Il y a plein de choses intéressantes dans ce forum

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Je suis profondément athée … mais aussi, pour ma part, peu optimiste quant à l’évolution des religions ; autrement dit, elles sont encore là pour longtemps !!
Je m’explique …
Ca fait plus de 2000 ans que certains philosophes (ex. Titus Lucretius Carus alias Lucrèce, 1er siècle ACN) rangent à juste titre les religions au rang des superstitions. Lucrèce croyait néanmoins en des dieus parfaits, totalement indifférents et détachés du sort des hommes. Le fait que des dieus puissent s’énerver, forniquer, être jaloux, déçus, fâchés et s’intéresser à nous était pour lui risible. Autrement dit, si un Être Suprême existait, il n’aurait rien à voir avec tous les guignols que l’homme s’était inventé jusque là. C’était somme toute déjà une bonne avancée pour l’époque ! Mais où en est-on aujourd’hui ?? Force est de constater que les anciennes religions ont disparus mais que d’autres ont été inventées. Pauvre Lucrèce ... s’il nous voyait

!
Prenons l’exemple de la Palestine. À l’époque de l’occupation romaine, il existait principalement 2 religions assez archaïques (car basées sur des éléments de divination trop concrets). Une était très étroitement liée à l’existence physique du temple de Salomon et une autre à l’existence physique d’une des sous-régions de Palestine. Quand les légions de Rome détruisirent le temple et dévastèrent la dite région, ces deux religions, incapables de se reconstituer, disparurent et laissèrent la place aux religions chrétienne et juive, alors embryonnaires, qui était plus conceptuelles et donc plus adaptées à la situation socio-politique de l’époque (les romains ayant la mainmise sur tout ce qui était matériel, il fallait bien se réfugier dans l’abstrait). La suite, on la connait ! Une des deux religions (assez similaires au départ, donc concurrentes) devait bien sûr disparaître de la scène (s’éteindre ou s’exporter). La religion juive est restée, la religion chrétienne a pris son bâton de pèlerin (si j’ose dire). Notons juste au passage le Concile de Nicée, en l’an 325, qui a consolidé la religion chrétienne (c’est-à-dire qui a officialisé son émigration et son ancrage en Europe, où il y avait de la place pour une religion monothéiste) en inventant, entre autres fumisteries, l’immortalité du christ et son caractère divin. Belle promotion pour le dit bonhomme, qui en aurait été lui-même le premier surpris ! Tout comme le furent d’ailleurs beaucoup de penseurs chrétiens présents au Concile qui bien naturellement ne voyaient encore en lui à cette époque qu’un prophète comme les autres, mais ces trouble-fêtes, bien qu’ils tentèrent de faire entendre leur point de vue (hélas, trop mauvais pour le marketing !), furent écartés et renvoyés aux oubliettes de l’Histoire. La religion chrétienne, telle que nous la connaissons, a donc été créée en 325 et le pauvre bougre de p’tit Jésus sur sa croix n’aurait sans doute pas eu besoin d’un fatal de coup de pilum, mais aurait expiré dans un dernier fou-rire si quelqu’un avait pu lui susurrer à l’oreille comment les choses allaient tourner après sa mort !
Finalement, l’analogie est forte entre l’existence des religions et des espèces animales : les religions apparaissent (quand apparaît une « niche idéologique »), croissent (quand les conditions sont propices ; une religion n’étant jamais qu’une secte qui a « réussi »), évoluent (avec les faiblesses, les peurs et les ignorances, elles-mêmes changeantes) et meurent quand elles ne parviennent plus à s’adapter pour rester en adéquation avec leur environnement évolutif (c’est-à-dire avec les besoins des adeptes).
L’athéisme évolue-t-il ? J’aimerais le croire ! Des athées, il y en a eu à toutes les époques de l’histoire ! Difficile cependant de dire si leur nombre a véritablement varié dans d’importantes proportions puisque ce n’est qu’aujourd’hui qu’on peut se proclamer tel sans risquer l’opprobre voire le bûcher. En outre, il faudrait retirer du nombre tout ceux qui se déclarent athées par simple rébellion ou parce que cela fait « mode » mais qui, à la première catastrophe, retourneront faire grossir les troupeaux rentrant dans les églises ; nous aurons alors une meilleure idée de la population athée réellement convaincue. Un athée qui ignore pourquoi il ne croit pas ne vaut guère mieux qu’un croyant … et je crains qu’ils ne soient nombreux !!
Une chose est sûre pour moi, la croissance apparente du nombre d’athées, de laquelle je ne peux que tenter de me réjouir, n’est peut-être pas si importante que cela mais surtout, il serait naïf de croire que ce processus est irréversible. C’est comme la démocratie : il faut se battre tous les jours pour la maintenir car ce n’est PAS un processus naturel et spontané, que du contraire !
J’entends dire que l’éducation va résoudre ces problèmes. Je suis persuadé que l’éducation est vitale pour la survie de notre société démocratique et l’évolution des mentalités, mais elle ne suffira pas. Pendant longtemps, j’ai cru (et c’était mon slogan) que l’ignorance était la mère de toute les croyances. C’est malheureusement faux !!! En tous cas, ce n’est pas si simple. Regardons autour de nous ! On voit des « scientifiques créationnistes » porteurs de doctorat et des esprits indubitablement brillants profondément croyants. En outre, certaines études ont semble-t-il montré que les superstitions en général étaient le plus fermement ancrées dans l’esprit des gens … éduqués !!!
Dès lors … fin des illusions pour ceux (dont j’étais) qui croyaient que la savoir et la Science allaient dissiper les ténèbres d’un seul tour de gyrophare !! Le savoir est une condition nécessaire … mais pas suffisante. La situation est beaucoup plus complexe !!
Le christianisme disparaîtra un jour, c’est certain … et les autres religions actuelles aussi, bien évidemment. Mais faut-il déjà se réjouir d’une prochaine victoire ? Je ne crois pas, car d’autres religions apparaîtront qui seront tout simplement plus en adéquation avec les besoins humains.
Il faudrait donc s’en prendre aux motivations qui poussent à « croire » pour s’attaquer à la base du problème. Mais quelles sont ces motivations ?
L’initiateur de ce forum (Stockhausen, que je salue au passage), mentionne quelques points importants que je résume : endoctrinement précoce, expérience mystique, besoin d’une divine bouée de sauvetage, paresse intellectuelle.
L’expérience mystique ne concerne sans doute que peu de monde. D’autre part, on compte encore beaucoup (trop) d’intellectuels croyants (et ça me navre). Je retiendrai donc surtout l’ENDOCTRINEMENT (de préférence précoce) : technique de recrutement commune à toutes les religions pratiquant le prosélytisme. On sait très bien que les jeunes esprits sont malléables mais qu’il est difficile de faire changer d’avis une vieille mule ! Les cigarettiers, les producteurs de boissons alcoolisées, les banquiers et d’une manière générale toutes les catégories d’individus désirant avoir un ascendant sur les populations afin de mieux les exploiter l’ont bien compris. De même les religions … surtout si elles se sentent décliner (exemple : les Journées Mondiales de la Jeunesse, si chères à Herr Ratzinger).
Stockhausen mentionne aussi la peur d’un monde sans dessein divin. Sans doute, mais je crois qu’on n’a en fait pas encore mentionné la principale motivation : plus généralement que la peur du monde environnant, c’est la PEUR DE LA MORT !
S’il est vrai que, comme le prétendent les psychologues, l’homme pense au sexe toutes les 17 secondes (ou quelque chose de cet ordre … bien que je me demande comment quelqu’un ait un jour pu mesurer ça

