélection naturelle, mais jusqu'à présent, nous n'avons aucune idée de la raison pour laquelle ils existent. Bien qu'il soit franchement intéressant d'apprendre que des expériences religieuses peuvent être reproduites par la maladie, la stimulation électrique et la drogue, on ne voit pas comment la chose rend nécessaire de croire en Dieu. Ce pourrait être une bonne raison, bien entendu, de ne pas se soigner, de consommer de la drogue, et d'utiliser un électrostimulateur crânien en espérant qu'il fonctionne comme l'« orgasmotron » du film « Woody et les robots ». La plupart des religions considèrent comme une espèce d'idéal les sensations vécues durant un état de conscience altérée: évasion de l'âme hors du corps et du soi, union avec l'entité divine. En ce sens, rechercher un état de conscience altéré, c'est comme faire taire le soi, à la recherche de l'orgasme ultime.
Source: Skeptic's Dictionary Retour à l'index
Lien avec magnétisme animal
Pour Schopenhauer, le magnétisme animal est une fonction du vivant, qui a son siège dans le système ganglionnaire, centre de la vie inconsciente, devenu seul centre de la vie psychique par une restriction temporaire du système cérébral, centre de la vie consciente.
Voilà qui me semble etre le lien avec la manipulation physique parfois pratiquée, proche du cou (ganglions occipitaux, ganglions sus et sub claviculaires), par certains hypnotiseurs croyant au magnétisme animal.
Influence de l'hypnose sur le sujet hypnotisé
Des recherches ont permis de démontrer que l'effet des suggestions dépasse le cadre d'une soumission consentie, avec inhibition de régions cognitives du cerveau (et activation d'autres zones, c'est moi qui ajoute, suite au document plus haut sur les irm).
Plusieurs études majeures* ont été publiées récemment dans les revues de neurosciences les plus importantes au monde. Au programme : validation des effets de l'amnésie post-hypnotique et validation des effets des suggestions sur la modification de plusieurs types de perceptions. Le tout avec imagerie cérébrale et protocoles de grande qualité. Ils citent aussi les recherches antérieures car l'amnésie a bien sûr déjà été étudiée. Ces recherches ont permis de montrer, contrairement à ce que pensaient certains auteurs cités plus haut, que les suggestions produisent plus qu'une sorte de soumission librement consentie. Elles produisent des effets cognitifs qui, à ce jour, étaient supposés impossibles. Certains sujets sont capables d'inhiber l'accès à certaines zones cérébrales suites à des suggestions d'amnésie alors que les scientifiques pensaient que ce n'était pas possible jusqu'à présent. Ces nouvelles recherches ouvrent de nouvelles pistes pour les sciences cognitives. Bien sûr, ces effets ne valident en rien le "pouvoir" qu'aurait l'hypnose sur les autres, ils montrent simplement que les suggestions peuvent amener des sujets à s'influencer eux même d'une manière encore mal connue.
Les techniques d'hypnose
Pour résumer, il s'agit de faire une induction pour le patient qui créera une rupture de pattern chez ce patient pour amener une dissociation. Les techniques utilisées sont variées et plusieurs batteries de techniques peuvent être utilisées en fonction du type d’hypnose pratiquée.
- En communication hypnotique, seront utilisées des techniques linguistiques ainsi que des techniques relationnelles.
L'ACS, machine à phrases que j'ai citée plus haut
- propos vagues<<introspection et receptivité mentale (ambiguité)
- Propos défiant la logique pouvant créer une dissociation comme je l'ai décrit plus haut.
- En hypnose conversationnelle, seront ajoutées des techniques de focalisation.
- Intonation de la voix
- En hypnose médicale viendront encore s’additionner des
techniques de dissociation , page 33.
- gestes, mouvements oculaires, etc
Hypnose de spectacle : il n'a rien de "magique".
Mode d'emploi
Remarque annexe : la catalepsie est parfaitement possible dans un état normal, et donc pour un sujet non hypnotisé
Voir le test