DictionnairErroné a écrit : 11 avr. 2020, 00:10Je dirais que le pouvoir d'achat est basé sur l'endettement ce qui produit une surconsommation, c'est ainsi que la richesse se crée.
Le pouvoir d'achat (global et durable) n'est pas basé sur un endettement non remboursable (par exemple par excès d'optimisme sur de supposées rentrées futures), mais sur notre valeur ajoutée (globale).
Il a beaucoup été question (et ça l'est toujours beaucoup trop à mon avis) de la relance de l'activité économique par la consommation.
- D'une part cela relève de l'hypothèse selon laquelle la solution à tous nos problèmes de société passerait par la croissance économique. Nous sommes addict à la croissance. Toutefois, ce n'est pas parce que l'on ne parvient pas à se défaire d'une addiction que cette addiction répond à un besoin incontournable.
.
- D'autre part, la relance par la consommation, par exemple au sortir de la crise de économique de 1929 (1), par une politique de grands travaux lancés à l'initiative de l'état (encore qu'il y ait débat à ce sujet), l'approche keynésienne pour susciter de la croissance en relançant la consommation, a (aurait ?) fonctionné pour nous aider à sortir plus vite de cette crise.
Pourquoi ? Probablement parce que les investisseurs, toujours méfiants eu égard à la crise violente qui avait eu lieu, étaient trop frileux pour risquer à nouveau leurs finances dans de nouveaux investissements. La relance par la consommation a (aurait) relancé une confiance des investisseurs qui manquait alors qu'il était légitime de la retrouver.
La relance de la consommation dans un pays donné tire l'offre de ce pays vers la satisfaction de la demande ainsi provoquée...
...à condition que l'offre en question soit en mesure de répondre à la demande au prix qu'elle est prête à payer. Si ce n'est pas le cas, la relance de la consommation, c'est de l'argent en moins tourné vers l'investissement (grévant ainsi l'avenir) et, en plus, surtout, un appel d'air favorable à des produits provenant d'autres pays en mesure d'y répondre à des prix compétitifs.
On provoque alors un déséquilibre de la balance du commerce extérieur et on favorise surtout l'emploi dans les pays étrangers répondant à cette demande artificiellement provoquée. Fermer les frontières pour éviter cet écueil ne sert à rien car alors, d'une part cela augmente le prix des produits, d'autre part, on a distribué un pouvoir d'achat qui n'existait pas. On augmente donc la dette d'une façon dangereuse. Devenant difficile à rembourser, les dettes, notamment celle de l'état, mettent alors notre avenir entre les mains de fonds de pension, de financiers divers ou de pays étrangers pas toujours philanthropes, nous prêtant cet argent.
La relance par la consommation peut marcher quand les entreprises sont en bonne santé, parfaitement en mesure de développer de nouvelles activités, mais que les investisseurs sont trop frileux pour s'en rendre compte et risquer leurs économies dans de nouveaux investissements (et/ou les banques trop frileuses pour se risquer à accorder des prêts) alors que les décideurs étatiques, eux, ont bien compris que c'était le bon moment de relancer l'activité. Bref, c'est une hypothèse qui peut parfois marcher...
...par hasard.
L'état a des missions qui lui appartiennent, celles dont nous avons besoin à un niveau national (voir international pour certains besoins non encore satisfaits à ce niveau) pour assurer notre indépendance vis à vis des entreprises privées et vis à vis des pays étrangers : la justice, la sécurité, la défense, la santé, l'éducation, etc, etc... Bref, les fonctions qu'il semble légitime de considérer comme régaliennes (classement qui, toutefois, peut donner lieu à débat). Chacun son métier.
Ce qui engendre de la croissance, c'est le choix d'investissements pertinents (2) et d'une gestion pertinente des biens de production et ressources (dont le travail humain par une politique de gestion des ressources humaines et des compétences appropriée) dans des activités qui produisent des biens ou services dont la valeur est estimée (par les acheteurs potentiels) supérieure au coût des biens ou services consommés lors du processus de production.
Un endettement devient nuisible quand, au lieu d'être tourné vers des investissement utiles (ou vers des achats de biens de consommation ou l’acquisition d'un logement, mais sur la base d'une estimation prudente de rentrées futures):
- Il est tourné vers des investissements nuisibles mais profitables (aux actionnaires et aux salariés qui bénéficient ainsi des emplois ainsi créés) parce que la demande est friande des biens ou services ainsi produits,
- Il sert à financer des investissements s'avérant produire des biens ou services d'une valeur (le prix que les acheteurs sont prêts à les payer) jugée par le marché inférieure à la valeur des biens et services (dont les emplois et salaires associés) consommés au cours du processus de production.
- il sert à gonfler artificiellement le pouvoir d'achat d'aujourd'hui au détriment du pouvoir d'achat de demain en grévant des ressources qui, autrement, seraient disponibles pour l'investissement (privé ou dans des organismes ou services publics sous-dotés ou sous-dimensionnés).
"Carpe diem" ? Oui, mais jusqu'à un certain point. Si nous "carpons" dès aujourd'hui tous les
arbres de la forêt amazonienne et la moitié de notre
phytoplancton pour satisfaire notre appétit de ce jour, qu'allons nous bien pouvoir carper demain ?
(1) La crise boursière de 1929 censée avoir déclenché la crise économique qui a suivi était, en fait, la conséquence d'un excès d'optimisme des investisseurs ayant provoqué une bulle financière, un endettement supérieur aux possibilités de remboursement. Quand le marché a réalisé son erreur, le repli a été brutal et a provoqué, par effet domino, la grave crise économique qui a suivi. Ce qui a aussi été payé, c'est notre préférence (malheureusement toujours d'actualité) pour la performance plutôt que pour la résilience.
(2) Enfin, pas toujours. Un investissement non pertinent peut parfaitement rapporter des salaires et des bénéfices si, par manque de lucidité ou vue à court terme, la demande se précipite avec engouement sur le bien ou service produit alors que ce bien ou service est nuisible à notre société et/ou à notre environnement.