Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

Vous avez des questions ou des commentaires à propos du scepticisme? Écrivez ici.
Avatar de l’utilisateur
Etienne Beauman
Messages : 6881
Inscription : 20 févr. 2011, 18:59

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#51

Message par Etienne Beauman » 05 juil. 2013, 18:09

Hypercritique ?! Il est facile de dire après coup que cela n'a rien changé à la conclusion
Sauf que si ça avait réussit, ça aurait du être reproduit.
Le test sert à vérifier une prétention extraordinaire, quelqu'un qui réussirait le test à 1% n'en deviendrait pas illico facto un être extraordinaire. Un coup de bol c'est possible.
Après, qu'il réussisse plusieurs tests et là on aurait quelque chose à étudier, comment fait il ?
Mais le premier n'a pas besoin d'être ultra compliqué, s'il échoue à sauter 1m20 on ne se fait pas d'illusion sur sa capacité de sauter à + de 2 mètres.
Comme le dit Cogite 5% ou 1% si c'est raté c'est pareil.
Au royaume des cyclopes, les borgnes sont aveugles.
Is this a discussion?

Sds
Messages : 14
Inscription : 30 juin 2013, 01:28

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#52

Message par Sds » 14 nov. 2013, 02:41

Désolé de faire de la nécromancie d'anciens sujets, mais j'aimerais poursuivre cette conversation avec un scandaleux retard :oops:
Nicolas a écrit :Je voulais juste savoir si un fonctionnement suivant, et cela sans engager une forme de croyance et de foie aveugle (totalement prêt a recevoir une conclusion positive ou négative), est un fonctionnement zozo :

Savoir acquis + Intuition/imagination à la résolution d'une question --> Recherches savoirs acquis/prise en compte ---> hypotheses ----> Recherches/"observation" ---> tests sous controls de protocoles scientifiques ---->Conclusion.
Je réécris légèrement ton modèle ainsi :
Prise de connaissance du savoir acquis par les autres --> Intuition/imagination générant une question inédite à partir de ce savoir --> Formulation d'une hypothèse testable/réfutable --> Définition et justification de ce que l'on entendra par preuve --> Expérimentation --> Conclusion

On peut distinguer le zozo du "bon" scientifique à chaque étape de ce modèle :
- le zozo ne trie pas qui sont les autres à l'origine du savoir sur lequel il va se baser (blogs, wikipedia, témoignages, ...) ; le "bon" scientifique se concentre essentiellement sur des publications écrites validées par ses pairs (c'est-à-dire des articles dans des revues à comité de lecture, des ouvrages de référence, ...)
- le zozo produit des questions qui peuvent être complétement déconnectées de tout savoir acquis par les autres (intuition "pure") ; le "bon" scientifique ne formulera pour ainsi dire jamais de question qui ne s'appuie pas sur du savoir considéré comme "solide" (cf ci-dessus), son imagination le fait se positionner par rapport à de l'existant pour le compléter (il a vu une faille, ou quelque chose qui manque pour décrire ou expliquer d'autres phénomènes particuliers)
- le zozo ne formule pas ses questions sous forme d'hypothèse testable (cf ce qu'on a dit avant sur la réfutabilité et la réplicabilité, je rejoins totalement les autres intervenants à cette discussion)
- pour les preuves, j'ai déjà dit ce que je pensais (je ne suis pas trop d'accord avec les autres intervenants)
- le zozo communique pour les autres zozos la plupart du temps, le "bon" scientifique communique pour les autres "bons" scientifiques la plupart du temps

Donc tu vois que ce que tu proposes n'est pas un fonctionnement zozo ni scientifique en soi (étapes), c'est plus une question relative au tri sélectif qu'ils font à chaque étape.


Dans cette idée, pour moi, il n'y a pas de rupture nette entre zozo et scientifique, mais plus un continuum. Ainsi, un groupe de "zozos" qui s'amuserait à tester l'effet du potiron sur la puissance de leurs visions divinatoires, parce qu'ils ont lu dans un grimoire que la courge et peut-être la citrouille augmentent ces pouvoirs, ne seraient à mon sens que des demi-zozos, s'ils définissent à l'avance ce qu'ils entendent par puissance des visions. Ils s'appuient sur du savoir de pairs, ils peuvent formuler une hypothèse, ils peuvent la tester selon des critères pré-définis, reproduire le test, et conclure.

Pourquoi ne pas les accepter comme "bons" scientifiques, alors qu'ils suivent des étapes claires ? Parce qu'il y a aussi un consensus social sur ce qui est la "bonne" science, et là ça touche au champ social (utilité financière, traditions académiques, ...).

Nicolas a écrit :Sds et Cogite, je me rend compte que vous tutoie, est ce malvenue ?
Désoler si c'est le cas.
Merci d'en parler enfin, je suis outré que tu me tutoies, à chaque fois je donne de grands coups de poing dans mon clavier et j'insulte ma femme pour me défouler. Non, évidemment ça ne pose aucun problème et je ne l'avait même pas remarqué :P: En plus je me suis permis depuis le début de te tutoyer aussi, donc à mon tour de m'excuser si c'est inconvenant.

Etienne a écrit :Le test sert à vérifier une prétention extraordinaire, quelqu'un qui réussirait le test à 1% n'en deviendrait pas illico facto un être extraordinaire. Un coup de bol c'est possible.
Je suis d'accord avec toi. D'ailleurs, ça rejoint dans une certaine mesure ce que je disait sur la roulette ou le dé pipé. Ce genre de test statistique permet une présomption, non une certitude.

Etienne a écrit :Après, qu'il réussisse plusieurs tests et là on aurait quelque chose à étudier, comment fait il ?
Encore d'accord. Mais le problème de la répétition, c'est qu'il ne faut pas en abuser, parce qu'il se peut aussi que le participant se loupe. Même un basketteur professionnel peut rater des paniers si on lui en demande 50 d'affilée.
Supposons que tu fasses passer 5 fois le test à une personne peut-être extraordinaire, et qu'elle réussisse le test 3 fois. Que vas-tu en conclure ? (au seuil de 1% de réussite par hasard, réussir 3 fois sur 5 est de l'ordre d'une chance sur 100000)

Etienne a écrit :Mais le premier n'a pas besoin d'être ultra compliqué, s'il échoue à sauter 1m20 on ne se fait pas d'illusion sur sa capacité de sauter à + de 2 mètres. Comme le dit Cogite 5% ou 1% si c'est raté c'est pareil.
Justement, il faut commencer par un seuil bas et pas un seuil très conservateur. Si c'est raté à 1%, on ne peut pas prétendre que ça aurait été raté à 5%. Or 5% est déjà un seuil à partir duquel un débat scientifique peut commencer (généralement dans la littérature scientifique).

Jean-Francois
Modérateur
Modérateur
Messages : 27990
Inscription : 03 sept. 2003, 08:39

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#53

Message par Jean-Francois » 14 nov. 2013, 03:12

Sds a écrit :Pourquoi ne pas les accepter comme "bons" scientifiques, alors qu'ils suivent des étapes claires ? Parce qu'il y a aussi un consensus social sur ce qui est la "bonne" science, et là ça touche au champ social (utilité financière, traditions académiques, ...)
Votre exercice de pensée contient sa propre limite: quels sont les résultats? Pas imaginaires, réels. Si ces résultats sont de l'ordre du purement subjectif, valables uniquement pour les amateur du potiron (ils le fument?), et sans réel impact sur le travail des "bons" scientifiques, ils ne sont simplement pas de "bons" résultats.

Ce que vous décrivez est moins un "continuum" que des voies parallèles. Avec un groupe qui imite l'autre mais ne le rejoint pas vraiment.

