Merci Christian pour le lien vers cette vidéo.
Raphaël a écrit :
C'est intéressant à regarder mais je trouve que ça fait un peu trop science-fiction. Je mettrais un gros bémol sur certaines affirmations de ce documentaire.
Faudrait que je le regarde à nouveau mais il me semble bien que le documentaire parle plutôt en termes d'hypothèses que d'affirmations.
Par exemple, il parle des hypothèses du temps comme d'un flux continu ou du temps comme une succession d'instants. Il ne tranche pas entre ces 2 hypothèses.
L'analogie est frappante, me semble-t-il, avec le fonctionnement du cerveau:
L’œil humain doit percevoir au moins 60 évènements par seconde pour avoir l’impression d’un mouvement continu.
Il semble que le cerveau "s'arrange" (euh désolée pour cette sorte de personnification du cerveau) pour que nous ayons l'impression d'un mouvement continu. Imaginez si nous avions "un blanc" entre chaque image perçue. Ce serait très bizarre.
Raphaël a écrit :
"La causalité c'est l'impossibilité des voyages dans le passé."
"L'existence de l'antimatière est la preuve qu'au moins en physique des particules il existe quelque chose dans l'Univers dans lequel on ne peut pas voyager et qui s'appelle le temps." [/i]
Dans une autre conférence E. Klein est plus nuancé. Il dit que les lois de la physique n'empêche pas de voyager dans le temps mais que si l'on voyage dans le temps, on ne peut y être qu'observateur (et non acteur). La causalité alors n'est pas remise en cause. Je vais rechercher cet extrait. Je m'en souviens très bien parce que cela m'avait frappée et j'avais été déçue qu'il ne précise pas davantage.
Raphaël a écrit :
Emmanuelle a écrit :ABC a écrit :Quand on analyse les choses plus finement, on s'aperçoit que ces notions que nous croyons absolues modélisent en fait, non les propriétés objectives des objets et phénomènes observés (un concept d'objectivité qui n'a probablement pas plus de validité que le mythe du bon sauvage) mais la relation que nous établissons avec ces objets et phénomènes.
Cette affirmation contredit celle d'Étienne Klein.
Extrait de sa conférence "Peut-on voyager dans le temps ?":
"La causalité n'est pas seulement une loi de l'entendement humain mais une loi que les particules connaissent."
Il me semble que tu confonds lois physiques et propriétés objectives ou intersubjectives des phénomènes. Je n'ai pas du tout pris le temps de creuser la question mais simple exemple, ce serait comme confondre la couleur et les lois de l'optique.
En ce qui concerne les propriétés intersubjectives des "objets", cela n'a strictement rien de scandaleux, à mon sens.
Je redonne l'exemple d'une personne daltonienne.
Mon père est daltonien. Quand ma soeur et moi étions petites, cela nous amusait beaucoup de lui demander comment il percevait telle ou telle couleur. Une fois il était revenu à la maison très content d'avoir acheté une écuelle pour notre chatte de la même couleur soi-disant que son pelage. En réalité, l'écuelle était rose et notre chatte grise

. Mais il voit le rose, gris.
Donc comme le dit Mioara Mugur-Shächter, en toute rigueur, on ne devrait pas dire "l'écuelle est rose" mais "je la vois rose" ou "mon père la voit grise". C'est juste une façon plus rigoureuse et complète de décrire les choses.
L'intersubjectivité, c'est, comme le disent ABC et Mioara Mugur-Shächter, la fin du réalisme naïf.
Cela revient à cette question: Peut-on connaitre le réel "en soi" ? Ou ne peut-on le connaître qu'à travers des "grilles de qualification" comme dit MMS ou "des grilles de lecture" comme dit ABC ?
Ces grilles de qualification sont totalement conditionnées ou données, à un premier niveau, par nos sens. Par exemple, si nous n'avions pas le sens de la vue, nous n'aurions jamais eu "l'idée" de la couleur. La couleur n'existerait pas pour nous. Cela ne veut pas dire qu'elle n'existerait pas pour d'autres vivants dotés eux de la vue.
Une autre façon de le dire (sans doute très naïve). La "science classique" a séparé l'objet et le sujet. Elle a posé comme extérieurs à nous les phénomènes et les objets. Cette façon de procéder a été très fructueuse et le sera encore. Mais il semble que cette façon de faire n'est pas possible en physique quantique. Et la physique quantique met en lumière (et d'autres sciences le font certainement aussi) que cette façon de faire est une simplification, une approximation, un modèle. Modèle que l'on peut complexifier, enrichir en étudiant "l'ensemble sujet-objet".
Maintenant, les lois de la physique sont-elles intersubjectives ? J'imagine très facilement que la réponse n'est pas plus scandaleuse que pour les propriétés des objets. "La causalité n'est pas
seulement une loi de l'entendement humain mais une loi que les particules connaissent."
Le terme "seulement" est important.
----------
Si je reprends mon exemple de la couleur. Nous disons cette écuelle est rose. "rose" c'est une couleur mais c'est aussi un mot, une généralisation (?). Peut-on imaginer que cette intersubjectivité soit elle-même une "simplification" ? En effet, qu'est-ce qui me dit que le "rose" que je perçois est le même que celui que perçoit quelqu'un d'autre ? Je peux facilement penser qu'un peintre va percevoir d'une façon beaucoup plus fine et nuancée que moi les couleurs.
En physique, on parle bien de temps propre.
Bon j'espère que je suis compréhensible parce que mes propos sont un peu décousus.
-----------
Encore une chose que je trouve intéressante et importante, c'est la question du langage. Mon père disait: "je ne vois pas le rouge". Quand j'étais toute petite, cette façon de parler était très troublante. Je me disais: ce qui est rouge est invisible pour lui ?! Evidemment, je me doutais que ce n'était pas ce qu'il voulait dire. Mais cela m'a donné une grande curiosité de savoir ou comprendre ce qu'il y a derrière les mots, concrètement.
Au tout début de cette conférence, E. Klein parle de son livre "Galilée et les indiens". Il y a quelque chose là-dedans qui pour moi est très important, qui rejoint cette question de "connaitre le réel en soi", sur laquelle je reviendrai plus tard.