Salut Denis,
Je l'ai perdu une deuxième fois, mais cette fois-ci je l'avais composé sur WORD. Hé hé!
Denis a écrit :
Je n'ai rien contre les analogies~allégories. Au contraire. Elles sont souvent délicieusement éloquentes. Par exemple, il y en a plein dans
les fables de La Fontaine. Si tu penses que je déteste les fables de La Fontaine, détrompe-toi. Je les adore.
Je te connais trop pour en douter!
Denis a écrit : Je t'accorde que les adeptes de ces trois mythes ont des profils culturels différents, mais je conteste qu'ils soient incomparables. Je pense même que tu aurais plus a dire sur la symbolique du Père Noël que sur celle de l'Arche de Noé. Je me trompe?
Oui, tu te trompes! Le père Noël est le repiquage d'une légende scandinave dont la valeur ou la signification initiale m'échappe. Elle a été récupérée et est savamment entretenue par les marchants de cadeaux. Qu'enseigne-t-elle aux enfants? Que nous vivons dans une société marchande qui commercialise tout, même les liens affectifs? Que pour montrer que l'on aime il faut acheter et que l'on comprend que l'on est aimé en recevant des marchandises achetées.
Est-ce un enseignement ou une aliénation?
Tu vois une autre valeur éducative à l'allégorie du Père Noël?
Denis a écrit : Pour le mythe de l'arche de Noé, quelle est l'essence de l'enseignement, selon toi?
Avant de répondre, je préciserais que:
1- l'anthropologie religieuse n'est pas ma spécialité;
2- l'allégorie a une signification complexe et véhicule plusieurs enseignements;
3- Certains de ces enseignements avaient, dans l'antiquité, une valeur politique et sociale importante aujourd'hui un peu désuète, mais d'autres de ses enseignements sont presque intemporels. Cette allégorie n'a pas été reprise dans différents culturels et traditions (notamment mythologie
assyro-babylonienne,) pour rien. Certains y voix un indice de l'historicité du récit. Pas moi! J'y vois, au contraire, un simple indice de l'universalité des thèmes abordés.
4- L'allégorie a été façonnée et reçut sa forme définitive dans une société religieuse où le religieux est le pivot de tout (usages culturels, sciences, médecine, historiographie, législation, autorité politique, etc) passe par le religieux et se formule dans une terminologie religieuse (alphabet). Aussi, bien que les enseignements de l'allégorie aient leurs identités propres, elles sont difficiles à dégager de leur "alphabet" religieux;
À mon avis l'un des enseignements les plus importants de l'allégorie de l'arche de Noé est de nature morale.
A- La dualité animale et morale de l'Homme est un enjeu quotidien et universel;
B- Devant sa dualité fondamentale, l'homme est fortement disposé à faire le choix qui n'est pas moral;
«la terre se corrompit devant Dieu et se remplit de violence.»
«Yahweh vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur coeur se portaient chaque jour uniquement vers le mal.»
C- L'immoralité en corrompant les relations entre les hommes et la relation de l'Homme à toute chose et une menace autant pour l'homme que pour toutes choses*.
«Yahweh se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre, et il fut affligé dans son coeur,
et il dit: " J'exterminerai de dessus la terre l'homme que j'ai créé, depuis l'homme jusqu'aux animaux domestiques, aux reptiles et aux oiseaux du ciel, car je me repens de les avoir faits." »
*Dans une société religieuse, Dieu est une
représentation extrêmement chargée. Il représente notamment le principe d'harmonie, le créateur de l'harmonie et le juge de la préservation de cette harmonie.
D- L'allégorie positionne clairement la communauté en filiation avec la moralité: nous sommes les descendants de celui qui «trouva grâce aux yeux de Yahweh» parce qu'il «marchait avec Dieu»
E- L'allégorie définit un aspect important du projet collectif commun: Ce qui nous unie, nous définit (nous distingue des autres) et est le pivot de notre organisation familiale, sociale, politique est le projet d'être des Hommes de bien. C'est à mon avis un
projet organisateur très fort.
Ce schéma est d'ailleurs récurrent dans la culture judaïque. J'aurais, par exemple, fait sensiblement la même interprétation de
l'allégorie de Sodome. La force du schéma était propre à préserver la cohésion d'une tribu nomade en terres étrangères, puis d'un peuple forcé à la déportation par
Nabuchodonosor, puis par les Romains.
Nous sommes à des années lumières du Père Noël, non?