Jean-François
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)

Sds
Messages : 14
Inscription : 30 juin 2013, 01:28

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#54

Message par Sds » 14 nov. 2013, 04:07

J'aime bien votre remarque, et je rebondis sur deux de ses aspects :

- Comment distinguez-vous un résultat "réel" d'un résultat "imaginaire" ? Est-ce à dire que toute mesure d'un ressenti ou d'une perception n'est pas la mesure d'une réalité qui peut nous renseigner sur notre monde ? Si vous demandez à un groupe d'hommes et à un groupe de femmes de rapporter leurs préférences en matière de science-fiction ou de comédie romantique et que vous constatez une différence liée au genre, cette différence est-elle "imaginaire" et non "réelle" ? Si vous mesurez le niveau d'humiliation ressenti suivant telle ou telle insulte reçue et qu'un consensus se dégage malgré le fait que l'on prenne un vaste échantillon de personne, cela ne renseigne-t-il pas sur la réalité globale que certaines insultes sont plus humiliantes que d'autres ? (désolé pour les exemples naïfs)
J'ai peut-être mal compris ce que vous vouliez dire, et que par résultat "réel", vous entendez les applications futures. Mais en ce cas, on tombe dans une idée de gradation des découvertes en fonction de leur utilité. Si c'est un aspect essentiel de la science en pratique, il ne la définit pas.

- J'évoquais l'idée d'un continuum pour que l'on n'oppose pas zozos et scientifiques du point de vue de la méthode de génération et de vérification d'une idée. Je pense que l'on peut plutôt qualifier à divers degrés la qualité d'ancrage dans un existant consensuel (un domaine ou une discipline quel qu'il soit), ou pour le dire autrement la qualité de référence à et de validité de complétion d'un savoir antérieur. Votre idée d'un parallèle tient plus à l'existant consensuel en lui-même (le domaine et ses applications) ; en ce sens oui je suis d'accord qu'il n'y a aucun axe commun, et ce n'est pas propre à une différence zozo-scientifique, ça existe aussi entre sciences.

Quant aux potirons, ils s'en oignent avec de l'huile essentielle (en petites granules sphériques et blanches ça marche aussi) ;)

Jean-Francois
Modérateur
Modérateur
Messages : 27990
Inscription : 03 sept. 2003, 08:39

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#55

Message par Jean-Francois » 14 nov. 2013, 12:42

Sds a écrit :Comment distinguez-vous un résultat "réel" d'un résultat "imaginaire" ?
Vous proposez un exercice de pensée, je vous demande qu'est-ce qui se passe "dans le vrai monde": des exemples précis. Il n'est pas trop difficile de concevoir des exemples fictifs qui vont dans le sens de ce que l'on pense mais c'est plus difficile de prendre des exemple qui reflètent la réalité.
J'évoquais l'idée d'un continuum pour que l'on n'oppose pas zozos et scientifiques du point de vue de la méthode de génération et de vérification d'une idée
La plupart des zozos n'ont strictement aucune idée de la démarche scientifique. Cela dit, je suis d'accord que les idées naissent souvent d'observations empiriques plus ou moins naïve des choses. La science offre une démarche de vérification (la plus) stricte (possible) mais il y a des manières de vérifier qui sont moins strictes... et qui donnent des résultats très variables quant sur le plan de leur validité, de leur adéquation avec les faits objectifs.
Je pense que l'on peut plutôt qualifier à divers degrés la qualité d'ancrage dans un existant consensuel (un domaine ou une discipline quel qu'il soit)
Je ne suis pas d'accord sur le "consensuel". Un certain nombre d'idées ou de technologies marginales au départ sont devenues consensuelles ce qui montre que le coeur de la question n'est pas là. De plus, la majeure partie - et ça englobe pas mal de thèmes "zozos" - ne le deviennent jamais ou, pire, deviennent de moins en moins consensuelles (même si certains s'obstinent).

Jean-François
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)

Sds
Messages : 14
Inscription : 30 juin 2013, 01:28

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#56

Message par Sds » 14 nov. 2013, 20:09

Vous proposez un exercice de pensée, je vous demande qu'est-ce qui se passe "dans le vrai monde": des exemples précis. Il n'est pas trop difficile de concevoir des exemples fictifs qui vont dans le sens de ce que l'on pense mais c'est plus difficile de prendre des exemple qui reflètent la réalité.
D'accord, je comprends mieux.
Evidemment, il est complexe de donner un exemple qui donne pleine satisfaction à un scientifique puisque comme je l'avais dit plus haut, les "zozos" à mi-chemin de la science académique ne publient typiquement pas d'articles de recherche, donc il n'y a pas de trace formelle de possibles savoirs facile à trouver.

Mais je vais quand même hasarder l'exemple réel d'un médecin d'hôpital interrogé dans les média (désolé, j'ai oublié son nom) qui, constatant le bien-être ressenti par ses patients qui consultaient des "magnétiseurs" "boute-feu", admettait prendre en compte ce constat dans sa pratique (pour répondre à votre avant-dernier message relatif à l'impact sur les pratiques). Ce médecin est-il un zozo ? A sa manière, il ne dévie pas tant dans sa méthode de l'utilisation d'instruments de mesure courants et admis dans le domaine de la santé, tels que l'échelle d'impression clinique globale (Clinical Global Impression, Guelfi, 1993), et il aboutit via cette méthode et un raisonnement causal à la conclusion qui est la sienne (le bénéfice des magnétiseurs sur l'amélioration de l'état de santé perçu de ses patients). Ca ne veut pas dire qu'il adhère aux théories relatives à un prétendu magnétisme humain, mais qu'il a généré un savoir qui s'appuie sur de l'observation et que cela impacte sur sa pratique. Pourtant, je me doute un peu de l'accueil qui lui serait réservé s'il tentait une publication là-dessus (je peux me tromper, mais je serais assez surpris). Cet exemple vaut ce qu'il vaut, je n'ai pas mieux en tête pour le moment.

Mais je vous objecterai que vous évoquez l'impact sur le travail des "bons" scientifiques comme critère de "bon" résultat, ce qui rend le problème pour ainsi dire insoluble : je suis en charge de citer des exemples de savoirs construits avec une démarche hypothèse-critère de preuve-conclusion qui ne satisfont pas les "bons" scientifiques mais qui seraient en même temps pris en compte dans leur travail. A la limite, avec ce critère en mire, je peux évoquer la "mémoire de l'eau" ou l'homéopathie, qui manifestement continuent d'alimenter publications et débat (les "bons" scientifiques en tiennent donc compte dans leur travail). On voit le glissement d'un pareil exemple, et je l'avais déjà dit précédemment : l'utilité, la popularité ou l'universalité d'une découverte sont importantes dans la pratique sociale de la science, mais elle ne séparent pas ce qui serait de la science/du savoir et de la non-science/du non-savoir.

La plupart des zozos n'ont strictement aucune idée de la démarche scientifique.
Comment définissez-vous clairement la démarche scientifique ? Je doute que les "zozos" soient strictement nuls en matière de tout type de raisonnement.
De plus, les corps de métier les plus zozos ne sont pas forcément les moins instruits en matière de science scolairement parlant (de mémoire, il y a beaucoup plus de zozos chez les enseignants que chez les agriculteurs par exemple).

