Milou a écrit :Peut-être y a-t-il une erreur historique sur les Egyptiens antiques, je vous fais confiance là-dessus.... mais c'est un détail (qui ne devrait pas servir à invalider le concept),
J'invalide pas le concept avec ça, d'ailleurs je ne l'invalide pas du tout, ça m'a juste fait rire parce que c'est un contresens total de parler d'une monnaie fondante pour un peuple qui n'utilisait majoritairement pas la monnaie au cours de son histoire.
Après, j'émets juste des réserves sur la mise en pratique. Comme dit, à mon avis, la seule manière que ça marche est de contraindre les gens à utiliser cette monnaie uniquement pour éviter de gonfler des bulles ou de voir les gens utiliser une autre monnaie. Or, non seulement la contrainte suppose un espace restreint pour être applicable, mais aussi un contrôle des capitaux et des changes, bref au final une économie administrée.
A mon avis, les inconvénients et les risques ne valent pas le gain hypothétique, surtout que les exemples donnés dans l'article sont soit inexacts, soit très partiellement expliqués, si bien qu'il est impossible de savoir si l'avantage économique était réellement dû à la monnaie en question.
Le seule exemple un tout petit peu précis (mais encore une fois pas explicité), c'est celui donné sur l'Allemagne des années 20-30, mais c'est dans un cadre temporel très court et un cadre spatial restreint, dans une situation de très grave crise. Il faudrait pouvoir voir les effets en situation économique plus normale et surtout bien voir tout les aspects de la question.
Je ne dis pas que ça n'a pas d'intérêt du tout ou que l'idée est résolument fausse, mais l'article cité ne m'a absolument pas convaincu et son caractère partisan et peu précis m'amène à m'en méfier d'autant plus.
Quid a écrit :On a hypothéqué le futur en effet par le fait qu'on a renoncé à être indépendant de notre création monétaire.
Non, parce que tous les pays développé ont fait la même chose et se retrouve dans le même sac, ça n'est donc pas lié spécifiquement à l'indépendance ou non de la création monétaire. Les USA ou le Japon ne sont pas mieux en terme de dette et de court-termisme que les pays européens et ils possèdent ont des banques centrales à la politique plus dérégulé que la BCE.
La seule différence, c'est que les USA, grâce à la prééminence du dollar, arrive à maintenir un taux de croissance artificiellement haut en faisant agir de concert sa banque centrale et son trésor et en usant abusivement de la valeur surestimé de sa signature souveraine, mais s'ils n'avaient pas ça, il y a fort à parier qu'il serait dans une situation globalement similaire à la zone euro, création monétaire ou pas.
D'ailleurs on a bien vu que la création monétaire ne résolvait rien au niveau de la dette. La Fed a été l'une des plus laxiste en matière de création de fausse monnaie et ça n'empêche pas les USA de continuer à avoir un déficit hors de contrôle et une dette insoutenable. Ils font même pire que les Européens dont la dette se stabilisent doucement (mais reste à mon avis insoutenable).
Seulement ils achètent de la croissance avec leur dette, alors on a l'impression qu'ils sont en meilleure posture alors que c'est pas mal faux (ils ont l'avantage d'avoir un marché plus simple et de grande taille, mais globalement, ils restent surendetté et en sous-investissement.)
Si le seul problème était le taux de change et que la solution était de faire de la fausse monnaie, non seulement les pays avec une banque centrale plus laxiste l'aurait déjà fait (en fait, ils l'ont déjà en grande partie fait et ça n'a rien donné sauf des effets ponctuels et l'assurance de nouvelles bulles dans le futur), mais en plus on n'assisterait pas à une crise de la dette ailleurs que dans la zone euro.
Comment expliquez vous qu'il y ait une crise de la dette britannique ou US si le seul problème est la création monétaire, sachant que, au moins pour la Fed, il y a rachat de dette de sa part auprès du trésor, donc financement par la banque centrale, même s'il est un peu indirect.
Ce graphique montre que la dette n'existait pas avant 1973 (je te laisse trouver un autre graphique dont les valeurs commencent à cette date).
Et pourtant avant, le budget de la France était aussi déficitaire.
Ce type de graphique, je les connais, mais c'est trop facile de prendre un graphique quand on ne sait pas le lire et le remettre en contexte. Après on lui fait dire n'importe quoi.
Si on compare l'évolution de la dette depuis le début du XXème siècle pour les pays développés (ce que je vous encourage à faire, mois j'ai personnellement fait ça pour les USA, l'UK, la France et l'Allemagne, mais vous pouvez en choisir d'autre), on constate globalement que l'évolution de la dette est bien moins le fait de l'indépendance ou non des banques centrales que le fait de la conjecture.
Par exemple, la dette UK a globalement stagné au cours de la seconde moitié du XXème siècle alors que la dette française a connu une hausse continue à partir des années 80, pourtant les britanniques n'ont pas emprunter auprès de leur banque centrale pour autant, c'est donc bien un problème de gestion plus que de qualité d'emprunt.
On constate le même problème pour la France et les USA d'ailleurs, à savoir une augmentation progressive de la dette publique à partir des années 80.
Le cas de l'Allemagne est un peu particulier du fait de la réunification et de l'occupation, mais globalement, il y a aussi eu augmentation de la dette.
Il faudrait comparer avec les données démographiques et économique et faire le catalogue des réformes politiques pour faire une analyse plus fine de ce que vous montrer. Attribuer l'explication de l'augmentation de la pente à la seule mesure de 73 c'est ridicule.
