J'ai écrit le texte suivant dans un autre but mais j'ai changé d'avis entre-temps et ne le posterai pas ailleurs. Comme il résume la question, je l'ai légèrement adapté et le poste ici:
Hamer prétend dans sa « 4e loi biologique » (tiré de
http://medecinenouvelle.com/comprendre/lois/ ; je souligne que c’est un site en faveur de la NMG):
"Nous considérons les microbes comme des agents "nuisibles" que nous devons à tout prix détruire. C'est insensé ! Nous avons un besoin urgent des microbes, de tous les microbes qui sont présents sous notre latitude. Si pour des raisons d'hygiène nous n'avons plus de mycobactéries (tuberculose), nous ne pouvons plus évacuer nos tumeurs en phase de guérison."
Pour Hamer, les microbes sont donc forcément bénins voire bénéfiques. Même l’agent de la tuberculose (
M tuberculosis).
Pourtant, il est rationnellement impossible au XXIe siècle de nier le caractère pathogène de micro-organismes. Il existe trop d’études montrant que les bactéries, virus ou autres unicellulaires peuvent avoir des effets néfastes sur l'humain. C'est absolument indéniable car on peut facilement cultiver des bactéries en laboratoire (c'était déjà vrai du temps de Flemming) et on sait, depuis plus d'une vingtaine d'années au moins, analyser les protéines qu'elles produisent. On a ainsi découvert que certaines protéines avaient des effets toxiques et on a été en mesure d’étudier lesquels, même jusqu’au niveau moléculaire. Comme on retrouvait ces bactéries dans les malades, on a aussi pu y retrouver les toxines qu'elles produisent. Et, en contrôlant les bactéries ou en éliminant l'effet des toxines, on a amélioré la santé des malades. Ce genre d'études qui se fait autant en laboratoire que sur les malades a permis de mieux valider ou mieux expliquer l'implication de certaines bactéries dans des affections humaines parfois très graves (tétanos, botulisme, listériose, syndrome du choc toxique, tuberculose, liste non-exhaustive). Ce qui est vrai pour les bactéries est aussi vrai pour les virus et d'autres micro-organismes.
Sur la page web citée plus haut, on ne trouve aucune discussion des études sur les microbes, dont pas mal était déjà réalisées il y a 30 ans, quand Hamer mettait au point son système. Système qu’il n’a certainement pas révisé depuis, malgré les nombreuses autres découvertes en médecine qui se sont ajoutées avec le temps. C’est comme si Hamer cherchait à évacuer la question des faits objectifs car amenés par d’autres: dans tous les textes que j’ai pu lire, Hamer ne parle que de lui, comme s’il était le seul à observer la réalité. Ce qu’on trouve sur la page, ce sont uniquement ses affirmations mais il n’y a aucun fait véritable qui soit amené pour démontrer que les bactéries sont toujours bénéfiques. Il n’y a qu’un discours pas trop incohérent en lui-même mais que l’auteur ne cherche pas trop à ancrer dans la réalité en amenant des faits vérifiables et vérifiés.
D'accord, la médecine scientifique n'est pas parfaite. Elle peut être appliquée par des incompétents. Les hôpitaux ou université, les groupes de médecins ou de chercheurs peuvent voir se former des cliques d’intérêt. La science peut suivre de fausses pistes de recherche aussi. Mais, la recherche en médecine essaie autant qu’il est humainement possible de mettre la prédominance sur des faits observables par tout ceux qui font l'effort honnête de les observer, ce qui la rend la plus objective possible. Et c'est pourquoi elle se corrige, elle s’améliore.
