Kraepelin a écrit :DanB
J'ai pris deux heures à te composer une réponse et ça s'est effacé à cause d'une nouvelle fonction de déconection du forum.
Je n'ai pas le courage de recommencer!
Dommage, j'aime bien les réponses articulées qui ont plus de perspective. J'espère quand même que tu as pu résumer l'essentiel. Je m'y attaque!
C'est long. J'ai pris soin de copier mon texte de temps en temps! Tu peux fractionner les réponses si tu veux. Moi, je m'étais fait blaster il y a plusieurs années parce que je l'avais fait, mais je serai le premier à comprendre si tu coupes les réponses un peu.
J'ai coupé un peu (pas beaucoup) de texte pour alléger, j'ai essayé de ne pas causer de préjudice en le faisant. Désolé s'il y a des fautes, des phrases insensés ou des citations erronées, ça finit par être dur à suivre...!
Kraepelin a écrit :En démocratie, le contrôle de l’information est la clef du pouvoir. La classe possédante contrôle les médias, l’État, et la plupart des sources d’information. La représentation que les gens se font de la société dans laquelle ils vivent et des enjeux du devenir collectif est profondément infléchie dans le sens de l’idéologie néolibérale.
DanB a écrit :C’est déjà mieux que d’intimider les gens …
Kraepelin a écrit :Tu trouves ça vraiment mieux?
Oui. La démocratie n'est pas parfaite, surtout pour les influençables, mais je trouve ça vraiment moins pire que l'intimidation, la violence, le non respect des choix, les votes à répétition dans une même journée jusqu'à l'obtention du résultat souhaité, etc.
DanB a écrit : Le fait que le mouvement se concentre essentiellement à l’UQAM est aussi un signe…
Kraepelin a écrit :Les mouvements de contestations ont souvent eu pour noyau les sciences humaines de l'UQAM ou le CEGEP du Vieux-Montréal. Et traditionnellement, c'est le module de gestion de la même université qui est leur principal opposant.
Ils sont pas mal seuls dans leur fouillis de contestation. Faut croire que ce qui leur apparaît évident ne l'est pas pour le reste du Québec, à commencer par les autres cégeps et universités. Ça devrait inciter au questionnement. L'UQAM est-elle un ramassis de sans-avenir qui n'ont que ça à faire. En tous cas, je prends bonne note des institutions à éviter pour les enfants : l'UQAM et le cégep du Vieux-Montréal. S'ils décident d'aller là, ils auront droit à un beau discours et probablement un contre-incitatif financier! Je trouve que ça manque vraiment de sérieux ce qui s'y passe.
Kraepelin a écrit :Il y a déjà eu un rapport de force suffisamment équilibré pour permettre une certaine redistribution de la richesse[...]L’écart entre les plus riches et les plus pauvres s’est accentué.
DanB a écrit :Je ne suis pas sûr que le problème soit l’écart. C’est peut-être plustôt la richesse minimale.
Kraepelin a écrit :Au contraire, le revenu minimum garanti est un mauvais indicateur. La richesse est produite collectivement et devraie être redistribuée dans un esprit d'équité entre tous ceux qui la produisent. Le revenu minimum garanti indique simplement le planché de la pauvreté. Il n'informe pas sur l'équité de la distribution de la richesse produite. Au contraire, l'écart de richesse montre comment globalement jouent les mécanismes de distribution pour savoir s'ils sont équitables.
Encore faut-il s'entendre sur ce qui est équitable. Le fait que la personne qui reste stand-by la fin de semaine, qui risque de rentrer travailler, etc., doive donner 50% des revenus qu'elle fera à ceux qui restent à se prélasser au soleil sur le bord de la piscine est-il équitable?
C'est pourquoi je me demande si un minimum (à définir) ne serait pas la solution. Parce que les besoins ne dépendent pas du salaire des autres. Si on se base sur ce que les autres ont pour les définir, c'est une question d'envie, pas de besoins. Et il ne faut pas non plus que ne rien faire soit attrayant.
