richard a écrit :Salut ABC! Je faisais allusion à la synchronisation einsteinienne des horloges: ces horloges qui marchent "au même rythme". En effet l'écoulement du temps (propre) est le même en tout point (A ou B) d'un référentiel (dans les mêmes conditions physiques): dτB = dτA. Aussi le temps (propre) est-il le même dans un référentiel, c'est le temps de ce référentiel.
Disons plus précisément que, dans l'espace-temps de Minkowski, le temps propre s'écoulant entre deux feuillets 3D de simultanéité de ce référentiel est le même pour tous les observateurs au repos dans ce référentiel.
Quand on considère au contraire, l'espace-temps de Schwarzschild par exemple :
- le temps propre s'écoulant entre deux feuillets 3D de simultanéité, est bien le même s'il s'agit des feuillets de simultanéité du référentiel de Lemaître (les observateurs tombant en chute libre radiale partis à vitesse nulle "de très haut".)
- Le temps propre s'écoulant entre deux feuillets 3D de simultanéité du référentiel de Schwarzschild est au contraire plus court pour les observateurs situés près de l'horizon de Schwarzschild que pour les observateur situés loin de cet horizon.
richard a écrit :De même l'écoulement du temps (propre) est le même dans un changement de référentiel E1, E2 (dans les mêmes conditions physiques): dτ2 = dτ1.
Je vais être plus précis : les lois de la physique sont invariantes par changement de référentiel inertiel. Si on réalise un expérience de physique donnée, dans des conditions données, les résultats que l'on obtient (que ce soient des durées, des longueurs, des couleurs, une composition chimique... peu importe) ne dépendent :
- ni de l'endroit où on la réalise (invariance par translation spatiale, symétrie à laquelle est associée à la conservation de l'impulsion)
- ni de l'instant où on la réalise (invariance par translation temporelle, symétrie à laquelle est associée à la conservation de l'impulsion)
- ni de l'orientation spatiale de l'appareillage (invariance par rotation, symétrie à laquelle est associée à la conservation du moment cinétique)
- ni de la vitesse du référentiel (invariance de Lorentz, symétrie à laquelle est associée la conservation de la métrique de Minkowski, c'est à dire la conservation du temps propre entre évènements séparés par des intervalles de type temps et de la longueur propre entre évènements séparés par des intervalles de type espace)
On pourra noter que :
- Les 3 premières symétries définissent la géométrie de l'espace-temps d'Aristote (dont le groupe de symétrie est le groupe d'Aristote) plus connu sous le nom d'espace-temps de Newton.
- La symétrie supplémentaire (invariance de Lorentz) interdit aux phénomènes de violer le principe de relativité du mouvement et "construit" sur le "terrain d'Aristote" la "villa de Minkowski". Les phénomènes disciplinés (tous ceux qu'on sache observer à ce jour) restent enfermés dans la villa de Minkowski.
S'il existe des phénomènes violant l'invariance de Lorentz (je l'ai cru pendant longtemps parce que j'étais terriblement attaché à la fois à l'interprétation réaliste de la fonction d'onde, de sa réduction ET au principe de causalité) alors ils doivent s'ébattre sur le terrain d'Aristote, en dehors donc, de la villa de Minkowski (les vilains).
C'est ce que j'ai voulu exprimer en : Special Relativity and possible Lorentz violations consistently coexist in Aristotle space-time
http://arxiv.org/abs/0805.2417
richard a écrit :Aussi
Non, pas aussi.
richard a écrit :Le temps (propre) est le même partout dans l'Univers, c'est
le temps cosmique:
selon le principe cosmologique, tous les observateurs comobiles sont équivalents : leurs horloges défilent au même rythme, et à un même temps cosmique τ.
Oui.
Ce que tu évoques là, c'est le cas de l'espace-temps de Friedmann-Lemaître avec sa métrique de Robertson Walker. Il s'agit d'une variété riemannienne possédant, contrairement à l'espace-temps de Minkowski,
un référentiel privilégié : le référentiel dit comobile.
