Ildefonse a écrit :Je suis d'accord sur votre analyse de l'opportunisme politique. Reste que ces déclarations, toutes potentiellement orientées vers la population intérieure, ont quand même des conséquences sur le plan international. Il sera difficile pour les trois pays, chacun dans leur coin, de faire comme s'ils n'avaient rien dit du tout. Il y aura des conséquences, sur le plan politique et économique principalement.
Je n'ai pas dis qu'il n'y aurait pas de conséquence, mais il faut voir aussi l'ambiguïté du discours, du moins pour la France.
Sarkozy a clairement appelé à une action militaire, mais passe quand même par l'ONU, alors qu'il sait que l'ONU est une machine très lente à réagir et qu'en cas de refus d'action, il pourra dire que ce n'est pas de sa faute.
Il ne peut pas ne pas être passer à coté de ça et s'il avait réellement voulu un agissement rapide, il aurait prôné une action de l'OTAN qui est un peu plus rapide à la détente (sans parler que l'ONU peut être sérieusement alourdi par la neutralité de la Russie et le désaccord prévisible de la Chine à une action.)
Pour l'UK, je ne sais pas s'il y a préconisation d'un passage par l'ONU, mais je le suppose.
Après, je ne dis pas que c'est un message uniquement à vocation de politique intérieur, mais je doute qu'il s'agisse là d'un message suivit d'une réelle volonté d'action. Il y a surement une volonté d'agir, mais reste quand même l'hésitation face à des considérations géopolitiques qui ne sont pas discutée devant l'opinion et qui passe, face à cette opinion, pour inacceptable (l'hésitation pas les considérations).
Je vois dans les déclarations mais la décisions de passer par l'ONU une manière de, malgré tout, gagner du temps pour voir la situation se décanter et éventuellement négocier des compromis avec ceux susceptibles d'agir.
Je doute que Sarkozy puisse se permettre politiquement de continuer à hésiter, du coup il a décidé, au moins pour les mots, de jouer le coup de poker que je citais plus haut, à savoir parier contre Khadafi en espérant que la Libye tiendra le coup (parce que si ce n'est pas le cas, ça sera une catastrophe pour le sud de l'Europe, en particulier l'Italie, qui va ajouter la crise de son économie avec la Libye à la crise de son économie en générale.)
A l'inverse, par exemple, Merkel, qui est volontariste sur la question de l'Euro, mais perd des élections régionales, ne peut pas se permettre d'être aussi tranchée au risque de faire déborder le vase du mécontentement de son parti contre sa politique d'intervention extérieure (parti qui était contre le sauvetage de la Grèce, contre le Fond de soutien à l'Euro, contre l'achat par la BCE de dette des Etats, contre la solidarité entre Etat européen, bref, contre l'action de l'implication de l'Allemagne dans des entreprise hasardeuse et des paris risqués, au mépris d'un certain nombre de réalité économique et politique d'ailleurs...).
D'où un passage par une décision communautaire, pour faire passer la pilule.
nouveau paradigme a écrit :Alors cher Sceptiques, soyez donc vraiment sceptiques à la place de tout croire aussi tôt presto
Je ne suis pas certain que quelqu'un qui s'informe avec les fonds de poubelle du net soit en mesure de faire la leçon en terme de scepticisme.
Le point que 'j'accorde, c'est la possibilité que l'occident (plus les USA que l'Europe, qui ont un gros risque à voir la Libye dans le chaos) ait incité la révolte en Libye. En effet, la chute de la Tunisie et de l'Egypte et les problèmes dans le golfe ont balayé les régimes amis des occidentaux et dégager Khadafi peut être un moyen de se refaire un allié en agissant par la suite en faveur des insurgé et donc de reconquérir le terrain diplomatique perdu.
Cela dit, l'hésitation claire des USA à l'action en Libye et le trop gros risque militaire autant qu'économique d'une Libye en plein chaos me semble jouer en défaveur d'une idée d'orchestration du mouvement de A à Z par l'occident.
Idem, je doute fortement de la préparation d'une invasion de la Libye, sur un plan stratégique, c'est une imbécilité totale.
-Ca donnerait du grain à moudre aux islamiques dans les pays autour, or il est crucial pour l'Occident que ceux-ci se développent plus sur un modèle turque que sur un modèle iranien. Le rafraichissement des relations USA-Arabie Saoudite depuis le 9/11 et d'une manière générale, l'érosion petit à petit de l'influence des USA* dans le golfe montre bien le changement d'idée des USA qui ont pris actes du caractère anti-israëlien et anti-occidentale de l'islam radical et restreint désormais son appuis aux islamistes. D'ailleurs, la politique d'Obama, plus conciliante avec les pays musulmans, qui parait en rupture avec l'espèce de fanatisme de Bush n'est pas pour autant un retour à une aide aux islamistes, mais plutôt une main tendue à l'Islam institutionnel et aux régimes déjà en place, plus gérable que l'Islam révolutionnaire.
*(les Etats comme les Emirats Arabe Unis, Barhein, le Qatar ayant entamé un certain nombre de rapprochement diplomatique avant les révoltes, visant à restreindre l'influence de l'Arabie Saoudite dans le golfe et par la même des USA, même s'ils ne sont pas hostiles, surtout par crainte de l'Iran)
-Ca risque de provoquer un chaos complet en Libye et d'agiter toute la région. Si sur le court terme, ça profite aux USA qui détourne encore les yeux du monde de leurs problèmes pour un temps en déstabilisant le maghreb et rapidement après l'Europe, à long terme, une invasion aura un coup diplomatique puis économique catastrophique sans parler qu'il faudra convaincre la population d'entrer encore en guerre et je doute qu'au USA, on soit d'accord pour cumulé encore une guerre dans un pays musulman (exception faite de l'Iran, où la menace nucléaire peut peut-être mobiliser).
Ca rompra définitivement toute possibilité de renouer avec l'Egypte et ça mettre probablement Israël dans une situation compliqué, parce que c'est le pays "occidental" le plus exposé à la frustration qu'engendrerait une implantation des USA dans l'espace arabe (l'Irak était déjà limite, vu que c'est pas tout à fait le monde arabe)
-L'UE ne laissera jamais faire. A mon avis, les Européens préfèreront voir Khadafi revenir au pouvoir que de provoquer un tel théâtre d'opération si près de leur frontière. Sans parler de la catastrophe économique.