Je ne suis pas d'accord sur le "consensuel". Un certain nombre d'idées ou de technologies marginales au départ sont devenues consensuelles ce qui montre que le coeur de la question n'est pas là. De plus, la majeure partie - et ça englobe pas mal de thèmes "zozos" - ne le deviennent jamais ou, pire, deviennent de moins en moins consensuelles (même si certains s'obstinent).
Y a-t-il des scientifiques ou des champs disciplinaires considérés comme majeurs sans être l'objet d'un consensus minimal ?
Je suis d'accord sur le fait qu'ils ne le sont pas forcément au départ, mais alors ils ne sont aussi pas encore reconnus comme de la "bonne" science à ce moment-là.

Avatar de l’utilisateur
Dash
Messages : 5217
Inscription : 06 mai 2009, 14:40

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#57

Message par Dash » 15 nov. 2013, 08:58

Salut à tous, vos échanges sont intéressants!

Je me permets une petite incursion digressive concernant ce passage précis :
Sds a écrit :Je doute que les "zozos" soient strictement nuls en matière de tout type de raisonnement. De plus, les corps de métier les plus zozos ne sont pas forcément les moins instruits en matière de science scolairement parlant...
Vous avez raison!

J'ai une « théorie personnelle » qui explique cela...

Les gens moins instruits et/ou qui ont plus de difficultés à raisonner ont nécessairement de moins bonnes raisons (évidence et pléonasme) pour justifier (et ainsi donc entretenir et renforcer) leurs a priori et leurs impressions (intellectuellement parlant). Autrement dit : plus on est intelligent et instruit, plus il est facile de se créer des arguments sophistiqués qui rendent le discernement des paralogismes de moins en moins évident à détecter.

Également (et généralement), les gens moins intelligents et/ou possédant peu d'instruction se préoccupent beaucoup moins de certaines questions intellectuelles et existentielles. Non pas qu'ils n'y ont jamais pensé, mais ils n'y consacrent pas autant de temps à construire et broder autour de celles-ci. Il en résulte qu'ils sont souvent moins impliqués émotivement (ou ont moins d'intérêts) au sujet de questions pour lesquels ils ont investi moins de temps et d'énergie que certains intellectuels par exemple. Autrement dit : quelqu'un qui ne se préoccupe pas vraiment d'une question ou d'un sujet X ou Y aura nécessairement un avis moins tranché et catégorique sur cette dernière qu'un intello plus instruit qui aura passé beaucoup de temps à réfléchir, à juger, à trancher et à se justifier sa position.

Il me parait évident que si l'on est biaisé au départ à propos d'un sujet, tout en ne possédant pas suffisamment de capacité d'abstraction et d'autocritique, plus on est intelligents et connaissants, plus on excellera à se fourvoyer et à s'illusionner soi-même! C'est « le revers de la médaille » en quelque sorte.
Penser savoir est une chose, savoir penser en est une autre !

Jean-Francois
Modérateur
Modérateur
Messages : 27990
Inscription : 03 sept. 2003, 08:39

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#58

Message par Jean-Francois » 15 nov. 2013, 13:05

Sds a écrit :Mais je vais quand même hasarder l'exemple réel d'un médecin d'hôpital interrogé dans les média (désolé, j'ai oublié son nom) qui, constatant le bien-être ressenti par ses patients qui consultaient des "magnétiseurs" "boute-feu", admettait prendre en compte ce constat dans sa pratique (pour répondre à votre avant-dernier message relatif à l'impact sur les pratiques). Ce médecin est-il un zozo ?
Pas forcément. S'il ne fait que considérer l'ajout de ces pratiques comme une sorte de placebo, il est simplement pragmatique. S'il pense que ces pratiques sont réellement efficaces et fondées, juste parce qu'il se contente d'observations superficielles, il peut devenir un franc zozo.

Notez que pour moi, zozo a un sens assez fort: un zozo défend ce qui tient de l'ordre de la croyance (de la conviction sans véritable preuve).
Ca ne veut pas dire qu'il adhère aux théories relatives à un prétendu magnétisme humain, mais qu'il a généré un savoir qui s'appuie sur de l'observation et que cela impacte sur sa pratique.
À mon avis, il n'a généré aucun savoir: il n'a fait qu'entretenir des croyances qui existaient.
Pourtant, je me doute un peu de l'accueil qui lui serait réservé s'il tentait une publication là-dessus (je peux me tromper, mais je serais assez surpris)
Peut-être que s'il tentait une publication là-dessus, il découvrirait lue premier que ces pratiques ne dépassent pas l'effet d'un placebo et qu'elles ont des côtés néfastes. Qui sait?

Parce que vous demeurez très "théorique", vous ne prenez pas en considération la nature des résultats et l'attitude des chercheurs vis-à-vis de ceux-ci. Si votre médecin demeure à un stade d'observation superficielle, il ne teste pas vraiment ses hypothèses. Il ne confronte pas ses impressions au réel.

Je suis d'accord que la démarche peut partager des points communs avec la science. Mais ce qui, au final, distingue la science est que les résultats sont objectifs: ils ont un impact sur le réel, pas seulement une impression dans l'esprit de quelqu'un. Pour ça, il faut que les expériences soient conçues, le plus et le mieux possible, pour tester les idées et non dans le but de se donner raison.
A la limite, avec ce critère en mire, je peux évoquer la "mémoire de l'eau" ou l'homéopathie, qui manifestement continuent d'alimenter publications et débat


Avez-vous vérifié à quel point c'est vrai? À mon avis, la "mémoire de l'eau" a pour ainsi dire disparue du paysage et l'homéopathie n'est encore défendue que par les pro-homéopathie.

Qu'il y ait des polémiques qui subsistent, qui alimentent des débats, ne veut pas dire qu'elles soient réellement scientifiques.
Comment définissez-vous clairement la démarche scientifique ? Je doute que les "zozos" soient strictement nuls en matière de tout type de raisonnement
Vous allez plus loin que ce que je dis. La plupart des défenseurs d'idées zozoes se basent sur des idées à forte saveur traditionnelle (magnétisme humain, homéopathie, acuponcture, astromancie), qu'ils font semblant de tester voire qu'il ne testent pas du tout. La vérification empirique, objective, des idées est l'étape de la démarche qu'ils omettent aisément. Et quand ils la prennent en considération, ce n'est pas avec rigueur. Et c'est cette étape qui est fondamentale en science. Eux font plus dans une forme de théorisation que dans de la vérification empirique.

Dans le modèle que vous proposez plus haut (avec lequel je suis plutôt d'accord*), les étapes qui sont selon moi souvent problématiques dans une démarche zozoe sont:
- la "prise de connaissance du savoir acquis par d'autres": c'est souvent très ancrée dans du "traditionnel" et peu critique. L'apport des connaissances scientifiques bien établies est très souvent minimisé (ex., homéopathie, parapsychologie).
- l'expérimentation: souvent basée sur une très mauvaise gestion des paramètres expérimentaux fondamentaux. (Par exemple, la plupart des pro-psi assume que les résultats s'expliqueront par le psi, mais ils ne contrôlent rien de ce côté-là.)
- conclusion: la conclusion est souvent tirée d'avance plutôt que vraiment basée sur les résultats. (Exemple, si un parapsychologue obtient des résultats négatifs dans une expérience de télépathie, il va chercher les paramètres de son expérience qui expliqueront que la télépathie n'a pas pu s'exprimer. Il ne remettra pas en question la télépathie.)

