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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 22 déc. 2013, 18:50
par Etienne Beauman
BeetleJuice a écrit :Vous jouez sur la polysémie du terme harmonie pour déplacer le sujet vers l’acoustique, alors qu'à la base, on parlait de beauté et que le terme harmonie, dans ce même ordre d'idée, n'y a pas du tout le même sens.
C'est bien ce qu'il me semblait.
Quand Dash dit
En musique, pour une note qui vaut n vibration/sec, les harmoniques sont les vibrations 2n, 3n, 4n, 5n, etc. Mais ce qui est intéressant de savoir, c'est que ces harmoniques sont bel et bien présentes — physiquement — à même tous les sons. Autrement dit, si vous appuyez sur l'une des touches d'un piano, la note, le son produit contient également plusieurs harmoniques correspondant à d'autres notes (mais difficilement discernable pour les non-musiciens). Mais, ce qu'il est important de savoir, c'est que la construction et l'utilisation de la gamme chromatique actuelle (basé sur la gamme dite « majeur ») n'est pas totalement arbitraires, elle est en fait calqué sur les harmoniques naturelles que génèrent — physiquement — tous les sons dans la nature.

il explique que l'harmonie classique est basée au moins en partie sur l'harmonie naturelle.
Il ne dit pas que l'harmonie classique est un phénomène physique.
Vous ne parlez pas de la même chose.
Ca nous renseigne sur la composition du son, qui est une valeur objective, pas sur sa beauté.
On est d'accord, c'est ce que je disais dans mon précédent message.
l'Homme, même sourd, aurait pu découvrir l'harmonie qui est un phénomène physique ; en revanche bien sûr il n'aurait pu apprécier subjectivement la beauté ou pas de tel ou tel agencement de notes.
De plus ça ne dit rien de la dysharmonie.
A ma connaissance la dysharmonie n'est pas un terme musical.
Tu confonds probablement avec la dissonance.
:hausse:
il ne peut donc pas dire si tel ou tel suite d'ultrasons est plus harmonieuse qu'une autre.
Tu utilises harmonieux dans sons sens courant, "va bien avec", l'harmonie en musique concerne la structure des accords et les liens entre eux, pour la succession de notes on parle de mélodie.
Un musicien lisant le score d'une suite d'ultrason pourra te dire si cette mélodie est tonale ou pas, modale ou pas, sériel ou pas. Ces critères sont objectifs.
Mélodieux et harmonieux sont plus des termes de mélomanes que de musiciens.



On est d'accord sur le reste à ce sujet.

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 22 déc. 2013, 22:19
par Dave
Salut à tous!


Je me permets ici quelques commentaires un peu désordonnés (pertinents ou non, à vous de juger).


Une réalité purement objective semble théorique. Une réalité purement subjective semble théorique également. La réalité semble plutôt être un mélange implicite d'objectivité et de subjectivité (où l'un peut « imbriquer » l'autre, indéfiniment). Il y a des concepts plus objectifs que d'autres. La beauté est subjective, mais on peut quand même y trouver une facette moins subjective. Un concept ne semble jamais être purement objectif. La frontière entre ce qu'on considère comme étant objectif et ce qu'on considère comme étant subjectif est donc floue et difficile à juger « objectivement ». Est-il pertinent de parler de beauté (pourtant implicite) en la divisant, en la séparant (artificiellement?) en une partie subjective et une partie objective? Par exemple, le terme « harmonie » n'a plus la même (unique) signification.

On ne peut séparer l'ordre du désordre. La perception demeure relative. On ne sait pas si une forme d'intelligence consciente possède les mêmes sens physiques que nous. Il ne me semble donc pas exclu que ce qui nous semble ordonné (ou simple) ne le soit pas pour l'extra-terrestre, et inversement. Il y aurait donc des ordres partiels, relatifs et non un seul axe ordre/désordre. Les concepts doivent être développés et objectivés le plus possible (comme le fait la science), mais ne proviennent-ils pas d'une perception limitée, partielle, d'un manque d'information? Par exemple, aux échecs (le jeu), si notre capacité et notre rapidité de calcul et de mémoire étaient totales ou pratiquement infinies, prendrions-nous le temps de développer des concepts de tactiques et de stratégies pour gagner?

Les mathématiques (avec les modèles prédictifs) sont, selon moi, ce qui se rapproche le plus d'une objectivité totale. On pourrait même raisonnablement considérer une objectivité totale d'une réalité lorsque la prédiction s'accorde « parfaitement » avec la précise réalité prédite. Aussi, ce qui apparait comme de l'ordre (respectivement du désordre) à un certain niveau d'observation pourrait bien apparaitre comme du désordre (respectivement de l'ordre) à un autre niveau d'observation, et ce, pour la même entité consciente.

Ce ne sont que mes impressions, évidemment, mais ça montre peut-être la difficulté de bien répondre à la question (inutile?) qui cherche à savoir s'il existe, par exemple, un ordre tout à fait objectif, naturel, à la réalité. Cette question semble encore une fois plutôt philosophique. De toute façon, ne pouvons-nous pas toujours redéfinir nous-mêmes le terme « ordre » (par exemple) d'une manière toujours plus précise ou scientifique pour des fins utiles de recherche et non pour la recherche ultime de ce que serait l'ordre?


Amicalement!

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 22 déc. 2013, 23:38
par Raphaël
Dave a écrit :On ne peut séparer l'ordre du désordre.
Je ne suis pas d'accord avec cette affirmation.

Pour moi s'il y a ordre on doit forcément retrouver des structures (mathématiques,géométriques ou autres) tandis qu'on n'en retrouvera pas dans le désordre (ou du moins pas plus qu'une infime quantité due au hasard).

Excellente question

Publié : 22 déc. 2013, 23:44
par Denis

Salut Raphy,

À Greem, tu demandes :
Si des notes écrites au hasard sur une feuille s'appellent une partition, est-ce que des caractères écrits au hasard pourraient s'appeller de la littérature ?
Excellente question qui met le doigt en plein sur le bobo.

:) Denis

Re: Excellente question

Publié : 22 déc. 2013, 23:52
par Raphaël
Denis a écrit :Excellente question qui met le doigt en plein sur le bobo.
En fait c'est une de mes spécialités: je suis bobologue à temps perdu. :)

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 23 déc. 2013, 00:31
par Dave
Salut Raphaël!


Tu dis :
Pour moi s'il y a ordre on doit forcément retrouver des structures (mathématiques,géométriques ou autres) tandis qu'on n'en retrouvera pas dans le désordre (ou du moins pas plus qu'une infime quantité due au hasard).
Tu soulèves un point intéressant. Un ordre peut être perçu dans des objets mathématiques simples, comme tu sembles le souligner avec raison. Pour être plus précis, je dirais alors que l'ordre et le désordre sont des notions relatives (opposées ou complémentaires?), mais pas disjointes dans la réalité.