Y a-t-il un moment donné une limite à la redistribution. Quand, au Québec, les 20% de super-ultra-méga-riches qui gagnent un mirobolant 64 000$ ou plus paient plus de 72% des impôts, n'est-ce pas là une redistribution majeure? Quand on paie pour soi et 2,5 personnes, je trouve que ça commence à être un bel effort. Si ce n'est pas assez, quand est-ce assez?
Je pense que l'équité, ça passe aussi par la reconnaissance de l'effort, des risques pris, des choix faits, etc. Autrement, il y en a qui faut par exprès pour finir dans le bas du classement pour avoir le 1er choix au repêchage...
DanB a écrit : Et à cet effet, il serait intéressant d’avoir une optique autre que celle de prendre aux «riches» pour donner aux «pauvres».
Kraepelin a écrit :Je crois que nous serons d'accord sur ce point. Je déteste les formules du type «faisons payer les riches» ou, comme tu dis, «prendre aux riches». Ces formules supposent d'enlever à quelqu'un quelque chose qui lui appartient. Je préfère dire: «nous produisons ensemble la richesse assurons-nous à l'avenir de la distribuer équitablement pour que chacun ait la part qui est proportionnelle à ses efforts, à ses responsabilités et aux risques que présentent sa tâche»
J'ai souligné le bout que j'apprécie particulièrement.
J'ai fait mon secondaire dans une des écoles les moins bien classées au Québec. Quand je me rendais à mes cours, je croisais les gens qui avaient décidé de prendre l'après-midi au soleil à fumer une bonne cigarette. Moi, je rentrais en dedans faire mes cours de maths fortes, de chimie, de physique. Après ça, j'ai fait mes sciences pures avec des cours de maths et de physique optionnels. Au lieu de prendre sciences humaines pas de maths, j'ai fait sciences pures extra-maths et extra physique. J'ai donc fait, en deux ans de cégep, 5 cours de maths et 5 cours de physiques, plus d'un par session. Ensuite, j'avais un bon choix à l'université, j'ai fait un bacc de 4 ans en sciences appliquées. Évidemment, après ça, j'avais de bonnes opportunités.
Après ça, j'ai de la misère à considérer que ceux qui préféraient profiter du soleil ont le droit de réclamer le fruit des efforts que j'ai faits.
Inversement, je connais plusieurs bums qui se sont placés et se sont pris en main. Pas en faisant un DEC complaisant en sciences humaines pas de maths, mais en mettant la main à la pâte. Ceux-là, j'ai pas mal plus de sympathie pour eux.
Mais pour ceux qui ont toujours choisi la facilité, j'ai vraiment de la misère à considérer que ce qui leur arrive n'est pas équitable. J'ai aussi de la misère à voir quelle richesse ils apportent.
Pour la partie soulignée, je pense que l'offre et la demande s'en occupe. S'il y a de quoi, le système d'imposition diminue de façon importante ce principe. En plus, j'ai vraiment pas peur de travailler, j'aime vraiment ce que je fais, mais je me rends compte que ce n'est pas payant d'en faire plus. Pire, quand on en fait moins, les avantages sont flagrants. Je le sais, j'ai négocié du sans solde et je ne me fais jamais payer mes heures supplémentaires, je les prends en temps. La perte financière est négligeable! Pourtant, je serais prêt à en faire plus. Mais on m'incite à ne pas le faire! En bout de ligne, tous ceux qui aimeraient que le gouvernement aient plus de revenus à leur redistribuer se font avoir parce qu'ils n'ont rien!
C'est encore
la courbe de Laffer
DanB a écrit : L’UQAM semble avoir une certaine expertise dans les champs d’études sans avenir. On devrait peut-être se questionner sur la pertinence de continuer à orienter beaucoup trop s’étudiants dans ces domaines.