* Quoique j'ajouterai une étape "évaluation critique des résultats" avant "Conclusion".
JF a écrit :Je ne suis pas d'accord sur le "consensuel". Un certain nombre d'idées ou de technologies marginales au départ sont devenues consensuelles ce qui montre que le coeur de la question n'est pas là. De plus, la majeure partie - et ça englobe pas mal de thèmes "zozos" - ne le deviennent jamais ou, pire, deviennent de moins en moins consensuelles (même si certains s'obstinent).
Y a-t-il des scientifiques ou des champs disciplinaires considérés comme majeurs sans être l'objet d'un consensus minimal ?Je suis d'accord sur le fait qu'ils ne le sont pas forcément au départ, mais alors ils ne sont aussi pas encore reconnus comme de la "bonne" science à ce moment-là
Tout à fait. S'ils viennent à être considérer comme bon scientifique ou champ disciplinaire majeur, c'est parce que les résultats qu'il génèrent ont un impact suffisamment tangible pour être convaincants. C'est pourquoi je disais que "consensuel" n'est pas un critère au départ.

Jean-François
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)

Sds
Messages : 14
Inscription : 30 juin 2013, 01:28

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#59

Message par Sds » 17 nov. 2013, 00:26

Jean-François a écrit :Pas forcément. S'il ne fait que considérer l'ajout de ces pratiques comme une sorte de placebo, il est simplement pragmatique. S'il pense que ces pratiques sont réellement efficaces et fondées, juste parce qu'il se contente d'observations superficielles, il peut devenir un franc zozo.

Notez que pour moi, zozo a un sens assez fort: un zozo défend ce qui tient de l'ordre de la croyance (de la conviction sans véritable preuve).
Jean-François a écrit :À mon avis, il n'a généré aucun savoir: il n'a fait qu'entretenir des croyances qui existaient.
A vous lire, j'ai l'impression que vous classez la démarche descriptive comme non scientifique et non génératrice de savoirs, par opposition à la démarche explicative.
Je suis d'accord dans l'idée qu'une description d'un phénomène ne permet pas d'échapper à toutes sortes de croyances sur l'origine du phénomène, et que seule une démarche explicative rigoureuse permet de tirer bien plus de choses au clair.
Néanmoins, il ne faut pas jeter trop vite la démarche descriptive à la poubelle. Le Gulf Stream a été décrit et cartographié avant que l'on ne précise les mécanismes qui en sont à l'origine. Considérez-vous que la cartographie du Gulf Stream n'est pas un savoir ? Qu'elle nécessite un positionnement en termes de croyances ?
Pour reprendre l'exemple précédent du médecin, dire que les magnétiseurs ont une incidence positive sur le bien-être des patients est la description d'un phénomène réel (i.e., que n'importe quel médecin peut aussi constater), qui constitue donc en soi un savoir, une connaissance (pragmatique oui), et qui ne s'encombre pas nécessairement de l'expression de croyances sur son origine, et n'en défend pas nécessairement non plus. Bien comprendre les mécanismes qui permettent l'occurrence de ce phénomène est un autre type de savoir, plus avancé et plus intéressant je suis complètement d'accord, mais qui ne définit pas la frontière de la science et du savoir.
Jean-François a écrit :Mais ce qui, au final, distingue la science est que les résultats sont objectifs: ils ont un impact sur le réel, pas seulement une impression dans l'esprit de quelqu'un.
Jean-François a écrit :Parce que vous demeurez très "théorique", vous ne prenez pas en considération la nature des résultats et l'attitude des chercheurs vis-à-vis de ceux-ci. Si votre médecin demeure à un stade d'observation superficielle, il ne teste pas vraiment ses hypothèses. Il ne confronte pas ses impressions au réel.
Si son hypothèse est la suivante : les patients qui consultent un magnétiseur auront un niveau de bien-être perçu plus élevé que celui des patients qui n'en consultent pas, il la teste bien par l'observation et l'évaluation de ce bien-être perçu dans ses deux groupes de patients.
J'ai l'impression que chaque fois que vous parlez du réel, vous le limitez aux phénomènes physiques. Les phénomènes psychiques (et je ne veux pas du tout dire par là ce que les zozos appellent psychique) peuvent tout à fait être des objets d'études et d'observation. Je rajouterai même objectifs si la validité de leur occurrence est issue d'observateurs différents. En tout cas, cette position est défendue par plus d'un chercheur pour répondre à votre seconde phrase (évidemment, la plupart s'aventurent ensuite dans des modélisations ou des explications causales, mais cette étape supplémentaire n'enlève rien à la validité des observations dites "superficielles" sauf si l'on a des raisons de soupçonner un biais chez l'observateur).
Jean-François a écrit :Avez-vous vérifié à quel point c'est vrai? À mon avis, la "mémoire de l'eau" a pour ainsi dire disparue du paysage et l'homéopathie n'est encore défendue que par les pro-homéopathie.
Je parlais des publications en général sur ce sujet (pas forcément pro-mémoire de l'eau), et pas seulement de la citation de la mémoire de l'eau comme cas d'école d'arnaque scientifique. Un petit tour sur google scholar montre qu'il y a des publications récentes qui évoquent la mémoire de l'eau, et même si c'est en majorité dans des revues biaisées, il me semble que ce n'est pas systématiquement le cas (par exemple,dans Current Biotechnology : "New approaches controlling cancer: zinc finger and water memory", 2012; ou dans International Journal of Quantum Chemestry (ça m'a l'air sérieux mais je peux me tromper) : "The biophysical basis of Benveniste experiments: Entropy, structure, and information in water", 2009).
Jean-François a écrit :
Comment définissez-vous clairement la démarche scientifique ? Je doute que les "zozos" soient strictement nuls en matière de tout type de raisonnement
Vous allez plus loin que ce que je dis. La plupart des défenseurs d'idées zozoes se basent sur des idées à forte saveur traditionnelle (magnétisme humain, homéopathie, acuponcture, astromancie), qu'ils font semblant de tester voire qu'il ne testent pas du tout. La vérification empirique, objective, des idées est l'étape de la démarche qu'ils omettent aisément. Et quand ils la prennent en considération, ce n'est pas avec rigueur. Et c'est cette étape qui est fondamentale en science. Eux font plus dans une forme de théorisation que dans de la vérification empirique.
La vérification empirique n'est qu'un cas particulier de démarche scientifique.
Wikipedia vaut ce que ça vaut, mais je suis d'accord avec l'introduction de leur article sur la méthode scientifique : "La méthode scientifique désigne l'ensemble des canons guidant ou devant guider le processus de production des connaissances scientifiques, qu'il s'agisse d'observations, d'expériences, de raisonnements, ou de calculs théoriques. Très souvent, le terme de « méthode » engage l'idée implicite de son unicité, tant auprès du grand public que de certains chercheurs, qui de surcroît la confondent parfois avec la seule méthode hypothético-déductive. L'étude des pratiques des chercheurs révèle cependant une si grande diversité de démarches et de disciplines scientifiques que l'idée d'une unité de la méthode est rendue très problématique."

De plus, la méthode scientifique ne définit pas la science. Voici quelques extraits d'un article intéressant à ce sujet (Siepmann, Journal of Theoretics, 1999) :

The scientific method is fine for experimentation but it is inadequate in determining what is Science. In the past if a discipline could not be subject to the scientific method, it was not Science. Therefore, I would like to propose that the scientific method should only be applied to experimentation when appropriate and not be used in the determination of what is or is not science, nor should it have any application in defining what is a hypothesis, theory, fact, or law.
Let's say that I form the hypothesis that fire is hot. I then put my hand into a fire and find it is hot. Now it is a theory as it has been verified. If it is verified by many to the point of certainty then it becomes a fact.
Technically, there is nothing that is 100% certain. For instance, I could be existing in a dream world where fire is hot while in my real world fire is cold. Though this is highly unlikely, it still could be so. But when something seems to be confirmed by every reasonable method, then we can call it a fact.

Puis :

I would like to propose that we define Science as the "the field of study which attempts to describe and understand the nature of the universe in whole or part."

