Raphaël a écrit :Il y a plusieurs gènes qui participent au goût (gustation) et ça varie d'un individu à un autre. Je te suggère de jeter un coup d'oeil sur ce
document.
Le document n'est pas inintéressant, mais il démontre à mon avis une évidence : qu'à la base, tout nos sens et leur degré de sensibilité (
qui diffèrent quelque peu pour chacun, je suis d'accord) sont le résultat de « quelque chose » (
gènes, etc.). Conséquemment, je n'ai aucune difficulté à admettre et reconnaitre que certaines personnes sont plus ou moins sensibles, au départ, à certains « éléments » précis. Ça, ce n'est pas un problème pour moi. Comme le dit unptitgab, il est évident qu'on ne peut rien dissocier de notre corps. La question qu'on pourrait se poser c'est si, à la base et hors pathologies, les différences qu'il y a entre deux « humains moyens » qui viennent au monde ont moins/autant/plus d'incidence que tout le reste qui suivra (
acquis). Et c'est sur cette question que j'ai un gros doute dans le fait de supposer que c'est « 50/50 » (
du moins, pas pour tout, sans faire de distinction).
Le problème, c'est qu'en pratique et hors pathologie ou cas extrême, les variations de sensibilité qui existent au départ, à la naissance, entre individus ne me semblent pas assez conséquente pour faire la différence ou « le poids » face aux expériences qui suivront. Par exemple, avant l'adolescence la plupart des (
pour ne pas dire presque tous les) hommes n'apprécient pas le gout de la bière ou de la cigarette, entre autres, et ce, nonobstant, les « petites variations » de sensibilités dues à leurs gènes et autres facteurs innés. Mais pendant l'adolescence, à cause de toute sorte d'autres facteurs que nous connaissons trop bien (
acquis), s'ils en consomment assez souvent et sur une certaine période, la plupart développeront un certain gout pour ce qu'ils n'aimaient pas au départ, bien malgré eux. Et c'est à peu près comme ça, potentiellement, pour tout! Ce qui m'embête donc dans le fait d'attribuer une grande part d'incidence à l'inné, c'est que le conditionnement (
et tous les autres facteurs relevant de près ou de loin à ce dernier) semble bien plus effectif et déterminant que nos prédispositions de base (
qui aime l'odeur de la cigarette et le gout de la bière à la base?). Il y a tellement d'étude à ce sujet (
conditionnement) que s'en est effarant. Le « meilleur » des hommes peut devenir le pire des salauds ou des abrutis selon les circonstances et le conditionnement approprié. Nous pouvons apprendre à aimer ce que nous détestions, que ce soit concernant les saveurs, les arts, etc. Des croyants peuvent devenir sceptiques, des sceptiques subir des « conversions » suite à certaines expériences, etc. Tout me semble tellement être tributaire des circonstances et de l'environnement que j'ai du mal à donner plus que quelques points d'incidence à l'inné et surtout pour des appréciations de trucs complexes qui font intervenir de multiples éléments.
Raphaël a écrit :En ce qui concerne la musique je suppose que ça doit aussi être le cas.
Je comprends, mais je doute sincèrement qu’on puisse transposer ça à la musique aussi facilement. Pas parce que la musique est à part ou spécial, mais parce que ce qui nous fait apprécier une musique (
ou tout ensemble complexe composé de plusieurs éléments) ne relève pas vraiment des petites différences de sensibilité concernant des éléments uniques et séparés, comme par exemple la sensibilité de chacun concernant les fréquences du spectre sonore, entre autres. Je m’explique...
...que certains puissent capter des fréquences jusqu’à 19 kHz et d’autre jusqu’à 22 kHz (
sensibilité qui peut différer de façon innée, mais aussi qui se dégrade avec l’âge) n’aura aucune incidence sur les préférences concernant un « ensemble complexe » (
un style de musique, ici, P. Ex.), si ces dernières fréquences sont de toute façon tjrs plus ou moins présentes au sein de tous les ensembles complexes, les styles de musiques (
comme c’est le cas!). Et sinon, peu importe les styles de musique, on peut les mixer et les masteriser pour adoucir certaines fréquences susceptibles de fatiguer l’écoute (
c’est d’ailleurs ce que les ingé son tentent de faire, pour des raisons psychoacoustique) et cela ne modifiera pas les préférences que l'on a pour certains styles de musique pour autant. Autrement dit, les différences de sensibilité de base, concernant nos sens, ont peu à voir avec notre appréciation de trucs complexes qui ne sont pas basés exclusivement sur des aspects approchant les limites des «
ranges » de l’espèce concernant les différences innées entre la sensibilité des sens de tout un chacun.
