Salut Greem
Greem a écrit :Je résume :
- Soit notre force décisionnelle est le fruit du hasard physique : pas de libre arbitre.
- Soit notre force décisionnelle est le fruit du déterminisme physique : pas de libre arbitre.
- Soit notre force décisionnelle est le fruit d'un peu des deux : pas de libre arbitre.
- Soit notre force décisionnelle provient d'autre chose : Libre arbitre, mais hypothèse métaphysique.
- Soit notre force décisionnelle provient de nulle part : Euh...
Cette force décisionnelle, c’est le chois de la conscience subjective. Le libre arbitre, c’est la force déterminante de la subjectivité pensante.
Mais comme vous, je vois cette histoire de MQ qui vient sauver le libre arbitre comme totalement impertinente.
L’indéterminisme est synonyme d’obscurantisme pour la conscience alors que la liberté repose sur le fait qu’un chois peut être fait en connaissance de cause. Anssi, plus l’humanité aura de connaissance de la causalité et de la raison suffisante des choses, plus grande sera sa liberté. Or, plus elle dressera le hasard irrationnel comme force causale définitive, plus elle stagnera. Le déterminisme et la liberté humaine son comme frère et soeur.
Évidemment, les arguments contre l’idée de libre arbitre ont un certain poids.
Cependant, malgré tout mon respect pour Spinoza, je trouve l'idée même de non- libre arbitre absolument stérile voir contre-productive pour la philosophie. Toute activité de pensée suppose la libre volonté.
La liberté est la base même de la pensée, c’est l’apétie de la conscience. (depuis Socrate on sait que liberté et recherche du bonheur son intimement lié)
Cette idée de non libre arbitre fait de la liberté et de la volonté de simple épiphénomène, comme si notre conscience n’était qu’une spectatrice impuissante dans le concert de l’univers. Nos vies seraient comme des films non interactifs ? De mon point de vue, c’est inintéressant.
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La conscience, c’est la subjectivité pensante. La science n’a pas à la définir comme un objet; c’est le terrain privilégié de la philosophie ; et même de la métaphysique. Pas du physicien. C’est le monde abstrait.
Parler de subjectivité n’est pas vraiment scientifique. Et parler de liberté, c’est comme parlé du beau et de l’amour. La science a pour objectif de faire des déclarations qui sont épistémologiquement objectives. Des déclarations sur des vérités de fait qui peut être partagé objectivement à des pairs sous un protocole défini par des axiomes logiques.
Or la liberté est plus un jugement de valeur subjectif qu’une notion définissable par la science. La liberté est toujours liée à une question morale. (L’idée de libre arbitre est à la base de la société de droit moderne et ce n’est pas pour rien)
Alors, utiliser la causalité aperçue pour en faire une métaphysique de la non-liberté est une faute grave. La causalité aperçue est le socle même de la liberté. La liberté humaine nécessite la connaissance distincte des raisons suffisantes des choses.
Mais je ne dis pas que notre conscience est magique. Notre conscience est bien réelle, elle est naturelle. Et comme tout phénomène de l’univers, elle agit sur les autres phénomènes ; elle a énormément d’impact sur la réalité. Le monde des idées de notre espèce est de toute évidence devenu une véritable force géologique. Par l’unique pouvoir conceptuel, la noosphère de l’humanité a permis l’émergence de la technosphère ; la matière maitrisée par la raison et la volonté de l'humanité.
L’étude de la conscience est à, mon sens, le domaine privilégié de la philosophie, mais la conscience est une propriété physique, comme la photosynthèse ou la flame d’une bougie. Mais c'est l'observateur qui parle de lui même... voila pourquoi c'est plus problématique.
Personnellement, j’adhère assez, à l'émergentisme moderne et à l'idée qu'il y a continuité et non-dualité entre le corps et la conscience. La conscience émerge d'une complexification croissante du corps et plus particulièrement du système neuronal. Mais la subjectivité de la conscience doit être comprise comme un fait biologique d'ordre supérieur. C’est ce qu’est d'ailleurs le cerveau humain ; un des systèmes biologiques les plus complexes de la biosphère. Mais à mon sens on doit garder en tête l’idée qu’il y a bien une sorte de dualité entre ce qui est concret et ce qui est abstrait.
Dans notre monde conceptuel, la liberté est là. Et ce monde des idées est bien réel, et c’est même le plus fiable pour n’importe quel humain, car un des plus déterministes.
La connaissance de la valeur morale d’un autre aura toujours plus de poids que les connaissances physiques, psychologiques, biologiques et même neuropsychologiques pour prévoir son comportement. Les événements que provoque l’humain sont inexplicables si on n’inclut pas d’intentions libres du sujet. L’homme est un animal déterminé principalement par des échelles morale, conceptuelle et abstraite.
Par exemple si je donne rendez-vous à quelqu’un dans un café et que ce dernier tente d’utiliser toute une panoplie de science et de machines pour savoir si je vais venir, il sera déçu. Statistiquement, il est absolument improbable que je sois à telle heure et à tel endroit. Tout ce qui explique le fait que j’y sois tient de mon intention libre à suivre court à ce que j’ai dit. Donc le seul engrenage que possède mon interlocuteur pour prévoir mon action est sa confiance envers mes valeurs éthiques, et du respect qu’il pense que j’ai envers lui-même. Voilà pourquoi l’humain est continuellement intéressé par l’élégance et la stabilité morale de ses congénères. C’est sa seule façon de prévoir l’avenir de façon efficace. Quand les gens entendent influencer le futur, ils parlent des prédictions des mouvements volontaires des sujets moraux libres accordés à un projet, à une idée, à une vision. À ce titre, la confiance morale est une sorte de déterminisme hyper stable qui nous protège du probabilisme de la liberté égoïste des autres. C’est en quelques sortes, le ciment de la société, l’essence de la stabilité de nos civilisations.
Comment ce petit cerveau-là a t’il pu modifié la surface de la Terre, dresser des réseaux virtuels et coloniser l’espace ?
Comment expliquer cette migration cognitive de la matière, qu’on nomme l’économie humaine, si ce n’est qu’à la lumière des progrès conceptuelle ? Toute technologie n’est elle pas avant tout un progrès abstrait conceptuel ? La pensée n'est pas une forme d'énergie. Comment alors peut-elle changer les processus matériels ?
Comment des contenus de sens, qui sont des réalités abstraites comme le contenu d’une promesse, d’une décision, d’une théorie, d'une valeur morale, ou d’un projet, sont-ils en mesure de provoquer des changements physiques dans le monde réel concret ?
Je trouve ces questions de noosphère (ou mémétique) agissante extrêmement pertinente.
Elle représente sur terre une force géologique incontournable ; nous sommes à l’ère anthropogénique. L’essence de la puissance de l’humanité ce trouve dans son monde symbolique d’axiome logique en dialogue avec les forces de l’univers. Notre liberté repose, à ce titre, sur notre capacité à créer librement toujours plus de possibilités grâce à la logique, à la raison, à l’imagination et à notre soif de recherche du bonheur ; notre volonté agissante en communication persistante avec l’univers objectif.