Par exemple, au début, notre système solaire ressemblait surement à un nuage de gaz où il était difficile d'y voir une structure. Au fil des millions d'années, on peut maintenant associer les planètes avec une certaine notion d'ordre dans le sens de modèles mathématiques ou de structures. Pourtant, les lois physiques (que l'on peut voir aussi comme de l'ordre) sont, à priori, les mêmes pour le système solaire à l'état gazeux et celui qui existe actuellement.

Les mathématiques pourraient donc aussi considérer ce qui apparait (du moins) sans structure ou désordonné. On peut même voir l'ordre comme quelque chose qui « émerge » du désordre, comme du désordre organisé. L'inverse est possible aussi.

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 23 déc. 2013, 00:47
par Pepejul
J'interviens un peu comme un cheveux sur la soupe mais pensez-vous que cette distinction puisse exister chez les animaux ?

Que pensez-vous de l'oiseau jardinier ?

http://blogs.mediapart.fr/blog/michel-d ... usionniste

La femelle trouve-t-elle son mâle plus "beau" avec cet effet de perspective forcée ? Le mâle dispose-t-il les éléments dans cet ordre "dans le but" de paraître plus grand ? Les animaux sont-ils sensibles à l'ordre ? à la beauté ?

(si ça n'a aucun rapport j'éditerai le post n'hésitez pas à me recadrer hein !)

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 23 déc. 2013, 00:58
par Raphaël
Dave a écrit :Par exemple, au début, notre système solaire ressemblait surement à un nuage de gaz où il était difficile d'y voir une structure. Au fil des millions d'années, on peut maintenant associer les planètes avec une certaine notion d'ordre dans le sens de modèles mathématiques ou de structures. Pourtant, les lois physiques (que l'on peut voir aussi comme de l'ordre) sont, à priori, les mêmes pour le système solaire à l'état gazeux et celui qui existe actuellement.
Je dirais plutôt que les forces physiques sont génératrices d'ordre et avec le temps ont fini par structurer le nuage de gaz désordonné qui existait au début en ce système organisé qui existe actuellement.

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 23 déc. 2013, 01:08
par Raphaël
Pepejul a écrit :Les animaux sont-ils sensibles à l'ordre ? à la beauté ?
Je crois en effet que l'appréciation de l'ordre et de la beauté n'est pas une exclusivité de l'espèce humaine.

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 23 déc. 2013, 01:22
par Greem
Raphaël a écrit :
Greem a écrit :Mon post était très clair et sans ambiguïté puisque je répondais a Chanur sur un exemple précis que j'ai pris le soin de citer, et dont je te rappel les propos : "Supposons que je prenne une feuille de papier à musique et que j'y écrive des notes choisies purement au hasard ; puis que j'en prenne une autre, et que j'y transcrive une sonate de Mozart." Et des notes inscrites sur du papier, on appelle ça une partition.
Question existentielle:

Si des notes écrites au hasard sur une feuille s'appellent une partition, est-ce que des caractères écrits au hasard pourraient s'appeller de la littérature ?
Si l'exemple de Chanur avait porté sur ce que tu dis, j'aurais plutôt utilisé le mot texte ou livre.
Tu as d'autre question trollesque ?

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 23 déc. 2013, 05:46
par Raphaël
Grinch a écrit :Si l'exemple de Chanur avait porté sur ce que tu dis, j'aurais plutôt utilisé le mot texte ou livre.
Tu as d'autre question trollesque ?
Non, ce sera tout. De toutes façons je suis pas intéressé à discuter avec un pitbull.

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 23 déc. 2013, 09:06
par Dave
Salut Raphaël!


Tu dis :
Je dirais plutôt que les forces physiques sont génératrices d'ordre et avec le temps ont fini par structurer le nuage de gaz désordonné qui existait au début en ce système organisé qui existe actuellement.
J'imagine que tu as peut-être raison. Je n'en ai aucune idée, ça me semble assez difficile à savoir. Comment faire pour le savoir?

Personnellement, je ne crois pas que les forces physiques génèrent forcément plus d'ordre apparent au fil du temps. Par exemple, comment être certain que les règles d'interaction de la matière découvertes jusqu'à maintenant existent réellement, c'est-à-dire de manière fondamentale ou de manière totalement objective, et non de manière provisoire ou approximative? On pourrait toujours se poser cette même question chaque fois que l'on améliore ces règles.

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 23 déc. 2013, 10:52
par Dash
Salut BJ,

Je passe sur les points pour lesquels EB a déjà répondu.

En ce qui concerne l'implication de la subjectivité, je ne pense pas que nous divergeons réellement (ou beaucoup) sur cet aspect. Ce qui m'intrigue vraiment, c'est plutôt vos propos suivants :
BeetleJuice, concernant ces propos de Dash :« même des extra-terrestres sauraient reconnaitre qu'il y a un certain ordre dans une formule mathématique humaine par rapport à un ensemble de symboles hasardeux et disparate qui ne veut rien dire. » a écrit : Sauf s'ils n'ont pas de notion d'ordre ou pas la même que la notre.
Je ne pense pas qu'il soit possible qu'une « intelligence » puisse ne pas posséder de notion d'ordre. Et, en ce qui concerne des ordres différents, c'est naturellement possible dans les détails (ou selon se que leurs permettent leur sens et leurs outils), mais, je pense qu'à la base, toute forme d'ordre et d'intelligence sont impérativement rattaché à des notions mathématiques de base et « universelle ».

Je sais que, depuis toujours, il y a un débat au sujet de l'existence (ou non) des « objets mathématiques » et bien que je ne pense pas pouvoir en débattre convenablement (au niveau philosophique), j'ai quand même tendance à conclure que les mathématiques ont un certain caractère universel et que toute forme d'intelligence ne peut se développer sans faire intervenir ces dernières. Le débat philosophique m'intéresse peu à ce sujet et je ne prétends pas que des objets mathématiques existent en tant qu'entités possédant des existences propres ou matérielles, mais ce qui m'intéresse et que je constate est qu'un cerveau qui ne permettrait pas de faire des opérations basiques, même inconsciemment (que nous interprétons a posteriori comme étant : ) d'additions, de soustractions, de multiplications et de divisions, ne pourrait pas permettre, selon moi, l'émergence d'aucune espèce de forme d'intelligence (au même titre que s'il ne possédait pas de capacité de mémorisation, P. Ex.).