Il s'avère que :
- ce référentiel est un référentiel chute libre,
- le feuilletage 3D de simultanéité associé à ce référentiel est intégrable en feuillets 3D de simultanéité,
- le temps propre qui s'écoule entre feuillets 3D de simultanéité est le même pour tous les observateurs dits comobiles, c'est à dire au repos dans le référentiel comobile.
Ce référentiel a donc des propriétés qui, dans les espace-temps de Friedmann-Lemaître, l'apparentent aux référentiels inertiels de l'espace-temps de Minkowski. Par contre,
le référentiel comobile a la propriété d'être
le seul référentiel de l'espace-temps de Friedmann-Lemaître à posséder ces 3 propriétés.
En quelque sorte, il donne lieu à une interprétation qui, dans l'esprit, correspond à l'interprétation Lorentzienne de la Relativité Restreinte. Par contre, on ne peut pas reprocher au référentiel comobile des espace-temps de Freidmann-Lemaître d'avoir un caractère métaphysique (comme cela est reproché au référentiel inertiel privilégié hypothétique de l'interprétation Lorentzienne de la Relativité Restreinte).
Dans l'espace-temps de Friedmann-Lemaître, on a une simultanéité privilégiée qui permet de parler de l'âge de l'univers. On a aussi :
- une contraction de Lorentz non réciproque des objets en mouvement (celle des objets en mouvement vis à vis du référentiel comobile)
- une dilatation temporelle de Lorentz non réciproque (celle des horloges en mouvement vis à vis du référentiel comobile)
- une simultanéité privilégiée, celle définie par les feuillets 3D de simultanéité du référentiel dit comobile. A chaque instant il y a, dans un espace-temps de Friedmann-Lemaître, un feuillet 3D de simultanéité définissant l'age de l'univers et un espace 3D occupé par l'univers à cet instant.
Ce qui fait toute la différence entre l'espace-temps de Freidmann-Lemaître et l'espace-temps de Minkowski du point de vue des effets relativistes, c'est le fait que
l'espace-temps de Friedmann-Lemaître possède un feuilletage en feuillets 3D de simultanéité privilégié (avec un temps propre s'écoulant entre feuillets 3D de simultanéité identique pour tous les observateurs comobiles).
C'est aussi ce que l'on a dans l'espace-temps de Schwarzschild où ce rôle de référentiel privilégié est joué par le référentiel chute libre de Lemaître. Dans cet espace-temps :
- le mètre des observateurs de Schwarzschild est contracté en direction radiale (par le facteur (1-v²/c²)^(1/2) où v²/2 = GM/r avec les notations usuelles)
- les horloges des observateurs de Schwarzschild tournent d'autant plus lentement qu'elles sont proches de la sphère de Schwarzschild (même facteur)
- quand on utilise les mesures de durée, de longueur et de simultanéité du référentiel de Lemaître, les photons tombent à vitesse c+v et remontent à vitesse c-v par rapport au référentiel de Schwarzschild (où v désigne toujours (2GM/r)^(1/2) (1). Cela explique pourquoi ils ne peuvent plus sortir quand il sont sous la sphère de Schwarzschild, donc à une position radiale r < rs= 2GM/c² pour laquelle leur vitesse de remontée c-v où v = (2GM/r)^(1/2) par rapport au référentiel de Schwarzschild devient négative (la vitesse v = (2GM/r)^(1/2) s'apparente, en quelque sorte, à celle d'un "courant d'éther" que le photon ne parvient pas à remonter parce qu'il ne nage pas assez vite).
(1) La composition des vitesses est additive aussi en Relativité Restreinte, mais à condition que ces vitesses soient toutes mesurées avec les mètres, les horloges et la simultanéité
d'un même et unique référentiel. J'ai remarqué que ce point n'était pas si bien connu que ça, donc je le rappelle.
PS : je profite de ce post pour faire une petite pub pour la conférence de Physique quantique tout public, reposant fortement sur l'image et sur de petites video explicatives du CNRS, que je réalise à St Mandrier, au square Marc Baron, le dimanche 12 avril, de 10h00 à 12h00 (cf
http://forums.futura-sciences.com/actua ... avril.html)