Re: Islam et islamisme
Publié : 16 févr. 2015, 11:28
Non, ça n'a pas du mal à passer, je comprends cette réponse, mais je ne vois pas le rapport entre cette affirmation et celle qui voudrait que l'Islam soit fondamentalement plus violent qu'une autre religion. Hormis, et là c'est vous qui avez du mal à le comprendre visiblement, si vous faites le lien qu'il faudra démontré, que le discrédit du discours dominant, comme vous dites, est entièrement imputable à l'Islam (mais pour ça, il faudrait montrer que la population qui l'estime incompatible avec la République est au fait de ce qu'est l'islam et peut définir la République).jroche a écrit :Je répète puisque ça a du mal à passer. Le discours rassurant et dominant est complètement discrédité, (sauf peut-être chez des gens qui n'ont pas fait leur deuil du communisme et ont besoin de damnés de la terre pour préserver leur croyance, ce que disait Wooden Ali si je l'ai bien compris).
Vu que vous ne démontrez rien de tout ça, tout ce que vous faites, c'est employer un sondage de manière fallacieuse en comptant sur un lien implicite que vous ne démontrez pas pour nourrir un préjugé (préjugé dans le sens où vous êtes convaincu de votre propos en amont des preuves censé le soutenir) et un propos politique.
Vous faites ici l'équivalent du "il n'y a pas de fumée sans feux" qui est un argument fallacieux.
Prouvez que s'en est.La langue de bois a fait son temps
On peut expliquer la mauvaise image de l'islam dans une grande partie de la population par:Par exemple ?
-le prisme médiatique qui parle de musulmans essentiellement dans les cas de crime et de fait de guerre et reprend largement les codes des intégristes pour en parler en acceptant implicitement l'idée d'une unicité de l'oumma qui permettrait de parler d'un musulman d'abord comme d'un musulman et pas de sa nationalité, l'idée d'une civilisation musulmane unique, l'idée qu'il faut qualifier les pays à majorité musulmanes de pays musulmans car, implicitement, en terre d'islam (terme qu'on reprend moins pour l'Albanie ou l'Indonésie, par exemple et qui dénote à la fois l'acceptation tacite d'un espace musulman comme le veulent les intégristes et d'un orientalisme déplacé qui est encore dans l'imaginaire collectif). Cette acceptation tacite des codes des intégristes conduit à laisser penser qu'un musulman est toujours le même musulman partout dans le monde, faussant la représentation qu'on peut se faire de cette religion, qui est largement fragmentée en réalité.
-le fond culturel en Occident qui hérite à la fois du passif d'affrontement chrétienté/islam et de l'orientalisme (surtout dans les anciennes puissances coloniales) où le musulman est assimilé à l'oriental et est vu comme au mieux un arriéré, au pire un sauvage. Cet imaginaire est d'ailleurs d'autant plus présent en France, par exemple, que la religion a été utilisé par l'autorité coloniale pour qualifier les indigènes des colonies du maghreb, si bien que l'islam renvoie d'autant plus facilement à cet imaginaire du non-civilisé.
Le trauma des guerres de décolonisation joue également un rôle (de part et d'autre, la religion est aussi le refuge des décolonisés pour reconstruire une identité) dans cet antagonisme entre civilisation (la République) et islam (l'immigré) et ne facilite pas la compréhension du fait que l'islam est une religion avant d'être un élément culturel.
-la méconnaissance générale de l'islam dans la population, qui se couple avec les deux cité plus haut si bien que la connaissance de cette religion arrive essentiellement par ce qu'en dise les médias et ce qu'on croit en savoir et que l'école corrige très mal, car elle n'aborde l'islam que très partiellement pour parler de "l'âge d'or de l'islam". Ce qui est à mon sens discutable, car en faisant un lien immédiat entre l'origine de cette religion et le califat abbasside, on laisse à penser que la totalité de cette civilisation est à mettre au crédit de la religion, ce qu'on ne fait pas par ailleurs dans le cas de la chrétienté que l'on traite par pays et qu'on ne rend pas responsable de tout ce qui se passe en Europe occidentale entre la chute de Rome et le voyage de Colomb.
D'ailleurs, là, l'école fait une faute selon moi, car il s'agit de reprendre encore l'idée d'une unité de l'Islam et de l'Oumma (qui n'existait déjà plus sous les Abbassides) et d’une terre d'Islam, qui est une idée politique qui a une réalité à l'époque, mais qui fait oublier que l'Islam n'a été la religion majoritaire des régions historiques du Califat Ommeyyade, pour prendre la plus grande extension du Califat, que tardivement et après la disparition de ce dernier et même de son successeur Abbasside. Bref, l'école avalise le discours religieux qui fait de l'islam une sorte d'épiphanie des population alors qu'elle devrait faire une critique historique.
