uno a écrit : Non elles le sont, surtout celle avec Hitler qui, et tu le sais très bien, est une stratégie de diabolisation tellement usée jusqu'à la corde qu'elle en devient ridicule.
Que la comparaison Donald Trump/Hitler soit pour certain une stratégie de diabolisation, ça ne fait aucun doute, mais ça n'est pas sur les personnes que Lefauve et moi faisions une comparaison, mais plutôt sur le climat politique et certains éléments de rhétorique. Si Hitler est une comparaison qui vous parait à ce point outrancière, alors prenons l'autre les exemples plus récent d'Orban ou d'Erdogan, qui sont peut-être plus approprié ou celle de Napoléon III, qui permet quelque parallèle interessant.
J'attends qu'on m'explique l'équivalence avec l'idéologie nazie
Il n'y a pas d'équivalence. Si comparaison il y doit y avoir, c'est sur le fond commun entre les extrême-droites à savoir:
-un discours décliniste et messianiste (le pays va mal, X, s'il devient votre chef, peut le sauver de la ruine)
-la dénonciation d'une élite mondialisée opposée à un peuple dont la volonté serait incarné dans le chef
-une certaine culture du chef autoritaire qui devrait être en lien direct, sans corps intermédiaire, avec le peuple
-la tendance à cataloguer explicitement ou implicitement l'opposition comme un ennemi intérieur en lui déniant une légitimité à représenter le peuple (voir les discours de Trump, qui explique qu'il est là pour rendre le pouvoir confisqué au peuple par ses prédécesseurs)
-une mystique de la frontière et le rabaissement, voir la déshumanisation des étrangers, qu'il soit à l'intérieur ou à l'extérieur du territoire
-une représentation du monde simpliste et un opportunisme diplomatique au service d'un nationalisme agressif
-une tendance aux théories du complot
-une obsession de l'ennemi intérieur et du bouc-émissaire
-une mise en avant d'une légitimité populaire qui donnerait le droit de s'affranchir ou de pervertir l'Etat de droit, au nom d'une tyrannie de la majorité
-une mise en scène d'un pouvoir fort et la présentation des compromis comme une forme de faiblesse
-une mise en avant d'une presse complice et une volonté de délégitimation, voir une attaque frontale contre la presse d'opposition
Je pourrais en ajouter d'autre et Trump ne coche certainement pas encore (et j'espère jamais) toutes les cases, d'où le fait que je suis sur le mode "inquiétude" plutôt que sur celui de la dénonciation pure et simple.
A tout ça, on peut ajouter des éléments propres aux fascismes que sont:
-une utilisation de l'appareil d'Etat contre des opposants politiques
-la rencontre entre une idéologie violente et des milices constitués
que Trump ne satisfait pas non plus, mais qui m'inquiète beaucoup, vu la tendance de Trump à museler les organes gouvernementaux susceptible de diffuser des informations lui déplaisant et vu qu'il a déjà annoncé des choses qui apparemment sont à la limite de l'inconstitutionnel. Et aussi parce qu'on est dans un pays où énormément de monde est armé, où il existe déjà, même si elles sont marginales par rapport aux milices qui soutenaient les fascismes du début du XXème siècle, des formes de milices aux USA.
La question est qu'on me dise comment Donald Trump, pourrait, par exemple, demeurer au pouvoir au delà de ces deux mandats, mettre fin à la démocratie, et aller soyons fous, balancer la constitution aux chiottes, pour y établir une véritable dictature.
Une véritable dictature telle qu'elles ont existé aux début du XXème siècle, je ne pense pas, d'ailleurs, je ne suis pas sûr que ça soit réellement possible de nos jours pour un tas de raison sociologique que je ne développe pas. Non, le risque c'est un pervertissement du fonctionnement de la démocratie et de l'Etat de droit comme ça se passe en Hongrie et plus fortement en Turquie et en Russie.
La démocratie représentative est une forme de démocratie excessivement fragile parce que son existence ne repose pas que sur des règles institutionnelles, mais aussi sur l'existence d'une société civile active, indépendante de l'Etat et assurant la survie du pluralisme politique. Sans cette société civile active et libre, c'est très facile de crée une oligarchie qui aurait les formes institutionnelles de la démocratie représentative. On l'observe en Russie et de plus en plus en Turquie et dans divers pays à travers le monde.
Tout l'enjeu de la présidence Trump, ça va justement être d'être, pour les habitants des USA, d'être particulièrement attentif à toute atteinte de l'alt right, qui est derrière Trump, à cette société civile et à toute perversion de l'appareil d'Etat afin d'ancrer l'idéologie d'un seul parti durablement dans celui-ci, au détriment du pluralisme.
Evidement, être attentif ne veut pas dire faire un procès à charge, Trump est inquiétant, pas encore coupable, il est possible qu'il n'en fasse rien et que son langage d'extrême-droite ne soit qu'un opportunisme politique sans substance derrière.
Cela dit, ça risque de laisser des traces dans la société, qui est désormais très divisée et risque de voir les camps se radicaliser, voir entrer sporadiquement en conflit (espérons sans trop de violence).