N'est-ce pas aussi ce que les zozos font à leur manière ?

Enfin, je vous laisse réfléchir sur la dérive que représente le scientisme qui résonne pas mal avec la deuxième phrase de votre citation (voir plus haut) :
"Le scientisme est une vision du monde apparue au XIXe siècle selon laquelle la science expérimentale a priorité pour interpréter le monde sur les formes plus anciennes de référence : révélation religieuse, tradition, coutume et idées reçues. Le scientisme veut, selon la formule d'Ernest Renan (1823-1892), « organiser scientifiquement l'humanité ». Il s'agit donc d'une confiance (le terme de foi ne s'applique pas dans le domaine expérimental) dans l'application des principes et méthodes de la science expérimentale dans tous les domaines." (Wikipedia)
jean-François a écrit :Tout à fait. S'ils viennent à être considérer comme bon scientifique ou champ disciplinaire majeur, c'est parce que les résultats qu'il génèrent ont un impact suffisamment tangible pour être convaincants. C'est pourquoi je disais que "consensuel" n'est pas un critère au départ.
Un impact sur qui ?
L'influence croissante des médecines dites alternatives ou des médiums sur la population interroge sur la dimension pragmatique de la recherche (terme très bien trouvé que vous utilisez plus haut) et la notion d'impact convaincant. Je pense qu'il est bien sûr très important que la recherche avance dans ce qu'elle a de plus pointu, du plus exact d'un point de vue explicatif, et souvent de plus opaque pour le grand public. Mais il est dangereux qu'elle ne se saisisse de la question de l'impact hors dimension professionnelle de son travail qu'en déplorant l'ignorance des "gueux" intellectuels.

Dash a écrit :Les gens moins instruits et/ou qui ont plus de difficultés à raisonner ont nécessairement de moins bonnes raisons (évidence et pléonasme) pour justifier (et ainsi donc entretenir et renforcer) leurs a priori et leurs impressions (intellectuellement parlant). Autrement dit : plus on est intelligent et instruit, plus il est facile de se créer des arguments sophistiqués qui rendent le discernement des paralogismes de moins en moins évident à détecter.
En plus de ce que vous décrivez, il est possible dans le domaine de la recherche de modifier ses hypothèses avant publication si les résultats ne vont pas dans le sens attendu, et comme vous le soulignez, quiconque est assez habile en argumentation peut exceller dans cet art noir avec d'autant plus de facilité que son champ de recherche est nouveau ou propice à controverses.
Dash a écrit :Également (et généralement), les gens moins intelligents et/ou possédant peu d'instruction se préoccupent beaucoup moins de certaines questions intellectuelles et existentielles. Non pas qu'ils n'y ont jamais pensé, mais ils n'y consacrent pas autant de temps à construire et broder autour de celles-ci. Il en résulte qu'ils sont souvent moins impliqués émotivement (ou ont moins d'intérêts) au sujet de questions pour lesquels ils ont investi moins de temps et d'énergie que certains intellectuels par exemple.
Je pense que les gens moins instruits ont moins de croyances parce qu'ils se développent dans des milieux à plus faible niveau socio-culturel, qui valorisent davantage la considération collective plutôt que le bénéfice individuel, et du coup se soucient moins du "développement personnel" qui est la pompe à essence de nombreuses croyances (ex : réincarnation) ou pratiques professionnelles "parallèles" (ex : soins énergétiques) qui fleurissent actuellement.

Jean-Francois
Modérateur
Modérateur
Messages : 27990
Inscription : 03 sept. 2003, 08:39

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#60

Message par Jean-Francois » 17 nov. 2013, 01:51

Sds a écrit :
Jean-François a écrit :À mon avis, il n'a généré aucun savoir: il n'a fait qu'entretenir des croyances qui existaient.
A vous lire, j'ai l'impression que vous classez la démarche descriptive comme non scientifique et non génératrice de savoirs, par opposition à la démarche explicative
Peut-être parce que votre exemple est très superficiellement décrit. Selon ce que vous décrivez, votre médecin n'applique aucune démarche descriptive. Il se borne à constater le "bien-être" de ses patients, il ne vérifie rien. Si votre médecin n'a pas approfondi la question - s'il n'a pas vérifié qu'il y a effectivement une amélioration - il ne donne qu'une opinion pas une description rigoureuse d'un phénomène.

Une démarche descriptive peut apporter du savoir, mais ça dépend des domaines. Et cela dépend surtout comment elle est appliquée. On ne peut tirer n'importe quelle conclusion de n'importe quelle type d'expérience.
Si son hypothèse est la suivante : les patients qui consultent un magnétiseur auront un niveau de bien-être perçu plus élevé que celui des patients qui n'en consultent pas, il la teste bien par l'observation et l'évaluation de ce bien-être perçu dans ses deux groupes de patients
Quels sont ses critères pour définir le bien-être? Quand était faites les évaluations? Comment sont conçus les groupes contrôles et expérimentaux?
J'ai l'impression que chaque fois que vous parlez du réel, vous le limitez aux phénomènes physiques
Je sais parfaitement que ce qui touche à la psychologie a un intérêt. (Je vous ferais d'ailleurs remarquer qu'un humain est un objet physique.) Mais, cela demande d'être très rigoureux dans les observations car il est facile de s'abuser. Dans le cas de votre exemple, si le médecin se borne à quelques visites par mois, sans tenir compte du temps par rapport aux passages du magnétiseurs, parce qu'il est autrement débordé de travail, son impression est très superficielle et ne veut rien dire.
Un petit tour sur google scholar montre qu'il y a des publications récentes qui évoquent la mémoire de l'eau
Oui, il y en a encore sur la fusion froide. Je ne nie pas que ce genre de lubies a tendance à perdurer un moment, ce que je dis c'est que cela reste franchement mineur. Sans compter que dans certains cas les termes sont trompeurs (avez-vous lu l'article de Current Biotechnology? Savez-vous le rapport avec le concept de Benveniste?).
La vérification empirique n'est qu'un cas particulier de démarche scientifique
C'est quoi les autres cas? On peut élaborer de beaux modèles théoriques, on ne sera jamais sûr que le modèle corresponde à la réalité tant qu'on n'aura pas vérifié (ex., boson de Higgs). De plus, un modèle théorique ne sera scientifique que s'il est basé sur des résultats vérifiés par des expérimentations antérieures.

Il est vrai qu'il existe un grand nombre de méthodes pour vérifier des faits, mais sans cette vérification il n'y a pas vraiment de science (dans un sens moderne, car il est vrai que dans le temps la théologie ou l'astromancie étaient des sciences).
De plus, la méthode scientifique ne définit pas la science. Voici quelques extraits d'un article intéressant à ce sujet (Siepmann, Journal of Theoretics, 1999) :
Jamais entendu parler de votre Siepmann. Dans la première citation, ce qui ressort, c'est l'importance de la vérification. Cela même s'il termine par une hypothétique hypothèse.

Ensuite:
I would like to propose that we define Science as the "the field of study which attempts to describe and understand the nature of the universe in whole or part."
N'est-ce pas aussi ce que les zozos font à leur manière ?
Je ne sais pas à quel point cette citation représente bien la pensée de l'auteur mais si c'est le cas, il donne une définition assez zozoe. Si on se cantonne à cette définition, il faut croire que quelqu'un qui choisit la méditation pour "tenter de décrire et de comprendre la nature de l'univers" fait de la science. Foutaise.

Cela dit, il est vrai que si vous définissez la science seulement par la démarche tentative, sans aucun égard pour les résultats (ni la rigueur et l'objectivité), à peu près n'importe qui fait de la science. Le pape est un scientifique de haut niveau selon la définition que vous donnez plus haut. Mais si les avions volent, l'ordinateur sur lequel vous écrivez fonctionne, si les vaccins sauvent des vies, etc. c'est parce que les faits ont été vérifiés.

