LeProfdeScience a écrit :Ou même trois millions, car je doute que le Hamas hésiterait à utiliser d'armes atomiques.
Moi j'en doute.
Le Hamas, malgré une position de terroriste, est aujourd'hui aussi un mouvement armé ancré sur un territoire, comme le Hezbollah au Liban. Et mine de rien, l'exercice d'un pouvoir, même militaire, sur un territoire, a tendance à amener les organisations et ceux qui, en leur sein, détienne le pouvoir, à avoir d'autres options que le terrorisme tout azimut.
On est plus ouvert au compromis et aux compromissions quand on a quelque chose à perdre et surtout du pouvoir à perdre.
L'arme nucléaire est typiquement une arme de négociation, voir de chantage, plus qu'une arme d'emploi, et sauf dans le cas particulier d'un groupe terroriste sans ancrage territorial ayant envie de frapper un très grand coup, je doute que quiconque la détenant s'en serve sans d'abord faire du chantage à la partie adverse.
Donc je pense que la Hamas hésiterait, vu les enjeux et ce qu'il a à perdre. Je ne dis pas qu'il ne l'emploierait pas au final, mais j'ai pour principe de ne pas me fier à la façade de fanatisme religieux d'une organisation, parce qu'il y a souvent des histoires de pouvoir et de gros sous derrière qui font que les principes des religions qu'ils défendent sont souvent plus pour engranger des fidèles que pour les dirigeants, qui ne sont d'ailleurs jamais ceux qui se sacrifient ou se mettent en danger au nom de "la cause".
Sinon on aurait pas autant de prise d'otage par des groupes islamistes et plus de meurtre. Il y a des histoires de trafics, de pouvoir, d'influences et d'argent qui se dissimulent derrière beaucoup des actions fanatiques.
Pour le moment, les deux côtés sont à peu prêt d'accord pour considérer la population palestinienne de la bande de Gaza comme quantité négligeable. Le jour où les membres du Hamas auront autant de soin de la population qu'Israel a de la sienne, un changement sera peut être possible.
Israël n'est pas exempt de tout reproche non plus du coté "soin de sa population". Si ce pays n'a pas le mépris de la vie humaine que semble avoir le Hamas, les deux camps jouent avec la violence actuelle à leur profit et les perdants sont les populations des deux cotés.
Cette escalade n'est pas un hasard.
Coté palestiniens, on a un Hamas divisé depuis les révolutions arabes, entre un courant qui veut calmer le jeu avec Israël et un courant qui refuse (et qui se sert probablement de l'affaire pour se renforcer), un gouvernement de la Cisjordanie qui manque de fonds, qui est à bout de souffle et qui perd le soutien populaire.
L'attaque renforce donc le courant violent du Hamas sur tous les tableaux parce qu'il donne un prétexte à celui-ci, à la fois pour reprendre la main à Gaza, mais aussi pour faire chuter d'autant plus vite les soutiens de l'autorité palestinienne de Cisjordanie et s'y faire une place.
Coté Israëlien, on est pas si loin des troubles sociaux qui avait eu lieu l'année dernière (il me semble) pour dénoncer les effets de la crise et le gouvernement, qui s'est alliés avec l'extrême-droite (et doit donc être dur pour conserver sa majorité) peut de moins en moins agiter le chiffon rouge de l'Iran nucléaire, parce que les USA ne semblent pas réellement prêt (surtout avec la réélection d'Obama) à s'engager en Iran.
Or, les élections législatives approchent et un renouveau des tensions avec la Palestine est un moyen à peu de frais de remettre en avant le discours sécuritaires, de canaliser la grogne intérieure et de se renforcer pour les parti actuellement au pouvoir. Les problèmes récents avec la Syrie aussi.
Globalement, ça arrange beaucoup de monde et les populations des deux cotés sont les perdantes.
Ce n'était sans doute pas prémédité, mais il y a clairement une absence manifeste de volonté de dialogue ou d'apaisement des deux cotés, parce que les plus fanatiques de chaque coté ont tout à gagner à un affrontement qui mettrait hors course les modérés.
Là où ça me laisse perplexe, c'est sur le fait que ces gens là sont quand même pas idiots et que c'est une vision à très courte vue dont les bénéfices deviennent insignifiant à plus long terme.
Pour les palestiniens parce que le conflit éloigne toujours un peu plus une solution, qu'il n'y quand même que très peu de chance que la lutte armée aboutisse à l'heure actuelle et que le statu quo est favorable à Israël et le sera plus encore si le Hamas s'empare de la Cisjordanie.
Pour les Israéliens, parce qu'avec les bouleversements de rapport de force dans la région, la politique intérieure devrait être tempérée par la politique extérieure, or c'est l'inverse avec un Israël qui devient plus menaçant et se coupe de plus en plus de tout soutien extérieur (et risque un sérieux retour de bâton s'ils n'ont que des ennemis dans la région et que les USA finissent par se lasser et commence à refuser de soutenir le pays.)