Même inconsciemment, les cerveaux des enfants ou de plusieurs animaux procèdent par combinaisons de rapport et doivent nécessairement effectuer des calculs (au moins heuristique) pour obtenir des « produits » qui créeront les fondements de leur représentation du monde (dans leur mémoire) ou d'une soluce (qui se traduira par une réaction) à un problème (danger) présent, non?
BeetleJuice (au sujet de ces propos de Dash : « L'intelligence est indissociable de l'ordre » a écrit :C'est vachement péremptoire. Et vous pouvez le démontrer ?
Vous dites vous-même que : « La beauté, l'ordre, l'harmonie sont des notions humaines qui n'existent que parce que l'humain les définit et crée mentalement des échelles... » Ces représentations et ces échelles sont donc nécessairement tributaires de sa capacité à effectuer des rapports, des liens et donc à trier, classer, juger, déduire et combiner, etc, non? Et qu'est-ce que « l'intelligence » sinon une faculté permettant de faire ce genre de chose : c'est à dire créer des « ordres », des systèmes de pensées structurés?

Le lien m'est donc plus qu'évident!

À tout le moins, nous sommes d'accord que l'intelligence est liée aux ordres subjectifs, si ce n'est que parce que c'est cette première qui permet de créer ces derniers. C'est déjà ça!

En tant que faculté, en tant que capacité, je ne vois donc pas comment une forme de vie pourrait être (et être considéré) intelligente s'il lui est impossible de structurer des pensées, des données et des concepts et si elle est incapable d'effectuer des combinaisons et des déductions, etc., bref, de se créer des « ordres », des structures de pensées logiques (même sous forme d'heuristiques et plus ou moins consciemment). Mais je vous rejoins, il peut y en avoir plusieurs types et la subjectivité présente dans ces dernières sera toujours proportionnelle à la précision des « synthétisations conceptuels » (interprétations) concernant les processus et interactions observés dans la nature et l'environnement (sans oublier que d'autres facteurs, comme les sentiments et les émotions chez l'humain, ainsi que la limite de ses sens et de son cerveau, affectent également ses représentations).

Mais si l'intelligence implique impérativement ce genre de capacité (d'évaluation), elle procède alors nécessairement et inéluctablement avec des opérations mathématiques ( feu + moi dedans = douleurs = à éviter). Comment une forme d'intelligence pourrait-elle évaluer quoi que ce soit si rien ne s'effectue (même inconsciemment) comme processus d'évaluation? C'est donc ce qui me fait conclure que les opérations mathématiques et logiques de base sont forcément impératives à toute forme d'intelligence et que dès qu'une conscience s'attardera à s'expliquer elle-même, elle n'aura d'autre possibilité que de prendre conscience des mêmes concepts mathématiques et logique que nous. Au moins en partie!

Au moment où je vous réponds, plus loin, Dave mentionne : « ...Il y aurait donc des ordres partiels, relatifs et non un seul axe ordre/désordre... ».

Je suis en grande partie d'accord avec lui (et donc avec vous aussi j'imgagine) : la subjectivité est nécessairement plus ou moins présente selon les cas. Ça dépend en fait de quoi l'on parle et à quelle échelle! Il me parait évident qu'entre l'ordre/désordre, il y en a plusieurs (ordres) qui sont plus ou moins empreintes de subjectivité sauf que, fondamentalement, ce qui nous permet de parcourir cet axe (et d'y stagner parfois en un point précis), c'est bien la capacité (l'intelligence) de faire de l'ordre et du désordre justement. L’intelligence est donc une « faculté~machine » à ordonner et traiter de l'information. Ce que je prétends, c'est que c'est donc la capacité à en faire (de l'ordre) qui se retrouvera, forcement, chez toute forme d'intelligence, même extra-terrestre. À partir de là, comment considérer que cette capacité pourrait être fondamentalement différente au point de ne pas pouvoir reconnaitre qu'il y a des rapports et des proportions non hasardeuses dans des formules mathématiques humaines (ou tout autre truc créé par ce dernier)?

Reconnaitre une autre forme d'ordre ou d'intelligence fait partie intrinsèquement des fondements de toute forme d'intelligence au moins aussi évoluée que la nôtre, je pense (et peu importe à quel point elles diffèrent les unes des autres dans le détail ou subjectivement).

Vous me demandez de le démontrer, mais c'est pour ça que j'avais mentionné les découvertes de la science. Parce que, justement, même quand nous considérons ou suspectons qu'il n'y a pas d'intelligence (consciente) qui soit à l'origine d'un phénomène, nous arrivons quand même à y percevoir des mécanismes (sélection naturelle, etc.), à les expliquer et, parfois même, à les modéliser. Alors, imaginez si nous observerions un truc produit par une autre forme d'intelligence que la nôtre! Il est pratiquement impossible que nous (les scientifiques) la confondions alors avec ce qui n'en est pas ou avec le hasard ou la nature (à moins que ce soit imité à la perfection!). Forcement, on reconnaitra des proportions, des rapports et donc des structures ordonnées qui diffèrent au moins sensiblement des phénomènes qui se produisent « naturellement » et/ou chaotiquement!
BeetleJuice a écrit :vous pouvez me citer l'unité de mesure de l'ordre ?
La reproductibilité à l'identique! Qui est le propre de toute formule mathématique traitant exactement les mêmes données.

La qualité de précision de ce qui est reproduit (à l'intérieur d'une échelle précise) détermine le degré « d'ordre~contrainte » dans lequel des processus et éléments ne peuvent faire autre chose que ce que « l'ordre qui les encadre » les « force » à faire. D'ailleurs, « ordre », « contrainte », « encadrement », « force », « lois », « obéissance », etc., sont tous des variantes plus ou moins subjectives et abstraites qui désignent toutes des situations presque identiques (en ce qui concerne strictement les processus et interactions ayant cours, lorsqu'on observe ce qui se passe de façon la plus objective possible.)
BeetleJuice a écrit :D'ailleurs, vous pouvez me citer un exemple de phénomène que vous considérez comme ordonné ?
Tout phénomène qui rencontre les conditions que je mentionne dans ma réponse précédente.

Il y a donc, à certaines échelles, des phénomènes naturellement plus ou moins ordonnés dans la nature. Et, habituellement, ils possèdent des « signatures propres » qui permettent de les différencier des trucs ordonnés par des intelligences conscientes (ou des phénomènes beaucoup plus « chaotique »).

Il y a donc aussi des ordres fabriqués par des intelligences conscientes (nous-mêmes) qui se différencient nécessairement du hasard et du chaos ainsi que des ordres de type naturels.

Et, finalement, il y a les « ordres » plutôt subjectifs qui peuvent être considérés comme tels, ou non, par tout un chacun, mais qui relèvent beaucoup plus d'une question d'appréciation personnelle et du fait que nous connotons (+/-) une foule de mots et utilisons ces derniers par amalgame conceptuel (l'« ordre » ou le « désordre » de la chambre de nos enfants, P. Ex.).
BeetleJuice a écrit :Et comment vous qualifiez le désordre ?
Par le contraire de ce que j'ai dit plus haut!