Si vous voulez définir la science dans une acception très large, il vous faudra trouver un autre terme pour "la science qui produit des connaissances par l'application d'une méthode rigoureuse". Non seulement il faudra le trouver mais il faudra le faire accepter.

Selon moi, ce qui fait que la génétique est une science alors que la parapsychologie est au mieux une activité ludique, c'est que la génétique à un sujet d'étude réel (les gènes et leur fonctions) alors que la parapsychologie s'intéresse à une chimère (le psi). Et on peut considérer que les deux disciplines datent toute deux approximativement de la fin du XIXe.
Enfin, je vous laisse réfléchir sur la dérive que représente le scientisme
Ce qui me ferait vraiment réfléchir est que vous me donniez des exemples précis (pas seulement allusifs ou théoriques) de ce que vous considérez comme "autre[s] cas de démarche scientifique".

Et si vous voulez montrer que mes propos sont scientistes, faites plus qu'une allusion superficielle à Wikipedia: établissez une démonstration.
Un impact sur qui ?
Un impact sur la réalité observable, qui fait que les découvertes puissent être considérées comme telle (après qu'elles aient été bien vérifiées, donc).
L'influence croissante des médecines dites alternatives ou des médiums sur la population interroge sur la dimension pragmatique de la recherche (terme très bien trouvé que vous utilisez plus haut) et la notion d'impact convaincant
Je ne suis pas certains que l'influence soit croissante (surtout dans le cas des médiums). Mais, seriez-vous en train de suggérer que la réalité se vote à main levée? Si non, je ne comprends pas le rapport avec la science.
Je pense qu'il est bien sûr très important que la recherche avance dans ce qu'elle a de plus pointu, du plus exact d'un point de vue explicatif, et souvent de plus opaque pour le grand public. Mais il est dangereux qu'elle ne se saisisse de la question de l'impact hors dimension professionnelle de son travail qu'en déplorant l'ignorance des "gueux" intellectuels
C'est un autre sujet.
En plus de ce que vous décrivez, il est possible dans le domaine de la recherche de modifier ses hypothèses avant publication si les résultats ne vont pas dans le sens attendu
Ça semble vous fâcher que les scientifiques ne soit pas dogmatiquement assis sur des idées fixes. Si un chercheur change ses hypothèses parce que les résultats obtenus donnaient tort à ses hypothèses de départ, c'est qu'il a changé d'idée. En autant que l'article se tient logiquement et que les résultats soient correctement décrits où est le mal? Le problème survient quand les résultats sont inventés ou obtenus par une autre méthode que celle décrite. Mais si la méthode et les résultats sont honnêtement décrits, quel le problème réel peut-il y avoir à ce que les hypothèses telles que publiées ne soient pas celles que le chercheur avait lorsqu'il a commencé les expériences?

Remarquez, ça serait certainement un problème si la science correspondait à la définition donnée plus haut, et que les résultats avaient beaucoup moins d'importance que la démarche (surtout celle au "niveau du vécu" du chercheur), si ce qui comptait était le seul discours, mais ce n'est pas le cas. Ce qui est important en science, ce sont les résultats, les faits vérifiables (ou, au moins, qui peuvent être infirmés).

Jean-François
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)

Jean-Francois
Modérateur
Modérateur
Messages : 27990
Inscription : 03 sept. 2003, 08:39

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#61

Message par Jean-Francois » 17 nov. 2013, 14:47

JF a écrit :
Sds a écrit :Enfin, je vous laisse réfléchir sur la dérive que représente le scientisme
Ce qui me ferait vraiment réfléchir est que vous me donniez des exemples précis (pas seulement allusifs ou théoriques) de ce que vous considérez comme "autre[s] cas de démarche scientifique"
À la réflexion, je comprendrais probablement mieux votre position si vous pouviez aussi me donner des exemples précis de ce que vous considérez comme des disciplines scientifiques, des disciplines qui ne sont pas scientifiques, et des disciplines pseudoscientifiques (si le terme a un sens pour vous).

Jean-François
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)

Avatar de l’utilisateur
DictionnairErroné
Messages : 4916
Inscription : 15 mai 2019, 19:25

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#62

Message par DictionnairErroné » 09 mai 2020, 00:43

Des données qui laissent perplexe, la découverte d'un univers parallèle où tout serait inversé, même le temps .
Cosmologie. Des preuves d’un univers parallèle découvertes en Antarctique ?

En examinant de plus près un des signaux, ils se sont aperçus qu’il pouvait correspondre à une particule de haute énergie. Sauf qu’il ne ressemblait pas à ce qu’ils avaient escompté. Surtout, il avait quelque chose d’impossible. Au lieu d’être émise d’en haut, cette particule explosait à partir du sol.

Cette étrange découverte remonte à 2016. Depuis, toutes sortes d’hypothèses fondées sur ce que l’on sait de la physique ont été avancées pour expliquer ce curieux signal, et toutes ont été écartées. La conclusion qui s’impose est donc stupéfiante. Pour expliquer ce signal, il faut postuler l’existence d’un Univers à l’envers, créé lors du même Big Bang que le nôtre, et qui existerait en parallèle. Dans ce monde miroir, le positif est négatif, la gauche est à droite et le temps se déroule en marche arrière. C’est probablement l’idée la plus démente à avoir jailli des glaces de l’Antarctique – et pourtant, c’est peut-être vrai.

https://www.courrierinternational.com/a ... ntarctique
La connaissance: Un ignorant qui sait qu'il est ignorant est bien moins ignorant qu'un ignorant qui ne sait pas qu'il est ignorant.

Avatar de l’utilisateur
Wooden Ali
Messages : 5070
Inscription : 09 déc. 2006, 21:31

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#63

Message par Wooden Ali » 10 mai 2020, 11:04

Sds a écrit :A vous lire, j'ai l'impression que vous classez la démarche descriptive comme non scientifique et non génératrice de savoirs, par opposition à la démarche explicative.

A mon avis, on a tort de réduire la démarche scientifique à la seule facette explicative de sa démarche. Cela ne rend pas compte de sa profonde originalité. Il est plus intéressant de s’attarder sur la raison de la pertinence sans égale des explications qu’elle donne de la réalité perçue .
En fait l’originalité de la démarche scientifique par rapport aux autres tentatives d’explication du monde est qu’elle est avant tout prédictive. Son objectif est de faire des prédictions exactes dans le domaine réel à l’aide de modèles. C’est l’exactitude de ses prédictions qui donnent la valeur explicative aux modèles proposés (ou théories).
Une explication qui ne se confronte pas au réel par des prédictions exactes n'est pas une explication scientifique. C'est de la poésie.

La description du monde naturel n'est que le matériau de base (les faits) sur lequel on peut appliquer la démarche scientifique. Sa qualité prédictive est élémentaire (le Soleil se lève à l'est). Elle peut être associée à n'importe quelle explication (Dieu l'a voulu ainsi) non vérifiable et non réfutable. C'est un savoir, certes, mais qui, faute de s'intégrer dans un modèle prédictif reste pauvre et, en l'état, stérile. Qui a fait le plus avancer la Biologie : Linné ou Darwin ?

En temps normal, l'idée que la Science se fait par le consensus des scientifiques est absurde. C'est la qualité des prédictions d'un modèle qui fait qu'il est adopté ou non. Ce n'est qu'en marge du champ de validité d'un modèle que les scientifiques peuvent se chamailler et diverger sur leur qualité. L'adoption d'un nouveau modèle rencontre aussi souvent des difficultés (les habitudes acquises ...), c'est humain.

