Brève de comptoir a écrit :La crise de la dette, c'est un peu la crise des subrpimes généralisée à l'économie mondiale...
C'est pas un peu, c'est carrément ça.
Actuellement, on paie simplement la facture de deux décennies d'endettement trop facile. Sauf que personne n'a réellement les moyens de payer et qu'en plus, une partie des prêts ont été fait sur rien (à la fois parce que le débiteur était déjà insolvable et parce que le préteur n'avait de toute manière pas les moyens de garantir réellement la valeur du prêt).
Ce genre de cas n'est pas en soi nouveau, l'économie a connu des crises de dette depuis qu'on a inventé le prêt et la monnaie, bêtement parce que l'humain ne peut pas avoir la tête partout et donc personne n'est capable de vérifier que la somme des prêts+intérêt correspond à la somme des richesses que l'on est capable de produire avec ce prêt.
Sans parler du fait que personne n'est capable de prédire le futur et donc qu'il existe toujours un risque dans un prêt.
De fait, l'économie passe forcement par des phases de crise quand l'endettement est excessif, simplement pour remettre une partie des compteurs à 0. Le problème c'est que l'endettement se fait sur la durée alors que la crise est rapide, si bien que la destruction est beaucoup plus brutale que la création, d'où les problèmes sociaux associés à cause de cette brutalité.
Le jour où l'on invente un programme informatique capable de prédire parfaitement le futur, de déterminer la somme totale de prêt et la somme totale de retour sur investissement attendu et d'ajuster l'un par rapport à l'autre, on s'affranchira des crises. En attendant, tout ce qu'on peut faire c'est affiner les règles temporairement pour reculer le plus loin possible la prochaine crise.
La nouveauté de la crise actuelle, c'est qu'elle est mondiale. L'économie étant interconnecté, les prêts sont passé entre tout le monde, si bien qu'un défaut à un bout de la planète provoque une faillite à l'autre bout alors qu'avant, les zones étaient plus restreintes donc les crises plus restreinte aussi
Par exemple, la fin du moyen-âge a vu l'apparition d'une grosse crise d'endettement en Europe au niveau d'un certain nombre d'Etat. L'effet a été limité dans l'espace parce que les réseaux était moins importants, mais on a eu des faillites de banques italiennes provoquée par des défauts de roi d'autre pays (notamment, une crise grave du nord de l'Italie et des banques de Lyon pendant la guerre de cent ans, parce que le roi d'Angleterre refusait de payer ses dettes.)
Les subprimes, à court terme, tout le monde voulait en profiter, après, il fallait être zinzin pour imaginer que ça ne se casserait pas la gueule un jour.
C'est toujours facile d'accuser après coup quand on a découvert le pot au rose, mais c'est un jugement à postériori. Actuellement, on sort progressivement d'une idée fausse économique qui a prévalue pendant 30 ans,à savoir que l'endettement n'est pas grave tant qu'il y a de la croissance.
Aujourd'hui on se rend compte que même avec de la croissance, un endettement doit être gérer à long terme et pas sur le court terme en ne s'occupant que des intérêts.
Par exemple, en France, on a de plus en plus de monde qui pointe du doigt l'inconséquence des politiques qui ont endetté le pays depuis 30 ans et qui disent qu'ils ont été idiot de le faire et d'espérer qu'avec un endettement chaque année, on pourrait tenir. On invoque l'argument du bon sens, de "mais c'était évident que ça ne marchait pas".
Le fait est qu'au final, personne ne se souciait de ce problème il y a encore 3 ans, on était même dans un pays qui faisait 1 millions de manifestants dans la rue pour défendre la retraite à 60 ans quand le gouvernement disait déjà à l'époque que ça n'était pas tenable financièrement (sans pour autant s'occuper de la dette, donc ça ne les empêche pas d'être imprévoyant, ce n'est pas le problème et je ne dis pas qu'ils n'ont aucun tord).
Peu de monde avant la crise de 2007 c'est soucié de l'endettement, donc c'est trop facile d'accuser les responsables maintenant quand on les a élu pour plus de dépense (c'était dans leur programme. Il faut savoir ce qu'on veut. Soit on veut des politiciens qui nous annoncent à l'avance ce qu'ils vont faire et on assume les coûts, soit on leur accorde le droit de ne pas savoir de quoi demain sera fait et de gérer au fur et à mesure.)
C'est trop facile aussi de faire du jugement après coup de la folie mondiale sur les subprimes après coup, surtout quand on en ignorait l'existence avant la crise qu'elles ont déclenchés (la même chose pour les agences de notations d'ailleurs, dont personne ne parlait avant la crise et qui soudainement deviennent accusées de commander aux Etats)
Il ne s'agit pas de dire que c'est la faute à personne, mais il faut reconnaitre une cécité globale des problèmes et pas porter un jugement à postériori sur l'incompétence du monde entier à se gérer correctement (et ça n'est pas nouveau. Cette incompétence humaine à se gérer globalement est dans la nature même de toute créature vivante. Aucune créature n'est capable de gérer ses ressources en tant qu'espèce et à déjà souvent du mal à le faire en tant qu'individu. Sans faire du malthusianisme absolue, c'est très souvent les limites physiques qui ramène la réalité, bien plus que ceux qui gèrent les ressources).