Vous aurez compris que je ne parle pas de « l'ordre subjectif » que nous attribuons à ce même mot lorsqu'on parle « d'ordre et de désordre » dans notre quotidien. Ce type d'ordre est naturellement très subjectif. Mais, les diverses « lois » scientifiques (qui ne sont que des interprétations de processus et d'interactions concrètes se produisant entre divers éléments) sont nécessairement (ainsi que les phénomènes auxquels ils réfèrent) plus ordonnées que désordonné du simple fait que plusieurs phénomènes sont reproductibles et/ou du fait qu'on puisse les anticiper et, donc, les prédire. Nos interprétations et représentations sont peut-être subjectives en grande partie, mais, à partir du moment où ces dernières nous permettent de reproduire ou d'anticiper des trucs (à une échelle précise), c'est qu'elles ont forcément un « ancrage » avec ce qui se passe concrètement (à cette échelle précise). Il me semble donc évident que l'ordre n'est donc pas qu'un phénomène à sens unique qui proviendrait exclusivement de nous et de notre subjectivité. Autrement dit, je vois certains ordres « naturels » comme des phénomènes émergents dus aux conséquences qui prennent naturellement effet à partir d'un certain nombre d'interactions où les effets et les manifestations de chacune s'affectent et se contraignent (« s'ordonnent ») les unes et les autres. On peut donc nommer cela comme on veut et se le représenter comme on veut, mais ce qui se passe objectivement dans ces cas précis (et dans ces échelles de grandeur) demeure différent, concrètement, d'un chaos hasardeux où il n'y aurait aucune loi, contrainte et où tout serait possible ou impossible à la fois (comme à d'autres échelles, semble-t-il).

Dans le même ordre d'idée (concernant la fameuse question de la subjectivité), bien que le froid et le chaud puissent naturellement être appréciés différemment (donc subjectivement) par les uns et les autres, et ce, même dans des conditions de température identique, cela nous est possible (et nous pouvons nous les représenter conceptuellement, plus ou moins précisément, et donc en parler) uniquement et seulement parce que ce « schtroumpf » existe réellement et que ses effets se manifestent concrètement. Sinon ça n'existerait pas (ou nous n’aurions jamais observé ses effets) et je ne pourrais vous en parler présentement. Donc pour ces genres de trucs et de concept qui sont, disons, moins abstraits que d'autres, nos représentations, bien que souvent partielles et subjectives, sont directement produites et causés par la manifestation concrète du truc.

Et pour faire un lien avec l'autre sujet, concernant d'autres formes d'intelligences... Même si leurs sens ne leur permettaient pas de ressentir les effets de ce « schtroumpf », je vois mal comment ils pourraient ignorer et ne jamais observer ses effets dans l'environnement (liquide, solide, gazeux, etc.). Tout ça pour dire et démontrer que : parce que vivant dans le même univers que nous, leurs représentations de ce dernier, quoique pouvant être très différentes (selon les singularités de leur planète et de leur morphologie), comporteront assurément plusieurs points communs, si ce n'est que parce que l'univers et « ses lois » sont les même pour tous. Nos représentations conceptuelles de toute chose ne sont que les reflets (plus ou moins déformés) de tout ce qui existe (ou qui peut être perçu). Par définition, il est impossible d'imaginer et de se représenter quelque chose qui serait composé, en totalité, uniquement d'éléments séparé qui n'existent pas (ou pour lesquels nous n'avons jamais eu aucune conscience).

Donc pour conclure, à moins que l'on partage certaines théories zozos selon lesquels des formes d'intelligence pourraient vivre dans des « dimensions immatérielles » ou des mondes totalement inconnus, inconcevables et « hors univers physique », il me parait donc très très peu probable que des formes de vie intelligente vivant à quelques milliers d'années-lumière de nous puissent ne posséder absolument aucune notion d'ordre. Dans un même environnement (en l'occurrence ici, l'univers), il y a des fatalités et plusieurs trucs qui sont inéluctables pour tout ce qui s'y trouve, Àmha.

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 23 déc. 2013, 13:57
par Greem
Dash a écrit :Ce que je prétends, c'est que c'est donc la capacité à en faire (de l'ordre) qui se retrouvera, forcement, chez toute forme d'intelligence, même extra-terrestre.
Ça n'explique toujours pas en quoi la construction d'une gamme musicale serait intrinsèquement objectif. D'ailleurs, même sans aller chez les extraterrestres, comment expliquez-vous que toutes les cultures n'arrivent pas aux mêmes conclusions esthétiques si ce qui déterminent l'élaboration d'une gamme ou d'un accord existent en dehors de l'esprit humain ?

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 23 déc. 2013, 20:44
par Dash
Greem a écrit :comment expliquez-vous que toutes les cultures n'arrivent pas aux mêmes conclusions esthétiques si ce qui déterminent l'élaboration d'une gamme ou d'un accord existent en dehors de l'esprit humain ?
Pour les mêmes raisons que certains zozos n'arrivent pas aux mêmes conclusions que la science!

À cause des biais, entre autres, et à cause de « l'histoire » de leur développement (conditionnement) musicale qui s'est parfois effectuée avec des moyens et des outils « limités », ne permettant pas une expression optimale de la musique science des ondes sonores ou son étude intellectuelle. etc.

La difficulté de compréhension provient du fait qu'il faut départager science et art et saisir qu'on peut faire « de l'art » même avec des trucs scientifique ou avec seulement quelques éléments d'une science. Je vais tenter un mauvais parallèle :

Disons qu'un artiste~chimiste d'un autre temps qui ne connaissait que quelques éléments seulement du tableau périodique aurait eu l'idée de faire de l'art ou de s'exprimer en faisant des combinaisons chimiques... Vous saisissez? Son « art », ses choix et ses goûts sont bel et bien subjectifs, on est d'accord!. De plus, si ça fait boulle de neige, toute sa communauté sera forcement conditionné à cette forme d'art utilisant certain élément seulement et avec les années ça formera leur folklore et leur « esthétique culturelle », etc. Mais, à la base, les éléments chimiques, leur combinaison et l'effet de ces dernières sont concrets et s'étudient « scientifiquement ». Donc si l'on fait abstraction de l'utilisation artistique possible des sons et des éléments chimiques, toute forme d'intelligence évoluée va quand même, scientifiquement, découvrir les mêmes éléments, combinaisons et effets possibles à propos de ce qui existe. Certains ont seulement découvert l'étude de la musique classique et du système musical actuel bien après s'être déjà habitués à d'autres trucs.

Tsé, sur une ile déserte coupée du monde et de la science, c'est sûr qu'un zozo ne fera pas nécessairement de la chimie ou de la musique « intelligente ». La gamme chromatique actuelle est seulement la disposition qui permet d'utiliser le plus de tonalités et de faire le plus de modulations avec le moins de compromis possible pour effectuer le plus grand nombre de combinaisons possible. C'est sûr qu'il y a toujours une question d'échelle liée à la capacité de nos sens qui fait qu'il est inutile P. Ex. d'utiliser une fréquence x avec une fréquence x- 0,000000001%, mais, c'est pareil en science ou le degré de précision requis détermine l'échelle requise.