Pour que cela ait une incidence déterminante, faudrait qu’il y ait des musiques qui n’exploitent pas certaines bandes de fréquences en deçà ou au-dessus de n Hz et qu’on puisse établir un lien entre les préférences et les sensibilités naturelles des sens de certains individus, mais dans les faits, ça n’existe pas des musiques qui n’exploite pas l’ensemble de la bande de fréquence audible (
à moins de n’aimer rien d’autre qu’une contra-basse en solo, mais encore! elle va parfois monter dans le haut de son registre, de sa tessiture [4 octaves] et produire des hautes fréquences).
Et l’oreille absolue n’est pas un exemple pertinent non plus puisqu’elle concerne une aptitude qui n’est pas nécessaire de posséder lors de l’écoute de la musique car (
puisqu’étant une suite linéaire de sons dans le temps)
elle fournit automatiquement la rémanence nécessaire à tout cerveau pour effectuer les rapports nécessaires entre deux notes. Autrement dit, dans ce cas, «
ce qui peut le plus peut le moins » et ceux qui possèdent l’oreille absolue pour différencier des rapports sans référents rapprochés dans le temps n’ont même pas à posséder et exploiter leur oreille absolue pour effectuer cette distinction lorsqu’ils écoutent de la musique. Du coup, il y a des gens possédant l’oreille absolue appréciant tous les styles de musique.
Autre exemple pour expliciter mon discernement... ...peut-être qu’à la base mes yeux sont plus sensibles à la lumière que ceux de Raphaël et que, par conséquent, le rétroéclairage de certaines TVHD va plus rapidement fatiguer ma vue que celle de Raphaël, mais toute chose étant égale par ailleurs, cela n’aura pas d’incidence sur mon appréciation des films (
pour ce qu’ils sont : scénario, jeu des acteurs, photographie, etc.) que j’écouterais sur cette même TVHD. Et idem pour Raphaël. Parce que l'objet de notre préférence concernant un film est une sorte « d'émergence » qui dépasse sont taux de luminosité ou la qualité du mixage audio de sa trame sonnore. Du coup, c’est toute notre culture personnelle, notre « conception du monde » acquise, notre « grille de lecture » formée par nos diverses expériences précédentes et propres à nous deux qui vont avoir une incidence déterminante sur notre appréciation d’un film ou d’une musique et non pas le fait d’être un peu plus sensible à la lumière ou à certaines couleurs ou fréquences. ..à moins que l’intention artistique d'un truc soit d’exploiter uniquement des éléments près des limites des sens, mais on tombe alors dans des pathologies ou des cas extrêmes et très précis qui effectivement, pourront avoir une incidence déterminante.
C'est sûr que si je fais une musique composée uniquement d'ondes sinusoïdales pures au-delà de 20 kHz, seuls les individus pouvant les percevoir pourront l'apprécier ou non, mais là on tombe près des limites, des extrémités du spectre des sensibilités pour une espèce donnée. Mais à l'intérieur du
range commun à tous les membres d'une espèce, l'on peut s'imaginer une courbe en forme de cloche où, à son sommet, ce n'est pas les différences de sensibilité des sens qui sont déterminantes pour la majorité concernant les gouts. Seuls les grands écarts types, plus l'on se rapproche des limites des sens de l'espèce, seront de plus en plus impactés par les différences génétiques ou innées, concernant un sujet ou un domaine précis (
voilà, j'ai enfin réussi à formuler ma conception convenablement en une seule paragraphe).
Raphaël a écrit :tout ce que je peux te répondre c'est 50% parce que je n'en sais pas plus.
Je comprends. Mais à défaut de ne pas savoir si l'inné à une incidence pour apprécier des trucs complexe, comme des différences de styles de musique, je préfère évaluer selon les probabilités concernant ce qu'on connaît de l'influence de l'acquis, plutôt que de choisir un « 50% » à peu près.
Raphaël a écrit :La musique classique, par contre ça me laissait plûtot indifférent au début. C'est seulement quand j'ai réussi à la comprendre que j'ai commencé à l'apprécier.
Ce qui revient à faire mon constat : cela provient de l'acquis! Tu associes certains éléments et fais des rapports
(« logico-mathématico-géométrique ») en fonction d'autres de tes champs d'intérêt (
et vice-versa), nécessairement (
qui relèvent d'expériences eux aussi).
Raphaël a écrit :Vers 14~15 ans (à l'âge de la puberté). D'ailleurs une bonne partie de mes goûts dans d'autres domaines se sont fixés à cet âge, preuve que le corps a une influence certaine sur l'esprit.
Comme plusieurs autres choses qui se fixent vers cet âge, pour la plupart des gens. Mais en 15 ans d'expérimentation de notre « environnement », ça fait déjà plusieurs années qu'on se fait « conditionner » par une foultitude de petits détails.