Pardalis a écrit :Pourtant, les goûts musicaux d'une personne font partie de son « identité », tout autant qu'une religion. Est-ce que quelqu'un va brailler si on lui demande de l'enlever?
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Et c'est aussi là que je voulais en venir avec mes commentaires, mais tu m'as devancé. Le fait qu'un bout de vêtement puisse être considéré comme représentant notre culture ou comme, étant une « extension » de notre personnalité, n'est pas une raison valide pour exiger de pouvoir le porter partout et en tout temps. C'est surtout ce qu'il peut représenter ou évoquer pour certains ou pour la majorité qui importe.
Mireille a écrit :Le respect du code vestimentaire n'empêche pas le port du voile.
Étant donné ce qu'il est susceptible de représenter, oui! Au même titre qu'un chandail avec des têtes de mort ou des croix nazi (nonobstant les raisons et le rapport personnel qu'entretient celui qui porte le vêtement).
Mireille a écrit :Quel différence y-a-t’il entre l’Arabie saoudite qui oblige les femmes a porter le voile et bientôt le Québec qui obligeront celles-ci à ne plus le porter ?
Tu sous-entends qu'il n'y a pas de différence et tu en arrives à ce résultat parce que, dans les deux cas, tu en conclus que c'est une obligation et qu'une obligation est un bris de liberté, right? Mais si tu acceptes ce genre de réflexion simpliste (sans tenir compte du contexte), quelle différence y aurait-il alors entre un pays qui obligerait les gens à se faire justice eux-mêmes (meurtre) et un autre qui obligerait les gens à ne pas se faire justice soi-même (comme dans notre société)? Dans les deux cas, il y a une obligation et un bris de liberté, non? Mais, pourtant, je suis certain que tu tranches quand même en faveur de l'une plutôt que l'autre, non?
Nous vivons en société! Nous sommes obligé de faire des compromis, d'établir des règles et de tracer des limites et faut saisir une bonne fois pour toutes que certaines personnes seront (ou se sentirons) nécessairement brimées par ces règles et limites. Sortir l'argument que « ce n'est pas correct » sous prétexte que « c'est une obligation » est juste absurde dans une société ou nous devons tous respecter et se conformer à une multitude de règles et de limites déjà existantes.
Tu es adjointe juridique? Tu prends des rendez-vous et tu es parfois amené à parler au téléphone avec des clients j'imagine? J'imagine que ton patron te demande et s'attend à ce que tu sois polie et courtoise en toute occasion, peu importe ce que tu penses des clients et peu importe que leurs attitudes puissent parfois être désagréable, non? Tu es donc brimé (obligé) et tu ne peux pas faire ou agir exactement comme tu le ferais, personnellement, si tu n'étais pas dans le cadre de ton emploi, non? Alors, révoltons-nous et manifestons tous ensemble pour le droit à la libre expression envers les clients dans le cadre de nos emplois!
Même si certains articles (ou vêtements) qui sont utilisés par des religions peuvent être utilisé pour d'autres raisons par certaines personnes, il demeure qu'ils évoquent (collectivement) ce dont pourquoi ils ont été créés (et pourquoi ils ont été utilisés pendant des années) et notre société désire présentement tracer une limite et interdire ce genre d'article qui peuvent être considéré comme des signes religieux (ou évoquer certaines choses) par certains et plusieurs.
La question à se poser n'est donc pas tant de savoir si voulons tolérer que certains puissent faire étalage de signe religieux distinctif et ostentatoire sur leurs lieux de travail, car, manifestement, la majorité est d'accord sur ce point. La majorité désire des institutions laïques. De plus, comme il fallait s'y attendre, plusieurs prétendent qu'ils portent des trucs pour mille et une autre raison que la religion. La véritable question est donc de savoir si nous voulons tolérer l'usage d'objets ou de vêtements qui peuvent être perçu comme tel, malgré l'intention (et l'objectif) personnelle de ceux qui en font usage. Doit-on accommoder tout le monde au cas par cas, selon leur prétention ou l'apparence de leur sincérité, et malgré ce que pourra évoquer leur vêtement chez les clients? ...ou doit-on tracer une limite et établir une règle commune qui contribuera à maintenir une certaine cohésion et uniformisation de l'image de neutralité des différentes institutions publique?