A l'inverse, Hamer met la prédominance sur sa "loi d’Airain" et sur des astuces rhétoriques qui visent à discréditer la médecine plutôt qu'à prouver le caractère objectif de ses affirmations. Lui, et ses fidèles, s'entêtent à ressortir des affirmations assez dogmatiques comme lorsqu’il affirme que sa "loi" doit être considérée comme absolument parfaite. Elle ne se corrigera ou ne s’améliorera donc jamais. Aussi, il est vrai qu'il existe quelques rares chercheurs qui nient les résultats scientifiques et qui invoquent une sorte de "conspiration" pour faire taire la vérité. Mais, qui croire et sur quelles bases? Est-ce qu'un marginal parmi des spécialistes a forcément raison parce qu'il est marginal? Est-ce qu'un marginal est forcément plus compétent et moins faillible qu'un "conventionnel" uniquement de par sa marginalité? Est-ce qu'il vaut mieux croire quelqu'un qui n'a jamais fait la preuve qu'il a étudié sérieusement une question ou quelqu'un qui a fait des découvertes confirmées par d'autres spécialistes? Une recherche sur
Pubmed ne renvoie pas (zéro) article scientifique signé par R.G. Hamer, ce qui ne suggère pas une intense activité de recherche. (Une recherche sur ISI, renvoie un seul article, sur le "scalpel after Hamer" par Lauk HG et Hamer RG, publié en 1981 et cité
zéro fois dans des articles subséquents. Un article qui n'a eu
aucun impact scientifique.) Évidemment, laflamme et les autres pro-Hamer font des allusions et sous-entendus à une "conspiration" pour étouffer le génie révolutionnaire; conspiration organisée par des scientifiques en place ou autres "lobbies pharmaco-industriels", tous anonymes. Mais c’est un argument irrationnel qui ne tient pas compte que dans la réalité tous les "lobbies" n’ont pas les mêmes intérêts. Invoquer une telle conspiration est un moyen facile de se fermer les yeux pour ne rien voir, surtout pas les faits. Car, dans les faits, il est difficile de croire à une telle "conspiration", il y a bien trop d’exemples d’idées nouvelles qui on fini par être acceptées parce qu’elles étaient bien soutenues factuellement (d’ailleurs, c’est ainsi que la science progresse). Par exemple, l’hypothèse au départ très controversée de la nature bactérienne des ulcères de R. Warren et B. Marshall donné lieu à de nombreuses publications avant d’être confirmée, acceptée et même couronnée par un prix Nobel (Médecine et Physiologie, 2005). C’est comme ça qu’une hypothèse devient un fait scientifique: par la démonstration factuelle de sa validité.
Autre exemple: dans le cas du syndrome du choc toxique, des chercheurs ont forcé de grandes compagnies (Procter & Gamble, par exemple) à modifier leurs produits - des tampons hygiéniques - parce que leurs découvertes montraient que ces produits risquaient d’être mortels pour des femmes. Ils ne se sont pas contentés de dire que c’était dangereux ou qu'ils étaient des génies incompris: ils ont étudié les malades. Ils ont prouvé qu’une bactérie (S aureus) qui est un commensal habituel de la peau produisait plus de toxines lorsqu’elles s’accumulaient dans le vagin à cause des tampons trop absorbants. Tout cela a été démontré par des expériences, qui se basaient sur ce qui avait été démontré depuis longtemps. Depuis Pasteur et Koch, en fait, même si Pasteur et Koch c’est de l’histoire déjà ancienne tellement nos connaissances ont progressé depuis. Bref, "Big Pharma" tout comme la "science officielle", ces deux entités mythologiques brandies par les apôtres d’autoproclamés génies inconnus, peuvent plier devant les évidences. Pour cela, encore faut-il qu’il y ait des évidences.
Malgré que cela fasse trente ans que Hamer a lancé sa « loi d'Airain », personne n’a apporté de confirmation expérimentale de celle-ci ou l’a utilisée pour faire la moindre découverte. La bibliographie dans le cas des sites pro-Hamer consiste principalement en des répétitions des affirmations de Hamer, des « vérifications » dont on ne peut rien dire car aucun protocole n’y est associé, des textes "philosophiques" inspirés par la "vie édifiante" de Hamer, et des témoignages de clients satisfaits ou de médecins (comme dans les « infomerciaux »). On n’y retrouve aucune expérience, aucune étude, aucun fait biologique, aucune évidence objective en faveur du système de Hamer. Cette stérilité est une autre - avec les résultats fertiles de la recherche médicale - très forte indication que le système de Hamer est en inadéquation avec la réalité biologique.
Même en laissant de côté la question délicate et complexe des cancers, Hamer fait la promotion d'idées fausses et potentiellement dangereuses. Un des grands succès de la médecine est l'hygiène. Et l'hygiène repose entièrement sur l'idée que les germes sont parfois nocifs. Hamer prétend que ce n'est pas vrai, que les bactéries sont toujours bénignes et "réparatrices", ce qui suggère que l'hygiène est en quelque sorte nuisible.