Pour revenir à mon artiste~chimiste, il pourra donc apprécier tel ou tel accord d'éléments chimiques, mais il ne pourra pas apprécier ou utiliser des combinaisons qui ne produisent rien ou aucune différence notable. Et peut-être qu'une autre culture que la sienne étudiera et découvrira tous les éléments et combinaisons chimiques possible et que certains de ses artistes récupérerons (cette « gamme chromatique/tableau périodique ») ceci pour faire une forme d'art, disons plus complète ou calqué plus fidèlement sur la science des sons et des élements chimique, etc.

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 24 déc. 2013, 01:16
par Chanur
Greem a écrit :comment expliquez-vous que toutes les cultures n'arrivent pas aux mêmes conclusions esthétiques si ce qui déterminent l'élaboration d'une gamme ou d'un accord existent en dehors de l'esprit humain ?
A mon avis c'est qu'il existe un nombre immense de combinaisons d'éléments simples (l'explosion combinatoire). Mais en fait je ne sais pas ... Tu as un exemple de culture dont les gammes ne soit pas basées sur l'octave (2) la quinte (3/2), la tierce (5/4) et la quarte (4/3) ? Même la musique arabe, malgrés ses quarts de ton se base sur les mêmes intervalles que la musique occidentale. La musique extrême orientale aussi. Pour le reste je ne connais pas. :?

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 24 déc. 2013, 04:36
par Raphaël
Dave a écrit :
Raphaël a écrit :Je dirais plutôt que les forces physiques sont génératrices d'ordre et avec le temps ont fini par structurer le nuage de gaz désordonné qui existait au début en ce système organisé qui existe actuellement.
J'imagine que tu as peut-être raison. Je n'en ai aucune idée, ça me semble assez difficile à savoir. Comment faire pour le savoir?
Il faut se fier à ce que les astrophysiciens ont découvert. C'est la force gravitationnelle qui est le grand architecte de notre univers et le mécanisme par lequel elle agit se nomme "instabilité gravitationnelle".
Wikipedia a écrit :En astrophysique, une instabilité gravitationnelle ou encore instabilité de Jeans, nommée ainsi en hommage à son découvreur, le physicien britannique Sir James Jeans en 1902, décrit le phénomène d'effondrement gravitationnel qui peut avoir lieu par exemple au sein d'un nuage de matière gazeux à partir d'un état faiblement inhomogène. L'instabilité de Jeans se produit quand l'attraction gravitationnelle causée par une surdensité d'un milieu devient supérieure aux forces de pression qui ont tendance à détendre une surdensité. Des considérations simples indiquent que dans un milieu peu dense, l'instabilité gravitationnelle ne peut se produire que sur des grandes échelles, et est absente à petite échelle. En pratique, elle ne se produit que sur des échelles de distances que l'on trouve en astronomie.

L'instabilité de Jeans est en réalité le mécanisme principal à l'origine de la formation (ou des premières étapes de la formation) d'à peu près tous les objets astrophysiques connus, des étoiles aux amas de galaxies en passant par les galaxies.
Personnellement, je ne crois pas que les forces physiques génèrent forcément plus d'ordre apparent au fil du temps. Par exemple, comment être certain que les règles d'interaction de la matière découvertes jusqu'à maintenant existent réellement, c'est-à-dire de manière fondamentale ou de manière totalement objective, et non de manière provisoire ou approximative?
Je ne suis pas sûr de comprendre ta question. Est-ce un questionnement scientifique ou métaphysique ?

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 24 déc. 2013, 06:43
par Dash
Chanur a écrit :Même la musique arabe, malgrés ses quarts de ton se base sur les mêmes intervalles que la musique occidentale. La musique extrême orientale aussi.
Oui, en effet!

La musique — en tant que forme d'art — est nécessairement un mélange de choix arbitraire et subjectif, mais tous les systèmes musicaux artistiques et arbitraires proviennent inexorablement (et prennent les éléments qu'ils choisissent d'utiliser en rapport avec) des rapports et des proportions mathématiques concernant les harmoniques sonores. Et dont les rapports et proportions se manifestent et se délimitent tout naturellement à même l'aspect physique et matériel des sons.
Prenons cette image qui démontre les rapports logiques et mathématiques entre le nombre de vibrations/s :
Image
Peu importe qu'un artiste ou musicien décide arbitrairement d'utiliser ou de ne pas utiliser telle ou telle fraction de fréquence dans son système, tous, par contre, arrivent à la conclusion qu'on doit forcément et invariablement utiliser les mêmes rapports mathématiques entre toutes ces fractions (et/ou à l'intérieur d'un même système choisi). Ils peuvent bien choisir arbitrairement que la première note de leur instrument débute à n fréquence et ils peuvent bien choisir d'inclure ou non un certain nombre de fractions de cette dernière dans leur instrument ou dans leurs oeuvres, mais les rapports et proportions seront toujours et inexorablement basé sur un ordre mathématique et logique comme représenté sur l'image (et dont les rapports et proportions se manifestent et se délimitent tout naturellement à même l'aspect physique et matériel des sons.), peu importe le système musical utilisé.

Lorsque je dis que « l'ordre » et les rapports sont tout d'abord déterminés par ce qui se passe dans la nature (et donc nos représentations synthétiques de cette dernière) ben ça veut dire qu'aucune forme d'intelligence dans l'univers n'arrivera à la conclusion que les présentes fractions sont insensées et qu'il vaudrait mieux faire des agencements sonores avec un système basé, disons, sur 17 fractions aux rapports et proportions toutes différentes et toutes comprises uniquement entre 1 et 6/7. :? Ce sont des fatalités inéluctables que toute forme d'intelligence ne peut pas ne pas avoir conscience ou ne pas tenir compte. C'est comme de saisir que les fondations d'un bâtiment doivent être assez solides pour supporter tout le reste. Peu importe comment elle calcule (sauf erreur ou méconnaissance de lois physiques), toute forme d'intelligence arrivera aux mêmes conclusions quant à la charge pouvant être supportée par certains matériaux et dans certaines conditions. Au-delà de tout ça, l'architecte, lui, il peut bien faire de l'art arbitraire et subjectif avec le bâtiment, mais il ne peut pas faire n'importe quoi et son « art », s'il veut qu'elle ne s'effondre pas ou qu'elle ne ressemble pas à une motte de terre hasardeuse, doit respecter ce que l'ingénieur a trouvé à propos des charges qui seront supportées.