Dire aujourd'hui qu'il fallait être fou pour croire au subprime, c'est comme dire aujourd'hui qu'il fallait être fou pour croire que la paix pouvait être maintenue en Europe en 1939. C'est surement vrai, mais c'est évident une fois la guerre déclenchée. Avant, ça n'est qu'une probabilité difficile à estimer. D'autant plus difficile que l'idéologie, la politique, la gestion court/moyen/long terme, les croyances humaines, la structure sociale viennent s'y greffer (et c'est aussi le cas pour l'économie).
Les agences de notations, elles n'ont qu'un boulot, noter les entreprises, les organisations, les États ou que sais-je encore. Elles étaient complices de la crise de 2008, voire incompétentes.
Oui, mais ça n'est pas une raison pour en faire des boucs émissaires. Même si c'est facile pour évacuer un problème de le faire porter sur un seul coupable qu'on sacrifie sur un autel pour que "les braves gens" puissent retourner à leurs petites occupations, ça fait aussi oublier que la crise est systémique et que c'est bien d'avantage une crise de philosophie de l'économie que la faute des agences.
On s'est collectivement tous persuadé que le crédit devait être facile, que l'endettement c'était bien pourvu qu'il y ait de la croissance, que la régulation du crédit était une contrainte inutile parce que la liquidité de la finance garantissait l'absence de risque.
Or, on se rend compte que, comme absolument toute les théories économiques, ça n'est jamais vrai que le temps que le système met à se pervertir (il finit toujours par le faire, à cause d'évolution interne ou externe, ou les deux) et qu'une fois le système perverti, la théorie, toujours en vigueur, devient un facteur de crise.
L'endettement facile à permit de soutenir la croissance pendant les années 80-90, le soucis c'est qu'il a finit par être hors de contrôle et de plus en plus difficile à maîtriser.
Les agences de notation hérite de cela. Elle continue, encore aujourd'hui, à noter un crédit selon cette vision croissance/dette (avec ce ratio ridicule de la dette sur le PIB, alors qu'un ratio plus réel serait dette/recette.). C'est d'ailleurs en partie pour ça qu'elles ont noté AAA les subprime, parce que c'était des produits qui garantissait un bon rendement pour les banques, donc, on le supposait, une bonne capacité à être amorti. Peu de gens ont prévu que les débiteurs feraient défaut à la chaine et que des banques avec une telle rentabilité et une telle croissance pourrait faire faillite à cause de ça, justement à cause de la théorie économique en vigueur.
Ce sont d'ailleurs les mêmes qui ont considéré que la crise allait être enrayé par des plans de relance qui ont creusé encore plus la dette, toujours sur l'idée que la dette n'est pas grave tant qu'il y a de la croissance. Non que les plans de relances aient été totalement inefficace, mais c'était déplacer le problème. La question est de savoir si c'est pire d'avoir une crise de l'économie mondiale ou une crise de la dette mondiale...
Elles servent à rien
Si, elles servent à donner une estimation d'un risque de crédit pour les futurs investisseurs et rien d'autre d'ailleurs. En soit, c'est utile, même si c'est qu'un élément de conseil normalement. Si elles ont autant d'incidence, c'est parce que l'on s'est tous collectivement endetté et donc qu'on dépend tous des investisseurs justement.
On peut évidement questionner leur méthodologie. (que je pense discutable. Se focaliser à ce point sur la croissance, on a vu en 2008 que c'était n'importe quoi quand la crise a commencé)
L'erreur ça a été de les sortir de leur rôle de conseil pour en faire un élément de règlementation, alors même qu'elles n'avaient rien demander. On en paie aujourd'hui le prix parce qu'on dépend des prêteurs et parce qu'elle continue de noter en fonction d'une théorie économique qui a montré sa limite.
Si l'on avait pas fait du AAA un symbole de confiance en ne mettant pas, dans les banques centrales, les règlements, l'obligation d'obtenir une certaine note pour obtenir certains droits, on n'aurait pas les problèmes actuelles, parce que le AAA des agences ne serait vu que comme un élément d'information parmi d'autre. Mais comme on aime bien simplifier à l'extrême les classifications parce que ça réduit les coûts d'information, on en a fait une sorte de graal pour la confiance, sans voir venir le fait qu'en centralisant l'information autour d'un seul type de décodeur de celle-ci, on leur donnait un pouvoir.
Faut arrêter de jouer au gugusse là. C'est l'intérêt de tout le monde de geler les taux quelques temps.
Pas nécessairement. Ca fera fuir une bonne partie des investisseurs qui y vont pour sécuriser un placement et qui n'auront plus d'indicateur crédible de la confiance. De fait, la moindre rumeur de défaut verra une fuite massive, vu que les taux ne reflèteront plus aucune réalité.
Bref, c'est sans doute pas possible... alors vite, trouvons un coupable, lynchons-le, brûlons-le avant qu'on y passe^. Les agences de notations ou un autre banque-émissaire, peu importe.
Au final, c'est probablement ce qui va se passer.
J'ai beau dire que c'est un problème collectif inhérent au système, je ne me fais pas d'illusion sur l'incapacité de la foule à régler un problème sans passer par la case extrémiste qui vise à délimiter le monde entre les gentils qui n'étaient absolument pour rien dans la crise et les méchants qui étaient responsables de tout et qu'on doit brûler en place publique.
Quand on aura fait ça, les "gentils" n'auront rien appris, se feront avoir une nouvelle fois par une idée économique qu'on présentera comme la solution mais qui ne durera en fait qu'un temps et la prochaine crise verra le même cheminement.
C'est la nature des sociétés humaine d'être collectivement idiote...