Nous vivons dans une société qui, grâce à la science médicale entre autres, a réduit considérablement les grandes épidémies et le fardeau débilitant de certaines maladies (dont celles liées aux microbes). En fait, les succès de la médecine scientifique sont tellement rentrés dans les mœurs qu’ils semblent ne plus exister, seules les imperfections et les ratés semblent marquer les esprits. Surtout les esprits enclins à considérer que si la médecine scientifique n’est pas parfaite, les "alternatives" le sont forcément. Cela peut donner à certaines personnes un sentiment d'impunité puisque la médecine peut souvent rattraper des erreurs ou sauver des vies qui auraient été perdues même pas 50 ans auparavant. Mais, cela reste une vision trompeuse des choses qui peut toujours avoir des conséquences fatales. Surtout si on est encouragé à refuser des traitements bien établis au profit d’une thérapie "alternative" qui n’a aucunement fait ses preuves.
On ne peut sans doute pas faire réfléchir sur ces problèmes un convaincu tel que laflamme parce qu’il ne désire pas comprendre la réalité biologique mais protéger sa vision idéalisée de la "loi" de Hamer. Il a toute une panoplie d’arguments pour dédouaner Hamer de ses erreurs et errances. Il s’entête à dire que telle ou telle personne - dont des médecins - ont affirmé que Hamer disait vrai. Mais, il ne peut dire comment ces personnes ont testé ce système pour arriver à cette conclusion. Reprenant les affirmations des textes pro-Hamer, il prétend aussi que Hamer a suivi 20-30-40 mille patients avec un taux de succès de 90-97% de guérisons. Chiffres sortis de nulle part, totalement invérifiables, qu’on ne trouve que sur des sites et dans la littérature fortement associée à Hamer. Il se raccroche autrement à quelques publications marginales, qui n'appuient même pas forcément la Nouvelle Médecine Germanique. Comme cela revient si régulièrement sur les sites qu'il propose, il invoque aussi cet espèce de "procès de Galilée" avec Hamer dans le rôle-titre et des "lobbies pharmaco-industriels" anonymes dans le rôle de l’Église Catholique. Et s’il se sent vraiment coincé, comme d’autres pseudo-scientifiques il pourra toujours se retrancher dans une sorte de relativisme voulant que la réalité soit ce qu’on pense d’elle: les bactéries seraient gentilles pour les partisans de Hamer mais méchantes pour ceux qui acceptent la médecine (comme si nier très fort la gravité permettait de voler). Mais, ces arguments rhétoriques rateront l’essentiel: que disent les faits? Pourquoi autant de bactéries ou de virus sont associés à des pathologies (dont des cancers)? Pourquoi aucun spécialiste en imagerie ne découvre les "foyers de Hamer" sur des scannographies lorsque les scanners sont bien réglés? Pourquoi l’immense majorité des médecins, microbiologistes, oncologues, neurologues, biologistes, etc., ceux qui travaillent sur les pathologies, les bactéries, les cancers, le cerveau, et non sur des discours, pourquoi tous ces spécialistes ignorent Hamer et sa "loi"? Pourquoi les idées de Hamer n’ont-elles aucun impact sur la médecine ou la biologie?
On ne peut que proposer à laflamme de se renseigner, en cherchant autre chose que des textes favorables à Hamer qui évitent de se pencher sur les bases biologiques de leurs modèles ou qui prétendent, sans dire comment, que ces modèles ont été validés. On ne peut que l’engager à se renseigner sur ce qui est connu de la biologie des germes, des cancers, du cerveau, du développement embryonnaire (parce que les feuillets embryonnaires de Hamer ne correspondent pas à ceux visibles dans les embryons). Parce que le véritable questionnement de base, il se trouve là: est-ce que Hamer apporte vraiment un modèle thérapeutique qui corresponde à la réalité biologique? Et ce questionnement, on ne le retrouve pas chez laflamme ou sur les sites que sur lesquels il s’appuie.
Laflamme ne questionne pas honnêtement le modèle de Hamer car les faits biologiques l’intéressent moins que ce qu’il pense gagner en faisant la promotion de Hamer. C'est pourquoi il ne voit pas que la réponse à cette dernière question est négative.
Jean-François