Surtout que ça n'explique pas l'augmentation exponentielle de celle-ci, vu que même en considérant que l'arrivée d'intérêt sur la dette publique augmente son remboursement, la pente est beaucoup trop forte à partir des années 70-80 pour que ça soit dû à seulement l'arrivée d'intérêt.
Pour qu'il y ait une telle augmentation si rapidement, il faut forcement que la dette augmente fortement, soit parce que les recettes ont baissé, soit parce que les dépenses ont augmenté. La loi de 73 n'est responsable que de la systématisation du recours aux privées (qui existaient déjà avant), donc la systématisation d'intérêt sur la dette. Mais même en supposant des intérêts importants sur le début de la période d'augmentation de la pente, les effets sont bien trop immédiat pour que ça soit dû à ça.
Clairement c'est une lecture fallacieuse de la courbe de dire que la loi de 73 aurait ruiné la France. Au contraire, j'y lirais plutôt le fait que la loi à facilité l'emprunt plutôt que le renchérir, ce qui expliquerait la hausse importante de la dette, et que la gestion n'a pas suivit. Ca serait donc bien plus un problème de gestion plutôt que de créancier.
(c'est d'ailleurs paradoxal, puisqu'en instituant un marché de la dette, le but était à la fois de facilité l'emprunt d'Etat, mais aussi d'avoir la sanction des marchés, sanction qui visiblement n'est jamais venu, facilitant encore plus l'endettement.)
Le problème réel n'est donc pas que l'arrêt de l'encours auprès de la banque de France aurait rendu plus cher et difficile le crédit, mais que le marché n'a jamais joué son rôle de régulation de la dette alors que celle-ci augmentait plus vite que le PIB sans jamais qu'ils deviennent plus difficile d'emprunter (sauf cas particulier).
On peut aussi citer l'existence d'emprunt d'Etat auprès de la population et l'arrêt de la croissance après 73 comme explication complémentaire.
Je vous encourage à mettre en contexte la coube plutôt que de bêtement la lancer sur le sujet comme si elle prouvait quelque chose par elle même. Ca vous aura au moins appris ça: les chiffres, les courbes, les graphiques et d'une manière générale, tous les schémas modélisant des données ne prouvent et n'expliquent rien par eux même, il faut en faire une critique et une remise en contexte pour les exploiter.
Vous ne le faites pas, vous vous contentez de lire la courbe selon votre idée décidé d'avance de tout reproché à la loi de 73, sans remise en contexte ou critique des chiffres. Vous vous êtes même laissé abuser par la hausse de la pente que vous avez probablement du trouver suffisamment spectaculaire pour jeter de la poudre aux yeux de vos interlocuteurs sans même chercher à la comprendre et à voir si elle correspond réellement aux conséquence de cette loi
(et clairement non, sinon elle ne serait pas aussi pentue. Elle correspond d'avantage à ce que je disais moi, à savoir l'arrêt de la croissance à partir du choc pétrolier et l'utilisation massive du crédit pour pallier à ce manque, avec un cercle vicieux de la dette qui finit par s'enclencher à mesure qu'il faut toujours plus de dette pour financer une croissance à crédit.
La comparaison avec la courbe du PIB est d'ailleurs éclairante. Le fait qu'elles se suivent peut laisser penser que l'une a bien financer au moins en partie l'autre...même s'il faudrait vérifier plus finement la lecture.)
Le concept de "crise" est facile
Il cache surtout une réalité plus profonde. Actuellement c'est moins une crise qu'un brutal changement de monde qu'on subit et ça va durer un moment, avec des hauts et des bas.
On n'est pas dans une dépression classique mais dans un problème de déséquilibre structurel mondial et sur tout les plans (politique, économique, sociaux...). La crise actuelle, celle de la finance, a servit de déclencheur et a cristallisé des problèmes qui existaient depuis au moins 30 ans, voir bien plus. On paie actuellement la dérive du système installé depuis la fin de la seconde guerre mondiale et qu'on n' a pas réformé après le choc pétrolier quand on a vu que l'ordre monétaire et la croissance disparaissait.
On a acheté à crédit 35 ans de perpétuation du système (en même temps, on était en pleine guerre froide et donc faire une réforme n'était donc pas simple.) et ils arrivent aujourd'hui en bout de course. Les déséquilibres sont désormais mis à nus et se résolvent brutalement.
A noter que quand je parle du système, je ne dis pas qu'il s'effondre, que c'est le grand soir ou que le capitalisme va périr dans les flammes, mais la façon dont on n'a organisé la production et les échanges dans le monde ne sont plus soutenable actuellement parce que trop déséquilibré et l'organisation politique qui découlait de ça est également impuissante à réformer, parce que tenue par des pays ayant intérêt à ne pas réformer et à maintenir le système en place, notamment les USA qui ont tout à perdre à une refonte de l'organisation monétaire qui réduirait fatalement la place du dollar dont l'hégémonie n'est plus justifiée.
De fait, faute de réforme, la réalité s'impose d'elle même sans demander l'avis de personne et c'est douloureux et potentiellement conflictuel. Pour prendre l'exemple du dollar, on a actuellement un développement des échanges dans d'autres grandes monnaies et il y a fort à parier qu'au final, les échanges de matières premières ne se feront plus uniquement dans cette monnaie. Par exemple, il me semble que l'Iran, à cause des sanctions, commence à vendre son pétrole contre d'autres monnaies que le dollar à la Chine et à l'Inde (à vérifier, j'ai vu l'info passer sur un fil d'actu, mais c'était il y a plusieurs mois, donc bon...)
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)