Par exemple, ce n'est pas un consensus qui a fait adopter le modèle atomique actuel. C'est plutôt que le modèle précédent (le modèle planétaire) s’essoufflait et ne restait prédictif qu'à grands coups de modifications et d'additions ad hoc. Ce qu'on appelle à tort consensus n'est que l'évidence pour les scientifiques d'utiliser le meilleur modèle disponible.

En revanche, il est exact que pour des sujets très complexes, quand les prévisions des modèles en vigueur manquent de certitudes et de précision, le consensus scientifique peut être un élément de décision très important. Mais il faut garder en tête que, quelle que soit la qualité de ses membres, cela ne reste qu'un avis d'experts.
Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances. Marcel Proust

Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint
Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins ! Georges Brassens

Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné ? Dieu

Jean-Francois
Modérateur
Modérateur
Messages : 27990
Inscription : 03 sept. 2003, 08:39

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#64

Message par Jean-Francois » 10 mai 2020, 14:31

DictionnairErroné a écrit : 09 mai 2020, 00:43 Des données qui laissent perplexe, la découverte d'un univers parallèle où tout serait inversé, même le temps .
Ce que vous reprenez tient de l'enflure médiatique, de la déformation des faits pour faire du buzz. Même si les chercheurs ont réellement trouvé quelque chose de particulier - ce qui semble encore à démontrer -, rien n'indique qu'il faille invoquer un "univers parallèle". Allez donc chercher des sources plus proches de la littérature primaire (comme cet entrefilet de l'UH plutôt que d'amplifier ce qui se dit dans des articles de médias pas trop spécialisés sur le sujet.

Comme je n'ai pas accès à [New Scientist, je ne sais pas d'où sort cette histoire d'univers parallèle mais pas url=https://www.newscientist.com/article/22 ... y-physics/]du titre ou du début du texte de l'article[/url].

Je vous conseille aussi ce texte de S. Novella: Spoofing the Lede in Science Journalism. Morceau choisi:
"I do think this is nothing less than a massive systematic failure of popular science communications – focusing on the sexy speculative implication of research, and burying the actual research."
("Je pense que ce n'est rien d'autre qu'un échec systématique et massif de la vulgarisation scientifique [que de] mettre le focus sur le côté sexy de très spéculatives implications d'une recherche, et d'enterrer ce que cette recherche montre vraiment.")

Dans le cas de Courrier International, on n'est même pas vraiment dans le domaine de la vulgarisation scientifique sérieuse. D'ailleurs, plus bas sur la page on trouve un autre titre putaclic:
"Astrophysique. Des ondes gravitationnelles qui nous font vibrer comme Elvis Presley"
Elvis Presley toujours vivant dans un univers parallèle, peut-être :D

Jean-François
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)

Avatar de l’utilisateur
Raphaël
Messages : 8533
Inscription : 21 mai 2004, 03:42

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#65

Message par Raphaël » 10 mai 2020, 16:50

DictionnairErroné a écrit : 09 mai 2020, 00:43 Des données qui laissent perplexe, la découverte d'un univers parallèle où tout serait inversé, même le temps .
Je suis bien prêt à croire à l'existence des univers parallèles mais de là à croire que tout y est inversé c'est très indigeste, presque autant que l'hypothétique existence d'un nombre infini d'univers parallèles où on pourrait retrouver une infinité de copies de soi-même ayant vécu toutes les expériences possibles.

Si les observations scientifiques sont en général fiables c'est loin d'être le cas pour les interprétations hâtives qu'on en fait et la prudence devrait toujours être de mise dans ce domaine.

Avatar de l’utilisateur
ABC
Messages : 3847
Inscription : 11 mai 2014, 20:37

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#66

Message par ABC » 10 mai 2020, 23:12

Wooden Ali a écrit : 10 mai 2020, 11:04A mon avis, on a tort de réduire la démarche scientifique à la seule facette explicative de sa démarche. Cela ne rend pas compte de sa profonde originalité. Il est plus intéressant de s’attarder sur la raison de la pertinence sans égale des explications qu’elle donne de la réalité perçue .
En fait l’originalité de la démarche scientifique par rapport aux autres tentatives d’explication du monde est qu’elle est avant tout prédictive. Son objectif est de faire des prédictions exactes dans le domaine réel à l’aide de modèles. C’est l’exactitude de ses prédictions qui donnent la valeur explicative aux modèles proposés (ou théories). Une explication qui ne se confronte pas au réel par des prédictions exactes n'est pas une explication scientifique.
Complètement d'accord avec ça ! On ne décrit pas la réalité. Ça ne veut, en fait, rien dire. On élabore des modèles jugés pour leur aptitude à prédire de façon fiable et précise des résultats d'observation.

Les lois de la physique, et même les grandeurs que nous percevons comme les plus objectives possibles et imaginables (comme les constantes de la physique en particulier) ne sont, en fait, pas des descriptions du réel, mais des outils prédictifs. C'est le point de vue qui a peu à peu émergé au sortir du choc qu'à été la découverte de la physique quantique et l'impossibilité de recueillir une information sur l'état qu'avait le système juste avant de l'observer (et nous n'avons pas encore fini de digérer cette découverte déstabilisante).

Toutefois, les débats à ce sujet, même entre physiciens reconnus pour leurs compétences par leur pairs, ne sont pas encore totalement clos. Il y a eu énormément de tentatives pour obtenir une description de l'état quantique et des résultats de mesure quantique qui ne doive rien à l'interaction observateur/système observé et donne cependant des prédictions correctes. Ca c'est avéré être possible, mais il y a un prix à payer : l'introduction dans ce modèle de grandeurs inobservables (modèle de Bohm-De Broglie).

On rencontre le même type de dilemme en Relativité Restreinte. On peut obtenir un modèle correct de tous les effets relativistes (en tout premier lieu, bien sûr, l'invariance de Lorentz, un truc que richard n'a jamais réussi à comprendre) avec un milieu de propagation des ondes sensé posséder un état de mouvement par rapport à l'observateur. C'est l'interprétation lorentzienne de la Relativité Restreinte.

L'interprétation lorentzienne des effets relativistes marche très bien. Elle est physiquement et mathématiquement équivalente à la Relativité Restreinte. L'interprétation lorentzienne de la RR offre en outre une bonne raison pour que les ondes se propageant dans ce milieu, aussi bien les ondes quantiques que sont les particules matérielles que les ondes électromagnétiques, ne puissent se propager à une valeur supérieure à la vitesse limite de propagation dans ce milieu (j'ai vu passer, dans l'un des tes messages, que ce point te semblait contre-intuitif. Il est tout à fait intuitif dans le cadre de l'interprétation lorentzienne de la RR).

Ce cadre interprétatif réaliste des effets relativistes (un aspect qu'il n'a pas été possible d'aborder avec richard noyé dans des difficultés basiques) offre aussi la possibilité d'attribuer un caractère de réalité physique à la fonction d'onde
  • malgré l'effet EPR,
  • tout en sauvant le principe de causalité,
  • mais en sacrifiant quand même au passage la localité.
Par contre l'état de mouvement supposé de ce milieu est, jusqu'à ce jour, inobservable.

Je ne crois plus trop à l'interprétation lorentzienne pour des raisons que j'ai déjà un peu évoquées dans le fil "Relativité, réalisme et positivisme" (1), mais ce n'est pas par peur d'Occam. Je me méfie un peu de ce gars là. Occam est très utile en éliminant de la modélisation toute hypothèse qui ne soit pas strictement nécessaire à l'établissement de prédictions fiables et précises.

