Ça peut l'être mais pas forcément. Chercher ce qu'il y a sous la surface des événements me parait légitime et nécessaire (en gardant en tête le piège conspirationniste).
Je ne dis pas le contraire, je rappelle simplement le fait que c'est très facile de passer de la question "à qui profite le crime ?" à l'argument "regarder, le crime profite à machin, donc...". Le "à qui profite le crime" devient un argument conspiro et un sophisme lorsque la réponse à la question sert par la suite à construire un raisonnement (quand on met le "donc"), dans la mesure où cette seule réponse ne peut pas être un argument car elle balaie indûment la possibilité du fortuit.
Par exemple, Donald Trump profite du crime en Allemagne. Ca ne me semble pas être une raison valable de l'accuser d'en être l'auteur

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En tant qu'historien, le faire est ton pain quotidien, non ?
Je ne suis pas historien, j'ai un master d'Histoire, mais je bosse dans le milieux éducatif. Cela dit, oui, la question d'établir une liste de suspect potentiel crédible à l'origine d'un évènement est évidement quelque chose de permanent, mais ça ne sert que de piste de recherche ou d'hypothèse de départ.
Sur ce, je suis d'accord qu'il est beaucoup plus facile pour des islamistes syriens infiltrés de manipuler leurs compatriotes que pour l’extrême-droite allemande.
C'est pas tellement une question de facilité. Je raisonne plus par accumulation d'indices convergents (qui ne suffisent cependant pas à prouver quoi que ce soit pour le moment).
Si je suis le déroulement des évènements tel qu'il est rapporté, les agressions n'ont pas l'air d'être le fait d'un simple hasard, le caractère massif, localisé dans le temps ainsi que certains éléments rapportés par les victimes laissent penser à une forme minimale d'organisation. A partir de là, vu le profil des agresseurs (origines étrangères à l'Allemagne, mais parlant quelques mots d'Allemands "utiles" à l'intimidation des victimes, mots qu'on s'étonne de retrouver dans la bouche de simples migrants ou réfugiés, mots qui auraient même été traduit et fourni ), vu que les islamistes, surtout Daesh, ont abondamment pratiqué à la fois la justification religieuse des crimes sexuels et la désapprobation de la fuite des réfugiés, et vu qu'ils ont promit de faire en sorte de faire cesser toute coexistence possible entre musulmans et non musulmans, ils font de bon suspects (mais pas coupables).
Après, il est possible que ça soit juste un mouvement spontané amplifié par les réseaux sociaux, à la manière d'une sorte de défi à boire.
Comme l'a rappelé Florence, il est fréquent que les individus loin de chez eux se sentent dans une situation d'impunité face aux règles morales de leur société d'origine et dans une forme d'inculture ou/et de mépris des règles de la société qui les accueillent. S'y ajoute effectivement les fantasmes que peuvent avoir les sociétés arabes sur les femmes européennes, qui renforcent cette impression d'impunité. S'y ajoute aussi le cas propres à certaines sociétés arabes qu'est le problème du rapport à la sexualité dans un cadre traditionalistes bousculés par les éléments modernes, notamment l'augmentation de la population urbaine ou la diffusion de média nouveau comme internet, qui entre mal dans le cadre de la tradition arabe, encore majoritaire dans les pays comme l'Egypte, la Syrie ou la Libye quand il s'agit de définir la morale mais surtout qui donne une liberté de parole aux femmes et une visibilité qu'elles n'avaient pas avant (ce bousculement du cadre traditionnel est une des hypothèses sociologiques évoquées pour tenter d'expliquer les problèmes d'agressions sexuels récurrents dans des pays comme l'Egypte, avec notamment la possibilité que cette violence en croissance contre les femmes marquent une forme d'intimidation contre elles de la part des hommes alors même qu'elles sortent de l'espace qui leur était dévolue auparavant.).
Cela dit, le caractère simultané et massifs des évènements d'agression laisse des doutes et puis il y aurait sans doute des traces sur les réseaux sociaux.
Ce que je trouve quand même interessant, si on part du principe qu'on a exporté un problème, c'est ce que ça démontre sur les islamistes et les sociétés arabes (et plus largement musulmanes traditionalistes). On a souvent tendance à voir les islamistes comme en guerre contre la liberté, la modernité, l'occident... mais aussi et ça n'est pas assez dit à mon avis, ils sont en guerre contre les femmes (pas que les terroristes, les traditionalistes islamiques en général).
Il y a une tendance que l'urbanisation, l'alphabétisation et les nouveaux médias favorisent, c'est celle de l'émancipation des femmes dans le monde musulmans et pas seulement en ville ou dans les ex-pays colonisé du Maghreb (relative, évidement, on est pas encore à l'étape où l'on brûle les soutien gorge), mais aussi dans des pays aussi conservateurs que l'Arabie Saoudite ou dans certains pays d'afrique sub-saharienne et on peut aussi lire la résurgence de l'islam traditionaliste comme une réaction à cette sortie des femmes du carcan traditionnel, aussi dans les milieux ruraux ou urbain défavorisé et périurbains, où les islamistes violents trouvent souvent leurs refuges et leurs soutiens.