carlito a écrit :Jean-Francois a écrit :un grand brûlé qui est diverti de sa douleur n'a pas moins mal (i.e., ses nocicepteurs et certaines régions centrales responsables de l'analyse de la douleur ne sont pas moins actifs), il a moins conscience de sa douleur. L'activité d'autres réseaux neuronaux atténuent la conscientisation de la douleur parce qu'elle devient prédominante vis-à-vis des réseaux qui "produisent" la conscience. Cette activité "masque" celle des réseaux de la douleur.
Et bien c'est faux...l'imagerie médicale a confirmé que les zones du cerveau impliquées dans la douleur sont
moins actives lorsque les patients sont immergés dans la réalité virtuelle
Référence vérifiable? De plus, je ne disais pas que toutes les régions seront aussi actives (je parlais bien de "certaines régions centrales"): je pensais surtout aux régions sous-corticales (pour rester au même niveau d'activité) et ce ne sont probablement pas celles qui ont été étudiées dans votre étude. Il est évident que l'activité d'autres régions impliquées dans le traitement du signal douloureux sera atténuée, particulièrement au niveau cortical (lieu probable de la genèse de l'impression de conscience). C'est même un fort argument en faveur de l'idée que c'est le cerveau qui génère la conscience. En effet, pourquoi y aurait-il une telle diminution si un "esprit immatériel" était impliqué? Et d'ailleurs, pourquoi un "esprit immatériel" aurait-il mal?
Car, je vais souligner une autre évidence: ce que vous dites ne prouve toujours rien quant à l'intervention d'un esprit. Ça non plus:
De plus, une étude a montré que la réalité virtuelle sans analgésique réduit la douleur avec la même efficacité qu'une dose modérée de narcotiques
Et puis? Donc dieu existe
Alors en réfléchissant rigoureusement, comment tenter d'expliquer en faisant intervenir la matière, qu'un ensemble de milliards de milliards de cellules ( l'humain) sans aucune conscience arrive à créer cette vie intérieur, cette subjectivité?
De la même manière que l'on peut étudier comment des réseaux neuronaux arrivent à synchroniser l'activité musculaire des 4 pattes pour permettre la marche*: en se penchant sur le fonctionnement du système nerveux. Le problème qui limite le plus les études n'est probablement pas vraiment le nombre de neurones, ni la complexité des réseaux, mais c'est très certainement l'absence d'une mesure objective de ce qu'est la conscience. On peut très bien faire des enregistrements d'IRMf, d'EEG ou même extracellulaires (de champs) de l'activité cérébrale, le plus difficile à trouver est la tache cognitive qui permette un corrélat valable.
Mais, au moins on peut tenter des expériences. Alors que dans le cas de votre "esprit", on ne peut pas tenter grand-chose
* Je vais vous expliquer le parallèle: la marche n'est pas une chose, c'est un comportement résultant de l'activité des membres. Cette activité résulte elle-même de l'activation coordonnée des motoneurones des différents muscles impliqués. Cette coordination s'effectue grâce à des réseaux neuronaux localisés dans la moelle épinière. La conscience peut très bien être vue comme une sorte de comportement - en plus complexe mais, surtout, comme je le disais, en moins mesurable - des réseaux neuronaux corticaux. C'est une hypothèse qui n'est que partiellement vérifiée, mais elle est supportée par ce qu'on sait sur la "matérialité" de la genèse de la marche (ou d'autre phénomène neuronal complexe). De plus, elle a l'avantage d'être vérifiable, , contrairement à votre histoire d'esprit immatériel.
Maintenant, je ne prétend pas avoir raison, mais l'esprit immatériel est plus apte ( pour moi) à expliquer celà
Vous êtes tellement biaisés par vos préjugés que ne vous apercevez même pas que vous n'offrez aucune explication. Vous ne faite que dire "l'esprit est plus apte" comme si cela devait être considéré comme une explication. Sauf que:
- vous ne dites pas ce qu'est l'esprit;
- vous ne dites pas comment l'esprit crée cette subjectivité;
- vous ne dites pas comment l'esprit fait pour se manifester au travers de l'individu;
- etc.