Ryuujin a écrit :Et si une majorité de gros c.ns décide qu'une femme en pantalon, ou juste un femme médecin c'est pas crédible, on leur interdit le pantalon, ou la médecine aussi ?
Premièrement, Ryuujin, votre exemple n'est pas équivalent, car le débat ne concerne pas une décision purement subjective et arbitraire comme celle que vous proposez. Le voile (entre autres) à une histoire et un passé bien concret. Alors, faire comme s'il n'évoquait absolument rien ou comme s'il s'agissait que d'une décision purement subjective de le considérer comme un signe religieux ou de soumission est totalement faux et absurde. Deuxièmement (et malgré votre exemple bidon), bienvenue dans le monde réel des compromis d'adultes qui vivent en société démocratique! Oui, si un jour la majorité des citoyens trouvent (à tort ou à raison) que le pantalon leur évoque des trucs négatifs, ben faudra peut-être tous porter des jupes et se conformer au choix de la majorité. C'est ça (entre autre), la démocratie : la majorité l'emporte parfois (et tous ne peuvent être satisfaits en même temps)!
Ryuujin a écrit :C'est quand même grave : depuis quand on base la loi d'un pays sur les préjugés de certains ?
Encore un autre qui ne fait pas la différence entre ce que peut évoquer collectivement un truc à cause de son passé, de son histoire ou de pourquoi il est encore utilisé dans certaines régions du globe et par certaines cultures; ...des raisons personnelles (et toutes différentes) dont il est impossible de tenir compte dans ce genre de débat. Encore un autre qui ne pige pas que le « préjugé » n'a rien à voir ici puisqu'il ne s'agit pas du tout de juger personnellement tout un chacun, de façon individuelle, mais plutôt de la possibilité de ce que peut évoquer un signe ou un objet particulier.
Ryuujin a écrit :N'empêche, qu'est-ce que j'aimerai pas qu'on m'impose ce truc à la c.n qui pendouille au cou.
En faisant un parallèle avec le costard « veston cravate » imposé (obligation) par les conventions et la culture de certaines entreprises, vous tomber dans le même piège que j'ai fait remarquer à Mireille plus haut. Autrement dit, parce que vous n'êtes pas d'accord sur une des positions du présent débat, vous remettez en cause la notion d'obligation présente dans nos sociétés. C'est complètement absurde. Ce sont des conventions, des cultures, des lois et des règles qui se sont créées ou ont été acceptées, petit à petit, par l'ensemble de la société, collectivement. Personnellement, on peut être plus ou moins en accord avec certaines d'entre elles, mais, collectivement, nous devons faire des compromis et les accepter. Sinon, ben allez tous vivre sur une ile déserte et créez vous une nouvelle société où il n'y aura aucune espèce d'obligation, aucune règle, pas de limites applicables pour tous, aucun compromis et où tout sera considéré et jugé au cas par cas (et jugé par plusieurs qui n'aurons pas forcement le même avis, hein) et vous allez finir par tous vous entretuer en moins de deux!
Ryuujin a écrit :Si tu n'en as réellement rien à cirer, pourquoi ça te dérange que certaines l'affichent ?
Et s'ils ne les considèrent pas comme un signe ostentatoire, qu'ils ne désirent aucunement influencer qui que ce soit ou afficher leurs convictions, pourquoi cela les dérange tant de ne pas le porter pendant les heures de travail? Quelle est la motivation alors? Il faut bien qu'ils en aient une, non?
Parce que ça brime leur liberté individuelle? Cette raison n'est pas recevable ou valable, car c'est notre lot à tous. L'ado ne peut pas porter son chandail à tête de mort pour certains types d'emplois ou dans certains collèges. Plusieurs de nous sont obligés de se vêtir en costard ou en uniforme appropriés dans le cadre de notre emploi, etc. Selon nos principes et valeurs personnelles, nous sommes tous brimés d'une façon ou d'une autre du fait de vivre en société. Alors si au sein de notre propre culture on accepte tous plus ou moins facilement de se conformer sans faire de débat et sans demander d'exceptions, ben pourquoi devrions-nous faire des accommodements et des exceptions pour des gens d'autres cultures (ou religions) que nous accueillons ici?
Ryuujin a écrit :c'est que vous avez beau dire que vous n'en avez rien à cirer, c'est faux. En fait, ça vous dérange, et profondément on dirait.
