Bonjour à tous,
je me permet d'intervenir dans le sujet. En fait, je suis l'auteur d'un des articles qui a été cité par Cajypart (
celui-ci, précisément). Depuis quelques jours, je vois des visiteurs arriver sur mon site depuis ce forum, et les points de vue développés ici m'ont donné envie de réagir.
Le premier point sur lequel je voudrais préciser les choses, c'est la notion d'aléatoire en informatique. Quelqu'un de la discussion a dit ceci, à propos d'une affirmation que je fais dans mon article :
Le premier texte que tu cites fait le même genre de pétition de principe que Greem : un programme ne peut pas choisir, le cerveau humain fonctionne comme un programme donc il ne peut pas choisir.

Citer:
Cependant, il est impossible de générer de l'aléatoire en informatique.
lol
application => taper météo madrid dans google si t° est paire =>0 si t° est impaire =>1 et voilà un programme totalement aléatoire. Merci qui ?
Le second est intéressant mais je n'y voie aucune réfutation claire du libre-arbitre.
Je voudrais revenir sur cette phrase : il est impossible de générer de l'aléatoire en informatique. Elle est absolument vraie, et n'importe quel informaticien compétent vous dira la même chose. Un programme ne peut générer que des
nombres pseudos aléatoires. En simple, pour générer un nombre aléatoire, un algorithme utilise une graine (un nombre). Cette graine peut être le nombre de millisecondes écoulées depuis l'allumage d'un ordinateur, les coordonnées de la souris sur l'écran ou ce que vous voulez. Ensuite, le programme passe cette graine (ou une combinaison de plusieurs graines) dans différentes fonctions, qui permettent d'en tirer un nombre d'apparence aléatoire. Plus la graine a de valeurs possibles, plus les valeurs générées auront l'apparence de l'aléatoire.
Taper "météo madrid" dans google et utiliser la valeur de la température pour générer un nombre fonctionne également sur le même principe. La valeur de la température est la graine. Pour générer des nombres vraiment aléatoire, il faudrait que la graine elle-même soit aléatoire. Ce n'est pas parce que quelque chose semble imprévisible (ou aléatoire) qu'il l'est réellement : la température obéit à des lois, et plus le temps passe, plus nous arrivons à la prévoir de façon précise. Il n'y a pas si longtemps, des phénomènes comme la pluie, la gravité, les éruptions volcaniques semblaient aléatoires. Aujourd'hui, nous savons qu'elles répondent à des lois, même si nous ne les connaissons pas encore parfaitement.
Un peu plus loin, j'ai également lu ceci :
Le meilleur exemple montrant qu'il ne comprends pas l'impasse dans laquelle il se fourvoie.
Citer:
on ne juge pas un programme, on essaie de comprendre son fonctionnement pour en tirer le meilleur.
Le meilleur ? c'est pas un jugement de valeur ça ?
Et comment on tire le meilleur de quelque chose si on est pas responsable de ses actes ?
Il y a ici une certaine confusion sur la signification des termes. Un ordinateur n'a pas de libre arbitre. Pourtant, un ordinateur peut adapter son comportement et
agir. Les deux propositions ne sont pas antithétiques. Et un ordinateur émet également des jugements de valeur, puisqu'il peut reconnaître et traiter les erreurs. Le libre arbitre n'a rien avoir avec ça. "Tirer le meilleur" signifie agir au mieux, selon son échelle de valeur. Les programmes agissent, et ils possèdent des échelles de valeur.
Dans l'hypothèse à laquelle j'adhère, notre échelle de valeur est déterminée par notre code. Nos expériences sont traitées par notre code, qui les utilise pour faire évoluer notre échelle de valeur. Nous élaborons des concepts, nous pensons, nous agissons, mais nous n'exerçons aucun contrôle.
Pour le reste, et notamment le déterminisme, on ne peut rien prouver. Néanmoins, on ne peut pas non-plus prouver que le libre-arbitre existe, quand bien même ce principe serait admis communément depuis des millénaires : on le sait, ce n'est pas parce qu'une chose est admise par le plus grand nombre qu'elle est vraie.
Il est donc étonnant de voir, sur le forum des Sceptiques, des propos du type "c'est n'importe quoi, vous remettez en cause des concepts bien établis". Le sceptique, par définition, doute. S'interdire de douter de ce qui est communément admis va à l'encontre de l'idée même de scepticisme et interdit tout débat.