C'est mathématique! Pour faire un, ça prend deux demis et pour créer un unisson (octave), ça prend 2 entiers. Alors, que fera n'importe quelle forme d'intelligence qui veut épaissir une fréquence en altérant le moins possible la pureté de sa fréquence initiale? ben, il n'y a pas 72 solutions prétendument arbitraires ou subjectives, soit on la double ou la divise par 2, 3, 4, etc. En l'altérant un peu? quarte, quinte, etc. C'est des mathematique! Et si l'on prend arbitrairement des fractions qui s'éloignent trop de ces rapports, ben on finit par faire du grand n'importe quoi!

On peut donc apprécier ou non, subjectivement, certains accords et même choisir, arbitrairement, d'en utiliser certains et pas d'autres, ça, je suis « d'accord » ( :mrgreen: ) depuis le début. Mais parler d'accords en juxtaposant par exemple arbitrairement une fréquence à 440hz et une autre à 442hz, c'est un abus de langage. Un accord doit nécessairement, par définition même, comporter un certain « ordre » de rapports et de proportions entre les deux trucs qui sont accordés. C'est la résultante produite entre les rapports de certaines proportions qui créer un résultat différent et donc exploitable. Mélanger un 440hz et un 442hz, ça ne produit rien de nouveau ou de « différenciable » qui soit exploitable. Tout comme mélanger du rouge RVB (227 13 13) avec du rouge RVB (227 13 14) ne produira pas une autre couleur. Pour mélanger et pouvoir accorder deux trucs ensemble, il faut qu'ils soient tous deux un minimum différent et ces différences se déterminent donc fatalement d'elles-mêmes. (Même si l'on peut tricher quelque peu du fait qu'il n'y a pas réellement de ligne de démarcation franche et nette entre du rouge et du bleu, par exemple, ou du fait qu'on peut diviser les fréquences à l'infini avec 1000 chiffres après la virgule. Mais le fait est qu'à partir d'un certain écart, du bleu, ce n'est plus du rouge et du 440hz, c'est n'est plus du 37hz et que des rapports ordonnés avec des proportions « naturelles » entre tous ces derniers permettent de manipuler des ensembles d'éléments différents.)

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 24 déc. 2013, 08:06
par Greem
Dash a écrit :À cause des biais, entre autres, et à cause de « l'histoire » de leur développement (conditionnement) musicale qui s'est parfois effectuée avec des moyens et des outils « limités »
Dit autrement, à cause de notre subjectivité. CQFD
La rigueur mathématique à laquelle certains associent la composition n'est qu'un critère subjectif, un choix du musicien, pas une réalité physique qui détermine la beauté d'une mélodie ou d'un accord. C'est pareil pour les peintres qui s'amusent à utiliser le nombre d'or pour construire leurs œuvres, ce n'est pas parce que c'est mathématique ou rattaché à une réalité physique que c'est beau, d'autant qu'il faudrait déjà le percevoir ce rapport, ce qui dépend de notre culture, de notre éducation ou de nos capacités cognitives, etc. Tu l'as dis toi même, il ne faut pas confondre l'harmonie en tant que phénomène physique avec l'harmonie en tant que sensibilité artistique, mais tu sembles pourtant confondre les deux puisque tu t'évertues à soutenir que les prémices de la beauté se situeraient quelque part dans l'ordre de la nature.
Dash a écrit :Ce sont des fatalités inéluctables que toute forme d'intelligence ne peut pas ne pas avoir conscience ou ne pas tenir compte.[...] Un accord doit nécessairement, par définition même, comporter un certain « ordre » de rapports et de proportions entre les deux trucs qui sont accordés.

Vous n'en savez strictement rien. Pour un cerveau humain peut-être. Pour un cerveau structuré différemment, le rapport que tu fais entre l'ordre et la beauté peut très bien n'avoir aucun sens, déjà qu'il peut varier d'un individu à l'autre au sein d'une même espèce. Si je fais le parallèle avec les couleurs par exemple, ils me semble que notre œil est beaucoup plus tolérant que notre oreille et que le mélange aléatoire de couleurs ne provoque pas ce qu'on pourrait comparer à une dissonance, ou du moins pas autant. Pourtant, c'est tout autant une affaire d'ondes qui stimulent nos sens. Donc imaginer un cerveau capable d'apprécier ce qui nous apparaîtrait à nous comme du bruit ne me semble pas si absurde que ça. Les lois de la physiques seront toujours les mêmes, personne ne dit le contraire, mais l'appréciation esthétique de celles-ci, pas nécessairement.

Qui sait, sur Zeta Reticuli, la vue d'un cercle parfait provoque peut-être des nausées et que d'un point de vu évolutif c'est tout à fait logique...

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 24 déc. 2013, 08:32
par Dave
Salut Raphaël!

Raphaël a écrit :
Dave a écrit :
Raphaël a écrit :Je dirais plutôt que les forces physiques sont génératrices d'ordre et avec le temps ont fini par structurer le nuage de gaz désordonné qui existait au début en ce système organisé qui existe actuellement.
J'imagine que tu as peut-être raison. Je n'en ai aucune idée, ça me semble assez difficile à savoir. Comment faire pour le savoir?
Il faut se fier à ce que les astrophysiciens ont découvert. C'est la force gravitationnelle qui est le grand architecte de notre univers et le mécanisme par lequel elle agit se nomme "instabilité gravitationnelle".
Wikipedia a écrit :En astrophysique, une instabilité gravitationnelle ou encore instabilité de Jeans, nommée ainsi en hommage à son découvreur, le physicien britannique Sir James Jeans en 1902, décrit le phénomène d'effondrement gravitationnel qui peut avoir lieu par exemple au sein d'un nuage de matière gazeux à partir d'un état faiblement inhomogène. L'instabilité de Jeans se produit quand l'attraction gravitationnelle causée par une surdensité d'un milieu devient supérieure aux forces de pression qui ont tendance à détendre une surdensité. Des considérations simples indiquent que dans un milieu peu dense, l'instabilité gravitationnelle ne peut se produire que sur des grandes échelles, et est absente à petite échelle. En pratique, elle ne se produit que sur des échelles de distances que l'on trouve en astronomie.

L'instabilité de Jeans est en réalité le mécanisme principal à l'origine de la formation (ou des premières étapes de la formation) d'à peu près tous les objets astrophysiques connus, des étoiles aux amas de galaxies en passant par les galaxies.
Oui, je vois. (Merci pour le lien.) Mais, en même temps, on ne parle que d'une seule des forces physiques « fondamentales », non? Aussi, un univers qui deviendrait de plus en plus ordonné, rigide, voire « glacial », ne deviendrait-il pas de plus en plus hostile à la vie (qui, elle, serait comme dans une sorte d'équilibre entre l'ordre et le désordre).
Je ne suis pas sûr de comprendre ta question. Est-ce un questionnement scientifique ou métaphysique ?
En fait, la question d'origine posée par Chanur est, selon moi, d'ordre métaphysique. Alors, oui, mon questionnement (sans être très important) est plutôt d'ordre métaphysique ou logique. C'est plus pour le plaisir de la chose, le plaisir de partager des idées de chacun ou propres à chacun.

