Gilles a écrit :Je ne comprends pas du tout ton pinaillage sur la différence fine que tu perçois entre opinion et impression, entre "je crois que", "je pense que", "il me semble que" ou "j'ai l'impression que" ? Toi tu as une "impression que" ce qui serait bien mieux, à ton avis, que d'avoir "une opinion que".
Absolument. Il y a un monde entre
avoir l'impression et
être d'opinion que. Avoir l'impression, c'est penser quelque chose tout en sachant qu'il nous manque des éléments importants pour conclure; avoir l'opinion que, c'est prétendre en savoir assez pour trancher, et trancher.
Comme ici, les nappes phréatiques. J'en sais peu, à part quelques considérations géologiques élémentaires (dont j'ai déjà parlé) et quelques souvenirs vagues. Bref, comme il me semble déjà avoir entendu parler, je dit "J'ai l'impression". Mais si j'avais devant moi un nombre suffisant d'éléments, je pourrais dire "Mon opinion est que ...".
Gilles a écrit :Personnellement, je trouve que ces termes recoupent tous la même chose : je n'ai pas de certitude absolue, ni de preuve irréfutable de ce que j'avance, mais, à la lumières des faits dont je dispose, compte tenu de mes connaissances et de mon expérience, il me semble que X est plus probable que Y
C'est justement là le problème. Ton intervention a commencé en mentionnant qu'au Québec, nous nous abreuvons potablement d'eaux de surface. À ce moment, tu ne montrais pas disposer d'informations nécessaires sur la situation des eaux souterraines. Suite à mon intervention, tu as écrit que c'était majoritaire. Ton estimation reposait sur le fait que le fleuve passe par Montréal, Trois-Rivières et Québec et qu'au Saguenay / Lac St-Jean il y a les rivière et lac du même nom, pour conclure que ça faisait les 4/5 de la population. Cette estimation était flouée. Bref, tu montrais toujours une connaissance insuffisante de la situation.
Ensuite tu as abordé la question des nappes, mais toujours sans y mettre de chiffres (avec des " S'il y en a, ça ne doit quand même pas"). Du "il me semble", du "rien qu'à voir, on voit ben". Et tu as tenté d'insérer un chiffre érroné
Gilles a écrit :puisqu'on est d'accord sur le fait que la grande majorité des Québécois s'approvisionnent en eau à des sources renouvelables et inépuisables (ça importe peu que ce soit 99.9% ou 90%),
90% ?! Tu ne peux pas dire que ton opinion a été énoncée "à la lumière des faits" que tu disposes.
ENSUITE tu es allé faire tes devoirs.
Gilles a écrit :on, pour mettre un peu de "fondement" à mon opinion, j'ai trouvé les chiffres pour la consommation d'eau souterraine
avec des chiffres qui me paraissent bizarres (moins de 20% d'eau souterraine). Si la fin justifiait les moyens, ça irait. Mais ce n'est pas le cas.
Gilles a écrit :Je t'ai donné les faits qui me laissent croire que la ressource souterraine est loin d'être en danger
J'ai demandé à DanB des informations sur ce qu'il avançait. Tu les as commentés. Je n'ai pas encore tout lu (j'en discuterai plus tard). Pour le sujet actuel, on ne peut pas dire que tu m'as donné ces informations au même moment ni avant que tu avances tes chiffres et tes conclusions.
Gilles a écrit :Tu ajoutes ensuite qu'à ton avis, les modérateurs du forum ne devraient pas émettre d'opinions qui ne seraient pas basées sur des chiffres irréfutables
Je ne parle pas de chiffres irréfutables, mais de chiffres
tout court. Tu t'es lancé tête baissée dans ce sujet en négligeant le nombre de Québecois qui boivent et se baignent dans l'eau d'origine souterraine.
