Spartacus a écrit : 02 nov. 2019, 22:55Quel credit accorderons nous a un article de presse qui affublerai obama du terme "negro" ?
Euh, logiquement, le texte qui y ferait référence serait un article/éditorial d'extrême droite, mais dans les séries télé américaines, les afro-américains l'utilisent entre eux. Obama a parlé de "nigger" après l'attentat de Charleston en 2015:
https://www.nouvelobs.com/monde/2015062 ... -unis.html
Dans les années 60, le mot n'est plus utilisé que par les racistes, surtout dans le sud. En 1964, le président Lyndon B. Johnson donne à la Nouvelle Orléans un discours émouvant sur la politique dans le Sud et les problèmes raciaux. Il évoque un élu démocrate du Sud qui déplorait le fait que, pendant 30 ans, tout ce que les gens entendaient en période électorale, de la part des gens de son parti, avait été "nigger, nigger, nigger". Même s'il dénonçait ce mot, "LBJ" a plongé dans l'embarras ceux qui étaient chargés de relater ce discours. Dans le verbatim officiel, le mot est devenu "negro", plus acceptable. Le journaliste Charles Taylor a raconté comment lorsqu'il avait évoqué ce discours, en 1996 dans le "New York Daily", il s'était lui aussi interdit d'écrire le mot maudit :
Trente-sept ans après, j'étais incapable de le citer. Ce n'était pas une décision de mon rédacteur en chef, mais d'une instance plus élevée qui avait décrété que ce mot ne devait jamais apparaître dans ce journal, y compris, semble-t-il, quand il était utilisé dans un discours présidentiel."
Selon lui, vouloir "nettoyer" ainsi l'histoire a pour résultat d'effacer l'histoire elle-même. Et les leçons qui vont avec.
En 1978, la chanteuse Patti Smith, une blanche, sort une chanson provocatrice, "Rock'n' Roll nigger", dans laquelle le mot, répété avec rage, devient synonyme d'exclu et de rebelle à la fois :
"Jimi Hendrix was a nigger
Jesus Christ and Grandma too
Jackson Pollock was a nigger
Nigger, nigger, nigger, nigger
Nigger, nigger, nigger"
La chanson est alors très connue en Europe. Mais aux Etats-Unis, aucune grande radio ne la diffuse. Patti Smith est pourtant au sommet de sa notoriété : "Because the Night", dans le même album, arrive au 13e rang du hit parade national...
Après Patti Smith, le mot entre dans la pop culture, notamment à travers les films de Tarentino. Le réalisateur (blanc) en parsème avec gourmandise les dialogues de "Jackie Brown" ou de "Pulp Fiction". Non sans choquer : son confrère (noir) Spike Lee proteste ainsi dans Variety : il a compté 38 "niggers" prononcés dans Jackie Brown :
Je ne suis pas contre le mot (...) Mais Quentin s'en est amouraché. Qu'est-ce qu'il cherche, devenir un noir honorifique ? Je veux qu'il sache que tous les Africains américains ne pensent pas que ce mot est branché ou chic".
Le mot est omniprésent dans les chansons gansta rap, souvent sous la forme diminuée "nigga". Il devient une sorte d'étendard, pour afficher son identité. Mais de fait, aux Etats-Unis, de nombreux noirs, et pas seulement chez les rapeurs, depuis très longtemps, utilisent "nigger", entre eux, par dérision amère. Une façon, peut-être, de ne pas faire tomber dans l'oubli ce mot qui encapsule l'histoire terrible qu'ils ont subie.
Quel credit devrions nous accorder a un article de presse qui affuble le president des etats unis du sobriquet "clown" ?
Un éditorialiste qui n'est du même parti que Trump. L'article ne serait pas un article de fond du journal, mais une opinion d'un éditorialiste (chinois, russe, iranien, coréen du nord...).