christian a écrit : En quoi est-ce différent d'un énergumène qui se proclame musulman et qui va tuer des dessinateurs?
Parce que si ça n'est pas différent, tout le propos qui consiste à essentialiser les musulmans et l'Islam devra s'appliquer aussi aux chrétiens et on se rendrait alors compte du caractère idiot de ce type de raccourci et on serait obligé de gérer la complexité. Et la complexité, ça brouille les repaires bien/mal, ça amène du relativisme, ça empêche de se contenter de slogan pour se faire une idée de la réalité et on est alors plus tout à fait sûr d'être du bon coté quand on s'indigne.
C'est anxiogène et c'est beaucoup trop de complications, alors qu'une petite contradiction pour préserver un raisonnement simple et confortable, c'est peu de chose.
Cela dit, pour jouer quand même les trouble-fête, je pense aussi que le cas du terrorisme chrétien n'est pas le même que celui du terrorisme musulman, tout simplement parce que les deux religions n'ont ni la même histoire, ni la même philosophie, même si des choses les rapproches. Mais cette différence ne justifie pas pour autant qu'on se contente d'explications simples pour accuser la seconde religion alors qu'on se contorsionne plus volontiers pour dédouaner la première.
Mais on s'écarte un peu du sujet au final, qui était surtout, il me semble, pour Mireille d'exprimer une indignation et pour les autres, de tenter de lui faire comprendre les limites du raisonnement autour de cette indignation et combien cette indignation peut être un outil pour les censeurs si on la transforme en accusation.
Mireille a écrit : Il faudrait que je lise sur le sujet, je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé.
En gros il s'est produit ce que je disais au départ, l'indignation des chrétiens face au film "la dernière tentation du christ" a servit de terreau à l’incendie volontaire de plusieurs salles de cinéma. Accessoirement l'indignation toute sincère d'un tas de chrétiens a été utilisé par les autorités religieuses aux USA et en France pour tenter d'empêcher que le film soit tourné, amenant même les autorités françaises à couper un certain nombre de subvention à cette production.
C'est un cas de ce que je disais au départ sur la pente glissante de l'indignation, à savoir qu'il y en a toujours qui seront indignés, non pas par émotion, mais par calcul politique ou religieux et sauront employer l'indignation de la foule pour jouer leur jeu. Dès lors, êtes-vous sûr qu'il soit sage que le mètre étalon de la déontologie journalistique soit l'indignation ou la colère que peut provoquer une information chez autrui, surtout quand l'essentiel des autruis suffisamment organisée pour réagir massivement, sont des organisations qui ne sont pas connus pour leur amour de la liberté d'opinion et d’expression, comme l'Eglise catholique ou telles ou telles autorités musulmanes ?
Evidement, dans le cas qui nous occupait, à savoir la caricature du petit syrien mort, les associations propres à instrumentaliser la colère n'ont pas toutes des intensions aussi liberticide, mais il faut voir plus loin que l'indignation temporaire que provoque un dessin, somme toute voué à être oublié dans quelques semaines.
Ca laisse d'ailleurs songeur de voir que la caricature d'un jeune syrien mort noyé aura provoqué moins d'indignation et moins longtemps qu'une caricature d'un prophète mort il y a des siècles et qui s'est battu avec force toute sa vie contre l’idolâtrie au point d'en faire un des premiers péchés de sa religion, tout ça pour être élevé au rang de quasi divinité par la foule de ses propres adeptes.
S'il y a un dieu qui s'occupe de tout ça, il aime sans aucun doute l'humour très noir et les sarcasmes bien piquant à mon avis et la caricature du petit syrien est finalement peu de chose à coté de ce qu'il est capable de faire.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)