Poulpeman :
Vous parlez ici de la ressemblance avec la réalité et ce fameux phénomène de stabilité ?
Raphaël a déjà pas mal expliqué tout ça, mais continuons encore un peu.
Quand je parle de « logique interne », je veux dire notamment un ensemble de règles qui maintiennent la stabilité et la clarté du rêve. Un exemple : le fait d’observer trop longuement, d’analyser, de chercher une explication, d’exercer son esprit de déduction,… perturbe la perception du monde et met fin au rêve. Le mieux c’est de jeter un petit coup d’œil et puis de passer à autre chose tout en modérant ses émotions et son envie d’utiliser son esprit discursif.
C’est la modération qui permet le rêve lucide. Modérer sa peur, sa sexualité, son envie de voir plus, de comprendre, d’expliquer, de s’amuser, de vivre intensément… bref il faut un maximum de détachement.
Le moins possible de grands effets : sauter sur le toit d’une maison par exemple, c’est marrant, mais ça consomme de « l’énergie ». Il vaut mieux marcher tranquillement et le rêve gagnera en sens et en longueur.
Donc, il faut être modéré, être parcimonieux, être respectueux, être moyen en tout (ce qui ne veut pas dire nul) et en plus il faut vouloir passer inaperçu… on remarque tout de suite que ce ne sont pas des qualités tellement reconnues dans notre monde « réel », pas étonnant donc que le rêve lucide fasse si peu d’adeptes.
Evidemment le problème principal c’est la peur. Il faut déjà pouvoir résister à la paralysie du sommeil en toute conscience, ce qui ressemble fort à laisser mourir tranquillement son corps de manière atroce. Après, on n’est pas quitte puisque j’ai déjà été assassiné des dizaines de fois, fusillé, mitraillé, poignardé, égorgé, explosé à la bombe atomique… attendez, y’a pire : j’ai vu mourir tous les membres de ma famille dans toutes sortes d’accidents, d’épidémies et de catastrophes démentielles sans pouvoir les aider… c’est une vraie horreur le rêve lucide, faut être attaché à rien ni personne (l’attachement n’ayant évidemment rien à voir avec l’amour et la tendresse).
Curieux :
Bof, bien que sceptique je ne m'y interesse pas plus qu'au rêve éveillé ou aux drogues dures, …
C’est sujet intéressant : le rêve lucide versus la drogue.
Pour ma part, je n’ai jamais consommé aucune drogue, sais pas ce que ça donne et je ne fume même pas du tabac. Point de vue alcool, je bois à tout casser un demi-litre de vin par semaine et quand j’en bois, je suis sûr de ne pas entrer en rêve lucide.
Pour en avoir parlé avec plusieurs consommateurs, dont mon fils, grand mangeur de drogues en tous genres, je sais que les deux pratiques n’ont rien à voir l’une avec l’autre.
La différence la plus indéniable c’est l’énorme énergie et la bonne humeur que l’on ressent pendant toute la journée après un rêve lucide. Dans un voyage astral (pour suivre Raphaël, donc pour moi un rêve lucide d’une intensité unique, je confirme les degrés qu’il a décrit), tout est beaucoup plus clair, plus coloré, plus vivant que dans la réalité, et ces couleurs continuent à baigner le bête univers connu même quand on est réveillé, ça vous donne une pêche… en tous cas, impossible de se fâcher avec quelqu’un ce jour là.
En plus, et là, les sceptiques ne me suivront pas, après un voyage astral, le monde entier conspire pour me rendre heureux, je n’ai que des bonnes nouvelles et il y a toujours du soleil ce jour là. Le vrai soleil, hein Denis !