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[Wooden Ali]

C'est du conservatisme à partir d'un droit acquis dans une époque qui devient révolue et ça sera de plus en plus vu comme tel.

Tout à fait vrai ! L'industrie qui est née autour de la création intellectuelle et artistique après le guerre n'a dû son succès qu'à la convergence de raisons très contingentes à la fois économiques, techniques, culturelles ... qui n'existent plus guère aujourd'hui. Elle se défend d'ailleurs de la même façon qu'ont dû le faire les fabricants de diligences à l'apparition de l'automobile. Elle a commencé à gémir à l'arrivée de moyen d'enregistrement performant et n'a cessé de le faire à chaque évolution des moyens techniques.
A ma connaissance, c'est la seule activité économique dont l'obsolescence manifeste est taboue. Aucun problème pour fermer une aciérie ou arrêter une production agricole sous (le bon) prétexte qu'on peut faire moins cher ailleurs mais ne touche surtout pas à la rentabilité de ma chansonnette. Ça, c'est sacré.
Tant mieux si certains artistes ont pu vivre grassement pendant quelques années en créant une chanson bien troussée en une semaine. Il n'y a pourtant aucune raison objective pour que ça dure ad vitam aeternam. Ils n'ont qu'à se consoler en se disant : "c'était le bon temps" ... comme beaucoup de gens le font aujourd'hui.

[Djibi]

En fait, le conservatisme des ayants droit va encore une fois les plomber. Si on prend l'exemple de la révolution apportée par la compression audio (popularisée par le MP3) et tous les dommages colatéraux qui ont suivi, on pressent que le livre éléctronique va faire la même chose pleine plaque. J'ai du mal à concevoir qu'en France on ait une TVA gonflée pour un produit qui reste identique à la version papier, mais avec les frais d'impression, de stockage et de transport en moins. Je suis curieux de voir comment les choses vont évoluer mais je pense ne pas me tromper en prédisant encore un virage loupé - et donc une prise de conscience tardive et des éditeurs droits dans le mur de l'évolution dans les modes de consommation.

[Brève de comptoir]

Perso, voyant que les pirates demandent parfois de se faire payer pour leurs "services" (un comble^ ou simplement une arnaque) et que beaucoup sont prêts à payer pour pouvoir accéder à des contenus piratés, bah j'attends qu'une boite pirate monte sa propre structure de production et retourne sa veste en ne proposant plus que des contenus légaux : les siens.

C'est le bal des faux-culs. C'est moins une question de droits que de fric où chacun défend ses intérêts. Les consommateurs vont au moins cher et au plus sécurisé (on peut chaparder tranquille pourquoi se priver ?) ; les créateurs sont devenus des marchands de gâteaux à la chaine et veulent limiter leurs pertes tout en espérant trouver la bonne recette que tout le monde s'arrachera ; leur maquereau défendent leurs trottoirs ; et ceux qui carambouillent des parts du gâteaux ne le font pas pour nourrir la veuve et l'orphelin mais par gourmandise, appât du gain, piquer leur part de trottoir et devenir le nouveau maquereau à la mode.

Alors, on pourrait aussi s'attacher à la question de droit. OK, et on verra que disposer des droits d'une œuvre 80 ans après sa diffusion, c'est un peu du n'importe quoi. Surtout qu'il suffit de le retaper un peu et c'est reparti pour cent ans. Réduire à 10 ans les droits d'auteurs, puis dix ans où les droits tomberaient dans les caisses d'une aide au développement, puis au bout de vingt ans, domaine public. Rien que ça ce serait une avancée logique. Et ça ne tuerait pas non plus la créativité (au contraire Samantha Fox se remettrait à la musique !). Sinon, c'est une rente à vie. Un concept pas très populaire à une époque où on réclame plutôt de la productivité.