La méthode d'inférence statistique, par maximisation d'entropie (cf. les travaux de E.T. Jaynes à ce sujet), donne d’excellentes prédictions dans de très nombreux domaines. Or cette méthode n'est rien d'autre qu'une formalisation mathématique du rasoir d'Occam. Occam à donc très largement fait ses preuves, mais il arrive qu'un maniement un trop vif et systématique de son rasoir ait parfois pour conséquence de couper le blé en herbe.

L'analogie (par exemple l'analogie des évolutions quantiques déterministes avec le comportement déterministe de l'évolution des systèmes physiques qui prévalait avant l'avènement de la physique quantique) n'est pas la preuve d'un caractère déterministe caché de la mesure quantique (comme cherche à l'établir Gerard 't Hooft, cf. Determinism beneath quantum mechanics, mais il est bien isolé dans cette recherche). Cette analogie est suggérée par l'hypothèse selon laquelle la fonction d'onde serait la description objective d'un objet physique et non un simple outil prédictif.

L'analogie (celle là ou d'autres) peut conduire à des impasses, mais elle est parfois porteuse de bonnes idées. Il faut juste être méfiant car notre intuition repose sur notre vécu. L'intuition classique nous suggère de rester confiné (c'est tendance) dans une interprétation réaliste descriptive de la "réalité" physique. Cette intuition peut s'avérer inadaptée ou trompeuse face à des phénomènes situés complètement hors de son domaine de validité prouvée...
...mais parfois, ça marche quand même.

(1) Plutôt que d'abandonner l'invariance de Lorentz à un niveau interprétatif et de l'interpréter alors comme une émergence statistique à caractère thermodynamique (une sorte d'état d'équilibre expliquant l'invariance par translation, par rotation, par translation temporelle et par changement de référentiel inertiel), il me semble plus pertinent de relativiser le principe de causalité, en raison de la symétrie T et de certains effets comme l'effet Hartman (cf. The Hartman effect and weak measurements "which are not really weak"). L'énergie cinétique d'une particule est en effet négative au franchissement d'une barrière de potentiel par effet tunnel (A time symmetric formulation of quantum mechanics, Aharonov, Popescu, Tollaksen, § Negative kinetic energy et § The flow of time).

Cette énergie cinétique négative est la manifestation physique une évolution à rebrousse temps (cf. Structure of dynamical systems de Jean Marie Souriau, space and time inversion). Cela explique, à mon avis, comment une particule parvient à franchir, par effet tunnel, une barrière de potentiel à vitesse de groupe supraluminique sans avoir pour autant à violer l'invariance de Lorentz (cf. tunneling time and supraluminality, a tutorial, R. Chiao).

Ce que j'entends par relativiser le principe de causalité (cf. Can a future choice affect a past measurement outcome) c'est accepter plus ou moins de faire, pour la symétrie T, ce qui a finalement été accepté pour l'invariance de Lorentz avec la vitesse, considérer la vitesse d'un mobile comme relative à une classe d'observateurs (en chute libre, immobiles les uns par rapport au autres).

Dans le cas du principe de causalité, il s'agit d'interpréter ce principe non comme une description objective de l'ordre chronologique des relations cause-effet, mais comme relative à une classe d'observateurs, une modélisation formelle de nos limitations d'accès à l'information sur des évènements futurs. Encore une fois, il faut alors accepter
  • d'abandonner la vision réaliste : "je décris l'univers observé"
  • au profit d'une vision positiviste "je propose une modélisation mathématique me permettant de fournir des prédictions précises et fiables de mes résultats d'observation".

Avatar de l’utilisateur
spin-up
Modérateur
Modérateur
Messages : 6321
Inscription : 23 févr. 2012, 12:01

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#67

Message par spin-up » 11 mai 2020, 09:24

Nicolas78 a écrit : 27 juin 2013, 21:26 Bonsoir (jour),

Je bute en touche concernant ma vision du scepticisme scientifique de la science et des recherches fondamentales.
Je m'explique.
On dit que un sceptique scientifique est globalement un scientifique avec un esprit de doute qui ne croie pas en se qui n'est pas validée et prouvée par des faits.
Or comment un esprit sceptique peux accepter en paix la recherche scientifique dans un domaine tel que les univers multiples ?

Si je me met a la place du chercheur, je doit admettre une probabilité pour que ça existe avant de lancer des recherches non ?
J'ai donc une forme de croyance ?
J'imagine que tout cela est une question de méthodologie différentes.
Donc on ne va pas affirmer que les univers parallèle existe, mais pour rechercher on doit au minimum supposé une existence et donc engager une forme de croyance dans l'action même de la recherche non ?
Peut t'on dire pour autant que les scientifiques en recherche sur se sujet sois des zozos ? ou est-ce des Zézos ?
Il ne s'agit pas du tout de croyances mais de prédictions.

Quand quelqu'un formule une théorie qui permet de decrire la realité mieux que les theories précedentes, cette theorie permet souvent de prédire l'existence de phénomènes encore jamais observés. Les gros projets de physique experimentale consistent souvent a tenter d'observer ces phénomènes. Pas par croyance, mais parce qu'un modèle qui a raison sur tout le reste les prédit.
C'etait le cas pour les trous noirs, le boson de Higgs, les ondes gravitationelles.

Certaines théories (ou leurs interpretations) predisent l'existence d'univers multiples.
Si ces theories fonctionnent pour expliquer la realité connue mieux que les theories sans univers multiples
Et
SI elles font des predictions observables/refutables sur ces univers multiples

Il est justifié de chercher les preuves experimentales de ces univers multiples.

Avatar de l’utilisateur
curieux
Messages : 6866
Inscription : 12 juin 2005, 16:17

Re: Scepticisme/science/recherches et univers parallèle

#68

Message par curieux » 11 mai 2020, 11:29

spin-up a écrit : 11 mai 2020, 09:24Il ne s'agit pas du tout de croyances mais de prédictions.
Bonjour

La physique est un domaine complexe où la vulgarisation laisse parfois entendre que certaines théories sortent de nulle part et de ce fait que n'importe qui serait capable d'en pondre une parce que n'importe qui peut avoir beaucoup d'imagination.
Malheureusement la trajectoire qui se termine par une théorie est rarement connue du grand public, aussi éclairé soit-il.
Parler de prédictions est tout à fait justifié, non pas parce que les théories ressemblent aux incertitudes de Madame Soleil mais parce que l'issue n'est jamais acquise à 100%.

Un exemple de théorie qui laisse le grand public admiratif peut se trouver dans l'hypothèse de Gell-mann qui, en soupçonnant l'existence de trois quarks pour expliquer la faune des particules élémentaires, pourrait passer pour un grand voyant alors que son travail était tout ce qu'il y a de plus logique.
Sans entrer dans le détail, après beaucoup de boulot sur le classement des particules découvertes à son époque (années 1960 et +), ce qui enfonçait le clou de sa théorie se trouvait aussi dans un constat tout simple, les deux particules élémentaires les plus courantes, le proton et le neutron, avaient un moment magnétique dont le rapport d'environ +3 et -2 semblait bien montrer que ce n'étaient pas des particules élémentaires mais des petits bidules composites. De plus, le neutron, réputé pour être sans charge électrique, n'aurait jamais dû présenter un moment magnétique...

On peut parler d'intuition mais à ce stade il s'agit bien plus de la compétence du passionné possédant des bases plus que solides que de 'théorie' au sens où l'entend généralement le profane en la matière.
Le rôle de la physique mathématique est de bien poser les questions, ce n'est que l'expérience qui peut les résoudre. [Henri Poincaré]

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit