StarKrunch a écrit :Je ne suis pas d'accord avec ça par contre ; l'hypnose de rue est plus visible, ça c'est certain, vu que l'on est pas dans un cabinet....mais quel validité accorder à des résultats obtenus par n'importe qui, n'importe comment et n'importe où, juste observer et rapporter...??
Hélas (note bien le hélas), c'est toujours plus concret que les résultats d'une thérapie qui est tellement relié à de multiples facteurs qu'il est difficile de dire si la séance d'hypnose a été utile ou si le seul fait d'aller parler de ses problèmes à quelqu'un provoque un résultat équivalent (comme c'est le cas pour l'EMDR, par exemple: les effets d'une séance sont similaires avec ou sans mouvement des yeux, alors que c'est censé être la clé).
Et le problème n'est pas de savoir qui obtient les résultats, peu importe que ce soit "n'importe qui", si cela permet d'étudier le phénomène et des mettre en lumière les processus à l'oeuvre.
StarKrunch a écrit :Pas plus pas moins que les hypothèses non vérifiées et points de vue plus ou moins étayés que je propose, on en est tous au même point..
Je suis bien d'accord sur ce point. J'avance des éléments sur la base de ma propre expérience (qui comprend de l'hypnose de spectacle, de l'hypnose de rue et de l'hypnothérapie), mais ce ne sont que des suppositions et des hypothèses. J'essaie de le faire transparaître dans mes phrases.
Le problème c'est que l'enseignement de l'hypnose aujourd'hui repose sur des "on-dit", des informations transmises de bouche-à-oreille, des interprétations discutables de récits, et assez peu de faits avérés. On me dit qu'une induction lente est nécessaire pour obtenir une transe profonde, honnêtement j'en doute. J'ai l'impression que les différences interindividuelles sont bien plus importantes que la rapidité d'induction en elle-même. Mais ce n'est aussi qu'une intuition. Comme je n'ai pas d'outil précis pour évaluer la profondeur des transes je ne peux que me reposer sur mon ressenti qui est hautement discutable.
Les seuls points sur lesquels je suis un peu plus affirmatif, c'est quand on me dit que quelque chose n'est pas possible alors que j'en ai fait l'expérience. Si on me dit "il faut suivre tel protocole précis pour induire une transe" et que j'ai réussi à en induire sans suivre ce protocole, alors je me permets de contester la première affirmation. On n'est bien évidemment jamais à l'abri d'un biais...
StarKrunch a écrit :Après les études il y en a et il pourra éventuellement en avoir beaucoup d'autres une fois que l'hypnose ne sera plus vu comme un passe-temps pour illuminés.
En fait, cette phrase caractérise bien une partie du problème. La communauté scientifique ne considère absolument pas l'hypnose comme un passe-temps pour illuminé. C'est éventuellement la perception du grand public (le cliché en tout cas), et c'est normal que les organismes de formations en hypnothérapie préparent leurs étudiants à se défendre contre cette image (vu le temps d'antenne consacré à "Messmer, le fascinateur", la charge médiatique est importante). Mais dans le même temps c'est anormal que ces mêmes organismes ignorent la foisonnante littérature scientifique dans le domaine (juste comme ça, plus de 85 000 résultats sur reserarchgate avec le mot clé "hypnosis", 262 000 sur Google Scholar). Je ne dis pas non plus que tous les articles se valent, il y a des errements mystiques, des textes qui ne sont que des perspectives historiques ou critiques, mais la recherche n'est pas à la traîne. J'entends parfois parler des formateurs ou des hypnothérapeutes qui parlent comme si rien n'avait été fait en hypnose depuis Erickson...
C'est la déconnexion profonde entre la pratique et la recherche qui est problématique. À mon humble niveau, j'essaie de voir si on peut faire cette synthèse et comment. S'il s'avère, comme j'en fais l'hypothèse, que les manifestations de l'état hypnotiques sont fortement dépendantes du cadre et des attentes, cela sera très intéressant à savoir pour les hypnothérapeutes. Cela leur permettra aussi de marquer la différence entre leur hypnotisme et celui de l'hypnose de spectacle, même si le processus neurologique à l'oeuvre est le même, le cadre étant fondamentalement différent.
Mais pour avoir cette approche, je me dois de tout remettre en question, tout ce qui n'est pas solidement étayé par une recherche scientifique, je le questionne (et même ce qui est étayé en fait, pour examiner la méthodologie). Je n'aurai probablement jamais assez de temps et de connaissance pour mener à bien un tel projet, mais peut-être que je pourrai démêler un petit morceau de l'énigme et faire avancer les choses. Moi aussi j'aimerai qu'on sorte du charlatanisme, de l'ésotérisme "cheap" ou des théories fumeuses, et que l'hypnothérapie gagne ses lettres de noblesse. Mais le point de départ c'est de ne pas prendre pour acquis qu'elle les mérite.