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 24 déc. 2013, 08:45
par Dave
Salut à tous!


Voici un autre point de vue qui m'est passé à l'esprit. Puisque la beauté ou l'harmonie reliée à l'expérience d'un être vivant conscient suffisamment évolué ou complexe est de nature plutôt subjective dans l'ensemble, il devient difficile de trouver à la beauté, par exemple, une définition moins subjective. Dash exprime bien néanmoins en quoi il est possible de considérer la beauté comme quelque chose touchant une certaine objectivité. Ça m'a fait penser à l'idée que la beauté pouvait jouer un rôle primordial dans la survie psychologique.

En effet, la recherche d'une compréhension, d'un certain sens à la vie s'exprime aussi dans la tentative de vivre des expériences psychologiques révélatrices. Cette recherche de bonheur (si j'ose dire) influence notre façon de ressentir les choses en produisant, entre autres, progressivement du sens et de la beauté là où il n'y en avait pas nécessairement au départ. Le fait que nous percevons (pratiquement tous) une beauté minimale dans certaines oeuvres artistiques est surement lié aussi avec l'influence sociale et culturelle, avec le fait que nous sommes construits sensiblement de la même manière et donc au fait que nous sommes portés à faire des expériences subjectives (ou révélatrices) similaires.

Grosso modo, de la même manière que certains nutriments, vitamines ou minéraux sont essentiels à la survie physique (ce qui n'est donc pas n'importe quelle matière), on peut imaginer la beauté comme une nourriture essentielle à une bonne santé mentale. Cependant, les éléments de bases de la beauté (ses « nutriments ») demeurent (à ma connaissance) encore largement inconnus contrairement aux substances qui donnent une bonne santé physique (bien que les découvertes continuent aussi dans ce domaine), et elles pourraient être (quelque peu, du moins) différentes d'une personne à l'autre. Cependant, il ne me semble pas impossible d'imaginer qu'il existera (un jour, qui sait) des « programmes » relativement efficaces pour produire de belles oeuvres musicales (pour nous, pas forcément pour l'extra-terrestre), par exemple, en autant que ces programmes se « réajustent » continuellement au fil du temps (probablement avec un « retard » inévitable).

Il y a aussi, je crois, un effet placebo lié à la beauté.

Une troisième classe ?

Publié : 24 déc. 2013, 08:53
par Denis

Salut Greem,

À Dash, tu dis :
Tu l'as dis toi même, il ne faut pas confondre l'harmonie en tant que phénomène physique avec l'harmonie en tant que sensibilité artistique, mais tu sembles pourtant confondre les deux puisque tu t'évertues à soutenir que les prémices de la beauté se situeraient quelque part dans l'ordre de la nature.
Je ne sais pas lequel de vous deux confond le plus ce que l'autre distingue.

Des harmonies comme celle-ci (qui lie π à la suite des nombres premiers) ou celle-là (remarquer la suite des carrés et la suite des impairs qui s'imbriquent l'une dans l'autre comme dans un zipper infini), on les classe où ? Dans les physiques ou dans les artistiques ? Peut-être dans les intellectuelles ?

Chose certaine, quand Euler a découvert cette perle, il a autant fait une découverte que quand Herschel a découvert la sienne, un demi-siècle plus tard. Dans les deux cas, il s'agit de réalités qui n'ont été perçues qu'après qu'on se soit bricolé des outils permettant de les débusquer. Si Euler et Herschel n'avaient pas découvert ces perles, d'autres qu'eux les aurait trouvées, un peu plus tard.

Moi, je pense que les harmonies intellectuelles ne sont ni physiques, ni artistiques. Ça nous fait une troisième classe à distinguer des deux premières, ce qui complique un peu le tableau.

:) Denis

Re: Une troisième classe ?

Publié : 24 déc. 2013, 13:32
par Dash
Greem a écrit :Dit autrement, à cause de notre subjectivité. CQFD...
Je ne cesse de dire depuis le début que je suis d'accord sur ce point. Ce n'est donc pas le point crucial « QFD » où sur lequel nous divergeons.

Nous sommes d'accord sur pratiquement toute la ligne, sauf à une ou deux petites exceptions près...
Greem a écrit :La rigueur mathématique à laquelle certains associent la composition n'est qu'un critère subjectif...
Oui, encore d'accord! Mais il faut faire très attention à ne pas confondre « composition (pièce musicale) », « système musical (gamme) et élément retenu arbitrairement pour effectuer lesdites compositions » et d'où ces derniers systemes proviennent! Ou plutôt comment leur confection est rendue possible?
Greem a écrit :ce n'est pas parce que c'est mathématique ou rattaché à une réalité physique que c'est beau...
Subjectivement et selon les goûts de tout un chacun, non, mais, si l'on devait associer les termes « beau/laid » à des trucs non artistiques, la seule façon de les jumeler correctement~logiquement serait d'associer « la beauté » ==> à l'ordre et le « pas beau » ==> au désordre chaotique.
Greem a écrit :Tu l'as dis toi même, il ne faut pas confondre l'harmonie en tant que phénomène physique avec l'harmonie en tant que sensibilité artistique, mais tu sembles pourtant confondre les deux puisque tu t'évertues à soutenir que les prémices de la beauté se situeraient quelque part dans l'ordre de la nature.
Je ne les confonds pas et le seul truc qui me turlupine, c'est lorsque certains d'entre vous dites (ou laissez sous-entendre) qu'il n'y aurait en réalité absolument aucune espèce de lien entre les deux et que toute forme d'ordre serait complètement subjective ou sortirait uniquement de notre cerveau. Comme si les mathématiques et l'ordre qu'elles génèrent allaient disparaitre à tout jamais avec la disparition de l'espèce humaine et que des cerveaux différents du nôtre ne pourraient ensuite y « accéder ». Ça me parait trop improbable. :?

Vous ne trouvez pas ça bizarre que malgré quelques petites différences, les milliers de langues dans le monde sont quand même toute basés sur les mêmes genres de concepts fondamentaux de base (ici/là bas, moi/toi, etc.)? Leurs formes sont nécessairement différentes, mais leurs prémices sont exactement les mêmes. Croyez-vous qu'une autre forme d’intelligence, parce qu'ayant un cerveau différent, ne pourrait pas discerner la différence conceptuelle qu'il y a entre « ici/là bas »?

Avouez que, au moins, ça se discute, non?

