J'ai écouté Gilles Kepel, hier soir, invité dans l'émission Quotidien. Il a livré son analyse et son interprétation, suivant ce qu'il connaît de la situation.
Nétanyahou représente un danger qui a commencé à perdre ses soutiens, y compris de la part des USA.
En clair, il est aux abois. Il croit encore pouvoir jouer sa carte maîtresse, son joker, s'il réussit dans son entreprise entêtée, à pouvoir offrir des "gages" à la population israélienne en mettant la main sur les têtes pensantes du massacre du 7 octobre 2033: Mohamed Deïf, et Yahiya Sinouar, ainsi que la libération des derniers otages encore détenus dans les souterrains de Gaza.
Nétanyahou en autocrate acculé joue sa survie, et à ce titre, il va être particulièrement difficile à raisonner, d'autant plus qu'il occupe les plus hautes fonctions du pouvoir depuis presque 20 ans.
Il sait qu'il devra tout ou tard rendre des comptes, qu'il s'est enfoncé dans une tactique frustre, immature, inflationniste, irréfléchie, qui ne recevra plus la moindre "compréhension".
Netanyahu ne peut pas ignorer qu'il a également toutes les chances de se retrouver derrière des barreaux.
Par ailleurs...
Du côté du Hamas, il semble que les événements de cette ampleur n'ont pas été anticipés "correctements, ainsi que les réactions qui ont suivi, d'après une source :
https://www.leparisien.fr/international ... 6S4C3M.php
Les dirigeants du Hamas, les têtes pensantes, ont peut-être été dépassés par cette opération qu'ils ont déclenchée mais qui leur a échappé, de par
son ampleur inouïe et inédite, hors-normes, dans le sens négatif du terme.
Trop de civils, dont des enfants, des femmes, massacrés délibérément (le terme tués n'est pas approprié, les auteurs se sont comportés comme les pires de tueurs tels les nazis acharnés à détruire), un ensemble d'otages qui surpasse en nombre, sur le plan des négociations ultérieures, les scénarios connus, une mobilisation inédite de toutes les forces armées israéliennes, dans la riposte, qui ne va pas s'éteindre de sitôt, qui a toutes les chances de perdurer pendant des années. Les israéliens sont réputés pour avoir la rancune tenace.
Le Hamas a ouvert la boîte de Pandore, mais il n'a plus les moyens de la refermer. En clair, il semble qu'il ne contrôle plus rien. A part à très court terme, avec la question des otages. Sur le plus long terme, l'intérêt majeur du Hamas, sa politique, comme il est indiqué dans l'article, était de pouvoir négocier pour provoquer des dynamiques d'infléchissements.
Il était encore écouté, Netanyahu l'a "pratiqué" en ce sens, en croyant contrôler les paramètres. Son image est devenue déplorable, de même que son importance supposée, qui a décliné. Passées les réactions émotionnelles de ses partisans et alliés, le réalisme refait surface, avec LA question primordiale, essentielle, sur le plan géopolitique: et après ? Que fait-on? Les cartes vont devoir être rebattues. Ce conflit n'arrange pas les affaires en cours des émirats qui visent la stabilité géopolitique. L'Arabie Saoudite est également très gênée aux entournures.
Précision...
Les mouvements jihadistes entretiennent pratiquement tous des liens entre eux, de près ou de loin. L'indépendance et l'autonomie supposées des groupes est un leurre, un raccourci de pensée, une commodité d'esprit, à prendre au même titre que les terroristes définis comme "loups solitaires", comme Mohamed Merah, mais qui dans les faits ont toujours appartenu à un réseau. Ils sont mus par la même idéologie, la destruction de l'occident et de ses valeurs. Des tas de groupes peuvent effectivement opérer sur le terrain , mais l'impact sera s'autant plus minoré que ces groupes resteront dispersés, et fragilisés, sans une coordination à un plus haut niveau, sans des alliances d'intérêts.
Il existe une rivalité historique entre Al Qaïda et l'État Islamique, en surface, mais des passerelles restent dans l'obscurité, pour les besoins de la cause.
Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ou... également mes ennemis. .. C'est selon, une variable ajustable, comme sur tous les théâtres d'opérations guerrières.
Il n'y a qu'à apprécier les collaborations multiples à ce niveau , entre chiites et sunnites, pourtant contre-nature. Les enquêtes préciseront, s'il est possible d'obtenir des informations fiables, confirmées, un état des lieux quant à l'attentat commis dans la banlieue de Moscou., et si des liens existent avec le conflit en cours à Gaza.
Les têtes pensantes de ces mouvements, sont toujours en arrière-plan, bien à l'abri, loin des agitations du monde auxquelles elles contribuent. Entre représentants émérites, rien n'empêche de communiquer...surtout quand il existe des facilités et des intérêts communs. Il en existe deux majeure, qui sous-tendent leurs actions: la destruction de l'occident et de ses valeurs, et la disparition de l'état d''Israël incluant l'éradication des populations juives.
En surface, ces dirigeants peuvent apparaître mesurés, médiatiquement rassurants, rencontrant à l'occasion, quelques "grands" de ce monde. Ils ne vont pas ouvertement revendiquer et affirmer ce qui précède. Ils se chargent d'en organiser la diffusion et le contrôle. En souterrain, ils délèguent les affaires "sensibles" en se tenant à distance de sécurité, en téléguidant, manipulant,... à loisir.
Comme le précise Gilles Kepel, le jeu auquel se livrent les services secrets des différents pays, constitue un pouvoir à part entière, aucun raisonnement binaire ne peut tenir la route face à la complexité des situations.
Et pendant ce temps, la population palestinienne de Gaza continue de subir les exactions des uns et des autres.
Jusqu'à quand ?
Le Hamas, outre la pratique courante des boucliers humains, a bien d'autres "spécialités", comme la terreur imposée à la population, le chantage, le racket de l'aide humanitaire,... La population palestinienne n'a que le Hamas pour se défendre ? Vraiment ?
C'est une sale guerre où la stupidité humaine, le jusqu'au-boutisme ubuesque, prédominent une fois de plus, au détriment des valeurs humaines pour la satisfaction perverse d'une poignée de va-t-en-guerre.
Quant à la guerre des chiffres, il s'avère difficile de s'appuyer sur des sources fiables. Le constat général est que le bilan humain est très élevé, et dépasse en nombre et en intensité celui des conflits antérieurs dans cette région. Ces chiffres sont des estimations, pas des valeurs sûres, ce qui ne minimise en rien le nombre des victimes civiles anormalement élevé, trop élevé, qu'il est impossible de relativiser.
Un article parmi d'autres qui apporte un décryptage sur ce point polémique:
https://www.rtbf.be/article/guerre-isra ... t-11277724
Une interview de Gilles Kepel qui propose un décryptage de ce conflit et des impacts qu'il entraîne à l'échelle internationale, plus qu'on ne le pense.
https://youtu.be/AD7EtE1cyRs