-la ségrégation spatiale et socioprofessionnel française qui entraine une immigration concentrée dans certaine zone, si bien que l'islam, qui a longtemps été une religion importée, à longtemps été présente dans certaine région et pas d'autre, et donc elle n'a pas visage humain partout. En clair, lorsqu'elle devient effectivement visible au bout de quelques générations, elle semble apparaître soudainement sans que la population ait pris le temps de la connaitre.
-l'instrumentalisation politique de cette religion qui actuellement est au bénéfice de l'extrême-droite qui tient un discours visant à établir une définition ethnique et homogène de la nation, afin de faire de ceux qui ne s'intègre pas dans cette définition, l'avant-garde d'une invasion ou les membres d'un complot contre cette nation. Cela dans le but de se légitimer comme rempart contre cette invasion.
Dans ce modèle, l'Islam devient une cible toute trouvée, car dans l'imaginaire collectif, pour les raisons que j'ai déjà énumérée, c'est une religion importée, donc l'arme politique d'une invasion qui met en danger "les indigènes" et qui est forcément incompatible avec la nation, car c'est la religion des envahisseurs.
Cette assimilation culture/nation/religion est un classique de l'extrême-droite, par nature réactionnaire sur ce plan là et très attachée à l'idée d'une forme de pureté de la nation et de choc des civilisations.
Dans la mesure où l'islam est méconnue et semble exotique, ce discours est d'autant plus porteur que les pays européens et surtout la France qui y est mal préparé, connait un bouleversement de sa société depuis le choc pétrolier des années 70 et une crise profonde du modèle social et économique qu'elle avait mit en place au sortir de la guerre et donc une crise de l'imaginaire qui le soutien.
Dans un tel contexte, un discours paranoïaque sur le danger pour la nation trouve d'autant plus facilement son chemin que les repères traditionnels de la société sont mis à mal par l'urbanisation (la France ayant conservé un imaginaire très rural qui se retrouve d'ailleurs dans son fonctionnement politique où le rural est surreprésenté), le retournement de la situation de l'industrie où les vieilles gloires industrielles issus des programmes Gaullistes de modernisation nourrissent un imaginaire de déclin, car ces grands groupes s'internationalisent, ce qui crée un sentiment d'abandon, car le tissus économiques local, largement écrasé par les contraintes de ces grands groupes, peine a se réorganiser, l'impression de faiblesse des élites politiques (la France ayant conservé un imaginaire communiste fort issus de la révolution et un attachement au colbertisme, où le politique est censé pouvoir non seulement organiser l'économie, mais la plier à sa volonté, ce qui s'avère de plus en plus faux aujourd'hui, si ça a jamais été vrai)...
Bref, tout ça pour dire qu'on peut citer un tas de facteurs expliquant aussi ces 74% qui ne sont pas immédiatement lié à l'Islam en tant que religion, même si je ne dis pas ça pour la dédouaner d'une responsabilité, juste pour dire qu'on peut tirer un tas de leçon diverse et variée d'un sondage si imprécis et qu'il est largement malhonnête d'en faire un argument nourrissant votre propos. D'ailleurs, ce que je cite comme explication est aussi hypothétique que le lien implicite "mauvaise image=mauvais comportement" que vous faites, car comme vous, je ne le démontre pas.
Par contre, j'espère que ça parait clair, j'essaie de démontrer que, justement, sans démonstration du lien entre le sondage et la conclusion qu'on tente d'en tirer, on reste au niveau de l'hypothèse et il y en a une foultitude de valide, pas seulement la votre, d'où le coté peu pertinent de citer un tel sondage.
Ca c'est un retournement de la charge de la preuve.J'attends la preuve du contraire.
C'est vous qui affirmez quelque chose, c'est à vous de le démontrer. Pour le moment, ce qu'on vous dit, c'est que citer quelques témoignages dont vous ne prenez pas la peine d'évaluer le caractère représentatif, c'est irrecevable comme argument, car ça à toute les chances de relever du biais de sélection.
Sinon, je me répète sans doute, mais tout ce que je dis ici ne vise pas à dire que votre idée de départ est fausse, juste que vous la défendez avec des arguments qui sont au mieux discutables car incomplet, au pire avec des arguments malhonnêtes.
Ne faite pas l'erreur des extrémistes de penser que si on n'est pas avec vous, on est contre vous et que le monde se divise entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre.