Cartaphilus a écrit :À propos des évangiles, vous me reprochez, Babel :
Babel a écrit :Alors pourquoi citer dès vos premiers messages des passages ambigus ?
C'était un contre-exemple réfutant votre message affirmant « Il
[le dieu-homme] enseigne l'amour universel et la non-violence » ; je constate que vous m'avez repris pour « je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée (Matthieu, 10 : 34-36), mais pas pour le châtiment promis à la ville qui ne recevrait pas et n'écouterait pas les disciples du « dieu-homme » (Matthieu, 10 : 14-15), cité qui sera traitée plus durement que Sodome et Gomorrhe au jour du jugement... ce que je ne considère pas comme une parole de paix et d'amour.
Pour la cité qui sera traitée plus durement que Sodome et Gomorrhe, on est toujours dans le même passage d'interpolation. Cette cité n'est autre que Jérusalem que Titus détruit presque totalement en 70. C'est une sorte de prophétie de Jésus si vous voulez : donc, à moins de penser qu'il avait ce don de prophétie, c'est que ce n'est pas lui-même qui l'a dit mais un scribe chrétien qui l'a ajouté. Titus détruisit le temple tenu par le sanhédrin, donc par les prêtres qui ont condamné Jésus à la crucifixion. On reconnaît d'ailleurs là pour certains, une des origines d'un certain antisémitisme chrétien.
Si je vous disais en me moquant pas très gentiment que vous ne deviez
connaître des Evangiles que ce qu' "enseigne" le petit manuel du parfait athée c'est parce que ce sont toujours les mêmes extraits qui sont pointés du doigt parmi les personnes qui veulent discréditer les Evangiles. Toujours ce même passage de l'épée en particulier censé prouver une ambiguïté qui n'y est pas quand on comprend que ce ne peut être qu'une interpolation.
Cartaphilus a écrit :Babel a écrit :Si ce texte n'avait pas une haute portée humaniste, il n'aurait pas inspiré autant d'oeuvres sublimes.
Si ce texte avait autant de portée humaniste que vous l'imaginez, il n'aurait pas inspiré, au nom de celui que vous appelez le dieu-homme, autant d'actions contre le genre humain.
Cartaphilus a écrit :Babel a écrit :De même, s'il n'avait pas une portée philosophique aussi haute, il ne serait plus débattu depuis des siècles.
Le fait de débattre
ad vitam æternam n'est pas la preuve de la profondeur du sujet ; l'on peut toujours multiplier les propos oiseux, surtout sans avoir définit clairement les concepts clés de la religion ; vous me pardonnerez s'il me vient à l'esprit l'expression
discuter du sexe des anges.
Ici c'est vous qui avez raison. Mes deux arguments sont faibles présentés grossièrement comme je l'ai fait. Néanmoins, il est difficilement contestable que l'influence du christianisme sur la philosophie est immense, c'est un point d'ancrage, un point de référence, que les philosophes se prononcent avec ou contre, il est la pierre angulaire de la philosophie occidentale.
Vous trouverez difficilement un seul philosophe occidental de ces vingt derniers siècles qui ne se positionne pas d'une manière ou d'une autre vis à vis du christianisme et des idées qu'il véhicule.
Parce que le christianisme, ce n'est pas seulement la Bible, c'est aussi saint Augustin, saint Thomas d'Aquin, maître Eckhart, Denis l'Aéropagite, Tertullien, Teilhard de Chardin (et des centaines d'autre) quant aux théologiens. En littérature, ce sont Bernanos, Léon Bloy, Dostoïevski, Péguy, Racine, Dante, Goëthe, Blake, Greene etc, etc, etc. En cinéma, ce sont Tarkovski, Bresson, Dreyer, Bergman, Béla Tarr, Terrence Malick etc etc etc. Je ne vais pas en plus lister des peintres....
C'est pour cela que je voulais ouvrir la conversation sur le Nouveau Testament. C'était pour proposer mon point de vue selon lequel la pensée chrétienne qui naît textuellement avec le NT est la pierre angulaire, avec la pensée juive, grecque et romaine qu'elle prolonge, de tous les arts occidentaux depuis vingt siècles.
D'où l'importance de bien le connaître. C'est un peu comme faire des fouilles, de l'archéologie. Plus on creuse profond, plus on en apprend sur nos origines.
De ce point de vue, qu'on accorde personnellement crédibilité historique ou non aux textes n'a aucune importance. Croyant ou athée, ça fait partie de notre culture. Que Jésus ait existé ou non n'a aucune importance : l'important n'est pas l'artiste mais l'oeuvre.
J'ai le sentiment que certaines personnes, dont vous peut-être Cartaphilus et aussi peut-être Jean-François, êtes tellement allergique aux créationnistes, aux intégristes, aux zozos de tout poil, que cela vous rend injuste envers des textes que vous avez tendance à caricaturer, n'en retenant volontairement que les aspects négatifs.
Comme si vous battre contre les créationnistes ou les intégristes vous avait rendu allergique aux textes que vous ne voyez plus que par ce prisme.
Il y a deux attitudes possibles face aux intégristes des textes :
- on prouve qu'ils ont tort en voulant montrer que le Livre qu'ils adorent est d'une idiotie parfaite peu digne d'intérêt et de crédibilité;
- soit on leur prouve qu'ils ont tort en leur montrant qu'ils n'ont pas compris leur propre Livre, du moins que leur Livre est sujet à interprétations et qu'Il peut s'adapter au monde moderne.
Vous avez choisi la première attitude et je pense que c'est une erreur. Une erreur à la fois stratégique et une méprise par rapport au sens profond des textes. Quoi que vous en pensiez, les textes sont bien moins ambigus que les individus censés les appliquer.