richard a écrit : 05 août 2018, 10:31La question est: est-ce que le monde est réel ou est-ce une illusion?
Cette question n'est pas absurde. Pour qu'elle soit absurde encore faudrait-il qu'elle ait une signification.
Une illusion, c'est une erreur d'interprétation. On peut donc avantageusement remplacer cette question dénuée de sens (même pas fausse) par une question absurde (mais claire) :
- "les objets sont ils des erreurs d'interprétation de l'observation de ces objets ?", ou encore
- "Est-ce que les observations sont des erreurs d'interprétation de ces observations ?"
Une question qui aurait un rapport avec ce que j'ai écrit pourrait-être la suivante :
est-ce que les propriétés que nous attribuons au monde caractérisent intrinsèquement le monde ou au contraire la relation entre le monde et un observateur (ou encore une classe d'observateurs pour laquelle la propriété d'intersubjectivité est respectée) ?
Un bon début de réponse se trouve dans
Incomplete descriptions and relevant entropies, 1999 de Roger Balian
Environment as a Witness: Selective Proliferation of Information and Emergence of Objectivity in a Quantum Universe, 2005, Harold Ollivier, David Poulin, Wojciech H. Zurek
Relational Quantum Mechanics, 1996, de Carlo Rovelli
Notwithstanding Bohr, the Reasons for QBism, 2017, Christopher A. Fuchs
et, pour un point de vue nettement différent et très intéressant
clearing up mysteries - the original goal 1988 de EdwinT. Jaynes
Dans cet article extrêmement riche et intéressant, E.T. Jaynes attribue une signification et un intérêt à la notion d'ontologie, une notion de réalité possédant des propriétés qui seraient indépendantes de l'observateur. Je n'y crois pas mais il y a une très large part de vrai, de subtil, d'extrêmement intéressant et d'exploitable pour de futurs développements dans ce qui est présenté par Jaynes. En fait, pour ma part, je crois plutôt que ce qui est présenté par E.T. Jaynes met en évidence, sur des exemples précis, très techniques et encore sujet à débat, une acquisition croissante d'informations par "paliers successifs" (implicitement relative à la classe d'observateurs à laquelle nous appartenons).
Comme toujours, la validité de ces informations se définit par la qualité et la fiabilité des prédictions qu'elles permettent. Bref, ces propriétés doivent être considérées comme des outils d'inférence statistique bayésienne. C'est un point largement développé par E.T. Jaynes sur lequel il rejoint les Fuchs, Rovelli, Peres, Legett et compagnie.
PS: quand je dis que je n'ai pas trouvé de pain au chocolat dans une boulangerie, ce serait pas mal de ne pas répondre: "Ah si on y trouve du pain!"