Salut Malagus,
Je m'excuse à l'avance de ne pas tout commenter. Seulement quelques points ici et là.
Vous dites :
Je pense que le débat se heurte à la difficulté de définir des mots comme : réalité, matériel existence...
Je le pense aussi. Beaucoup de mots, en particulier les plus immenses, ont des contours flous. Je me les représente comme des nuages hors-focus. Je me souviens d'avoir déjà vu une suite de 6 ou 7 mots qui, de l'un au suivant, étaient synonymes (donnés comme tels dans un dictionnaire de synonymes) et tels que le premier et le dernier étaient d'aplomb des antonymes. Si je me souviens bien, le premier était
"régulier" et le dernier était
"irrégulier".
Seulement 6 ou 7 nuages pour traverser jusqu'à l'antipode le
"ciel sémantique". Ça montre à quel point les nuages sont gros.
Malagus a écrit :Reprenons avec le nombre pi . Je vous rassure pour moi il est abstrait cad qu'il n'est pas concret. Il existe au sens (N1) que j'en ai conscience, que je peux en parler, que je peux l'utiliser mentalement. Mais il n'existe (N2) pas au sens qu'il serait concret. La frontière se situe t'elle pour vous entre concret et abstrait ?
Oui. J'aime mieux raisonner dans l'axe
concret-abstrait que dans l'axe
matériel-immatériel. Me semble qu'on y voit plus clair. Et j'aime aussi beaucoup la métaphore de la carte et du pays.
Malagus a écrit :Est réel ce qui est concret . Est abstrait que ce qui est imaginaire que cela soit vrai, faux ou indécidable. Est ce que cela vous va?
Là, ça va moins bien. Pour moi, le réel ne se limite pas au concret. Pour moi, l'abstrait
vrai fait partie de la réalité. Par exemple, le théorème de Pythagore et
cette formule d'Euler sont tout simplement des
vérités. Des vérités intersubjectives, si vous voulez, mais des vérités tout de même, aussi (même plus) rigoureusement démontrables que l'héliocentrisme.
Dans mon acception du terme
"réalité" j'inclus, en plus de ce qui est concret-matériel, ce qui est abstrait et vrai.
Comment un machin peut-il être
vrai (et susceptible d'être découvert) sans qu'il s'agisse d'une réalité?
Pour moi, par exemple,
"1+1=2" est une réalité et
"1+1=3" n'en est pas une. Les deux sont abstraits; le premier existe et pas le second. Pareil pour le cheval et la licorne. Les deux sont concrets; le premier existe et pas le second. Grosso modo.
J'admets que j'ai peut-être l'amalgame facile entre
"vérité" et
"réalité". Avec des nuages de cette pointure, difficile d'éviter les chevauchements. Mais j'aime mieux mes chevauchements que les vôtres entre
"concret" et
"réel".
Désolé de sauter des bouts. Je m'en suis déjà excusé au début du message.
Malagus a écrit :Pour moi le monde équivaut au matériel (ensemble des atomes ondes et du vide qui est plein!) qui donne le concret (réel que je perçois et non que je conçois) qui lui même donne l ' abstrait (l'imaginaire) sous produit, utile, qui est très intéressant au demeurant.
Pour moi, le monde (i.e. la réalité) est un peu plus vaste. En plus de ce qui est concret-matériel (que l'on perçoit plus ou moins clairement par les sens), j'inclus tout ce qui est à la fois abstrait et vrai (que l'on perçoit plus ou moins clairement par la pensée).
Ça permet d'appliquer le même
"pattern cognitif" aux découvertes de Herschel (Uranus) et d'Euler (
ça). Avant Herschel, Uranus était un machin inconnu et susceptible d'être découvert. Pareillement, avant Euler, l'autre machin était inconnu et susceptible d'être découvert. Les deux machins sont des
réalités dans deux plans différents : le concret et l'abstrait.
Malagus a écrit :Maintenant soutenez vous:
que vous croyez (niveau 1 ou 2) qu'il existe au sens N2, une dimension qui ne serait pas imaginaire , composé de 'non matière' qu'on appellerait immatériel?
que cette dimension ne serait pas indépendante de la notre?
Je comprends mal votre première question. Je croyais que vous réserviez le cas N2 à ce qui existe concrètement~matériellement. Si c'est le cas, je ne prétends certainement pas que quoi que ce soit d'immatériel puisse exister au sens N2.
Pour la seconde question, je bute autant. Désolé. J'ai l'impression que vous confrontez deux existences au sens N2. Pouvez-vous la reformuler?
À mon tour, je vais vous laisser sur une question.
Admettez-vous, comme moi, que
ceci est
vrai et que si on y remplace (pi)²/6 par un autre nombre, ça devient
faux?
Cordialement,

Denis