Ça fait peut-être partie de la métaphysique, mais je reconnais que mes propos s'apparente aux « universaux » d'Aristote ou autres théories semblables.
Greem a écrit :Pour un cerveau structuré différemment, le rapport que tu fais entre l'ordre et la beauté peut très bien n'avoir aucun sens..
Si vous avez raison, alors il vous faut reconnaitre qu'un cerveau structuré différemment pourrait tout aussi bien ne pas percevoir de sens ou de logique dans le fait que diviser 1 par 2 produit forcément 2 x 1/2. Ça ne peut pas être un truc à « géométrie variable ». Ce que je prétends, c'est qu'un cerveau qui n'arriverait pas à percevoir quelque chose de particulier ou d'ordonné dans le fait que 2 x 1/2 =1, ne permettra pas l'émergence d'une intelligence aussi efficiente que la notre (euphémisme).

C'est pourquoi je m'attarde autant sur les notions d'ordre et d'intelligence qui sont, à mon avis, indissociables l'une de l'autre. Et si l'ordre est bel et bien indissociable de toute forme d'intelligence, c'est alors qu'il y a forcément une « beauté technique » de base qui influence tout le reste, même si, à « l'échelle psychologique », d'autres trucs interviennent pour créer des différences subjectives entre les individus.

En fait, c'est pratiquement le même raisonnement que le vôtre, à savoir que l'ordre et l'intelligence sont intimement liés, sauf que, vous, vous diverger par le fait de penser que l'intelligence n'est pas un « potentiel universel », mais serait strictement tributaire des capacités du cerveau et qu'il pourrait donc y en avoir plusieurs sorte, même complètement antinomique. Moi, je ne vois pas comment une intelligence étant incapable d'effectuer certains rapports pourrait exister. Pour moi, ça reviens à prétendre à l'existence d'un Dieu inconnu d'ont on ignore tout!

Démontrez-le-moi!
Greem a écrit :Qui sait, sur Zeta Reticuli, la vue d'un cercle parfait provoque peut-être des nausées..
Oui, mais ça (adorer ou détester à donner la nausée) c'est plutôt des appréciations subjectives qui concernent « l'échelle psychologique » des individus et qui, dans le fond, sont déterminées par les expériences psychologiques qu'ils vivent et qui s'inscrivent dans leurs mémoires. Sans aucune différence d'expérience, qu'est-ce qui ferait qu'un individu préfèrerait le noir et l'autre le rouge en fait?

Dieu, la magie?

Si je vous demande ce qui est le « plus beau », techniquement, entre un amas de lignes droites disperser au hasard sur une feuille et entre un hypercube, vous allez répondre quoi, le plus objectivement possible?

Votre mec qui a la nausée sur Zeta Reticuli, ça lui provient, probablement, du fait qu'étant petit, il a trébuché dans une marre d'excrément en forme de cercle parfait (ou toute autre combinaison d'expériences qui est beaucoup trop complexe à expliquer (sauf pour leur fameux « Dr. Zetafreud » :mrgreen: ). Mais si votre Reticulien veut faire rouler sa «Zeta-brouette », il se rendra vite compte que le cercle parfait est préférable à toute autre forme géométrique! (tiens, une « préférence » peut donc être objective!) C'est une fatalité, c'est inéluctable!

Donc s'il se fabrique, par tâtonnement successif, un instrument qui génère des sons et qu'il se créer un système musical, empiriquement, il sera certainement différent du nôtre (comme il en existe plusieurs ici même, sur Terre). On est d'accord. Mais, si les intellectuels et scientifique de sa planète se mettent à observer les rapports possibles entre les différentes fréquences qu'ils perçoivent, tôt ou tard, ils finiront par conclure aux mêmes rapports qui sont inscrits sur l'image que j'ai partagée plus haut! (Et, s'ils s'intéressent au rapport entre les nombres, ben ils finiront par découvrir les formules que Denis mentionne).

Ensuite, ceux (les rapport de ma feuille) qu'ils choisiront d'inclure ou d'exclure dans leur système, (à cause de contraintes comme d'avoir seulement 3 doigts P. Ex.) ça, c'est une autre histoire, mais toute musique qu'ils produiront par la suite (et dont plusieurs auront des préférences qui divergent) auront comme prémices~ancêtres des rapports mathématiques universels qu'on pourrait qualifier comme étant — techniquement — l'équivalent de la « beauté », car provenant d'un ordre qui s'impose à toute forme d'intelligence ayant la capacité de la percevoir, comme les formules que Denis mentionne!

— Je poursuis donc à prétendre que la beauté a comme base et prémices des trucs mathématiques « universaux » (et c'est en fait le seul point envers lequel on diverge àmha).

— Mais que l'humain choisit arbitrairement ensuite d'utiliser et de combiner que certaines parties de ces derniers trucs pour faire de l'art, entre autres.

— Et que les milliers de produits qui résultent de ses formes d'art seront naturellement appréciés subjectivement et arbitrairement par les différents observateurs. Certains préféreront même de la merde de crotte étendue hasardeusement sur des toiles et considérerons que c'est de l'art. Mais ce qui est jugé comme étant de la beauté/laideur, ici, à cette « échelle psychologique », est nécessairement dû à des biais subjectifs (et ne concerne pas du tout notre débat puisqu'on est d'accord).

— Mais que ce n'est pas parce que certains jugent des trucs beaux/laids selon leurs biais respectifs, que ça change quoi que ce soit pour autant à la « beauté technique » et à l'universalité de certains rapports et formules mathématique. Tout comme le fait de se tromper en utilisant des formules mathématiques (ou du fait de préférer l’une ou l'autre produisant les mêmes résultats) n'annihile et n'affecte pas ces dernières pour autant ou leur provenance!
Denis a écrit :Moi, je pense que les harmonies intellectuelles ne sont ni physiques, ni artistiques. Ça nous fait une troisième classe à distinguer des deux premières, ce qui complique un peu le tableau.
Ouais, c'est pour ça que j'ai mentionné rapidement le truc philosophique concernant « l'existence » ou « l'universalité », des « objets mathématiques ». Étant mathématicien, tu es plutôt pour ou contre? Tu vois ça comment perso?

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 24 déc. 2013, 13:40
par Pepejul
La nature de notre perception du son n'est-elle pas aussi responsable de notre goût pour la musique ? Une forme de vie intelligence n'ayant pas notre tympan percevrait-elle la même chose ?

Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

Publié : 24 déc. 2013, 14:03
par Etienne Beauman
Salut Dash,
si l'on devait associer les termes « beau/laid » à des trucs non artistiques, la seule façon de les jumeler correctement~logiquement serait d'associer « la beauté » ==> à l'ordre et le « pas beau » ==> au désordre chaotique.
Pourquoi devrait on faire cela ?
Y a un truc qui m'échappe, c'est quoi ta définition du beau ?
C'est quoi ta définition de l'artistique ?

Oui on peut poser les bases d'une "esthétique intellectuelle" reposant sur l'ordre mais elle n'a pas plus de valeur ou de pertinence qu'une esthétique basée sur l'improvisation, ou la sexualité, etc.
C'est juste la note d'intention qui change, ça reste de l'art, ça reste subjectif.