Le "wokisme", à "l'américaine ", est une indignation émotionnelle sélective * sans grandes nuances, qui s'oppose dans la version moderne, fortement médiatisée via les réseaux sociaux qui dégoulinent d'agitation, aux messages universalistes de lutte contre les discriminations.
La recherche, parce qu'on est noir, petit, gris, unijambiste, handicapé,...d'une obligatoire victimisation nuit aux processus de cette lutte. Le "wokisme " moderne cultive et entretient le communautarisme, le repli sur soi identitaire (dont des leitmotivs tels "je suis noir, je suis obligatoirement racisé et dominé" versus "le privilège blanc, être blanc c'est être obligatoirement l'oppresseur, le dominant").
Lutter contre les discriminations, oui, assurément, plus que jamais. Rechercher des coupables, des victimes, des nécessaires manipulations dans le moindre fait social, non.
Critiquer en mobilisant son intelligence des opérations mal montées, dont la mise en place comporte une somme de contradictions supérieure à l'effet initial escompté, oui.
Dénoncer et stigmatiser, s'indigner émotionnellement, c'est le plus sûr moyen de laisser se déverser les biais cognitifs dont on souhaite se préserver.
Cette vidéo a provoqué un tollé.
Pourquoi ?
Y a-t-il des victimes avérées ?
Y a-t-il des coupables certains ?
Il faut se méfier et se tenir autant que possible, à l'écart des raisonnements binaires.
Cette vidéo est contreproductive, puisque sa réalisation, sa mise en place, vont à l'encontre du contenu et du sens du média initial, le discours de Martin-Luther King (cf. son analyse et sa contextualisation proposées par Jean-François). Elle apparaît comme un objet mal conçu, mal construit, et... inutile quant à sa forme en porte-à-faux par rapport au contenu (les champs disciplinaires de l'exercice prêtaient trop à confusion, ils n'ont pas été suffisamment identifiés et positionnés, d'où l'apparition du bâton tendu, qu'un minimum de professionnalisme aurait peut-être pu éviter, en considérant l'éthique sous-jacente).
Il faut se remettre en mémoire les déboires de Nicolas Sarkozy lorsqu'il s'était emparé de la lettre de Guy Moquet **:
https://www.lemonde.fr/societe/article/ ... _3224.html
Il vaut mieux avoir une bonne maîtrise de la valeur symbolique d'actions passées, inscrites dans l'Histoire et faisant partie intégrante de la mémoire collective.
* certains "combats" semblent étrangement absents, tels la dénonciation de tenues vestimentaires renvoyant directement, pourtant, à des formes d'oppression caractérisées (avec des rapports nets de dominants et de dominés)
** On peut toujours accuser N. Sarkozy d'avoir voulu instrumentaliser cette lettre. La réalité historique est un peu plus complexe, le manipulateur que l'on dénonce pas toujours là où on l'attend:
https://popups.uliege.be/2295-0311/index.php?id=74