L'aspect que je tente de rectifier n'est pas à savoir si le Québec va manquer d'eau demain. C'est : est-ce que les nappe phréatiques sont inépuisables, et, est-ce que la promotion anti-gaspillage d'eau est exagerée (ces deux questions sont liées).
Gilles a écrit :Sur le site qui te servait de référence, on peut lire :
Ainsi, pour près de 21 % de la population du Québec, elle (l'eau souterraine) constitue la source privilégiée d'alimentation en eau potable.
Drôle d'affirmation de leur part. La source
privilégiée. Ça veut dire quoi? Il y a un choix? J'avoue que cette statistique est étrange, surtout que le même site donne des chiffres différents. J'ai calculé mon % à partir des données précises par région et j'obtiens toujours 25%.
En fait, on estime qu'environ 80 % de la population s'alimente à partir des eaux de surface. C'est donc 5,5 millions de personnes qui sont alimentées par l'eau du fleuve, des rivières, des lacs ou des ruisseaux (Ministère de l'Environnement, 1999). En contrepartie, environ 20 % de la population s'alimente à partir des eaux souterraines.
C'est probablement la différence de temps. La partie du site que j'ai consulté tient ses données du système informatisé sur l'eau potable municipale du MENV d'avril 2000. Plus récent que le rapport Beauchamp, même.
Disons que mon 25% est un chiffre plus récent. Même si c'était 21%, on est encore loin de ton 10% initial.
Ça rejoint exactement mon propos. À long terme. Remarque qu'ils distinguent bien surexploitation et contamination, bien que les deux soient liés.
Gilles a écrit :Même une utilisation aussi intensive ne correspond qu'à 14% du renouvellement
Attention, le document sur lequel tu t'appuies ne concerne que le sud-ouest du Québec, qui bénéficie de la rivière des Outaouais, du Lac des Deux Montagnes, etc.
Gilles a écrit :Quand tu affirmes que le message d'économie de l'eau pour préserver l'environnement est pertinent pour 25% de la population, tu affirmes que partout où on consomme de l'eau souterraine la consommation est à la limite du taux de renouvellement ou le dépasse déjà ce qui n'est évidemment pas du tout le cas.
Ce n'est absolument pas ce que j'affirme. J'affirme que ce message est pertinent car ceux qui les entendent ne vont pas nécessairement vivre à un seul endroit toute leur vie durant, que certains qui l'entendent en ont pour 70 ans à vivre et ne l'ont jamais entendu, que la situation évolue (la densité de population et d'industrialisation s'accroît avec le temps), et que les habitudes, ça se crée lentement. Ce qui cloche dans ton propos, c'est que tu sembles passer outre le fait que le gaspillage d'eau est, au mieux, inutile, au pire, nuisible, et que tout ce traitement des eaux n'est pas sans conséquences (énergétiques, pollution, coûts publics, etc).
Gilles a écrit :D'abord, c'est 20% de la population qui s'approvisionne en eau souterraine et non 25% (et quand bien même ce serait 25%...)
Si tu préfère les chiffres de 1999, c'est ton choix. L'important est que tu as réalisé que ce n'est pas 10%.
Gilles a écrit :Ensuite, tu présumes que tous ceux qui s'approvisionnent en eau souterraine mettent en danger leur ressource et que, donc, il est pertinent de leur recommander de diminuer leur consommation.
Absolument pas. Ceux qui s'approvisionnent en eau souterraine ne mettent pas leur ressource en danger, mais il est important de leur demander de continuer de faire une utilisation raisonnable. Jamais je n'ai dit qu'on devrait demander aux gens de moins se laver, ou même, de ne pas laver leur asphalte, sauf en été lors de périodes critiques ou dans des régions critiques. Mais ils doivent être conscients que c'est une ressource publique, pas gratuite (même si on ne la paie pas directement), variable (été, canicules, etc) et par conséquent, à ne pas gaspiller.