Et, le pire, c'est que vous n'avancez aucun moyen de résoudre le moindrement les questions que votre histoire d'esprit immatériel soulève.
Ce que vous faites est très lâche dans le fond: vous vous bornez à critiquer ce que vous comprenez mal mais vous n'apportez aucun aucun argument structuré en faveur de votre hypothèse. Pour le reste, vous faites exactement comme je le disais:
"[...] vous faites un argument par l'ignorance en considérant que l'"esprit" est l'explication par défaut... Tout en niant que vous ayez à en faire la démonstration qu'il soit une explication recevable."
C'est vrai que ce n'est pas vérifiable, mais pas plus que l'intervention de la matière
Bien sûr que l'intervention de la matière est vérifiable: pas de cerveau, pas de (manifestation de) conscience! Le cerveau, la matière, est forcément impliquée.
Sinon, j'ai une colle pour les défenseurs de l'"esprit-qui-anime(rait)-le-cerveau". C'est le problème des patients callosotomisés dont je parle
dans ce message. Mais comme vous n'êtes même pas capable de dire ce qui supporte l'esprit dans votre histoire de jeux vidéos qui réduisent la douleur, il est fort douteux que vous arriviez à proposer une explication pour ce problème.
Jean-Francois a écrit :Si vous n'avez rien à proposer, on peut très bien balayer vos affirmations d'un "non" catégorique
C'est vrai, mais à ce moment là il faut me donner d'autres explications que " tout le reste du corps fonctionne comme ça donc ça doit être pareil pour le cerveau..."
Dans le cas du réflexe rotulien, je vous parlais de neurones... donc du cerveau. Le cerveau est composé de neurones (et de glies) et ce sont les neurones qui sont la base de l'activité cérébrale. Si je prenais cet exemple, c'est parce qu'il est futile de commencer par essayer de comprendre quelque chose de super complexe si on ne maitrise même pas ce qui est (relativement) simple. (Notez que même si cela vous parait sans doute quelque chose d'évident, la démonstration du réflexe rotulien n'avais rien de simple quand elle a été faite.)
Quelqu'un qui défend comme vous une action "immatérielle" pourrait très bien dire que ce ne sont pas vraiment les neurones mais un machin comme l'"esprit" qui fait bouger les muscles en réponse au faible coup. Une telle idée vous paraitrait peut-être bête dans le cas du réflexe rotulien... mais pourquoi cela ne le serait pas dans le cas de la conscience?
De croire...mais ce "pouvoir" de "certaines régions du cerveau sur d'autre régions du cerveau" d'où vient-il?
C'est là où je veux en venir, de quel façon ce pouvoir est-il crée?
Par les interactions entre neurones: les neurones ont la propriété d'en exciter et d'en inhiber d'autres grâce aux contacts synaptiques qu'ils établissent entre eux. Si vous êtes capable de bouger le doigt, c'est parce qu'il existe des neurones dans votre cerveau qui font contact avec vos neurones dans la moelle. Maintenant, comment ce mouvement volontaire est engendré: on ne sait pas encore exactement (mais on a de bonnes pistes de recherche). De la même manière qu'on ne sait pas encore exactement comment la conscience, cette impression de soi, est générée (mais on a de bonnes pistes de recherche). Mais, en se penchant sur la matière on peut (et on va très certainement) découvrir un jour comment le cerveau génère la conscience.
En posant l'hypothèse qu'il existe un "esprit immatériel", on ne découvrira jamais rien. Parce que c'est une hypothèse invérifiable, donc stérile... du point de vue de celui qui s'intéresse à ce que les choses sont vraiment (i.e., comme les scientifiques), pas du point de vue de celui qui ne porte aucun intérêt à la réalité des choses. Mais vous semblez être du premier type, sinon vous ne feriez pas référence à des études scientifiques.
Jean-François
"La religion est un poisson carnivore des abysses. Elle émet une infime lumière, et pour attirer sa proie, il lui faut beaucoup de nuit." (Hervé Le Tellier, L’anomalie)