Bonjour,
BeetleJuice a écrit :on touche là à des domaines de la physique qui donnent encore des sueurs froides aux physiciens, ne seraient que pour bien définir les termes.
Face aux inquiétudes suscitées par une nature hostile, des civilisations instables, l'insondable vanité du genre humain, et le niveau des programmes de télévision, il est compréhensible de souhaiter avoir quelques bases solides auxquelles se raccrocher.
Le temps fait ainsi partie de ces valeurs sur lesquelles on aimerait pouvoir compter.
Depuis le temps qu'il existe.
Eh ben non.
Non seulement le temps file, mais il se défile.
Ce que nous appelons
t, par exemple, dans une équation, n'est pas à proprement parler le temps, mais une valeur exprimant la relation entre le nombre d’occurrences de deux évènements, dont l'un sert de référence.
Exemple :
Événement (A) : le déplacement de la petite aiguille d'une montre entre deux graduations consécutives.
Événement (B) : un évènement quelconque et banal de la vie courante, par exemple : la période de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins F=3 et F=4 de l’état fondamental 6S½ de l'atome de césium 133
(en maintenant bien cet atome au repos, à une température de 0 K, sans touiller).
Constatation si on a une bonne montre (et de bons yeux) : pendant que l'évènement A se produit, l'évènement B a lieu 9 192 631 770 fois.
Nous décidons d'appeler l'évènement A une
seconde, et nous décrétons que son rapport à B en exprime la
durée.
Le concept de durée, défini comme la mesure ou la perception d'une fraction de temps, peut ainsi, parce qu'il représente pour le temps ce que la distance est à l'espace, donner le sentiment que le temps est une réalité aussi tangible que l'espace, que nous devrions par exemple pouvoir parcourir de la même façon.
Pourtant sa nature réelle reste insaisissable. Certes, on ne peut pas dire que l'espace soit un phénomène parfaitement déterminé, mais ses inconnues ne constituent pas un défi aussi crucial à notre intelligence.
Ainsi, le processus quantique, utilisé comme référence pour exprimer numériquement une durée, a-t-il été choisi pour sa précision, mais aussi sa constance. Celle-ci, cependant, n'est vraie que pour un observateur immobile par rapport à lui.
Cette instabilité se vérifie dans le décalage constaté entre les durées de deux phénomènes censés pourtant être identiques, comme le nombre donné de cycles d'une horloge sur la terre, et celui de la même horloge en orbite.
Toute mesure de durée étant tributaire d'un phénomène physique, on peut comprendre qu'un changement d'état, comme un déplacement, apporte à cette donnée une modification. Laquelle, d'ailleurs, pourrait elle-même être calculée, et donc prévue. Mais si précise soit-elle, cette mesure
« évènementielle », partielle, relative, et en fait instable, qu'est la durée ne définit pas le concept de temps lui-même.
LoutredeMer a écrit :Pourquoi ça permettrait de voyager dans le futur et non dans le passé Beetlejuice?
BeetleJuice a écrit :Parce que le temps s'écoule du passé vers le futur quoi qu'il arrive.
Faute de quoi le principe de causalité serait remis en question.
En l'absence d'une définition scientifique exploitable du temps, on peut l'envisager comme une propriété de l'univers rendant compte de la séquence des évènements, lesquels sont « ordonnés » selon un enchaînement de cause à effet.
L'état
présent est le résultat (
effet) de ce qui s'est produit avant (
cause).
Voyager dans le passé consisterait donc, pour l'explorateur, à revenir à un état antérieur de l'univers, qui serait obtenu par l'annulation d'une séquence ayant abouti à l'état présent, mais sans interférer sur les causes ayant abouti à l'état de l'explorateur lui-même.
Une telle opération est considéré comme impossible, d'une part parce que les causes ayant aboutit à l'état actuel de l'univers et celles ayant produit l'explorateur sont inextricablement mêlées, et d'autre part parce que les causes appartiennent en fait à un état passé de l'univers, lequel état… n'existe plus. Et ce qui n'existe plus ne peut être modifié.
Le présent, en effet, ne prolonge pas le passé : il le remplace.
Ce que l'aventurier pourrait, en revanche, essayer de faire, c'est produire une nouvelle situation, générant une nouvelle série de causes, conçue de manière à engendrer des effets reproduisant des effets antérieurs.
Mais il ne retournera pas dans le passé. Il modifiera simplement une partie de son environnement en le rendant semblable, en certains points et dans la mesure de ses possibilités, à ce qu'il était dans le passé.
Ce faisant, il aura continué à « avancer vers le futur » avec tous les autres, parfaitement normalement.
Voyager dans l'avenir peut sembler plus réalisable. L'explorateur du futur, c'est en fait celui qui se retrouve dans un monde produit par l'enchaînement normal des cause et des effet, sans que ceux-ci ne l'aient affecté et/ou qu'il ne les ait perçus, selon les processus habituels.
L'homme trouvera peut-être des astuces pour ce faire. Mais ce « voyage » étant sans retour, l'intérêt sera sans doute assez limité.
LoutredeMer a écrit :j'ai un film de Superman en tête, où il remonte le temps en tournant dans le sens inverse de la planète, et plus vite. Il arrive ainsi à sauver sa copine d'un tremblement de terre. Ça me semble cohérent. Qu'en pensez-vous?
Question :
Si on fait tourner la cage à l'envers, le rongeur va-t-il rajeunir ?
SuperNord a écrit :S'il réussit à dépasser la vitesse de la lumière, là oui!
Bon.
Essayons.
D'après vous, la bestiole :
A) Est toujours là, mais tourne trop vite pour que son image puisse être captée par l'objectif.
B) A été pulvérisée, car c'est ce qui attend tout organisme atteignant la vitesse de la lumière.
C) Est partie dans un univers parallèle.
D) Est prisonnière d'une boucle spatio-temporelle
Solution :
Réponse D :
Comme on le voit, la pauv' bête est prise dans une boucle de l'espace temps.
Le temps a cette particularité, à travers le concept évènementiel de durée et le principe de causalité, de pouvoir être intégré à toutes les équations où il est nécessaire, et toutes les réflexions philosophiques qui l'exigent, et cela sans jamais avoir besoin d'une définition propre.
De sorte que si le temps en soi n'existait pas, cela ne changerait rien.
On ne peut pas en dire autant d'autres réalités, quasiment aussi énigmatiques, comme par exemple l'espace, sans lequel rien n'existe, ou la conscience, sans laquelle… personne n'existe.