Gilles a écrit :si ce n'est 99% ne menace en rien leur source d'eau. Et s'il y a quelques endroits où l'exploitation est vraiment intensive et où la nappe phréatique risque vraiment de s'épuiser ou de s'abaisser au point d'assécher des puits voisins, il y a alors une foule de moyens simples pour prévenir les abus, des moyens bien plus efficaces que des campagnes moralisatrices écolo à l'échelle de la province, des moyens qui devraient d'abord s'appliquer aux industries et à l'agriculture.
Si la situation était critique, ce ne seraient pas des messages d'intérêt public. Je préfère les messages éducatifs pour le peuple, et les normes et mesures pour les industries et institutions. C'est à long terme.
Gilles a écrit :Faire croire à tout le monde que diminuer leur consommation d'eau serait bénéfique pour l'environnement alors, qu'en fait, ce n'est peut-être le cas que pour une minorité (moins de 10% assurément, plus probablement moins de 1%), c'est déformer la réalité et c'est trompeur si on ne précise pas que la chose n'est vraie que que pour ceux qui vivent dans une région où on prélève massivement l'eau souterraine (distinction qui n'est jamais faite).
Si tu veux amener un texte de pub sur l'économie de l'eau et le démolir, ne te gêne pas. Si ça peut t'empêcher de dire qu'au Québec il n'y a qu'une poignée de consanguins qui ne boivent pas l'eau du fleuve ou de rivières à haut débit, et bien tant mieux..
C'est vers là que tu détournes sans cesse ce sujet (ces "maudits écolos"!), mais moi, ce qui m'intéresse, c'est d'éviter la désinformation de tes deux ou trois affirmations initiales.
Gilles a écrit :Ce qui menace le plus les eaux souterraines au Québec, c'est infiniment plus la contamination que l'épuisement.
Oui, c'est un plus grand danger que l'épuisement, mais les deux sont liés. Après utilisation, et traitement, l'eau ne revient pas 100% "vierge", là où elle est rejetée. De plus, contamination signifie diminution de la quantité traitable. Cette considération semble t'échapper. À elle seule elle justifie le discours chez les résidents (et mesures chez les agriculteurs et autres industriels). Remarque aussi qu'il ne peut y avoir que discours anti-gaspillage et absence de discours anti-gaspillage. Le discours pro-gaspillage ne sert les intérêts de personne. Il est normal qu'en bout de ligne le discours anti-gaspillage semble disproportionné.
Gilles a écrit :J'en ai contre le discours culpabilisant et réducteur qui rate sa cible en insistant sur des détails sans importance plutôt que sur l'essentiel. Le discours où, pour sauver la planète, on essaie de nous convaincre qu'il importe d'interdire les Hummers, les démarreurs à distance, les sacs de plastique et le gros monsieur qui arrose son entrée de garage alors que ce ne sont que des détails par rapport aux autres sources de pollution;
Pour l'entrée de garage, un des plus gros groupes actifs sur l'eau au Québec, et qui d'ailleurs comporte plusieurs célébrités comme porte-paroles, est clair là-dessus :
Eau Secours a écrit :Pendant que l'arroseur d'asphalte inconscient ne se rend pas compte qu'il récolte l'opprobre de plus en plus exacerbé des voisins, il est tout de même bizarre que peu de citoyens dénoncent l'administration municipale lorsque la ville nettoie ses rues et trottoirs et arrose son asphalte avec ses ballets mécaniques ou ses arrosoirs.
Bref, le ton n'est pas aussi enfantin et moralisateur que tu le croies. C'est que tu mélanges discours écologique de la part de groupes écologiques et citoyens sérieux, et discours désorganisé de journalistes écolos-du-dimanche et de voisin qui se donne bonne conscience en enguelant son autre voisin (comme ma mère qui se fait achaler par la vieille d'en face à chaque fois qu'elle arrose sa jardinière, avec une cruche!). Mais comme j'ai dit, ce n'est pas une raison pour devenir réactionnaire et du coup jeter le bébé avec l'eau du bain.