Kraepelin a écrit :10/10! C'est en effet un choix idéologique pris des la formation du réseau. Il est discutable, mais c'est une autre question et elle n'est absolument pas au centre du présent conflit.
Au contraire, le fait que ce soit les concentrations sans avenir de l'UQAM qui soient au coeur de tout ça est un puissant indice. On a là des gens qui sont désespérés de leur avenir. Les bus qui se sont pris en main dont je parle plus haut ont un meilleur avenir.
Faut arrêter de leur faire croire qu'un DEC qui ne vaut rien comme
science humaines pas de maths, suivi d'un bacc tout aussi inutile est la clé du succès. Il faudrait peut-être mieux orienter les étudiants.
Les étudiants de l'UQAM en grève savent que ce qui les attends à la fin de leur bacc loufoque, ce sont des emplois piteux. Tu as un doctorat en littérature? Si tu te places bien, tu auras une job dans une librairie...
Devant ce cul de sac dont ils sont en partie responsable, ils n'ont rien à perdre de tout arrêter. Ça, c'est leur choix. Mais qu'ils cessent d'emmerder les étudiants qui ont fait plus d'effort ainsi que les contribuables qui travaillent chaque jour pour payer les études qu'ils boycottent.
Quand vient le temps d'évaluer les frais de scolarité, les études sont extrêmement importantes, tellement que la société devrait tout payer. Mais quand vient le temps de chiâler, pas grave si on n'étudie pas et qu'on empêche les étudiants plus sérieux de le faire. C'est assez paradoxal et ça donne un méchant coup sur la crédibilité!
DanB a écrit : En ce qui concerne la redistribution de la richesse, on dirait que le discours est toujours le même : ceux qui gagnent plus que moi devraient m’en donner plus et ceux qui gagnent moins en ont déjà assez[...]
Kraepelin a écrit :Ta remarque repose sur une observation très juste du comportement humain[...]Mais il ne faut pas fermer les yeux sur l'essentiel: l'idée de distribuer équitablement la richesse repose sur des principes qui eux aussi cherchent à neutraliser l'opportunisme.
Je ne considère pas que l'étudiant qui opte pour des études faciles, qu'il veut faire payer par les autres et qui blâme ensuite la société parce qu'il ne trouve pas de travail est moins opportuniste que la personne qui travaille fort pour, entre autres, avoir de bons revenus.
L'insatiable besoin de prendre à ceux qui réussissent mieux pour donner aux perdants repose entre autre sur l'argument nullement démontré que la réussite n'est le fruit que de l'opportunisme.
Considères-tu que c'est par opportunisme que tu es dans ta situation? Moi, je ne considère pas que ma situation meilleur que la moyenne est le fruit d'opportunisme. J'ai travaillé pour arriver là et je n'ai pas cochonné personne. Pourtant, plusieurs me crachent virtuellement dessus.. qu'est-ce que j'ai fait de mal?
Ce que je vois :
-les chiâleux, quand ils en ont la chance, ont le même comportement que les autres
-les chiâleux, quand ils en ont la chance, refusent de prendre la place de ceux qu'ils considèrent opportunistes (pour être poli)
Ça revient à
la fable du renard et les raisins. Je trouve que c'est le meilleur résumé de la situation!
On dirait que les gens sous la moyenne veulent avoir ce que les gens au dessus de la moyenne ont. Et ceux qui ont réussi à être au dessus de la moyenne sont hésitants à le donner à ceux qui sont sous la moyenne. Et ce que je constate, c'est que ceux qui passent d'un bord à l'autre de la moyenne ne semblent pas se comporter bien différemment des autres : l'étudiant dans une nullité qui se trouvera un bon travail changera de perspective sur «l'équité», tout comme celui qui se retrouvera dans le trouble après avoir visité plusieurs Hilton...
DanB a écrit : Moi, au lieu de rester coincer dans la redistribution, je m’attaquerais plutôt à la création de la richesse, d’autant plus que la première finit par nuire à la deuxième et personne n’y gagne.