Ben oui, ça nous dérange, en effet, mais pas pour les raisons que vous croyez. Ça nous dérange parce que, comme je viens de le dire plus haut: nous-mêmes, nous n'en faisons pas tout un plat lorsque nous devons nous conformer aux us et coutumes de la culture de notre entreprise ou aux exigences vestimentaires (et de neutralité) exigées par nos institutions publiques. Et ça nous dérange d'autant plus que, lorsque c'est nous qui allons ailleurs, nous sommes portés tout naturellement à adopter, par simple respect, les us et coutumes d'où nous allons. Personnellement, ce qui me dérange, c'est que des gens que nous accueillons ici demandent des exceptions et des accommodements pour des trucs que nous ne demandons même pas nous-mêmes ou que nous ne demanderions pas ailleurs. C'est si difficile à saisir? Ça ne vous semble pas tout à fait sensé et logique?
Ryuujin a écrit :Ca, c'est rigolo. Vous trouvez que c'est une très petite limitation. Parce que bon, pour vous c'est qu'un bout de tissu.
Mais, alors, vous devez en conclure que si ce n'est pas aussi simple pour certains et que cela leur parait être plus qu'une petite limitation, c'est forcément parce qu'ils y voient autre chose qu'un simple bout de tissu ou qu'un vêtement! Votre commentaire révèle ou sous-entend que cela a donc une valeur symbolique (ou profonde) très forte et qu'il ne s'agit pas que d'un simple morceau de vêtement, justement!
Ryuujin a écrit :Pour pas mal d'entre elle, le choix n'est pas entre porter le voile ou non : le choix il est entre un travail ou pas.
Ce n'est pas vrai! Il n'y a rien de plus faux! Et si c'est vrai, ça implique que vous considérez qu'elles n'ont pas le choix ou la possibilité de l'enlever dans le but de conserver leur emploi! Et si c'est le cas, cela signifie qu'ils les portent donc exactement et précisément pour les mêmes raisons que l'on veut interdire ce genre de pièce de vêtement : parce qu'ils évoquent la soumission et l'obligation qu'ils ont de le porter (quitte à perdre leur emploi). Si une personne, quelle qu'elle soit (et peu importe la raison), ne peut se départir d'une pièce de vêtement,
quitte à perdre son emploi, c'est que, manifestement, le vêtement est beaucoup plus qu'un vêtement et qu'elle se sent obligée de le porter, peu importe les conséquences. Aucune personne sensée et libre ne ferait le choix de perdre un emploi au lieu de retirer simplement une espèce de « couvre-chef ». ...À moins qu'elle se sente
obligée à tout prix (ou
quelle soit contrainte) de le conserver.
CQFD!
Ryuujin a écrit :Dans ma fac, il y a des [...] qui portent le voile [...] qu'est-ce que ça fait, concrètement ? Où est le problème ?
Prises séparément (au cas par cas), ce genre de situations ne posent pas forcément de problèmes. Le problème en est un d'image et d'évocation! Il est collectif et est en rapport avec les valeurs que nous voulons défendre et les choix que nous faisons en tant que société! Et le problème, je viens de le décrire dans mon dernier commentaire : certaines personnes préféreraient perdre leur emploi plutôt que de retirer (uniquement sur les lieux et pendant les heures de leur travail) certains objets ou vêtement! Ce comportement révèle en lui-même tout ce que peuvent évoquer — concrètement — ce genre d'objets et de vêtements : fanatisme, extrémisme, dominations, soumissions, obligations, contraintes ...et j'en passe. Et en tant que société, nous ne voulons justement que de tels objets (qui vont jusqu'à faire préférer à certaines personnes de quitter leur emploi) soient présents dans nos institutions publiques. Vous saisissez?
Vous parliez de « préjugés »? Il n'y a aucun préjugé, nous pouvons observer, à même le débat, à quel point ces objets et pièces de vêtements représentent beaucoup plus que ce que certains tentent de nous faire croire. Ils sont à ce point important et porteur « d'idéaux » que certains sont prêt (ou serons obligé ou contraint) de quitter leur emploi au lieu de tout simplement les enlever et de se conformer à nos us et coutumes, comme nous le faisons tous (pendant les heures de travail).
Wake up !