!?), alors l’homme pense à la mort CHAQUE seconde ! S’il est un point commun a toutes les religions, c’est bien celui-là (le bien et le mal étant des notions fort changeantes selon le temps et le lieu).
Les religions ne sont pas seulement naïves et ridicules, elles sont aussi outrageusement prétentieuses !! Voilà qu’un dieu, être absolument merveilleux, a créé l’homme à son image !!! Pas moins (en tous cas pour la religion chrétienne, mais les autres ne valent guère mieux) ! Mais ce n’est pas tout ! En plus, ce dieu aime ses petits hommes et leur réserve un sort paradisiaque après leur mort (s’ils ont été sages, bien sûr)

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Il n’y a pas d’illusion à se faire. Si on parvenait, d’un coup de baguette magique, là maintenant tout de suite, à supprimer toutes les religions sans exception et ce jusqu’à la moindre trace, la moindre relique ou autre babiole, même le moindre souvenir, l’homme n’aurait rien de plus pressé que d’en inventer de nouvelles. Ca ne fait pas le moindre doute !
Pour éradiquer les religions, il faut et il suffit d’éradiquer la peur de la mort. Il faut donc que chaque homme accepte humblement d’être un jour tout simplement anéanti, de même que le sera notre espèce toute entière dans un avenir somme toute peut-être pas si éloigné, et ce dans l’indifférence cosmique la plus totale.
« La religion est l’opium du peuple », disait Marx. Tant qu’un homme aura peur de la mort, il y aura toujours bien quelqu’un pour s’approcher discrètement, entrouvrir son veston, exhiber un vieux bouquin et lui dire : « T’en veux ? J’en ai ! »
Dhomme