Kraepelin a écrit :C'est un dangereux piège. J'ai assisté à la conférence d'un économiste qui nous montrait que les lois fiscales et les financements publiques des dernières années au Québec ont favorisé un accroissement du PIB, mais que la "totalité" de l'accroissement à entièrement été absorbée par le même groupe. La société a collectivement investie, mais seul un petit groupe a récolté.
Ah, là, c'est parce que le gouvernement change les règles naturelles du jeu, notamment. J'ai vraiment de la misère avec la solutions qu'ils sortent à chaque fois : couler du béton, faire de l'asphalte et construire plus de maisons. Ça a l'air que Charbonneau n'a rien donné...
Je ne suis pas nécessairement en faveur du financement public actuel et de certaines lois fiscales, mais je considère ça comme une anomalie à corriger.
Donc, je ne pense pas que cela démontre qqch de fondamental.
DanB a écrit :Un accroissement du PIB sans mécanismes équitables de partage est une illusion.
Je ne pense pas. Déjà, si un mécanisme est requis, c'est que l'accroissement du PIB n'est pas le résultat d'un effort égal.
Mais je crois en des règles de bases conjuguées à une valorisation
proportionnelle aux efforts, aux responsabilités et aux risques que présentent une tâche, comme le propose André Gosselin dans son livre Lettre ouverte aux investisseurs irresponsables.
DanB a écrit : Serais-tu en faveur que tous les employés aient le même salaire peu importe ce qu’ils font?
Kraepelin a écrit :Non je ne serais pas d'accort et pour plusieurs raisons. D'abord, ce ne serait pas juste et équitable. Par exemple, ceux qui doivent étudier plus longtemps pour réaliser des tâches complexes doivent être compensé pour le patrimoine qu'ils n'accumulent pas pendant leurs années d'études. Ensuite, la rémunération doit avoir une valeur attractive pour compenser d'autres variables rebutantes comme: la complexité, les responsabilités, les stress physiques, psychologiques et sociaux spécifiques, le danger, etc.
Là, c'est moi qui ai un 10/10. Fonctionne autrement fausse la lien entre ce que le travail demande et la rémunération offerte. On risque de manquer de gens pour faire le tâches exigeantes.
Mais, alors, comment définir si qqun ne paie pas assez, juste assez ou trop d'impôts, entre autres. J'ai l'impression qu'on revient au principe de ceux qui gagnent plus gagnent trop et ceux qui gagnent moins ne doivent pas m'en demander plus.
DanB a écrit :Je redouterais très sérieusement les contre coups de l’approche communiste.
Kraepelin a écrit :Moi aussi je redouterais. Les expériences strictement communistes ont fait clairement étalage de leurs défauts. Par contre, les expériences mixtes, comme celles des pays scandinaves et du Canada, sont celles qui ont le mieux réussi.
Pourtant, il y en a plein qui cirent à la catastrophe! Peut-être perfectible, mais de là à annoncer la fin du monde, svp!
DanB a écrit : Personnellement, j’ai mis plus de temps et d’effort dans mes études que bien d’autres. On était en lab à minuit pendant que d’autres étaient sur le party depuis l’après-midi. Nous étions une nouvelle concentration et l’université a dû faire des modifications pour répondre à nos besoins. Avant notre arrivée, les labs d’informatique fermaient à 9h le soir et tout le monde était en congé en PM le mercredi…
Mais si on m’avait garanti le même résultat peu importe l’effort, ça m’aurait assurément influencé.
Kraepelin a écrit :Je comprends et je partage!
Il faut donc en tenir compte. Deux choix : faire semblant que notre point de vue est complètement marginal et se planter à fond ou en tenir compte et comprendre qu'on ne peut pas tout avoir, qu'il y a des contraintes...
C'est pas vrai qu'on peut me voler 75% de mon salaire sans qu'il n'y ait de conséquences. Moi, je l'avoue, d'autres sont trop hypocrites pour le faire!